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4.2.1 Théorème de Lax-Milgram

Soit donc T un opérateur auto-adjoint. On appelle forme quadratique associée à T celle définie par

qT(v) := hv, T vi, v ∈ D(T ).

On peut aussi regarder la forme polaire associée, qui vaut

ϕT(v, w) := hv, T wi, v, w ∈ D(T ).

Dans cette section on fait l’hypothèse que qT est coercive, c’est-à-dire qu’il existe α > 0 tel quel

hv, T viH > αkvk2H, ∀v ∈ D(T ). (4.1) Par suite σ(T ) ⊂ [a, ∞[. En fait, par le théorème spectral les deux propositions sont même équivalentes dés que T est autoadjoint, Bien sûr, ce dont nous avons réellement besoin est que qT(x) > −Ckxk2

H, ce qui correspond au fait que σ(T ) est minoré, et ensuite on peut se ramener à (4.1) en remplaçant T par T + a avec a > C. Sous l’hypothèse (4.1), nous voyons que x ∈ D(T ) 7→qqT(x) définit une norme, et que ϕT définit un produit scalaire. En général, l’espace D(T ) n’est pas fermé pour cette norme. En complétant D(T ) pour le produit scalaire ϕT, on trouve un nouvel espace Q(T ) tel que

D(T ) ⊂ Q(T ) ⊂ H.

Par extension, on trouve également une forme quadratique continue sur cet espace, qui étend qT de façon unique et que l’on note de la même façon. De même, on trouve un produit scalaire ϕT pour lequel Q(T ) est un espace de Hilbert.

L’inégalité (4.1) garantie que Q(T ) s’identifie à un sous-espace de l’espace de Hilbert ambient H, avec injection continue Q(T ) ,→ H. Par construction, D(T ) est dense dans

Q(T ) pour la norme induite par qT et on a donc

Ainsi, qT(v) 6 kvkHkT vkH 6 kvk2D(T ) et l’injection D(T ) ,→ Q(T ) est également continue. Définition 4.1. (Forme quadratique)

Soit T un opérateur auto-adjoint, tel que hx, T xi> αkxk2

H pour tout x ∈ D(T ). On

appelle forme quadratique associée à T l’unique forme quadratique qT définie précédemment

sur son domaine Q(T ). La forme polaire associée est notée ϕT.

Si T vérifie hv, T viH > −Ckvk2

H pour tout x ∈ D(T ), on pose de façon similaire

qT +a− ak.k2

H pour a > C.

Exemple 4.2.1. (Laplacien sur Rd). Considérons l’opérateur T = −∆ qui est auto-adjoint sur H2(Rd),par intégration par parti. Alors on a

qT(F ) = − Z Rd f (x)∆f (x)dx = Z Rd |∇f (x)|2dx, ∀ f ∈ H2 (Rd). Comme qT est positive, on peut regarder par exemple T + 1 de sorte que

qT +1(f ) = kf k2H1(Rd) > kf k2L2(Rd)

est coercive. Nous voyons que le procédé de complétion fournit simplement la forme quadratique

qT(f ) =

Z

Rd

|∇f (x)|2dx sur Q(T ) = H1(Rd), puisque H2(Rd) est dense dans H1(Rd) pour la norme de H1(Rd).

Nous verrons que la forme quadratique qT est un objet qui peut être plus facile à manipuler que l’opérateur T lui-même. Il est cependant légitime de se demander quelle relation il y a entre T et qT. Peut-on retrouver T à partir de qT ?. La réponse est positive et justifie l’introduction de la notion de forme quadratique.

Théorème 4.3. (Caractérisation du domaine).

Soit T un opérateur auto-adjoint vérifiant

hv, T viH > −Ckvk2H, ∀v ∈ D(T ),

et soit ϕT la forme polaire associée. Les propositions suivantes sont équivalentes :

(i) v ∈ Q(T ) et il existe z ∈ H tel que ϕT(v, h) = hz, hiH pour tout h ∈ Q(T ) ;

(ii) v ∈ D(T ) et T v = z.

Nous pouvons maintenant utiliser le résultat précédent pour donner une caractérisation variationnelle de l’équation (T + a)v = z.

Théorème 4.4. (Lax-Milgram).

Soit T un opérateur auto-adjoint vérifiant

hv, T viH > −Ckvk2H, ∀ v ∈ D(T ),

et a > C. Soit z ∈ H quelconque. Alors, le problème de minimisation

inf w∈Q(T ) 1 2qT(w) + a 2kwk2H − <(w, z)H  ; (4.2)

admet pour unique minimiseur v = (T − a)−1z ∈ D(T ). Ce dernier est aussi caractérisé par

la relation

ϕT(v, h) + ahv, hiH = hz, hiH (4.3)

pour tout z ∈ Q(T ).

