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Comœdia, 27 juin 1942.

1) Une première exposition avait été organisée au Petit Palais en 1925 sur le paysage de Poussin à Corot. La deuxième exposition intitulée "Le Paysage Français de Corot à nos jours"

eut lieu en juin 1942 à la Galerie Charpentier, 76 Faubourg Saint-Honoré. Dans la Préface du Catalogue, J.-M. Campagne retraçait le dédain du paysage par l'école de David et sa lente éclosion picturale au cours du XIXe siècle. Ce rappel était suivi de l'espoir de raviver la fierté et l'enthousiasme de ceux "qui cherchent dans l'art le plus pur visage de la France" (Paris, Éd.

Galerie Charpentier, 1942, p. 2 à 5).

2) "Elle ne sera comparée à aucune autre." Colette n'était pas toujours aussi enthousiaste : en 1913, elle avait critiqué sévèrement le Salon d'Automne consacré au cubisme (La Paix chez les bêtes, t. II, p. 145).

3) "Prisonniers comme moi de Paris" : c'est volontairement que Colette est restée à Paris pendant la guerre (cf. [Paris en temps de guerre]).

4) De Paul Cézanne (1839-1906), deux tableaux étaient présentés, intitulés chacun Paysage.

5) Six toiles de Charles Daubigny (1817-1878) étaient exposées : Environs de Château-Chinon, Le Ruisseau de Valmondois, L'Orage près d'Auvers-sur-Oise, 1873, L'Étang, L'Hiver et Village.

6) L'œuvre de Georges-Pierre Seurat (1859-1891) était représentée ici par La Baignade, Étude pour la Grande Jatte, Au Bord du Lac, La Périssoire.

7) Un seul tableau d'Adolphe Monticelli (1824-1886) figurait à l'exposition : La Cueillette des Pommes.

8) Onze toiles de Camille Corot (1796-1875) étaient exposées : Le Port de la Rochelle, Le Coup de Vent, Le Mont-Valérien, Le Dernier Reflet (Étude), Rue de Village, Le Puits, Vallée de Chevreuse, Arbres dans la Plaine, L'Étang et deux intitulées Paysage.

9) Pas de Rouart à l'exposition de 1942 : Colette doit confondre avec Georges Rouault (1871-1958), représenté parmi les Contemporains avec Le Crépuscule.

10) Six tableaux de Stanislas Lépine (1836-1892) figuraient à l'exposition : Le Boulevard de Clichy en 1872, Jardin à Montmartre, L'Arbre, Canal, Le Canal Saint-Denis, Bords de Seine.

11) Une seule toile, La Route de Crécy, pour André Dunoyer de Segonzac (1884-1974), ami de Colette, qui traverse La Naissance du jour et qu'elle mentionne dans La Jumelle noire (OCC XII, p. 42 et p. 357). Voir leur correspondance (Lettres à ses pairs, OCC XVI, t. III, p. 392 à 405).

12) L'Église de Passy était effectivement un des trois tableaux présentés de Georges Michel (1763-1843), en même temps que La Plaine et La Carrière.

13) Parmi les trois toiles exposées d'Eugène Boudin (1825-1908), se trouvait La Plage de Trouville ; les deux autres étaient : Le Port du Havre et Antibes.

14) La Falaise correspond au tableau évoqué par Colette. De Paul Gauguin (1848-1903), le public pouvait aussi admirer Le Port de Saint-Nazaire et deux tableaux intitulés Paysage breton.

15) Henri Harpignies, né à Valenciennes en 1819, avait acheté en 1878 le château de La Trémellerie, à Saint-Privé, situé à une vingtaine de kms au nord-ouest de Saint-Sauveur, entre Saint-Fargeau et Bléneau. Le train local permettait en un après-midi de faire l'aller-retour de Saint-Privé à Saint-Fargeau (Avec Colette, de Saint-Sauveur à Montigny, p. 89). L'Yonne avait fourni, à ce peintre de paysages marins et champêtres, de nombreux sujets d'inspiration. Les quatre tableaux exposés en 1942 étaient : Environs d'Avallon, 1868, Au Bord de la Rivière, La Rivière et Paysage au soleil couchant.

