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3. RESULTATS

3.4 Freins liés à la prise en charge

3.4.1 La thérapeutique

On retrouve un rejet du médicament chez plusieurs médecins interrogés :

E11 L34 « Je les [les patients] traite de façon de plus importante que moi-même, je ne sais pas, j’ai pas de pathologie particulière et quand j’ai un petit symptôme ça me gave de

prendre des médicaments, je me soigne pas comme je devrais le faire. Je le fais deux jours trois jours puis après ça me gave. »

E12 L26 « Zéro, j’essaie de pas prendre de médicaments et si je peux ne pas m’en prescrire je m’en prescris pas. »

Il en est de même des règles hygiéno-diététiques et du suivi :

E2 L29 « Du point de vue du médicament surement, du point de vue de tout le reste peut être pas, régime, surveillance, périodicité des examens t’as l’impression que tant que tu prends des médicaments tu as l’impression que tu fais tout ce qu’il faut. »

E12 L31 « … parce qu’après quand on est médecin on sait très bien ce qu’il ne faut pas faire et ce qu’il faut faire mais voilà. »

C’est encore une fois plus flagrant quand les médecins comparent leur attitude aux conseils qu’ils prodiguent aux patients :

E12 L72 « Oui, je leur dis, faites pas ce que je fais, faites ce que je dis. »

E14 L68 « Disons la seule chose on peut être plus sévère avec le patient que ce qu’on l’est avec nous. Les mises en gardes, les obligations, que ceci que cela qu’on peut dire au patient, on n’arrive pas à se le dire à soi. Pour moi, les mises en gardes, les conseils que je donnais aux autres je ne me les appliquais pas comme il faut. »

3.4.2 L’impossibilité de s’arrêter

La quasi-totalité des médecins interrogés déclarent ne s’arrêter qu’exceptionnellement voire jamais :

E3 L2 « Ça fait très longtemps que je n’ai pas eu à quitter le cabinet pour cause de maladie, parce qu’on se soigne, on s’auto-médique, on s’auto-médique très mal, on fait tout ce qu’on dit au gens de ne pas faire, on prend du SOLUPRED, on prend des antibiotiques si la fièvre dure, parce qu’il faut travailler. »

E6 L3 « C’est quoi être malade ? C’est quoi un arrêt de travail ?

Parce que les gens qui ont une entorse de la cheville ils s’arrêtent de travailler, des angines, ils s’arrêtent de travailler, les gens ils ont la grippe ils s’arrêtent de travailler, les médecins non. »

E13 L107 « Le cardiologue il m’a dit « arrête toi un peu », j’ai dit non je ne m’arrête pas. Oui je me suis arrête une fois j’avais quarante et un de fièvre sinon le reste je vois pas. »

De même ils ne vont jamais jusqu’au bout de leurs arrêts de travail :

E5 L3 « Malade vraiment ? Non ! mais par exemple, il y a 15 jours je me suis fait opéré d’une phlébectomie, je me suis arrêté 2 jours alors qu’il m’a prescrit 15 jours d’arrêt (rigole), le jour de l’opération et le lendemain […] D’abord parce que je n’aime pas rester sans rien faire, après parce qu’on a plein de malades et voilà quand on s’en va c’est le bordel. […] Il me faudrait une très grosse maladie, même avec la grippe et 40.2° je viens travailler. »

E8 L59 « Et puis j’ai repris le travail au bout de une semaine alors que les patients c’est un mois. […] Je m’emmerdais. »

E14 L95 « J’ai repris, je vais vous dire plus fort, en fait le mois de septembre je l’ai adoré presque, pourquoi ? Je reprenais vie, je reprenais mon boulot, j’avais quand même le sentiment d’avoir eu quelque chose de très grave qui aurait pu m’emporter.

J’ai repris le boulot en septembre comme jamais de ma vie après cette histoire, j’étais le plus heureux du monde de reprendre mon boulot.

On m’avait dit « baisse un peu » mais j’étais content, beaucoup plus que les autres septembres. »

E21 L21 « Je n’ai pas pris de pause parce que les impératifs du boulot font que, voilà quoi. »

3.4.3 Assurer la continuité des soins / le remplacement

Plusieurs médecins mettent en avant la difficulté de trouver un remplaçant pour assurer la continuité des soins quand ils doivent prendre du repos :

E2 L47 « Eh ben ce n’est pas possible, ceci dit j’ai des associés mais enfin ils prennent deux, trois jours, ils peuvent pas prendre plus. Un remplaçant c’est pas toujours facile. »

E12 L91 « Tu ne trouves jamais, maintenant ça commence un peu à revenir sur Ajaccio les jeunes c’est bien mais à l’époque non. »

E14 L86 « On parle du burnout, c’est l’enfer si on n’a pas la possibilité de s’arrêter surtout pendant l’été. C’est plus un métier c’est l’enfer ! »

E17 L55 « Je cherche, je cherche partout, affreux, je cherche dans tous les sens. »

D’autres confrères se mettent en relation avec les praticiens voisins :

E18 L82 « J’ai un confrère extrêmement proche d’ici avec lequel j’ai un mode d’organisation depuis plusieurs années.

On alterne la consultation du samedi matin un samedi sur deux et on se remplace

mutuellement quand l’un part en vacances. On fait en sorte de ne jamais partir au même moment, pour être dispo sur le secteur, ça fonctionne bien. »

E20 L72 « Chaque fois je m’arrange avec des voisins avec qui je m’entend bien et ils font pareil aussi, ils ne prennent pas de remplaçants. Un mot sur la porte, sur le répondeur, on s’arrange »

Et enfin d’autres ne se posent plus la question :

E6 L83 « Pas de continuité des soins, quand je suis absent je ferme le cabinet. »

E7 L60 « Je n’ai pas de remplaçant, je ferme sans scrupule. »

E15 L47 « SOS médecin, depuis qu’il y a SOS médecin, SOS Médecin ! Avant on se laissait les patients avec X. et Y., je sais qu’ils partaient en juillet, mais moi je n’ai jamais pris plus de dix jours de vacances. »

E19 L74 « Moi je fais de l’acupuncture et de l’homéopathie pour me faire remplacer ce n’est pas évident, pour le reste y a SOS médecin, quand je prends huit jours je mets personne, je laisse SOS médecin, je mets personne dans le cabinet. »