• Aucun résultat trouvé

A. Au niveau mondial

3. Formation en matière de psychiatrie et comportements suicidaires

En 2005, l’OMS publie un atlas de la formation de psychiatrie à travers le monde. Le taux de réponse est faible, mais leur enquête conclut à un déficit global et une variabilité de la formation en psychiatrie et santé mentale à travers le monde (41). La formation des soignants, notamment des médecins généralistes, est citée par l’OMS comme une des stratégies de prévention ciblée ayant un potentiel impact

35 sur les populations les plus vulnérables (4). En effet, beaucoup de patients suicidaires sollicitent l’aide de leur médecin traitant avant un passage à l’acte. De plus, sur vie entière, il est estimé qu’un médecin généraliste ayant une file active de 2000 patients sera confronté au décès d’un patient par suicide tous les 3 ans (42). Les médecins généralistes sont donc en première ligne pour le repérage et la prise en charge de trouble de l’humeur, presque toujours présent lors d’un passage à l’acte suicidaire. Sur le plan de la recherche, on se retrouve avec un double obstacle : celui de mesurer l’impact d’une formation comme méthode de prévention. La recherche interventionnelle et la recherche en pédagogie sont, à l’heure actuelle, toutes les deux limitées et difficiles à évaluer. Les résultats en matière de littérature scientifique sont, de ce fait, contrastés.

Formation en psychiatrie et comportements

suicidaires en France

En France, la formation en santé mentale de l’ensemble des professionnels de santé, médicaux et paramédicaux est aléatoire à travers le territoire. Ces aléas sont multifactoriels. Par exemple, l’obligation de réaliser un stage en psychiatrie est très variable dans le cursus d’une grande majorité d’étudiants en médecine ou encore en psychologie (43) alors même qu’ils sont en première ligne de soin pour les conduites suicidaires. La formation continue des médecins, notamment des médecins généralistes, psychiatres ou médecins urgentistes, ne leur impose pas d’enseignement en santé mentale et encore moins spécifiquement en suicidologie. Actuellement, il existe un DIU et un DU en France se focalisant sur l’étude et la prise en charge des conduites suicidaires.

36 Il existe un seul programme de formation, nationalisé, développé par les Pr Terra et Seguin, traitant des interventions en situation de crise suicidaire. Il se réalise en 2 jours de formation(16,44,45).700 professionnels sont devenus des formateurs. Par la suite, près de 70 000 professionnels médicaux et paramédicaux ont bénéficié de cet enseignement. Malheureusement, il n’est ni obligatoire, ni répété dans le temps. De plus, la dispensation de la formation est disparate à travers le territoire car elle dépend des objectifs de soins fixés par chaque ARS. Son impact sur les représentations, les connaissances et les pratiques n’a pas été évalué à date.

Formation des médecins généralistes

La formation en psychiatrie et santé mentale des médecins généralistes semble très limitée, que ce soit en formation initiale ou continue(46–48). Elle l’est également en matière de prévention de conduites suicidaires (44). Selon E. du Roscaët (6), il semblerait néanmoins qu’une formation spécifique des médecins généralistes semble avoir plus d’impact en terme de prévention des conduites suicidaires si :

- La formation se concentre également sur des pathologies psychiatriques à risque de passage à l’acte suicidaire (ex : les troubles de l’humeur uni ou bipolaires). Cette proposition est supportée par d’autres études (46).

- Elle est généralisée à une grande majorité des médecins. - Elle est répétée dans le temps.

Un état des lieux de la formation en psychiatrie des médecins généraliste en France a été réalisé récemment par Camille Bez et Alexis Lepetit (48). Ils soulignent

37 un manque de terrain de stages en psychiatrie, notamment en prise en charge ambulatoire, une disparité du contenu et du volume horaire dédié à la psychiatrie, un manque de formateurs spécialisés dispensant des cours, des méconnaissances du réseau de soins disponible ainsi que des modalités de prise en charge en soins libres ou sans consentement, et enfin, une utilisation faible de mode d’enseignement plus interactif comme les e-learning, les jeux de rôle ou les serious games. Pourtant, la maquette de DES en médecine générale insiste sur «la communication, la relation et l’approche patient-centré » comme une des 6 grandes compétences à acquérir au cours de cet internat. Actuellement, les internes peu intéressés par la santé mentale, n’ont aucune obligation réelle à se former dans ce domaine qui sera pourtant surreprésenté dans leur pratique quotidienne en tant que médecin généraliste. Les généralistes sont réticents à aborder la question des idées suicidaires (49,50), alors qu’en France, 45% des patients réalisant une tentative de suicide sont passés chez leur médecin généraliste peu de temps avant leur passage à l’acte (51).

Formation de bénévoles non soignants

La formation de personne non soignante passe essentiellement par des informations en ligne ou des brochures. C’est le cas notamment de la diffusion d’une brochure spéciale auprès d’intervenants de l’éducation nationale. Il existe peu de formations communautaires, réaliser dans l’idée de permettre aux participants de « manager » des situations de suicide et de les orienter vers des soins, comme ça peut être le cas dans certains pays anglo-saxons (52–54). Les associations d’entre- aide (par exemple : SOS Amitié) réalisent au sein de leur organisme un programme de formation qui leur est propre et qu’elles dispensent aux nouveaux bénévoles. Il

38 n’existe pas à ce jour de bilan de compétence ni de programme standardisé pour les bénévoles qui souhaitent travailler dans ce champ.

La sensibilisation de la population générale en France à ce problème de santé mentale se fait essentiellement le 10 septembre, journée mondiale de prévention du suicide et le 5 février, journée nationale de lutte pour la prévention du suicide, par le biais de manifestations de tout type. L’impact de ces interventions n’est pas mesuré.

Au final, la formation en psychiatrie et en comportements suicidaires est encore trop aléatoire par rapport à la gravité de la situation épidémiologique en France en matière de comportements suicidaires. Les résultats retrouvés dans la littérature scientifique en termes de prévention liée à la formation des soignants, bien que contrastés, restent encourageants. Pour répondre à ces difficultés, diverses modalités d’enseignements sont possibles : formation didactique, des cours en ligne ou encore les serious games. D’un point de vue pédagogique, la simulation est un outil qui peut être pertinent dans l’enseignement et la pratique de l’évaluation suicidaire, ce d’autant plus que les crises suicidaires sont fréquentes et que leur gestion nécessite un entrainement supervisé.

39

III. La simulation, un outil intéressant en

Documents relatifs