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3. Génération d’un texte avec des informations communicatives

3.2. Processus de génération du texte

3.2.1. Génération du segment discursif 1

3.2.1.1. De la forme logique aux SDRSs

(1) ∃ e1, s2, s3, e4, x, y, m, S, c, t1, t2, t3, t4 (

e1-gagner (x, y) ∧ t1 = 8e saison de la Ligue ∧

s2-fier (m, x) ∧ t2 = pour la 2e fois de leur histoire ∧

s3-dernier (x, c) ∧ t3 = l’an dernier ∧ e4-jouer_pour (S, x) ∧ t4 = toujours ∧ cause (e1, s2) ∧ e1 < now ∧

contraste (e1, s3) ∧ e1 ≥ t1 ∧ cause (e4, s2) ∧ e1 O t2 ∧

s2 O now ∧ x = équipe des Foreurs de Val-d’Or ∧ s3 O t3 ∧ y = séries éliminatoires ∧ e4 O t4 ) m = moi ∧

S = Samuel ∧ c = championnat ∧

Une vue d’ensemble de cette forme logique peut être la suivante :

contraste cause cause

c12 e e c

s3-dernier (x, c) e1-gagner (x, y) s2-fier (m, x) e4-jouer_pour (S, x)

Grâce à cette représentation, il apparaît de suite que l’état s2 (s2-fier (m, x)) est causé par deux événements : e1-gagner (x, y) et e4- jouer_pour (S, x).

La construction des SDRSs va se faire récursivement à partir des conditions contenues dans une DRS issue de la forme logique (1), soit la DRS suivante :

(2)

La DRS (2) contient tous les éléments de la forme logique (1). Nous avons numéroté les conditions pour y faire plus facilement référence par la suite.

Nous tenons à avertir le lecteur que nous ne prenons pas en considération les présuppositions dans les représentations en (S)DRS. Elles seront uniquement signalées dans les gloses sur les (S)DRSs.

Comme il s’agit d’un début de discours, on peut recourir à un acte de langage, comme par exemple l’expression j'aimerais souligner, qui permet d’introduire le topique discursif et de commencer le discours. Nous proposons de représenter cet acte de langage dans la DRS sous la forme de π qui indique les conditions d’énonciation de la proposition principale représentée dans la DRS π113.

Maintenant, prenons comme topique ‘la victoire de l'équipe des Foreurs de Val-d'Or’, soit l’événement e1. En principe, il faudrait mettre dans la première DRS tout ce qui a trait à e1 or, comme nous commençons un discours, nous allons choisir de mettre dans la DRS π1 uniquement les conditions cond6 (correspondant à e1-gagner (x, y)), cond7, cond1 (pour ‘l’équipe des Foreurs de Val-d’Or’) et un hyperonyme de ‘séries éliminatoires’, soit un nouveau référent de discours y1 qui correspond à ‘un match’. Nous allons réserver les informations temporelles (comme t1 et t2) et ‘les séries éliminatoires’ (c'est-à-dire la spécification de y1) pour la suite du discours, en l’occurrence, dans la DRS π2. Cette démarche en deux temps (i.e. représenter un même événement dans deux DRSs distinctes)

13 À ce sujet, nous tenons à remercier Laurent Roussarie pour ses explications claires et sa pédagogie.

x, y, m, S, c, e1, s2, s3, e4, t1, t2, t3, t4 cond1 : x = équipe des Foreurs de Val-d’Or cond2 : y = séries éliminatoires

cond3 : m = moi cond4 : S = Samuel cond5 : c = championnat cond6 : e1-gagner (x, y) cond7 : e1 < now cond8 : e1 ≥ t1 cond9 : e1 O t2 cond10 : s2-fier (m, x) cond11 : s2 O now cond12 : s3-dernier (x, c) cond13 : s3 O t3 cond14 : e4-jouer_pour (S, x) cond15 : e4 O t4

cond16 : cause (e1, s2) cond17 : contraste (e1, s3) cond18 : cause (e4, s2)

cond19 : t1 = 8e saison de la Ligue

cond20 : t2 = pour la 2e fois de leur histoire

cond21 : t3 = l’an dernier cond22 : t4 = toujours

permet d’introduire le topique (dans π1) et de rajouter des informations sur le topique par la suite (dans π2). On anticipe une relation Particularisation entre π1 et π2.

