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3. Synthèse

3.1 Fosses et dépôts

La distribution des fosses est le fruit d’une

implanta-tion menée dans des circonstances qui nous échappent.

On ne peut qu’évoquer des motivations, sans avoir la

possibilité de recourir aux facilités offertes par l’existence

d’un référentiel, comme cela peut être le cas avec des sites

classiques, comme des oppida, des nécropoles ou des

établissements ruraux. Le champ des hypothèses reste

largement ouvert, avec des implantations de type camp

ou bivouac, des installations en relation avec de grandes

cérémonies, voire un site funéraire. Là, comme ailleurs,

il est sans doute vain de rechercher une fonction unique,

tant il est probable que des aspects matériels se mêlent à

des gestes rituels dans la plupart des sites de l’âge du Fer ;

le but serait plutôt d’estimer la part relative de ces deux

sphères, profane et rituelle, dans la nature du site.

les animaux

(espèces, nombres, âges, sexes)

les fosses

(localisation, profondeur, contenu)

nature de la fréquentation

étendue du site

nombre de participants

contraintes

topographiques

& géologiques

nature et localisation

des dépôts

nature et lieux

des traitements

conservation

des os disparitiondes os

exportation

ingestion des os

abandon au sol

Fig. 70 : Quelques questions posées par l’étude.

0 50 100 150 200 250 300 350 os isolés (72 EM) quelques os (343 EM) amas seuls (71 EM) carc. & amas (6 EM) carcasses seules (1 EM) squel. & qq os (12 EM) squel. & amas (11 EM) squelettes seuls (10 EM) nombre d’ensembles mobilier (526 EM)

Fig. 69 : Décomptes des types de dépôts simples ou composites en

nombre d’EM (ensemble mobilier).

La distribution des fosses, clairement en relation avec

l’épaisseur de la moraine, elle-même en lien avec les

dé-pressions du socle calcaire, est en partie corrélée au relief.

Ce lien ressort de l’examen du plan topographique, où l’on

voit plusieurs concentrations, ou alignements, encadrés

par des courbes de niveau (fig. 71) ; il n’y a que quelques

fosses de la zone sud qui échappent à ce déterminisme.

Quoi qu’il en soit, force est de constater que la répartition

des fosses est irrégulière, que des zones vides en côtoient

de très denses, que ces dernières prennent des formes

très différentes, comme des cercles, des alignements, des

triangles... Un autre paramètre est leur densité, qui régit

leur proximité, et de là, leur accessibilité (fig. 72). Dans la

zone centrale, les distances entre fosses sont souvent de

l’ordre de 1 à 3 m, ce qui est fort peu pour accueillir des

fron t car rièr e (2006) 570 m 570 m 575 m 575 m 575 m 580 m 580 m 585 m 590 m 595 m 565 m 565 m 560 m 560 m 555 m 555 m 550 m 550 m 50 m

N

relevé Archeodunum SA

Fig. 71 : Localisation des fosses et topographie du site.

50 m

Fig. 72 : Espaces disponibles autour des fosses, illustrés à l’aide des

polygones de Thiessen.

groupes importants. Cela oblige à s’interroger, en plus de

la gestion des déblais issus de leur creusement, sur les

pos-sibilités de manipulations d’animaux vivants ou morts, de

carcasses ou d’importantes quantités d’ossements. La

per-tinence de ces questions suppose l’ouverture simultanée

des fosses. Certains indices, en dehors de la brièveté de

fréquentation des lieux, comme les remontages vont dans

ce sens, mais il est impossible de prouver le synchronisme

de l’ensemble. Ceci dit, il apparaît bien que les fosses les

plus riches disposent d’un espace environnant plus

im-portant que les autres (fig. 73). Il ne manque pas de fosses

isolées pauvres, voire vides, mais les fosses les plus riches

(plus de 500 pièces) bénéficient d’un espace environnant

d’au moins 70 m2, soit un cercle d’environ 5 m de rayon24.

