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 Absence de suivi antérieur

Dans leur pays d’origine, les participantes n’avaient pas eu de suivi

gynécologique.

“Aucun jour j’ai vu gynécologue.“ E3

“C’est quand je tombe enceinte. […] A part les grossesses, je vais jamais voir les

gynécologues ou autrement.“ E9

L’aspect contraceptif ou préventif de suivi gynécologique n’est que très peu

abordé avant l’arrivée en France. Une seule femme nous a rapporté un dépistage

VIH réalisé dans le pays d’origine lors de sa grossesse.

“(parlant du dépistage VIH) je l’ai fait parce que quand tu tombes enceinte on t’oblige

quand même à le faire pour savoir si tu en as pour sauver le bébé.” E9

 Orientation nécessaire

Les femmes exprimaient la nécessité d’être orientées notamment par leur médecin

traitant.

“(en parlant de la connaissance de réalisation du frottis) Oui on me l’a déjà dit mais

j’ai pas parlé avec mon médecin. Et je me suis dit bon si on me propose pas (rires),

je demande pas pour le faire.“E4

“Il faut orienter, c’est ça. C’est l’orientation parce que chez nous on n’est pas habitué,

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orientation tu ne peux pas avoir l’accès facilement. Sauf si peut-être tu tombes

enceinte, là c’est obligatoire. Mais si tu viens jeune fille, par exemple les jeunes filles

qui viennent qui n’ont pas de mari ou de copain, qui tombent pas enceinte c’est pas

facile pour elle de savoir comment il faut avoir l’accès aux soins ici.“ E9

 Culture

Les femmes nous parlaient du fort poids culturel dans la prise en charge :

- Suivi gynécologique non nécessaire tant que la virginité avant le mariage est

préservée

“(en parlant de consulter un gynécologue) Avant, avant que la femme est

mariée, il faut pas, il faut pas faire ça.“ E6

“ben je suis plus mariée, ben y a plus de... Ben j’aurais même plus besoin d’un

moyen contraceptif parce que je suis censée ne plus avoir de rapports sexuels

avec un homme parce que ça serait en dehors du mariage“ E8

- Difficulté avec la nudité du corps

“Non parce que nous […] On laisse pas le corps nu.[…] Après c'est, c'est la

coutume, la tradition. Et comme ça, même quand on, on prend l'eau […] on

prend la jupe pour protéger la poitrine (mime une serviette qu'elle noue autour

de la poitrine), on fait (pause) pour les autres ils voient pas.“ E5

“(en parlant de baignade) il faut pas euh, porter de maillot ou comme ça […]

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- L’interdiction de l’avortement

“C’est pas vraiment religieux mais c’est vrai dans la culture... Oui même dans

la religion, il y a en qui... Il y a le poids de la religion, c’est un péché c’est

interdit. On ne doit pas, on ne doit pas avorter. “ E8

- Les tabous sociétaux, notamment vis-à-vis des infections sexuellement

transmissibles

“par exemple le dépistage du VIH, SIDA, les gens n’aiment même pas qu’on

les en parle […] Mais chez nous, les femmes faut pas du tout les en parler,

elles ont peur […] même moi, en personne ! Comme quand on me disait de

faire ça j’ai la peur avant […] Personne ne veut faire ce dépistage. C’est un

vrai tabou. “ E9

 Gène de l’examen physique

Les participantes évoquaient une gêne de l’examen sénologique et vaginal.

“Parce que, encore, j'ai honte (répète 2 fois). Moi je comme ça (montre la partie

pelvienne de son corps), j'ai honte.“ E2

“Même quand le docteur, qu'on déshabille... Je n'ose pas !! (Rire) C'est notre corps...

Ça fait honte ! […] Mais finalement c'est... Enlève quand même ! E5

 Suivi par un homme

Si certaines pouvaient accepter de se faire ponctuellement examiner par un homme,

elles préféraient que ce soit une femme qui les suive.

“je préfère que ça soit une femme moi. De préférence je me sens beaucoup plus à

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expliquer, elles s’y connaissent un peu. Les, les hommes des fois tu n’as pas trop le

temps de tout expliquer, des fois tu te sens un peu bloquée.“ E9

“du moment que c’est avec une femme ça me gêne pas du tout. […] Par contre, pas

avec un homme.“ E4

 Accessibilité des gynécologues

2 participantes nous parlaient de la difficulté d’accès à des rendez-vous chez des

gynécologues : le délai de rendez-vous a été vécu comme trop long, (voire

absence de prise charge de nouvelles patientes) entrainant parfois des oublis ou

du nomadisme médical.

“les délais d’attente, ils peuvent des fois […] décourager à se […] Au suivi ! Oui !

Parce que les délais d’attente ils sont tellement énormes […] Déjà moi ma gynéco

elle ne prend plus de nouveaux dossiers. […] Et les rendez-vous il faut, bah c’est 6

mois à l’avance.“ E8

Une patiente n’arrivait pas à avoir de gynécologue référent pour son suivi.

“Mais si tu tombes toujours sur la même gynécologue ou le même gynécologue c’est

quelqu’un qui te connaît mieux, c’est comme ton médecin traitant. Donc moi mon

souhait c’est d’avoir une ou un gynécologue fixe […] au lieu de faire tout le temps

des changements parce que... […] Moi aussi des fois ça me gêne de trop parler des

fois. […] Je connais quelqu’un qui me connait mieux maintenant, qui peut me suivre

régulièrement que de venir tout le temps trouver des nouvelles personnes.“ E9

Comme cité précédemment, le prix de la consultation avec un gynécologue

spécialiste était avancé comme frein.

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 Vécu gynécologique

2 participantes évoquaient de mauvaises expériences en France.

- Brutalité d’une annonce

“c’est le jour-là elle m’a choquée. Parce que la façon quand elle m’a dit la

grossesse est arrêtée... C'est parce que moi je dis les médecins ils ont leur

façon, le médecin faut être tout le temps, parce que quand même on est des

patients, on a besoin de quelqu’un de souriant, on a besoin de quelqu’un qui

parle avec nous doucement.“ E7

- Consultation hospitalière vécue comme impersonnelle

“Mais pendant qu’on attendait c’était long […] … Il y avait une ambiance que

j’ai pas du tout... Oui j’ai pas envie de retourner là pour un suivi à l’hôpital.“ E8

 Vision du suivi gynécologique

La plupart des participantes étaient satisfaites du suivi proposé en France,

pensaient que “c’est pas beaucoup, c’est ça qu’il faut“ E1

Cependant 3

d’entre elles exprimaient une lourdeur de celui-ci, incluant les

grossesses.

“ Il y a des femmes, des algériennes qui disent ici en France on nous demande trop

de choses, faire des contrôles à chaque fois par contre.“ E4

“ En France c’est un suivi surtout pendant la grossesse, c’est très très médicalisé.

[…] j’avais des collègues qui étaient enceintes, mais je dis elle est pas malade, elle

est juste enceinte !“ E8

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 Anxiété

3 participantes pouvaient freiner leur rendez-vous par peur de la réalisation des

examens et des résultats.

“Des fois de contrôle du sein pour toucher le sein, moi je.. j’ai pas le courage de

toucher […] Moi j’attends le rendez-vous du médecin. […] C’est la peur.“ E7

“Parce que même le dépistage du VIH quand on m’a dit de faire, j’avais très très peur

[…] Je dis peut-être je l’ai attrapée, peut-être en me blessant mais donc c’est

quelque chose qui me fait tout le temps peur quand on me parle de faire le

dépistage.“ E9

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