La DRS π1 va représenter le topique du discours ‘la victoire de l’équipe des Foreurs de Val- d’Or’. Il va être introduit par un acte de langage représenté par π ‘il faut souligner’ qui spécifie π1. Nous avons donc la DRS π1 suivante :

Cette DRS représente l’événement ‘l’équipe des Foreurs de Val-d’Or a gagné un match’. C’est dans la suite du texte, i.e. dans la DRS π2, que l’on va avoir des informations supplémentaires sur cet événement : de quel match s’agit-il ? Quand cette victoire s’est-elle produite ? etc. Comme toutes les conditions relatives à e1 dans la DRS (2) ne sont pas épuisées, on va les mettre dans une DRS étiquetée π2 : il s’agit des conditions cond2, cond8, cond9, cond19 et cond20. Cette DRS va donc représenter l’événement e1 avec des informations complémentaires : l’événement ‘l’équipe des Foreurs de Val-d’Or a remporté les séries éliminatoires, lors de la huitième saison de la ligue, pour la deuxième fois de leur histoire’. L’expression pour la deuxième fois de leur histoire présuppose que l’équipe a déjà gagné une fois les séries éliminatoires, nous ne le mentionnons pas dans la DRS.

Nous avons donc la DRS π2 suivante :

π2 :

Lors de la construction des DRSs, comme la DRS π2, il est nécessaire de créer une nouvelle variable pour référer à un référent de discours déjà présent dans une autre DRS. C’est ici le

e2, x2, y2, t1, t2 x2 = x1 y2 = séries éliminatoires e2-gagner (x2, y2) e2 < now 8e saison de la ligue (t1)

pour la deuxième fois (t2) e2 ≥ t1 e2 O t2 π π1 : π-il_faut_souligner e1, x1, y1 x1 = équipe des Foreurs de Val-d’Or match (y1) e1-gagner (x1, y1) e1 < now

cas pour le référent x1 ‘l’équipe des Foreurs de Val-d’Or’ que nous avons déjà dans la DRS π1. On ne peut pas le remettre dans la DRS π2 : on crée alors x2, et on ajoute la condition x2 = x1. Il y a une co-référence événementielle entre π1 et π2 : e1 = e2. Dans la DRS π2, il y a un ajout d’informations par rapport à la DRS π1 : une spécification (‘match’ Ö ‘séries éliminatoires’) et des adjonctions correspondant à des circonstants (‘8e saison de la ligue’ et ‘pour la deuxième

fois’). La relation Particularisation intervient donc entre π1 et π2.

Par ailleurs, l’événement e1 est lié à l’état s2 par une relation causale cause (e1, s2) correspondant à la condition cond16 qui n’est pas encore exprimée. Nous avons déjà une SDRS (avec Particularisation (π1, π2)) représentant e1, nous avons donc le choix entre deux relations de discours pour traduire la relation causale : la relation Résultat ou la relation Commentaire. Ces deux relations impliquent que la SDRS représentant e1 est avant la représentation de l’état s2 i.e. l’énoncé décrivant e1 (le topique) sera devant celui décrivant s2 dans le texte final.

Pour représenter l’état s2, nous proposons la DRS π3 suivante : π3 :

Toutes les conditions concernant s2 sont dans la DRS π3 (cond1, cond3, cond10 et cond11) sauf la relation conceptuelle cause (e1, s2) (cond16). Pour traduire cette relation, on peut mettre la relation Résultat entre [π1-π2] et π3.

Avec une SDRS avec une relation Résultat sous-jacente, nous aurons, par exemple, la réalisation syntaxique suivante :

(3) À leur huitième saison dans la Ligue junior majeure du Québec, les Foreurs ont remporté pour la deuxième fois de leur histoire les séries éliminatoires.

Je suis fier de cette équipe.

Il est également possible de construire une SDRS avec la relation Commentaire : la DRS π3 comprend alors les conditions supplémentaires cause (e, s3) et l’équation anaphorique

e = e114. La réalisation finale serait par exemple :

(4) À leur huitième saison dans la Ligue junior majeure du Québec, les Foreurs ont remporté pour la deuxième fois de leur histoire les séries éliminatoires.

À cause de cela, je suis fier de cette équipe. ou encore :

(5) À leur huitième saison dans la Ligue junior majeure du Québec, les Foreurs ont remporté pour la deuxième fois de leur histoire les séries éliminatoires.

Cela me rend fier de cette équipe.

avec comme conditions supplémentaires dans π3 : f-cause (e, s3) et l’équation anaphorique

e = e1.

