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2. Analyses des entretiens

2.4 La formation

2.4.1 La formation initiale

→ Comme nous l’avons présenté dans un chapitre précédent, la moitié des médecins

estime que leur formation initiale était de qualité et leur avait apporté les connaissances nécessaires pour suivre un nourrisson. L’autre moitié, en revanche, considère à l’inverse, que la formation est insuffisante et n’est pas adaptée à la pratique de médecine générale.

F : Après, je pense que la formation initiale n’est pas trop mal faite, mais si on veut se spécialiser, c’est sûr que ce n’est pas suffisant. Oui, donc je peux dire qu’ en pédiatrie, on n’est pas suffisamment formé, mais par exemple, moi, faut pas me demander trop de gériatrie.

H : Oui, je pense qu’elle est insuffisante et puis, si on ne s’y intéresse pas un petit peu, elle reste insuffisante en médecine générale. Après si on s’y intéresse, forcément, on va progresser dans ce domaine-là.[…]

I : La pédiatrie qu’on peut voir en médecine de ville, c’est totalement différent de ce que j’avais appris à l’hôpital, de ce que j’avais appris dans les bouquins… Je pense que pour la formation… Faut plus de pratique en fait ; dans les bouquins, il manque beaucoup beaucoup de choses : trop de cadres, trop de pathologies qui sont rares pour nous, quand on veut être médecin généraliste !

→ Un seul médecin interrogé a fait une formation complémentaire sur le suivi du

nourrisson à la fin de son internat.

H : Alors moi, j’ai l’attestation de puériculture, j’ai fait la première année du certificat ou spécialité de pédiatrie. Je ne l’ai pas notifié sur ma plaque mais bon. Je ne pouvais pas être pédiatre par contre. Ça me donnait la possibilité d’être pédiatre en PMI. Et j’ai fait ma première année d’internat en pédiatrie.

2.4.2 Les moyens de formation

La majorité des médecins interrogés assure leur formation continue, de manière différente, et pas seulement en pédiatrie.

→ La majorité assure sa formation à travers la lecture de revues principalement. Un

médecin est abonné à des revues pédiatriques comme « Médecine et enfance », mais la majorité reçoit des revues généralistes.

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B : On lit aussi des revues, comme Prescrire, ou Exercer, des revues indépendantes de l’industrie pharmaceutique.

D : Et y’a la littérature, on lit… oui, je suis abonné à la revue du praticien mais c’est à peu près tout.

G : J’aime bien m’informer, je lis la revue « médecine et enfance ».

K : Par de la lecture… je lis le panorama du médecin, le quotidien, des revues générales où je pioche les sujets qui m’intéressent.

→ Seulement quelques médecins disent utiliser Internet pour s’informer des nouvelles

recommandations et assurer une formation continue.

E : Bah disons qu’on reçoit des informations, parce que je suis abonné avec d’autres médecins, on s’envoie des informations […] oui, des recherches sur internet par exemple.

J : Je me balade un peu sur internet et sur des sites spécialisés.

L : Maintenant, je prends ma tablette et je tape ce que je veux ! […] Et même en consultation, ça arrive d’aller sur internet pour trouver des images, des informations ! […] Pour moi, c’est ça la formation.

Cependant, aucun médecin n’a connaissance de sites spécialisés en pédiatrie et pouvant être un outil pour le suivi du nourrisson en termes de repères ou de prescription.

→ Moins de la moitié des médecins ont pris connaissance des recommandations de

l’HAS publiées en 2005 sur le suivi du nourrisson et un seul pense avoir une pratique se rapprochant des recommandations.

H : Oui je les ai lues mais franchement, c’est un peu utopique. On est des médecins généralistes. On ne peut pas tous faire !

J : Oui, et je pense que je m’en rapproche assez dans ma pratique. Je ne suis pas leurs recommandations à la lettre mais je n’en suis pas loin !

→ Un médecin participe à un groupe de pairs. Il peut ainsi échanger avec ses confrères

sur ses consultations et ses méthodes.

55 → Ce même médecin est également maître de stage et considère que le contact avec

les jeunes médecins lui permet de revoir régulièrement ses connaissances.

B : je suis maître de stage, et on se forme aussi auprès de nos internes de médecine générale en confrontant nos expériences et nos connaissances.

→ Deux médecins interrogés considèrent que les visiteurs de laboratoire leur apportent

des informations pouvant améliorer leurs pratiques.

F : C’est souvent les labos qui me les ramènent mais comme c’est des papiers officiels, y’a pas de soucis… Ça arrive aussi que les labos donnent leurs propres informations.

H : Après je reçois un peu les visiteurs médicaux mais je suis en train d’arrêter.

→ Enfin, la majorité des médecins participe de temps en temps à des EPU

(Enseignement post Universitaire), des soirées de formation, ou des conférences organisées par des laboratoires.

