Chapitre 1. Synthèse bibliographique
C- Génomique et génétique d’ A. bisporus
C-I- Génotypes et phénotypes:
I-1. Phénotype
On considère le phénotype comme le produit de l'information génétique et l'environnement.
Ainsi, on peut expliquer des différences dans le phénotype par les variations des conditions
environnementales, mais aussi les différences phénotypiques peuvent refléter une variation
génétique accumulée en raison de la perturbation du flux des gènes entre des populations et
leur spéciation ultérieure, c’est-à-dire leur distinction en espèce biologique nouvelle (Prada et
al. 2008).
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I-2. Plasticité phénotypique : caractéristiques et avantages
À part son rôle sélectif dans le filtrage de la variation interindividuelle, pendant l'évolution par
la sélection naturelle, l'environnement joue aussi un rôle important dans la production de la
variation durant le développement. Des facteurs environnementaux externes peuvent
influencer des taux liés au développement et/ou des trajectoires et mener à la production de
phénotypes distincts du même génotype. Cela peut aboutir à un meilleur échange entre le
phénotype adulte et l'environnement sélectif et représente ainsi une solution potentielle de
problèmes posés par la fluctuation environnementale.
Ce phénomène est appelé la plasticité liée au développement adaptatif. L'étude de la
plasticité intègre des disciplines différentes, notamment l'écologie et la biologie du
développement. Elle analyse les éléments à tous les niveaux d'organisation biologique : la
régulation moléculaire, les changements du développement de l’organisme, la variation des
phénotypes et des aptitudes dans les populations naturelles (Beldade et al. 2011).
Ainsi, la plasticité phénotypique est la tendance d'un génotype particulier à produire des
phénotypes différents sous différentes conditions environnementales à partir de son
ontogénie (Thibert-Plante et Hendry, 2010). La plasticité phénotypique est très commune
dans la nature (DeWitt et Schneiner, 2004) et souvent semble être adaptative (Sultan, 2000;
Pigliucci, 2001). C'est-à-dire que la plasticité phénotypique permet aux organismes de
s’adapter à des environnements imprévisibles en changeant leur phénotype pour mieux
convenir aux conditions locales. Elle est opposée à la spécialisation génétique qui éliminerait
cette option.
Thibert-Plante et Hendry (2010) ont trouvé aussi, que la plasticité adaptative se développe
aisément en présence de dispersion entre des populations d'environnements écologiques
différents. Cette plasticité promeut la colonisation de nouveaux environnements, mais réduit
la divergence génétique entre eux. Ils ont constaté aussi que l'évolution de plasticité peut
améliorer ou dégrader le potentiel pour la sélection divergente de former des barrières
reproductives.
Si la plasticité est exprimée après la dispersion, les barrières reproductives sont
généralement plus faibles parce que la plasticité permet aux espèces migratoires d'être
mieux protégées sous leur nouvel environnement. Si la plasticité est exprimée avant la
dispersion, les barrières reproductives ne sont ni affectées ni améliorées. En général, la
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plasticité phénotypique peut fortement changer le processus de spéciation écologique et
devrait être considérée en étudiant l'évolution de barrières reproductives.
La plasticité phénotypique augmente la survie et le succès reproducteur d'individus,
contribuant à leur capacité à faire face aux changements environnementaux et
potentiellement à s'adapter à de nouvelles niches. La plasticité est une propriété émergente
du génotype agissant sur la sélection naturelle (Pigliucci, 2005). Les différences
morphologiques peuvent être une réponse aux facteurs exogènes mais aussi elles peuvent
être attribuées aux différences génétiques accumulées en raison de la perturbation de flux
de gènes parmi des populations.
L'étude faite par Prada et al. 2008, sur un organisme marin clonal, met en évidence
l'importance de définir correctement l’espèce, parce qu'inconsciemment l'utilisation de
complexes d'espèces peut surestimer la distribution géographique, l'abondance de
population et la tolérance physiologique.
Il est possible chez certains organismes d'étudier la variabilité de l'expression phénotypique
d'un même génotype appelée plasticité phénotypique qui est mesurée par sa norme de
réaction. La norme de réaction d'un génotype est la gamme des phénotypes produits par un
même génotype lorsque celui-ci est soumis à des conditions environnementales différentes.
Pour un même caractère, la forme de la norme de réaction peut être variable entre
génotypes ce qui est la conséquence des interactions génotype-environnement.
Schématiquement, on peut représenter ces interactions par 3 types de graphes où sont
tracées les normes de réactions de 2 génotypes G1 et G2 (Figure 11):
Figure 11. Schéma qui montre trois types de graphes d’interactions : génotypes-environnement. G= Génotype ; E= Environnement. (http://gen-net-pop.univ-lyon1.fr/cours/chap2/par14.htm).
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- Le graphe A représente l'absence d'interaction GxE. Les 2 génotypes répondent de la même façon aux variations de l'environnement. Cela n'empêche pas un effet de l'environnement sur l'expression phénotypique du caractère, qui est représenté par la pente des droites.
- Le graphe B représente l'existence d'interaction GxE. La différence entre les 2 génotypes est plus importante dans l'environnement E1 que dans l'environnement E2. Le génotype G1 a cependant toujours une plus forte valeur du caractère quel que soit l'environnement considéré.
- Le graphe C représente une interaction GxE maximale. Il y a inversion des valeurs phénotypiques des 2 génotypes entre les environnements E1 et E2. Le génotype G1 a une plus forte valeur du caractère dans l'environnement E2 alors que c'est l'inverse dans l'environnement E1. Notez qu'il existe des conditions environnementales particulières où la variabilité génétique ne s'exprime pas au
niveau phénotypique (point d'intersection des droites).
http://gen-net-pop.univ-lyon1.fr/cours/chap2/par14.htm;