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CHAPITRE 1. PROBLÉMATIQUE

1.3. Formation initiale et qualification des enseignants de l’école fondamentale haïtienne

En Haïti, plusieurs institutions offrent une formation initiale pour tous ceux qui pensent enseigner à l’école fondamentale. Les personnes qui souhaitent y aller, peuvent se diriger soit dans les écoles normales d’instituteurs (les ENI), qui sont des écoles publiques et non publiques (privées) ; le Centre de formation pour l’enseignement fondamental (CFEF) et les universités privées et publiques.

1.3.1. Les écoles normales d’instituteurs (ENI) et la FIA (formation initiale accélérée)

Pour Brutus (1980) cité par Azarre (2014), les premières écoles normales d’instituteurs ont vu le jour à partir de la loi du 29 décembre 1848 promulguée par le gouvernement de Faustin Soulouque. Elles recevaient alors des diplômés de l’école primaire supérieure (couramment appelée brevet jusque dans les années 80 et qui équivaut aujourd’hui au 3e cycle du fondamental : 7e, 8e, 9e année). Au fil du temps, cette institution a aussi accepté dans ses rangs des élèves n’ayant pas obtenu les diplômes de fin d’études du secondaire. Depuis 2010, des dispositions ministérielles exigent que les postulants possèdent un diplôme de fin d’études du secondaire pour y avoir accès (MENFP, 2010). Par contre, les ENI privées acceptent les recalés du baccalauréat première partie (Terminale1). La durée de la formation est de trois ans et comprend un volet d’enseignement de base et un volet d’enseignement professionnel. Nous comptons soixante-six (66) ENI dans les différents départements du pays. En plus des ENI, en 2003, la Direction de la formation et du perfectionnement (DFP) du MENFP a adopté des dispositions visant la refonte des curricula des ENI, lesquelles ont donné lieu à une nouvelle structure dénommée « Formation initiale accélérée (FIA) ».

Cette nouvelle structure de formation qui fonctionne parallèlement à l’intérieur des ENI, a pour base cinq piliers principaux :

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 Le référentiel de compétences professionnelles de l’enseignant haïtien. Il est basé sur l’élaboration d’un référentiel de compétences à partir des situations professionnelles auxquelles les enseignants seront confrontés. Ces compétences visent à couvrir chaque dimension du métier d’enseignant et doit correspondre précisément à la réalité haïtienne.

 La mise à niveau académique (MNA) ; Il s’agit de la première phase de la FIA. l’objectif du MNA est de mettre à niveau les jeunes bacheliers fraîchement recrutés dans 3 matières qui constituent le socle des disciplines de l’enseignement du fondamental 1er et 2e cycle de l’école fondamentale haïtienne. Ces disciplines sont la communication créole, la communication française et les mathématiques. La MNA se déroule au cours de la première année de formation sur une période de trois mois environ et elle est sanctionnée par une évaluation qui conditionne le passage des étudiants maîtres à la seconde phase du processus qui est la formation professionnelle en institution (FPI).

 La formation professionnelle en institution (FPI). Elle suit immédiatement la MNA au cours de la première année de formation et se déroule sur une période de 9 mois environ. Les domaines abordés au cours de cette phase sont la pédagogie et la didactique générale, l’évaluation des acquis des apprenants et la didactique des disciplines au programme de l’enseignement primaire. La FPI prévoit également une courte période de « stage d’observation » pour permettre aux étudiants la découverte et l’observation des pratiques enseignantes. L’objectif central de la FPI est de préparer les futurs maîtres aux situations professionnelles auxquelles ils seront confrontés dans l’exercice quotidien de leur métier. Dans cette perspective, la FIA prévoit que les acquis de la FPI soient intégrés et systématiquement réinvestis pendant les deux années de stage qui suivent.

 Les stages. Il s’agit du point fort de la FIA, où les étudiants maîtres sont appelés à faire deux périodes de stage. Le stage en responsabilité et le stage de professionnalisation qui se déroulent sur une période significative de deux années. Le principe qui prévaut pour ces deux stages de longue durée est celui de l’alternance intégrative dont la finalité est d’offrir aux étudiants maîtres l’opportunité de mettre en application en salle de classe leurs acquis en MNA et en FPI.

