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Le gaz de schiste dans les autres régions du monde

Des gaz de roches mères se retrouvent partout. Les ressources au niveau mondial totalisent 207 000 milliards de m3, l'équivalent des

réserves prouvées de gaz naturel conventionnel. C’est vrai que, dans un cas, on parle de réserves prouvées que l’on peut exploiter aux prix d'aujourd'hui avec les technologies d'aujourd'hui. Dans l'autre cas, on parle de ressources mal connues qui sont estimées grossièrement à partir de l'épaisseur de la roche, de sa supericie et de son contenu en matière première. Je signale aussi sur ce graphique qu'il y a eu moins de quelques centaines de puits forés dans le monde hors bien sûr l’Amérique du Nord ; ça veut dire qu'on ne sait pas précisément ce qu’on a.

Il faudra beaucoup de temps pour mieux connaître ces ressources : il faut faire des études de faisabilité, de préfaisabilité, il faut faire de l’exploration, faire des pilotes de production et enin faire du

développement de cette production commerciale. En Europe, on en est entre la faisabilité et les premières études d'exploration. On ne sait pas encore ce qu'on a dans notre sous-sol, même si on en connaît bien les ressources potentielles : il faut forer… surtout forer pour savoir,

autrement on ne saura pas.

Ailleurs qu’aux États-Unis on ne retrouvera jamais la situation très favorable au développement des gaz de schiste (voir tableau suivant), même dans les pays très prometteurs comme l'Australie où pourtant il

y a de l’espace et des roches mères partout, avec des ressources potentielles équivalentes à celles des États-Unis. Il n’y a pas les ressources en eau, le droit du sous-sol, le tissu d’entreprises pétrolières, etc.

En Europe, on a une géologie qui est moins favorable avec des roches plus compliquées, plus complexes et plus profondes, la propriété

publique du sous-sol, ce qui supprime toute incitation privée à recevoir un forage. Une densité de population qui n'a rien à voir, un degré de développement du marché gazier moins mature et moins libéralisé pour faciliter les entrées, un tissu bien moins dense de sociétés de forage, des contraintes plus fortes d’usage des eaux.

Pour l’heure on a surtout un impact indirect des gaz de schiste

américains sur le reste du monde et en particulier sur l’Europe, via les prix actuels d’importations de gaz et du charbon (voir slides ci-

dessous). À plus long terme, les importations de GNL qui seraient allées vers le marché américain déstabilisent le marché européen dominé jusqu’ici par le « gaz contractuel » avec des indexations du prix sur les prix des produits pétroliers. Elles rendent le marché spot plus liquide avec des prix plus bas que celui des contrats, ce qui amène à déinir de nouvelles formules de prix dans les contrats avec une dominante prix spot.

Conclusion

Pour répondre à la question de la diférenciation de l’efet hydrocarbure de schiste sur l’ofre régionale de gaz. Sur les États-Unis, on voit un avantage compétitif qui est en train de se dessiner par rapport aux autres régions du monde et une indépendance gazière se reconstituer, les États-Unis sont même exportateurs de gaz. Sur les pollutions, en lisant les nombreux rapports sur la pollution des eaux, on observe qu’à chaque fois les problèmes environnementaux créés par l’exploitation des gaz de schiste sont dus à un non-respect des règles de l'art, notamment la mauvaise cimentation des puits. Donc, si l'on fait une bonne cimentation des puits a priori, on n'a pas de problème

environnemental.

En Europe, l’efet majeur est que les shale gas américains sont en train de chasser les importations de gaz les plus chères, et l'on observe un retour du charbon dû à la baisse du prix du charbon américain du fait des surplus non enlevés par les centrales charbon américaines. En même temps, il y a une accélération de la fermeture des sites de pétrochimie.

En France, avec 13 milliards d'euros de facture gazière, l’exploitation des gaz de schiste pourrait permettre de diminuer cette facture, mais ce ne sera pas une révolution à l’américain. Au lieu d'importer 100 % de notre gaz, on en importera 70 ou 80 %. Ce serait aussi un peu plus d’activité industrielle.

Dans les autres régions du monde : l'Asie et la Chine. La Chine est devenue le premier importateur au monde de charbon bon marché. Ce n'est pas forcément du charbon US, mais il y en a, c'est du charbon bon marché parce que le prix du charbon a baissé partout. Et ce qu'on verra par la suite, c'est la même chose qu’en Europe, c'est-à-dire une pression sur les exportateurs traditionnels de GNL vers l'Asie qui vont être obligés de baisser leur prix, voire de passer à de nouvelles

indexations, plus d'indexation de pétrole, mais une indexation prix de marché, en particulier sur le prix du gaz américain en « Henry Hub ». Je conclus en disant qu'on a une grande inconnue : quel sera le

développement des shale gas ailleurs et donc leurs impacts futurs ? À l’heure actuelle, on ne peut faire que des hypothèses.

Minh Ha-Duong : Le CSC à grande échelle,