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Fragmentation et dispersion des tessons

La taille des fragments de céramique est un critère difficile à interpréter mais qui, pourtant, peut servir à identifier des zones de «fréquentation» plus marquée par opposition à d’autres, mieux «protégées» par la présence, par exemple, de constructions ou tout autre obstacle en relation avec un habitat. L’image passablement hétérogène et contrastée donnée par

la répartition de tous les fragments de céramique enregistrés dans les décapages de surface et les struc-tures21 (fig. 69), appelle un premier commentaire. Cette répartition révèle de manière criante certains artifices de fouille, en particulier les longues surfaces de travail de 25 x 7 m de côtés qui ressortent très bien à l’aval des zones sud et nord. On peut avancer deux explications à cette situation. D’une part, c’est dans ces secteurs que le niveau archéologique s’en-fonce le plus profondément sous la surface initiale-ment décapée à la pelle mécanique. L’épaisseur de sédiment conservée au-dessus du niveau dans lequel les témoins archéologiques sont les plus nombreux est, ici, relativement importante, de sorte qu’une quantité non négligeable de restes archéologiques y a été récoltée tandis qu’ailleurs, cette séquence était atrophiée ou avait déjà disparu par suite de l’érosion, des travaux agricoles ou de notre décapage mécani-que localement trop profond. D’autre part, une plus grande attention a été portée aux très petits tessons dans tous les secteurs situés à l’aval, là où la densité des trous de poteau s’est révélée la plus forte; cela se vérifie parfaitement sur la répartition des indices de fragmentation.

Ces quelques considérations soulignent la néces-sité d’introduire des filtres en vue de pondérer cette première vision et de permettre une meilleure lec-ture des plans de répartition de la céramique. Les ré-partitions spatiales publiées sont constituées de tous les tessons découverts en dehors des structures creu-ses, sans tenir compte de leur altitude. La répartition de la densité de céramique (nombre de fragments par mètre carré; fig. 70) montre une quantité impor-tante de fragments sur toute la frange orientale de la zone sud, particulièrement dans les secteurs G et H, ainsi qu’au nord-ouest du secteur H. Deux con-centrations plus limitées sont à relever à l’est du sec-teur E et à l’ouest du secsec-teur F. Sur la zone nord, on retiendra une forte densité de tessons à l’ouest du secteur N et à l’est du secteur O.

Fig. 68

Décapage avec céramique in situ

20 Ce sont avant tout de petits éclats de galets thermofractés (<10 cm) générés par les activités an-thropiques. On ne compte guère

plus de cinq éclats au m2 et des

surfaces importantes en sont com-plètement dépourvues. 21 Pour traiter ces informations sous forme de cartes, nous avons utilisé le logiciel «Surfer» de Golden-software.

a a

E F G H J

a

E F G H J

E F G H J

Fig. 70

Plan de répartition par densité du nombre de

tes-sons par mètre carré,sans

le mobilier des structures (classe de 1 sigma) a: zone sud; b: zone nord

Fig. 71

Plan de répartition de la fragmentation moyenne des tessons par mètre

car-ré,sans le mobilier des

structures (classe de 1 sig-ma)

a: zone sud; b: zone nord 1 - 4 4 - 9 9 - 18 18 - 26 26 - 36 36 - 100 nombre de fragments 0 - 1.03 1.03 - 2.06 2.06 - 3.09 3.09 - 4.12 4.12 - 5.15 5.15 - 17 moyenne des tailles (cm)

M N O

M N O

Fig. 69

Plan de répartition spatia-le de l’ensembspatia-le des frag-ments de céramique, y compris le mobilier des structures en creux a: zone sud; b: zone nord

b

b

b

M N O

La projection spatiale de la taille moyenne des tes-sons par mètre carré montre (fig. 71, pp. 132-133) que les zones à forte densité sont surtout riches en fragments de petites taille (zones riches et fragmen-tées), sauf à l’est du secteur H ainsi qu’à l’est et à l’ouest de la zone nord où la moyenne des fragments reste élevée (zones riches et peu fragmentées).

Sur la zone sud, le chevauchement entre les sur-faces à forte densité de tessons et celles qui renfer-ment le plus grand nombre de structures de main-tien se cantonne à la frange aval des secteurs E, F et G. La fragmentation des tessons s’y révèle importante et le piétinement pourrait fort bien en être la cause première.

Dans l’angle sud-est du secteur E, au sud de l’ali-gnement de trous de poteau qui constituent le bâti-ment no 1 ou l’une de ses variantes, on constate que la densité de tessons est importante (voir fig. 70), mais que la fragmentation est forte (voir fig. 71), alors qu’entre les fosses de maintien la situation s’inverse, avec une faible densité de tessons accompagnée d’un taux de fragmentation peu élevé. La représentation détaillée de l’ensemble des tessons présents sur le secteur est encore plus explicite. La concentration de tessons qui s’étale au sud des alignements de trous de poteau ne déborde pas au milieu de ceux-ci (fig. 72). Un obstacle est probablement à l’origine de cette situation. Ces indices fondent les différentes

propo-A106 A66 A107 A85 A121 A77 A76 A426 A86 A87 A78 A84 A130 A128 A126 A133 A127 A93 A99 A88 EA EF EL EQ EU 65 70 74 62

sitions d’interprétation des structures d’habitat de ce secteur avancées au chapitre suivant22.