C : Après, à Créteil [94], y’a une formation continue pour les médecins généraliste, très active depuis toujours, enfin depuis très longtemps. Donc il y a des cycles tous les 3 mois. C’est assez sympa, on va dans les services hospitaliers. […]

D : On organise des EPU (Enseignement Post Universitaire), pas vraiment par rapport aux nourrissons, mais enfin il y en a de temps en temps en pédiatrie. […] Par l’intermédiaire d’un labo qui veut bien nous financer, on fait venir un spécialiste de Paris ou d’ailleurs, pour nous parler de tas de sujet, y compris la pédiatrie.

G : Après c’est sur le terrain, je vais régulièrement aux conférences « médecines et enfance ». J’aime bien m’informer.

→ Cependant, le manque de temps des médecins interrogés est le principal frein à leur

formation.

A : Déjà qu’on fait de plus en plus de choses et que ça nous prend de plus en plus de temps.

D : mais on peut pas tout faire… déjà qu’on bosse 12h par jour… Si en plus de ça, on passe des soirées ou des jours de formation qui n’en finissent plus…

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2.4.3 Des propositions de formation

→ Une partie des médecins pense que la formation des médecins généralistes sur le

suivi du nourrisson pourrait être améliorée.

A : Oui oui, parce que apparemment, ce n’est pas si fréquent que ça, les médecins généralistes qui consultent les nourrissons ou en tout cas, pas autant que moi.

F : Oui. Pfff, après moi je dis ça parce que c’est un centre d’intérêt que j’ai particulièrement, tout en ne voulant pas être pédiatre.

H : Mais c’est vrai que j’ai fait des formations avec des médecins qui n’y connaissaient rien en pédiatrie, j’étais hallucinée !! […] Donc c’est clair qu’il faudrait améliorer la formation […]

I : Oui, elle pourrait être améliorée mais je ne vois pas comment, en fait…

L : Formation, oui, pendant des études un peu plus prolongées, effectivement ça c’est certain. Surtout que maintenant, avec la disparition bienheureuse de certaines spécialités, votre destination à vous sera la pédiatrie, la gynécologie, beaucoup plus que dans les générations précédentes, après nous.

→ Seulement un médecin pense qu’au contraire, il est inutile d’augmenter la

formation des médecins généralistes sur ce sujet. Il estime que l’examen du nourrisson n’est pas modifié dans le temps, est bien maîtrisé par les médecins et que l’abondance des informations que reçoivent les parents par le biais des médias suffit à les orienter.

D : L’examen du nourrisson, il n’a pas évolué, il n’a pas changé, on cherche les mêmes choses depuis 50 ans. Donc ça ne sert à rien d’aller voir un mec qui vous dit « faut examiner un nourrisson comme ça… ». Donc on apprend plus grand-chose… […] Oui, mais enfin bon, les parents sont au courant parce qu’ils regardent beaucoup la télé et que les médias font leur travail.

→ Un médecin pense qu’il est inutile d’améliorer la formation, mais que chaque

médecin doit pouvoir se former lui-même en fonction de ses affinités de pratique.

J : Après bon ben voilà, on lit, on va regarder, on voit comment sont composés les laits, je ne sais pas, on n’est pas obligé d’être « formé ».

57 → Quelques thèmes de formation sont proposés par les médecins. L’alimentation est

le thème le plus cité, puis la gestion des pathologies aigües, les intolérances alimentaires…

E : ouais, c’est plutôt les pathologies ou sur le développement, après y’a aussi les intolérances alimentaires, les troubles digestifs…

F : l’alimentation, c’est quand même un point important quoi.

H : Oh, c’est énorme ! Y’a pas de thèmes moins importants que d’autres…La vaccination, c’est super important, l’alimentation,… y’a tellement de thèmes…., les antibiotiques, les infections ORL…

→ La meilleure méthode de formation d’après les médecins interrogés est

l’organisation et la participation à des EPU, en soulignant que la condition est bien sûr que les médecins se déplacent, ce qui n’est pas évident d’après eux.

C : Ecoutez, moi je pense que si tout le monde allait en FMC, et bien ça changerait beaucoup la donne… parce qu’à mon avis, tout le monde n’y va pas. […] si on fait ce qui est proposé, c’est déjà beaucoup. Et déjà pas mal.

D : Y’a des moyens, mais à partir du moment où les gens veulent bien venir et se déplacer. […] c’est toujours les mêmes qui viennent. Y’a un noyau de 5 ou 6 médecins, et ce ne sont pas les plus jeunes, au contraire…

H : Ah ! Qu’est-ce que je propose ? Ben je ne sais pas, je trouve que les FMC sont très très bien. […]. Moi je trouve que c’est très bien et en plus c’était un week-end par an et on apprend tellement plus que les soirées tous les mois. Ça, je trouve que c’était très formateur.

→ Un médecin considère que la formation des médecins généralistes ne doit pas se

faire par le biais de l’université qui est trop lointaine de la pratique de ville, mais doit se faire par les pairs.

B : Mais je ne vais pas me former à l’université, non. Je pense qu’il ne faut pas se former à l’université auprès des pédiatres pour faire de la médecine générale… Je pense que quand on est généraliste, il faut se former auprès de généralistes. C’est pour ça, je pense plus que le groupe de pairs et les formations faites par des médecins généralistes sont plus intéressantes, pour moi en tout cas !

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