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Les forces méthodologiques que comporte cette étude sont diverses. Certaines dimensions qui conceptualisent l’engagement des participants aux PEHP sont peu documentées dans les études antérieures. Par exemple, les données portant sur la complétion des devoirs et la participation active des participants aux séances sont rarement considérées (Chacko et al., 2016). Cette étude documente toutes les dimensions de l’engagement des parents à un PEHP de groupe, ce qui augmente sa validité. Piotrowska et al. (2016) abordent la sous-représentation des pères dans les études portant sur les PEHP. Ces auteurs expliquent que ces programmes rejoignent essentiellement les mères et que la recherche sur l’engagement des pères aux PEHP est restreinte. L’étude actuelle tente de pallier le manque de connaissances quant à l’engagement des pères aux PEHP. Selon Turcotte (2014), un des facteurs souvent associés à l’absence des pères dans les services sociaux est la centration des pratiques sur la relation mère-enfant dans un environnement surtout féminin. Or, cette étude s’appuie sur le modèle explicatif de l’engagement (Kazdin et al., 1997) qui s’applique aux mères et aux pères. La présente étude suggère l’importance de l’inclusion des pères aux PEHP, en respectant les particularités de leur rôle et leur relation avec

l’enfant et montre que lorsque les pères sont inscrits au programme et présents à au moins une rencontre de CAI, ils sont aussi engagés et satisfaits que les mères.

Une force notable de cette recherche est que deux cadres théoriques appuient le concept « engagement ». Le modèle conceptuel de l’engagement parental Connect, Attend, Participate, Enact (Piotrowska et al., 2016) explique l’importance de la participation active des participants aux PEHP qui se traduit par leur réceptivité et ouverture aux nouvelles façons d’interagir avec les enfants, leur contribution active aux discussions et leur investissement dans les devoirs assignés ou leurs questions. Le modèle explicatif des barrières à la participation au traitement (Kazdin et al., 1997) présente les obstacles associés à l’engagement des parents dans des programmes. Ce modèle s’intéresse à l’engagement des participants durant les séances et s’applique autant aux pères qu’aux mères. Ce modèle théorique est intéressant puisque la troisième barrière à la participation au traitement permet de tenir compte de l’une des dimensions de l’engagement, celle de la satisfaction parentale.

Une lacune observable dans quatre des études recensées concerne l’absence d’analyses statistiques comparant les pères et les mères. Dans cette recherche, des analyses comparatives ont été effectuées afin de vérifier si les groupes de participants se distinguaient au niveau de leur engagement, ce qui démontre une plus grande rigueur scientifique. Parmi les limites des études recensées, aucune n’a effectué des démarches visant à contrôler les caractéristiques parentales pouvant distinguer l’engagement des pères et des mères. Dans la présente étude, l’absence de différence entre les pères et les mères qui participent sur le plan de l’âge, de la scolarité et du revenu familial a été confirmée. Aucune distinction n’étant présente, il n’a pas été nécessaire de contrôler l’effet de ces variables. Par ailleurs, les variables continues incluses dans les analyses réalisées respectent les postulats de base de la normalité.

La présente étude possède aussi des limites méthodologiques. Les principales concernent la représentativité de l’échantillon de la population à l’étude. D’abord, la

puissance statistique, permettant de détecter les différences entre les groupes, dépend de la taille de l’échantillon. Pour généraliser les résultats obtenus à d’autres participants aux PEHP, la taille de l’échantillon doit être assez grande pour représenter le plus fidèlement possible la population cible. Or, seulement 19 pères et 40 mères sont à l’étude. Comme la taille de l’échantillon est relativement petite, il est probable que la puissance statistique ait été affectée. Ceci augmenterait les chances de faire une erreur-type 2 en ne décelant aucune différence entre les pères et les mères, alors que ces groupes de participants se distingueraient. Si l’échantillon de la présente étude avait été plus grand, il aurait été possible d’utiliser l’analyse de variance multivariée permettant de prendre en compte une combinaison de variables dépendantes plutôt qu’une variable dépendante unique (Addinsoft, 2017). Ceci diminuerait l’erreur de type I, c’est-à-dire la probabilité de rejeter l’hypothèse nulle à tort. Ensuite, les parents ayant accepté de participer à l’étude étaient possiblement plus motivés tel que le démontre les résultats en lien avec le taux d’abandon se situant à 5% pour les deux groupes. Cela pourrait expliquer la similarité des résultats obtenus entre les pères et les mères au niveau de leur engagement. Conséquemment, les probabilités de faire une erreur type 2, en ne constatant aucune différence entre les pères et les mères alors que dans la population des différences seraient observables, sont plus élevées. Pour poursuivre, pour participer au PEHP, les parents doivent répondre à différents critères d’inclusion, dont celui « avoir un enfant âgé entre cinq et dix ans ». Cependant, trois enfants ne sont pas âgés entre cinq et dix ans. L’âge des enfants de l’échantillon varie alors entre quatre et 12 ans, ce qui représente un écart quant à l’un des critères d’inclusion du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal. Cet écart pourrait avoir des répercussions sur la validité des résultats. Enfin, certaines données sont manquantes tant pour les pères que pour les mères. Ces données manquantes pourraient introduire des biais en ce qui concerne la validité des résultats. Effectivement, il serait possible que les participants dont certaines données sont manquantes soient ceux pour lesquels il aurait été possible d’observer des différences entre les pères et les mères sur l’engagement participatif. Chez les pères, la dimension « satisfaction » est la seule à avoir des données manquantes, alors que toutes les

dimensions de l’engagement des mères, excluant la dimension « abandon », possèdent des données manquantes. Les analyses statistiques effectuées ciblent seulement les parents pour lesquels les données sont disponibles. Il est envisageable que les données manquantes aient des répercussions sur la puissance statistique puisque la représentativité des parents participant à un PEHP de groupe est réduite. Ainsi, les chances de faire une erreur type 2, en ne détectant aucune différence entre les pères et les mères, sont plus élevées.

Pour terminer, une autre limite méthodologique présente est associée à la cueillette de données. Premièrement, des données auto-rapportées ont été récoltées dans le but d’évaluer la satisfaction des parents. Ces dernières peuvent introduire un biais lié à la désirabilité sociale des participants et nuire à la crédibilité des conclusions tirées à la dimension « satisfaction ». Les données auto-rapportées augmentent le risque que les répondants donnent des réponses socialement désirables et contraires à leur sincère opinion (Dompnier, 2019). Alors, la désirabilité sociale des répondants pourrait diminuer les chances de trouver des différences entre les groupes de participants. L’évaluation par les animateurs, notamment au niveau de la dimension « engagement émotionnel », présente également des biais. La subjectivité de ces intervenants, basée selon leurs états de conscience et leurs valeurs, peut nuire à la rigueur scientifique en teintant l’évaluation de chacun des énoncés de l’engagement émotionnel des participants.