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La formation initiale et la sensibilisation à l’art et à la culture

UN ÉTAT DES LIEUX DE LA POLITIQUE CULTURELLE EN RÉGION

Chapitre 3. Education et formation culturelle

II. La formation initiale et la sensibilisation à l’art et à la culture

Pour le CESR, la principale finalité d’une politique culturelle doit être la démocratisation culturelle, c’est-à-dire qu’elle doit favoriser l’accès de tous les citoyens à l’art et à la culture.

La culture est un moyen de donner des clés indispensables pour lire l’environnement et comprendre le monde actuel.

Le CESR est par ailleurs très attaché à l’idée de l’accès de tous, sur l’ensemble du territoire régional, à la culture. Des moyens doivent être donnés, des actions de sensibilisation sont à mener en direction de tous les publics et dans toute la région.

Pour atteindre ces objectifs, le CESR considère que la sensibilisation et l’éducation artistique pour tous et dès le plus jeune âge sont indispensables.

Des repères historiques concernant la mise en œuvre progressive d’une politique d’éducation artistique et culturelle par l’Etat dans les écoles et les établissements scolaires sont donnés dans la première partie de cet avis.

Le CESR approuve la recherche de mise en cohérence des dispositifs d’enseignements artistiques existants prévue dans la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et

25 Une conséquence concrète de cela est que, par exemple, le Conservatoire de Toulouse, qui ne dispense pour l’heure pas d’enseignements de théâtre, ne pourra pas bénéficier de la labellisation «école à vocation régionale».

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responsabilités locales qui, plus qu’un transfert de compétences dans ce domaine, vise en fait à clarifier le rôle de chaque acteur (Etat, Région, Département, Commune).

De nombreux acteurs portent la responsabilité d’agir dans ce domaine, en particulier la famille, qui joue un rôle fondamental pour susciter l’«appétence» pour la culture. Toutefois, dans les milieux où l’offre culturelle est peu accessible, pour des raisons d’ordre économique ou social, d’autres acteurs doivent intervenir.

Ainsi, pour compléter l’influence du milieu familial, le milieu associatif et surtout l’école jouent un rôle décisif.

1) Le rôle central de l’école

Parce qu’elle accueille dès le plus jeune âge l’ensemble de la population et permet d’offrir un égal accès à une «culture artistique générale», l’école est le lieu où doit se mettre en place une politique de sensibilisation à l’art et à la culture.

Pour favoriser l’accès des élèves à l’art (concept qui désigne l’œuvre, l’expression de l’artiste) et à la culture (qui désigne une attitude, le rapport à l’œuvre, la capacité de percevoir), c’est une éducation artistique et culturelle qu’il faut s’attacher à développer dans les établissements scolaires. Celle-ci doit être constituée de trois axes: la pratique d’une activité artistique d’abord, la confrontation à des œuvres ensuite, l’échange et l’accompagnement autour des œuvres enfin.

C’est d’autant plus important que dans un monde en mutation, où les nouvelles technologies et la télévision ont une influence grandissante, la bataille pour l’imaginaire collectif constitue un enjeu considérable. Il est donc primordial de donner aux enfants et aux jeunes des occasions de développer la capacité de s’interroger, de comprendre le monde qui les entoure, de distinguer par exemple ce qui relève d’une œuvre d’art de ce qui est un produit de divertissement commercial. L’éducation artistique et culturelle dispensée par l’institution scolaire a un rôle à jouer dans ce cadre.

Or, aujourd'hui, de manière générale, la place de l’art à l’école tend à être minorée, ou bien présentée de manière trop classique ou autoritaire pour susciter l’adhésion.

Ces initiatives au sein de l’Education Nationale ont pourtant tenté, ces dernières décennies, d’accroître la part de la culture dans le système éducatif. L’expérience des «classes à projet artistique» (classes à PAC), la coopération avec des professionnels du monde artistique ainsi que l'affectation d'enseignants auprès d'organismes culturels (musées, centres d'arts contemporains), l’organisation de sorties culturelles (au théâtre, au musée, au cinéma, etc.) ont constitué des avancées. Ce sont toutefois, le plus souvent, des initiatives isolées. L a question de l’institutionnalisation et de la généralisation de ces initiatives est posée.

De plus, le constat est celui d’une mise en présence de l’art et de la culture satisfaisante dans les petites classes mais beaucoup moins dans les collèges et surtout dans les lycées. Or, c’est bien de la maternelle au lycée que des temps et des espaces doivent être prévus pour mettre en œuvre ces trois dimensions de l’éducation artistique et culturelle. Des résultats d’études montrent que les élèves qui participent à ces expérimentations s’avèrent souvent meilleurs ensuite, en termes de résultats scolaires, parce qu’ils développent un autre rapport, plus dynamique, à l’école: cela justifie qu’on cherche les moyens de généraliser ces pratiques.