Si nous avions choisi ‘je suis fier de l’équipe des Foreurs de Val-D’or’ comme topique, nous aurions l’état s2 dans une DRS π1 et l’événement e1 ‘l’équipe des Foreurs de Val-d’Or a

14 Nous avons détaillé ce processus dans la partie 2.1.2..

s3, m, x3 m = moi x3 = x1

s3-fier (m, x3) s3 O now

remporté les séries éliminatoires, lors de la huitième saison de la ligue, pour la deuxième fois de leur histoire’ dans une DRS π2 : on aurait alors une relation Explication entre π1 et π2 avec ‘je suis fier de l’équipe des Foreurs de Val-D’or’ en première position dans le texte final. De plus, on aurait une autre relation Explication traduisant la relation cause (e4, s2) entre la DRS π1 représentant ‘je suis fier de l’équipe des Foreurs de Val-D’or’ et une DRS π3 représentant ‘mon fils Samuel joue pour cette équipe’. Le texte final ressemblerait donc à :

(6) Je suis fier de l’équipe des Foreurs de Val-D’or.

À leur huitième saison dans la Ligue junior majeure du Québec, les Foreurs ont remporté pour la deuxième fois de leur histoire les séries éliminatoires.

Une autre raison d’en être fier est que mon fils Samuel joue pour cette équipe. si ‘je suis fier de l’équipe des Foreurs de Val-D’or’ était le topique du discours.

Or, nous avons décidé que ‘la victoire de l’équipe des Foreurs de Val-d’Or’ serait le topique et nous choisissons de produire le discours (3).

L’événement e1 est également lié à l’état s3 par le biais de la relation contraste (e1, s3) correspondant à la condition non traduite cond17 de la DRS (2). Cette relation va de pair avec la relation cause (e1, s2). En effet, ces deux relations indiquent la présence d’une argumentation contrastée. La conjugaison de ces relations conceptuelles est une relation assez particulière qui ne peut être traduite que par le biais de la relation de discours D’autant_plus_que, étudiée par Aurélie Névéol (dans (Névéol, 2002)). Elle propose la validation de la relation D’autant_plus_que suivante :

Soit πr et πp deux étiquettes de SDRS et k une DRS,

- Si πr: kr, πp: kp, me(k) = e, me(kr) = er, me(kp) = ep et

- Si cause(e, ep) et contraste(e, er)

Alors si πk étiquette k D’autant_plus_que (πp, πk) est valide.

La relation de discours D’autant_plus_que paraît donc la plus appropriée pour traduire la relation contraste (e1, s3) en accord avec la relation cause (e1, s2) et. Nous aurons donc une relation D’autant_plus_que entre la DRS π3 et la DRS π4 suivante :

π4 :

Dans cette DRS, nous avons mis tout ce qui concerne l’état s3, c'est-à-dire les conditions cond1, cond5, cond12, cond13 et cond21.

La réalisation syntaxique de la relation D’autant_plus_que est le connecteur d’autant plus

que. À partir du discours (3), nous obtenons donc le discours suivant :

(7) À leur huitième saison dans la Ligue junior majeure du Québec, les Foreurs ont remporté pour la deuxième fois de leur histoire les séries éliminatoires.

Je suis fier de cette équipe d’autant plus que cette formation a terminé en dernière position l’an dernier.

s4, x4, c, t4 x4 = x1 c = championnat l’an dernier (t4) s4-dernier (x4, c) s4 O t4

Nous devons revenir sur l’état s2 car il est non seulement lié à e1 mais il est également lié à l’événement e4 par le biais d’une relation causale cause (e4, s2), condition cond18 non traduite.

Pour représenter e4, il est possible de regrouper les conditions cond1, cond4, cond14, cond15 et cond22 pour construire la DRS suivante :

π5’ :

Nous avons mis dans la DRS π5’ tout ce qui a trait à l’événement e4 dans la DRS (2), y compris la condition cond18 cause (e4, s2). Il a fallu rajouter l’équation s5’ = s3 car le référent de discours s3 est déjà présent dans la DRS π3. Rappelons que l’état s2 est causé par deux événements : e1 et e4.

La DRS π5’ pourrait donner lieu au discours :

(8) Je suis fier de l’équipe des Foreurs de Val-D’or aussi parce que mon fils Samuel joue pour cette équipe.

Une autre solution est de procéder à la réification de la cause, comme dans la DRS π5’’ suivante :

π5’’ :

Nous pourrions avoir, à partir de π5’’, les discours suivants :

(9) Que mon fils Samuel joue pour cette équipe est une autre raison de ma fierté. (10) Que mon fils Samuel joue pour cette équipe cause aussi ma fierté.