Le théorème nous précise comment retrouver T (ou plutôt (T + a)−1) à partir de la forme quadratique qT, puisque le point v = (T + a)−1z est l’unique minimiseur du problème

(4.2). L’équation (4.3) s’appelle la formulation faible de l’équation (T + a)v = z et elle s’obtient formellement en prenant le produit scalaire avec z. La caractère “faible”vient du fait qu’on suppose seulement que v ∈ Q(T ). Ainsi, la donnée de la forme quadratique qT et de son domaine Q(T ) est équivalente à celle de T et D(T ).

Théorème 4.5. (Riesz-Friedrichs)

Soient E ⊂ H deux espaces de Hilbert, de normes k . kE et k . kH et de produits scalaires

h., .iE et h., .iH. On suppose que E est dense et s’injecte continuement dans H, c’est-à-dire qu’il existe α > 0 tel que

k v kE≥ α k v kH, ∀v ∈ E. (4.4)

Alors il existe un unique opérateur auto-adjoint T sur son domaine D(T ) ⊂ H, tel que qT =k . k2

E, ϕT = h., .iE et E = Q(T ).

4.2.2 Formule de Courant-Fischer et ses variantes

Nous avons vue la forme quadratique qT d’un opérateur auto-adjoint T et avons donné une caractérisation faible de l’équation (T v + a)v = z. Nous allons maintenant donner une caractérisation variationnelle des valeurs propres à partir de qT uniquement. Pour cela, nous allons supposer pour simplifier que T est à résolvante compacte, T est alors

diagonalisable dans une base orthonormée, ce qui signifie qu’il existe une base (vn) et des réels λn avec |λn| → ∞ tels que T vn = λnvn. On a alors, d’après le théorème 3.9,

D(T ) = v ∈ H telque X n≥1 n)2 |hvn, viH|2 < ∞

et

T v = X

n≥1

λn hvn, viH vn.

Ceci permet d’obtenir une formule pour la forme quadratique associée à l’opérateur T

qT(v) := hv, T viH = X

n≥1

λn |hvn, viH|2 (4.5) et pour la forme sesquilinéaire associée

ϕT(v, w) := hv, T wiH = X

n≥1

λn hv, vniH hvn, wiH. (4.6) Ici on suppose d’abord que v, w ∈ D(T ), ce qui permet d’écrire hv, T wiH. Mais il est

ensuite clair que les séries (4.5) sens pour v et w dans un sous-espace plus grand que D(T ), qui est précisément le domaine

Q(T ) = v ∈ H tels que X n≥1 n| |hvn, viH|2< ∞ . (4.7) L’hypothèse dans la définition de Q(T ) implique que la série

X

n≥1

λn |hvn, viH|2

converge absolument. Mai si les λn ont un signe arbitraire, il se pourrait que la série soit oscillante et converge simplement sans converger absolument, pour des v en dehors de

Q(T ). C’est pour éviter ce cas pathologique qu’on doit supposer que

hv, T viH ≥ −C kvk2

H (4.8)

ce qui, par le n4.2.1 est équivalent à supposer que le spectre est minoré.

Comme alors λn → +∞ et donc λn> 0 pour n assez grand, la convergence de la série ne

peut être qu’absolue.

Théorème 4.6. (Courant-Fischer)

Soit T un opérateur auto-adjoint à résolvante compacte, dont le spectre est minoré, et λ1 ≤ λ2 ≤ . . . la suite ordonnée de ses valeurs propres. Alors on a

λ1 = min σ(T ) = min

v∈Q(T )

kvkH=1

qT(v) (4.9)

et le minimum est exactement atteint pour les v ∈ ker(T − λ1) ⊂ D(T ) normalisés. Plus

généralement, on a λk = min V ⊂Q(T ) dim(V )=k max v∈V kvkH=1 qT(v) (4.10)

et le minimum est atteint pour les espaces sous la forme V = V ect(v1, . . . , vk) ⊂ D(T )

engendrés par k vecteurs propres correspondants aux k premières valeurs propres λ1, . . . , λk.

Théorème 4.7. (Caractérisation des sommes de valeurs propres)

Soit T un opérateur auto-adjoint à résolvante compacte, dont le spectre est minoré, et λ1 ≤ λ2 ≤ . . . la suite ordonnée de ses valeurs propres. Alors on a

k X j=1 λj = min w1,...,wk∈Q(T ) hwi,wjiH=δij k X j=1 qT (wj) (4.11)

et le minimum est exactement atteint lorsque V ect(w1, . . . , wk) est un espace engendré par

k premiers vecteurs propres de T .

Dans le minimum à droite, on prend un espace W ⊂ Q(T ) de dimension k comme (4.10), et une base orthonormée w1, . . . , wk de cet espace. Enfin, on somme les valeurs de la forme quadratique pour ces vecteurs. On peut montrer que la somme ne dépend pas de la base choisie.

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