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La tendance actuelle du ministère de l’Education Nationale à privilégier les apprentissages et les savoirs «fondamentaux» ne va pas dans le sens d’une prise en compte de l’intérêt de l’art et de la culture dans le développement de l’enfant.

Pour le CESR, si l’enseignement des disciplines traditionnelles est effectivement fondamental, l’éducation doit être comprise dans un sens plus large. L’école doit apporter d’autres éléments aux élèves, et notamment leur offrir une ouverture sur l’environnement culturel.

Les enseignants, qui sont les premiers acteurs concernés par cette question, doivent s’associer avec des partenaires, en particulier les structures culturelles, les professionnels de la culture et les artistes. Pour modifier la situation actuelle, un double-mouvement est ainsi nécessaire:

d’une part, que le ministère exprime une volonté forte et donne les moyens aux établissements de proposer davantage d’activités culturelles ; d’autre part, que l’école accepte de s’ouvrir au monde associatif, aux intervenants extérieurs et aux enseignements spécialisés (sur le modèle de ce qui existe en matière de sport études).

Par ailleurs, la mise en œuvre d’une politique artistique et culturelle de qualité ne peut s’improviser. Tous les acteurs doivent être formés à ces méthodes, c’est pourquoi il faut renforcer:

La formation des enseignants : il ne s’agit pas de former des enseignants spécialisés en matière d’art et de culture mais bien de valoriser la formation dans ce domaine des enseignants volontaires, et d’en offrir la possibilité à tous. En outre, ils doivent avoir la possibilité de mettre en place, dans les établissements scolaires, de tels projets.

La formation des artistes et intervenants : il s’agit de mettre en place, dans les écoles d’art spécialisées, des modules de formation à l’intervention et à la pédagogie.

Sur la question de savoir qui doit porter la responsabilité de la mise en place de ces formations, la difficulté provient du fait que de nombreux acteurs interviennent (Etat et collectivités territoriales; ministères de la Culture et de l’Education Nationale), ce qui génère une incertitude par rapport à la répartition des compétences. Le CESR plaide pour une responsabilité partagée sur ces questions, et pour la mise en place de projets communs.

2) Le rôle des autres acteurs

Le CESR considère que la question de la sensibilisation à la culture doit intégrer une réflexion sur l’environnement, c’est-à-dire sur le rôle d’accompagnement joué par les milieux familial, associatif et professionnel.

Pour assurer la réussite de programmes d’éducation artistique et culturelle, il est important de mobiliser l'ensemble de la communauté éducative (enseignants, parents, représentants de l'éducation nationale, élus et élèves pour les collèges et lycées) autour des projets. C’est pourquoi il est important que les associations de parents d’élèves s’emparent de ce sujet pour être en mesure d’exprimer une demande sociale allant dans ce sens.

Les institutions culturelles et le milieu associatif ont également un rôle fort à jouer en matière de sensibilisation à la culture, à la fois par l’organisation de spectacles, concerts, expositions, etc. et par l’encouragement des pratiques amateur. Celles-ci peuvent en effet être perçues

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comme des vecteurs forts de régulation sociale. Si l’on se place dans cette optique, la question du statut de l’amateurisme, ou en tout cas d’une partie des amateurs qui revendiquent une forme de «professionnalisme» se pose. Cela rejoint la question spécifique de la sortie des métiers artistiques qui est pour l’heure très peu pensée et organisée.

Les collectivités territoriales sont concernées et se sont plus ou moins impliquées sur cette question, par l’attribution de subventions à des associations ou même par la création d’écoles de musique (municipalités essentiellement).

Les médias ont également un rôle important à jouer: en proposant des programmes culturels à des heures de grande écoute, la télévision pourrait permettre de rapprocher la culture, d’accoutumer les téléspectateurs au «langage» culturel: il s’agit d’une mission de service public.

Le CESR plaide pour une responsabilité partagée entre l’Etat et les différentes collectivités territoriales pour la mise en place de projets communs ayant trait à l’éducation artistique et à la formation des enseignants et des intervenants extérieurs.

Le CESR préconise le rapprochement entre l’Ecole et les structures culturelles. À cet égard, il pourrait être intéressant que soit élaborée une charte d’engagements réciproques entre les collectivités territoriales, les établissements scolaires et les organisations culturelles structurées, qui permettrait de définir des priorités et d’énoncer ainsi les principes d’une responsabilité partagée. (cf troisième partie)

Si la formation initiale est du ressort de l’Etat26 et doit, dans un souci de démocratie et d’égalité, le rester, les collectivités territoriales peuvent toutefois intervenir en appui pour faciliter la réalisation de ces missions.

A son échelle, le CESR considère que le Conseil Régional, par le biais de ses compétences, en matière de formation professionnelle et de gestion des lycées et des CFA, peut intervenir pour favoriser l’accès à une formation artistique et culturelle de qualité.