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 Les instituts de formation des maîtres (IFM). L’expérimentation de la FIA se déroule dans une dizaine d’IFM qui ont été choisis et qui sont volontaires pour l’accueillir. Ce programme financé par la Banque mondiale selon une entente avec le gouvernement haïtien, visait à former 2500 maîtres par an pendant une période donnée. La mise en place de cette formation massive et accélérée des enseignants s’inscrivait dans le cadre de la réalisation des objectifs d’éducation pour tous (EPT) qui nécessitait le besoin en maîtres formés. Il faudrait préciser aussi, que le programme de FIA n’existe plus en 2017. Cinq (5) cohortes d’étudiants- maîtres devraient être recrutées, mais pour des raisons non identifiées, seulement trois (3) ont été recrutées et formées sur tout le territoire du pays. À cet égard, « en 2010, seuls un peu plus de 11 % des enseignants dans le primaire public avaient les qualifications requises pour enseigner à ce niveau et la moitié n’ont pas de formation de base. » (PROCEDH, 2016, p. 34), ce qui confirme le rapport du groupe de travail sur l’éducation et la formation en Haïti (GTEF) selon lequel 85,4% des enseignants de l’École fondamentale ne possèdent pas les qualifications requises pour exercer leur métier d’enseignant (GTEF, 2010).

1.3.2. Centre de formation pour l’enseignement fondamental (CFEF)

Créé en 1997, le CFEF visait à remplacer progressivement les écoles normales d’instituteurs (ENI) pour assurer désormais la formation des enseignants du fondamental (PNEF, 1997). Néanmoins, malgré les 15 années écoulées depuis leur création, il n’existe toujours que deux CFEF pour l’ensemble du territoire, lesquels sont ailleurs localisés dans le même département (l’Ouest). Le CFEF accueille les diplômés de fin d’études du secondaire pour une durée de trois ans. Les élèves-maîtres qui le fréquentent reçoivent une formation à la fois académique et professionnelle. Le CFEF forme deux catégories d’enseignants : « polyvalents et bivalents». Les polyvalents sont des enseignants destinés à enseigner à l’école fondamentale de base (1re à 6e année) et les bivalents, ceux qui sont appelés à enseigner deux disciplines au 3e cycle (7e à 9e année).

1.3.3. Les universités privées et publiques

Une dernière catégorie d’institutions offrant la formation initiale aux enseignants est constituée d’universités publiques, telles que l’Université Publique de l’Artibonite aux Gonaïves (UPAG) créée en 2006, l’Université Publique du Nord aux Cap-Haitien (UPNCH), créée en 2007 et

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l’Université Publique du Sud aux Cayes (UPSAC), créée en 1999, ainsi que des universités privées ayant une faculté des sciences de l’éducation. Le programme de formation en sciences de l’éducation dans les établissements universitaires en Haïti dure quatre ans et est sanctionné par un mémoire ou un rapport de fin d’étude. Aucun curriculum n’est fixé par l’État et ces centres n’ont pas, non plus, de curriculum formel. Même le rectorat de l’université d’État Haïti est dépourvu d’un curriculum (AIR, 2007). Selon une enquête de AIR, en 2007, 84 institutions offraient une formation initiale en enseignement parmi lesquelles douze (12) seulement avaient un permis officiel délivré par les autorités compétentes. Les 84 institutions se répartissent ainsi 66 ENI, 2 CEFEF, l’école Normale supérieure de l’Université d’État Haïti (ÉNS) et 15 autres établissements qui sont des facultés des sciences de l’éducation (FSE) et des écoles spécialisées en éducation (ESE) (GRAHN, 2010).

Pour le Groupe de travail sur l’éducation et la formation (GTEF), les responsables haïtiens se montrent incapables de former le nombre d’enseignants dont le système a besoin et n’exercent qu’un contrôle relativement inefficace sur le système (GTEF, 2010). C’est dans ce contexte que le projet de l’EFACAP représente un véritable atout afin d’assurer la formation continue des enseignants de l’école fondamentale des deux premiers cycles. Ainsi, quelle est la nature de ce projet ?