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Avis du créateur

4.1 Freins à la mutualisation

Il y a toujours eu une réelle volonté de mutualiser le savoir dans les sociétés humaines (voire introduction) et grâce à l’avènement d’internet, les possibilités se sont décuplées. Au début du web, avec se que l’on défini par web 1.0, les échanges étaient similaires aux anciennes méthodes (bibliothèques, enseignement, etc.) : les contenus était mis à disposition des demandeurs, mais ceux-ci n’avait aucune possibilité d’influer sur sa qualité ou à travailler sur sont amélioration. Puis avec la création du web 2.0 puis web 2.1, les demandeurs de savoir pouvaient respectivement contribuer au contenu en y laissant commentaires et notes puis en le modifiant directement en ligne. L’encyclopédie Wikipédia (dont nous avons déjà parlé au cours de ce mémoire) est un bel exemple de mutualisation de ressources web 2.1 : chaque utilisateur peut contribuer au contenu d’une page en y ajoutant références, illustrations ou paragraphes entiers. En 2005, un article paru dans Nature a montré que le contenu de Wikipédia était presque aussi fiable que celui de la prestigieuse Encyclopædia Britannica.17 Cette dernière a aussitôt répliqué,18 mais plusieurs articles publiés ensuite trouvent les mêmes conclusions que l’article original.19

Nous avons essayé, à travers ce mémoire, de montrer qu’une pléthore de plate-formes d’échange en ligne était disponible, en Suisse romande en particulier mais aussi en Europe et dans le monde en général. Certaines ne sont disponibles qu’en une seule langue alors que d’autres essayent de proposer du contenu multilingue. Notre ambition n'était pas de dresser une liste exhaustive, mais de donner des exemples choisis de plate-formes accessibles en Suisse romande et présentant des approches originales. Nous observons, cependant, avec les échanges sporadiques que nous entretenons avec nos collègues (pairs, praticiens-formateurs, collègues) que ces plate-formes en ligne restent largement sous-exploitées. Une des principales raisons qui sont évoquées est l’ignorance ou la méconnaissance de telles plateformes. En effet peu d’enseignants sont conscients que de telle structures existent et peuvent être facilement mises à contribution pour leur enseignement. Il serait judicieux, vu

17

Giles J. (2005), Internet encyclopaedias go head to head, Nature, 900 – 901

18

http://corporate.britannica.com/britannica_nature_response.pdf

19

a) Goodin D. (2005), Wikipedia Science Topics As Accurate As Britannica-Report, Associated Press b) Lamb G. M. (2006), Online Wikipedia is not Britannica - but it's close, Christian Science Monitor

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que la plupart des institutions insistent sur la professionnalisation du métier d’enseignant, que cet aspect soit abordé dans le cadre de la formation des futurs enseignants. La majeure partie est demandeuse mais ne pousse pas les recherches plus loin que dans le domaine de sa propre file voire des associations d’enseignants de même file (exemple : magyc, association de maîtres de chimie). A noter également qu’un certain nombre d’enseignants construisent un site web complet afin de partager des ressources avec leurs élèves et ignorent (parfois volontairement) l’existence d’autres sites web similaires (tant sur le contenu que dans la forme) déjà disponibles sur la toile. Ce fait est regrettable puisque cela permettrait un gain de temps non négligeable pour la préparation de nouveaux cours, par exemple.

Une autre raison que l’on pourrait avancer, déjà évoquées par d'autres, concernant les enseignants universitaires20 ou les enseignants du secondaire,21 serait la peur d'être jugé lors de la mise à disposition d'une ressource que l’on aurait créée (certains parlent aussi de modestie).21 Dans cette même optique, on peut également évoquer le fait que la plupart des enseignants trouvent leur œuvres inachevées, condamnées a restées non finies. Non contents de partager une ressource non complète, ils rechignent donc à la mettre à disposition. D’après Paul Brunner, formateur à la HEP, ce n’est pas vraiment la modestie qui est ici en jeu mais la peur des enseignants du contrôle. Il met en avant que chaque enseignant est une sorte d’indépendant (au sens professionnel du terme) et qu’il n’aime pas le fait d’être remis en cause. Il prend comme exemple le simple fait qu’il est extrêmement difficile (voire impossible) d’assister aux cours d’un enseignant après sa formation pédagogique. Cette requête est généralement perçue comme une intrusion inacceptable dans la sphère professionnelle. La mise à disposition du travail d’un enseignant serait donc vécue comme une intrusion dans sa pratique professionnelle. On revient dans ce cas à la peur du jugement. Des solutions existent pourtant, notamment l'anonymat permis par certaines plate-formes semble porter ses fruits (enseignons.be), de même que la possibilité de ne conserver visibles que les commentaires positifs, par exemple. Tout ceci est imaginable sous forme d'options activées ou non par le contributeur, selon sa convenance. Le système de ranking à étoiles proposé par certaines plate-formes est relativement dur à contrôler pour le contributeur, en particulier si le nombre

20

Choi Jenni J. (2009), Objets d'apprentissage, ressources pédagogiques : le point de vue d’enseignants

universitaires sur les pratiques de mutualisation et d’échanges, Une analyse exploratoire des conceptions d'enseignants du supérieur (Mémoire master MALTT), Université de Genève

21

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d'avis pris en compte n'est pas indiqué. Là encore, une solution pourrait être de donner le choix au contributeur d'inclure ou non cette option.

Une troisième voie, et non des moindre, pour expliquer le succès mitigé des plateformes de partage est posée par toute la problématique du don et de la reconnaissance. Nous n’avons pas ici la prétention d’approfondir un sujet qui a déjà été développé avant nous.9 La reconnaissance peut être assimilée à une sorte de moteur du don. En effet, c’est grâce à elle que viens l’envie de contribuer, que ce soit dans le cas du bénévolat, d’un travail rémunéré ou dans toutes autres activités. Il est donc primordial qu’un contributeur, tel qu’il soit, soit reconnu pour le travail qu’il a accompli. Plus haut dans ce mémoire (chimie.ch), nous citons le cas de M. Montangero, créateur du site chimie.ch. Au départ, M. Montangero a voulu faire de son site une plateforme de partage de ressources ouverte à tous. Malheureusement, le phénomène de pompage (leeching) a eu raison du concept. En effet, il en a eu assez que de nombreux individus viennent télécharger du contenu sur son site sans jamais y contribuer, pis c’est le fait que ces mêmes individus ne le citaient, ni lui, ni son site, dans les ressources nouvellement créées. Ce phénomène est clairement visible sur la BDDP : il y a environ 65700 téléchargements de ressources par année (un toutes les 8 minutes) contre seulement 300 contributions par an. On pourrait ici imaginer un système de feed-back/commentaires plus poussé, par exemple imposé de manière plus systématique aux demandeurs, de sorte que les contributeurs puissent réellement accéder à une forme de reconnaissance de leur travail. Durant notre travail de recherche, nous n'avons eu que des échanges sporadiques avec des enseignants-utilisateurs. Recueillir plus avis d'utilisateurs aurait sans doute été intéressant afin de pouvoir y confronter notre propre avis, mais le fait que la plupart des enseignants ne connaissaient aucune de ces plate-formes a joué un grand rôle pour nous dissuader d'explorer plus profondément cet aspect de notre problématique. Cependant, ces quelques échanges glanés ça et là ont tout de même permis de confirmer ces freins au partage dans la plupart des cas (notamment la peur du jugement face à la publication d'un travail forcément en devenir, évoquée systématiquement).

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4.2 Notre avis sur ces plate-formes en réponse à notre

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