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2.1. Points forts de l’étude

2.1.1. Méthodologie adaptée aux objectifs

Pour répondre à notre question de recherche, une étude qualitative par entretiens semi-directifs, individuels, nous a semblé être la méthode la plus appropriée. Il s’agit d’une démarche compréhensive pour recueillir le point de vue des médecins généralistes sur la prescription du « sport sur ordonnance », pour en déterminer les freins, les difficultés, ainsi que les pistes d’amélioration. L’objectif n’est pas de mesurer ou quantifier des facteurs prédéfinis mais bien de les identifier.

Les entretiens individuels garantissent la spontanéité et la liberté des réponses, quand le focus group peut revêtir un caractère intimidant. En outre, une unité d’analyse individuelle nous a paru plus cohérente avec la population étudiée, dans la mesure où l'activité professionnelle du médecin généraliste s'accomplit plutôt seule.

L’enquête par entretien semi-directif permet d’aborder les thèmes nécessaires pour répondre aux objectifs de l’étude grâce au guide d’entretien, tout en permettant une liberté et flexibilité des réflexions et des réponses des personnes interrogées.

2.1.2. Sujet pertinent

Notre étude s’inscrit dans la thématique générale du sport-santé, sujet d’actualité en plein essor. Le dispositif de Caen étant d’application récente, aucune évaluation qualitative du programme auprès des médecins prescripteurs n’a été réalisée à ce

jour. Or, pour un développement réussi et durable de ce type de dispositif, il est essentiel d’être à l’écoute des opinions des utilisateurs et des remontées du terrain pour être capable de le réajuster si besoin.

De plus, il existe de nombreuses études, essentiellement des thèses, qui ont évalué les freins des médecins généralistes face à la prescription d'AP de façon générale, avant ou après l'amendement Fourneyron. Mais peu d'entre elles se sont intéressées à cette prescription au sein de programmes d'orientation similaires au « sport sur ordonnance » de Caen.

2.1.3. Saturation des données

Les entretiens ont été menés jusqu’à l'obtention de la saturation théorique des données, c’est-à-dire, moment à partir duquel les données recueillies et leur analyse ne fournissent plus de thème nouveau. Ce phénomène a été observé à partir du 12ème entretien. Nous avons réalisé un 13ème entretien qui a confirmé la tendance.

2.2. Limites de l’étude

Nous avons pu relever plusieurs limites au sein de notre étude, essentiellement dues à des biais méthodologiques.

2.2.1. Un chercheur novice

L’une des premières critiques de notre étude est le manque de compétences initiales du chercheur dans le domaine de la recherche qualitative. Comme le rappelle Pope et al., une analyse qualitative de haute qualité dépend « des compétences, de la vision et de l’intégrité des chercheurs » et « ne doit pas être laissée aux novices » (59). S’agissant de son premier travail de recherche qualitative, le manque d’expérience a pu constituer un biais dans le recueil des informations, avec parfois un défaut de relances appropriées. Un chercheur plus expérimenté dans ce domaine aurait pu mettre en évidence d’autres résultats pertinents.

Cependant, pour en diminuer les risques, nous nous sommes attachés à nous former à cette technique de recherche à travers la lecture d’articles et d’ouvrages méthodologiques (58) (60) (61). Nous avons aussi assisté aux séminaires d’initiation

à la recherche qualitative proposés par les enseignants du Département Universitaire de Médecine Générale de Caen. Ainsi, nous avons essayé d’adopter une attitude d’écoute pour favoriser la production du discours, en cherchant à éviter le biais de suggestibilité.

2.2.2. Biais de sélection

Le recrutement de notre échantillon de médecins généralistes a été effectué par l’envoi d’un courrier postal, suivi d’une relance téléphonique. Cette méthode nous expose à un risque de biais de sélection. Nous ne pouvons pas exclure que les médecins ayant acceptés de participer à notre étude portaient un plus grand intérêt à la prescription du « sport sur ordonnance » que les non-répondants. D’ailleurs, un médecin, M5, nous signifiait « justement, je me disais, il faut que je me renseigne et ça tombe bien justement, j’ai pensé ça quand j’ai reçu votre truc, parce que sinon j’aurais jamais fait hein (Rires). Donc c’est une chance pour tout le monde » . De plus, ils ont déclaré, pour 11 d’entre eux, remplir les recommandations en matière d’AP, ce qui n’est pas habituellement le cas dans la littérature (57).

Aussi, avec ce mode de recrutement aléatoire, il nous était impossible de connaître à l’avance le statut « prescripteur » ou « non prescripteur » du médecin. Dans une étude qualitative, la représentativité statistique de l’échantillon n’est pas recherchée. Néanmoins, nous souhaitons constituer un échantillon diversifié, notamment sur cette variable, afin d’obtenir les réponses les plus variées possibles. Interroger plus de médecins prescripteurs aurait sûrement pu permettre de produire d’autres points de vue. Toutefois, nous avons réalisé nos entretiens entre avril et juin 2018, et le bilan du dispositif au 1er juin 2018 dénombrait 37 médecins généralistes

prescripteurs3. Ainsi, le taux des médecins généralistes prescripteurs au sein de

notre échantillon (15,4 %) est finalement proche de celui retrouvé dans la population étudiée (13,5 %) à la même période.

2.2.3. Biais d’information et de mémorisation

Au cours des entretiens, nous avons été amenés à exposer à nouveau les grandes caractéristiques du dispositif. Le but était d’éclaircir ou de compléter les connaissances des médecins à ce sujet, afin de poursuivre la discussion et

3 : Données issues de la Lettre d’infos N°1 de la ville de Caen sur le « sport sur ordonnance » parue en juillet 2018

d’évoquer leur point de vue. Cet élément entraîne un biais potentiel d’information et de mémorisation. En effet, nous pouvons émettre l’hypothèse que certains facteurs limitants ou perspectives d’amélioration n’aient pas été évoqués « sur le coup » et que les médecins, après une plus longue réflexion, auraient eu d’autres éléments de réponse à apporter. Le courrier adressé pour le recrutement dévoilant l'objet de la thèse a pu également constituer un biais.

2.2.4. Biais d’interprétation

Notre étude a bénéficié d’une double analyse pour 4 des 13 entretiens, choisis au hasard. Une triangulation des données sur l’intégralité des verbatims aurait minoré encore plus le risque de biais d’interprétation, intrinsèque aux études qualitatives et ainsi augmenter la validité interne de notre travail.

3. Discussion des résultats et corrélation avec la