16) "“Les Chardons” " : ce tableau était le seul exposé de Vincent Van Gogh (1853-1920).

Dans Mélanges, Colette cite à nouveau cette toile comme la preuve du génie de ce peintre (OCC XIV, p. 17).

17) "Arbres" était le seul tableau de Matisse à l'exposition Charpentier. Il n'est pas surprenant que Colette ait d'abord préféré les paysages de ce grand coloriste. Quelques années plus tard, elle sera séduite par ses figures de danseuses (cf. infra, [Matisse et ses danseuses]).

18) De Claude Monet (1840-1926), étaient exposés : Le Pont de Vervit, La Prairie, Prairie à l'orée du bois. Monet est fréquemment cité dans l'œuvre de Colette (La Paix chez les bêtes, t.

I, p. 145) ; elle rend, dans "Flore et Pomone", un hommage à ses jardins (Gigi, OCC X, p. 298), puis le mentionne avec humour dans ses Éphémérides du 9 mars 1950 (Cahiers Colette, n° 13, p. 20).

19) La seule toile présentée de Pierre Bonnard (1867-1947) était Paysage au pâturage.

20) Paysage de Provence était le tableau d'André Derain (1880-1954) exposé à la Galerie Charpentier.

21) Marcel Leprin (1891-1933) fut d'abord décorateur de bars marseillais, puis peintre des rues du vieux Montmartre. La comparaison que fait Colette avec Utrillo vient de ce que ces deux peintres étaient assez proches, à leurs débuts, par la similitude des motifs, mais Leprin s'est développé dans un sens plus classique. Sa toile exposée en 1942 était Le Chemin de Saint-Ouen.

22) Maurice Utrillo (1883-1955) s'était attaché à rendre l'aspect tragique ou lamentable des vieilles rues parisiennes. A la Galerie Charpentier était exposé : Montmartre.

23) Dans Mélanges, la narratrice ne saurait "chauffer [s]on hiver mieux qu'au feu de couleurs – Fleurs et fruits – de la Galerie Charpentier" (OCC XIV, p. 16), et dans L'Étoile Vesper, elle rêve encore d'y être conduite (OCC X, p. 428). Outre les expositions, la Galerie Charpentier avait créé une maison d'édition où furent publiés Flore et Pomone, illustré par Laprade, en 1943, un an après l'article de Colette sur "Les Paysages français", et Belles saisons en novembre 1945.

24) "le voyage lent" : Colette partage avec les peintres le goût de la lenteur qu'elle considère comme un "luxe" (Le Voyage égoïste, t. II, p. 1123). Sur la condamnation fréquente de la vitesse, voir Le Fanal bleu, p. 114.

25) "Pour un qui s’évade et peint Tahiti" : il s'agit naturellement de Paul Gauguin qui, après un voyage à la Martinique en 1887, avait effectué deux séjours à Tahiti : de 1891 à 1893 et de 1895 jusqu'à sa mort, le 8 mai 1903 à Atuana.

26) "la terre française, chaude d’avoir dans chacun de ses plis bercé, nourri et enseveli un être humain" : la vocation "maternelle" de la terre française était déjà signalée dans le discours de Claudine au Ministre (Claudine à l'école, t. I, p. 201) ; dans Notes de tournées, la narratrice découvre la robe "de notre mère la terre" (t. II, p. 216 ; même appellation dans Les Heures longues, t. II, p. 577). Cette maternité symbolique provoque la désertion : pour voyager en avion, "nous quittons notre mère la terre en ingrats" (OCC IX, p. 280). Mais le plus souvent, et surtout en période de guerre, cette vocation maternelle est l'objet d'une reconnaissance

redondante et lyrique : "tous les replis des flancs de cette vieille terre vivent d'avoir porté un homme" (Mes cahiers, OCC XIV, p. 149). Dans De ma fenêtre, la terre française est "chaude dans tous ses plis d'avoir abrité l'être humain" (OCC X, p. 13). Dans la correspondance, l'image, réduite, est plus stéréotypée ("le sein de notre mère la terre", Lettres à Marguerite Moreno, OCC XIV, p. 444).

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ASTRONOMIE