Or, nous voulons générer le discours :

(11) Une autre raison d’être fier de l’équipe des Foreurs de Val-d’Or est que mon fils Samuel joue pour cette équipe.

dans lequel l’événement dénotant l’effet est exprimé avant celui dénotant la cause, où l’antécédent de raison n’est pas encore exprimé et dans lequel une présupposition intervient au travers de l’adjectif autre (le même état s2 est causé par deux événements : e1 ‘la victoire

e5’, s5’, S’, x5’, t5’ S’ = mon fils Samuel x5’ = x1 e5’-jouer_pour (S’, x5’) cause (e5’, s5’) s5’ = s3 toujours (t5’) e5’ O t5’ e5’’, s5’’, S’’, x5’’, t5’’, f S’’ = mon fils Samuel x5’’ = x1 e5’’-jouer_pour (S’’, x5’’) f-cause (e5’’, s5’’) s5’’ = s3 toujours (t5’’) e5’’ O t5’’

de l’équipe des Foreurs de Val-D’or’ dans un premier temps, puis e4 ‘mon fils Samuel joue pour l’équipe des Foreurs de Val-D’or’). Nous avons étudié ce cas particulier dans la partie 2.1.3.2., et pour représenter ce phénomène, nous proposons la SDRS suivante :

Cette SDRS résulte de la répartition des conditions de la DRS π5’’ : nous avons mis toutes les conditions concernant l’événement e4 dans la DRS π6 (cond1, cond4, cond14, cond15 et cond22) et tout le reste dans la DRS π5 : la relation causale (cond18), la condition s5 = s3 et tout ce qui concerne l’état s2 ‘je suis fier de l’équipe des Foreurs de Val-D’or’, représenté ici par le référent de discours s5.

Nous notons par le biais de la condition f-cause (e, s5) qu’il existe un événement qui cause l’état s5. Cet événement n’est pas encore exprimé, il est en fait exprimé dans le groupe nominal cataphorique la raison de (condition e = ?). C’est dans la suite du texte, i.e. dans l’énoncé représenté dans π6, que la raison est exprimée linguistiquement (équation anaphorique e6 = e).

La relation Commentaire entre π5 et π6 est justifiée car la condition cond18 apparaît dans la DRS π5 (sous la forme de f-cause (e, s5)) et elle est exprimée dans un groupe nominal (la

raison de) et non dans un connecteur. D’autre part, la relation Égalité entre en jeu car elle

met en relation deux DRSs représentant un même événement : l’événement qui cause la fierté du locuteur est, correspond à, équivaut à l’événement ‘mon fils Samuel joue pour l’équipe des Foreurs de Val-D’or’.

Nous n’avons pas représenté dans la SDRS la présupposition qui intervient dans ce discours : l’adjectif autre présuppose qu’il y a déjà eu une raison pour laquelle ‘je suis fier de l’équipe des Foreurs de Val-D’or’. Ce présupposé est tout de même déchiffrable au travers de la relation Parallèle entre les SDRSs πA (regroupant π1, π2, π3 et π4) et πB (regroupant π5 et π6), et, grâce à l’équation anaphorique s5 = s3 dans la DRS π5.

Toutes les conditions de la DRS (2) sont maintenant épuisées. Au final, nous obtenons pour le segment discursif 1 la SDRS suivante :

π5, π6 π5 : π6 : Commentaire-Égalité (π5, π6) s5, m5, x5, f m5 = m3 x5 = x1 s5-fier (m5, x5) s5 O now s5 = s3 f-cause (e, s5) e = ? e6, S, x6, t6

S = mon fils Samuel x6 = x1

e6-jouer_pour (S, x6) toujours (t6)

e6 O t6 e6 = e

πA, πB πA : πB : Parallèle (πA, πB) π0, π3, π4 π0 : π3 : π4 : Résultat (π0, π3) D’autant_plus_que (π3, π4) π5, π6 π5 : π6 : Commentaire-Égalité (π5, π6) s3, m3, x3 m3 = moi x3 = x1 s3-fier (m3, x3) s3 O now s4, x4, c, t4 x4 = x1 c = championnat l’an dernier (t4) s4-dernier (x4, c) s4 O t4 s5, m5, x5, f m5 = m3 x5 = x1 s5-fier (m5, x5) s5 O now s5 = s3 f-cause (e, s5) e = ? e6, S, x6, t6

S = mon fils Samuel x6 = x1 e6-jouer_pour (S, x6) toujours (t6) e6 O t6 e6 = e π1, π2 π2 : Particularisation (π1, π2) e2, x2, y2, t1, t2 x2 = x1 y = séries éliminatoires e2-gagner (x2, y2) e2 < now 8e saison de la ligue (t1)

pour la deuxième fois (t2) e2 ≥ t1 e2 O t2 π π1 : π-il_faut_souligner e1, x1, y1 x1 = équipe des Foreurs de Val-d’Or match (y1) e1-gagner (x1, y1) e1 < now

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