A l’amont du secteur E, dans une zone qui a livré très peu de structures, on constate la faible densité du mobilier, sauf à l’emplacement du terrassement TER-1 (voir fig. 70) où la fragmentation est moindre. Pareille situation se répète à l’amont du secteur F, dans l’emprise de l’aménagement TER-2, tandis que la partie aval du secteur est marquée par une richesse en tessons moins fragmentés au milieu d’une den-sité importante de trous de poteau. A la différence du précédent secteur, l’aval sud de G est particulière-ment riche en tessons de très petites tailles au milieu d’un autre groupe dense de structures de maintien. Le secteur H est marqué par l’absence presque com-plète de trous de poteau, mais dans sa partie aval, l’évidence d’une rigole qui délimite un replat ayant pu accueillir une construction est soulignée par la pré-sence d’un mobilier dense et faiblement fragmenté (fig. 73). L’amont du secteur H présente, au-delà des grandes fosses de combustion, une surface riche en tessons très fragmentés, mais cependant totalement dépourvue de trous de poteau.

Dans l’ensemble de la zone sud, la confrontation entre les répartitions des céramiques et des structu-res donne de meilleurs résultats avec les surfaces ter-rassées, qui semblent recevoir des constructions à parois porteuses, qu’avec les surfaces qui accueillent

Fig. 72

Zone sud, distribution des tessons à l’aval du secteur E, autour des hypothèses de bâtiments 1 et 2 + : tesson en structure

HA HL HQ HV 65 70 75 A481 A324 A330 A329 A311 A322 ? Fig. 73

Zone sud, distribution des tessons à l’aval du secteur H, autour du terrassement TER-3

des bâtiments sur poteaux porteurs (voir le chapitre «Analyse spatiale des structures d’habitat»). Sur la zone nord, la situation est sensiblement diffé-rente. On enregistre un bien meilleur recouvrement entre les concentrations de tessons et les structures de maintien, auquel participent également les nom-breuses fosses de cette zone (voir fig. 69, 70 et 71). Au sud, hormis le groupe de quatre fosses de com-bustion entre H et J, les fosses sont rares et très dis-persées parmi les concentrations de trous de poteau. Elles ne jouent, semble-t-il, qu’un rôle marginal dans l’organisation des espaces bâtis de cette zone. Mal-heureusement, le bénéfice que l’on peut retirer de ce meilleur recouvrement entre le mobilier et les structures, au nord, n’améliore pas pour autant no-tre compréhension de la structuration de l’habitat. En effet, de nombreuses fosses sont associées aux zones à forte densité en gros fragments de cérami-que, tandis que la surface peu dense en tessons, au milieu de la zone et dans l’axe nord/sud, correspond à un secteur pauvre en structures. L’absence de ves-tiges au centre-est du secteur N, sur une surface com-prenant uniquement des fosses, dont un silo et un ex-silo, mérite cependant d’être soulignée.

Dans l’angle nord-est du secteur O, il est intéres-sant de relever la densité très importante et la frag-mentation faible des vestiges sur une surface où seu-les trois fosses ont été mises en évidence (fig. 74). La surface montre une légère ressemblance avec la si-tuation de TER-3 sur la zone sud, mais la fouille n’a

Fig. 74

Zone nord, distribution des tessons dans la zone de l’hypothétique bâti-ment 24 à l’aval du sec-teur O

révélé aucune anomalie particulière du terrain (talus). Sur ce secteur, le résultat de la projection verticale des tessons selon différents axes n’est pas très con-cluant (fig. 75). L’hypothèse d’un terrassement de la pente reste ici très aléatoire.

L’absence de systématique dans l’enregistrement précis en coordonnées des nodules d’argile cuite sur l’ensemble du site rend peu fiable, à l’exception no-table de la zone nord, le recours à cette information sur le plan cartographique. Cependant, l’exploitation

A453 A454 A456 OS OV OZ 46 50 55

754.00 754.50 753.50 754.00 754.50 753.50 55 54 53 52 51 50 49 48 47 46 45 55 54 53 52 51 50 49 48 47 OZ 55 - 45 OV 55 - 47 A453 N O Fig. 75

Zone nord, projection stratigraphique des tes-sons sur l’axe OV 47-55 ou OZ 45-55 à travers la con-centration de fragments de l’éventuel bâtiment 24

des descriptions de fouille montre une présence in-contestablement plus importante des nodules d’ar-gile cuite sur la zone nord que sur la zone sud. Sur cette dernière, les observations de fouille font état de la présence de nombreuses traces de nodules cuits dans le secteur E, autour et dans la rigole A6, ainsi que sur la partie conservée de la «plate-forme» de TER-1 (voir fiche A15/A16/A6). Mélangés à de nom-breux charbons de bois, ces témoins ont été inter-prétés comme la trace des décombres d’un bâtiment incendié. Sur le secteur H, un véritable épandage de nodules et de plaques d’argile cuite couvre, sur près de deux mètres carrés, la pente du talus (A322) à l’ar-rière de la rigole de la terrasse TER-3 (fig. 76). L’exis-tence, sur certaines pièces d’argile, de deux faces lis-ses dont l’une est parfois arquée, évoque plutôt les restes d’un four (coupole et sole) qu’une paroi de bâtiment à clayonnage enduit d’argile (voir fiche A311/A329). D’autres fragments du même type sont présents dans deux des grandes fosses de combus-tion situées à cheval sur les secteurs H et J. Ces ob-servations donnent du crédit à l’hypothèse d’un sec-teur artisanal ou culinaire.

Sur la zone nord, les concentrations d’argile cuite se superposent à deux des principales nappes de tes-sons situées à l’est du secteur N et dans l’angle nord-est du secteur O (fig. 77). Les vnord-estiges se composent de fragments de clayonnage et de «mottes» d’argile comprimées à la main, d’interprétation incertaine23.

M N O

25m

Projection verticale des tessons