La question de l’espace est particulièrement saillante

pour la gestion des carcasses. En effet, ces dernières sont

des restes de cadavres qui se sont décomposés en dehors

des fosses. On ne dispose d’aucun indice sur les lieux et

les circonstances de ces décompositions, aussi ce qui suit

n’a pour objet que de soulever quelques pistes de réflexion

sur les implications de cette phase qui pouvait durer de

quelques semaines à quelques mois selon la saison

(Mé-niel 2008, p. 143-149). Si un cadavre couché sur le flanc

occupe un espace d’un à trois mètres carrés selon l’espèce

et l’âge de l’animal, sa dislocation va conduire à l’accroître

(fig. 74). Les trois dépôts les plus importants (fosse 146 :

5 chevaux ; fosse 542 : 5 chevaux, 1 vache, 2 moutons, 1

porc ; fosse 634 : 4 chevaux, 3 bovins, 6 caprinés, sans

compter les fosses voisines 657 et 896) rassemblent des

24. En dessous de cette limite, les fosses recèlent 73 pièces en moyenne,

au delà elles en ont près de 500.

carcasses de cinq à treize animaux qui, étalées au sol,

oc-cupent des surfaces de l’ordre d’une trentaine de m2. Mais

comme on ignore tout de la disposition de ces cadavres,

séparés ou entassés, il n’est pas utile de pousser au delà de

cette évocation.

Les amas les plus importants (plus de 100 restes,

fig. 75), au nombre d’une quarantaine, sont distribués

dans des zones où la densité des fosses est moindre, et à

la périphérie du secteur central. Ils évitent donc les zones

de fortes concentrations de fosses, là où elles sont les plus

profondes (à l’est et au nord-ouest). En effet, il apparaît

une corrélation négative entre leur profondeur et leur

den-sité (fig. 76), c’est à dire que les fosses les plus profondes

sont proches les unes des autres, alors que les plus isolées

sont moins profondes. Seules quatre fosses (542, 554, 559

et 566) profondes, toutes situées au nord-ouest de la zone

centrale, échappent à cette règle. Une autre observation

est que la quantité de vestiges animaux enfouis dans les

0 200 400 600 800 1000

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

nombre de pièces par fosse

surface des polygones de Thiessen (m

2

)

70 m2

112 96

(96 et 112 = fosses zone centrale avec squelette)

Fig. 73 : Relation entre espace disponible et nombres de restes déposés

dans les fosses.

50 m N relevé Archeodunum SA NORD OUEST SUD CENTRE EST

Fig. 74 : Estimation de l’espace occupé par les carcasses avant leur

enfouissement.

Fig. 75 : Inflexion vers une centaine de restes dans la série des fosses

contenant des amas.

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450

500 nombre total de restes

fosses ne dépend pas de leur profondeur, et donc de leur

volume (fig. 77). En effet, sur la trentaine de fosses riches

de plus de 500 pièces, 29 (sur 173, soit 17 %) ont des

profondeurs comprises entre 1,00 et 2,40 m, et il n’y en a

que 3 (sur 67, soit 4 %) plus profondes. Il ressort de ces

observations que les fosses n’ont pas été creusées pour

être comblées d’ossements animaux. Ce constat appelle

un certain nombre de précisions, la première serait de voir

si d’autres mobiliers, meule, céramique, remplacent les

os-sements là où ils sont peu abondants, la seconde serait de

s’interroger sur une éventuelle fonction primaire de ces

fosses avant qu’elles ne deviennent des réceptacles.

L’ac-cès à l’eau et une prospection par sondages en vue

d’ac-céder à cette ressource rare sur le plateau font partie des

hypothèses à considérer.

Fig. 76 : Relation entre espace disponible et profondeur des fosses.

Fig. 77 : Relation entre profondeur des fosses et nombres de restes

déposés.

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