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1.4- Fondements de la théorie de crédibilité

La littérature sur la crédibilité des autorités monétaires trouve son origine dans le travail fondateur de Kydland et Prescott, puis les recherches sur ce sujet se sont multipliées. Plusieurs chercheurs ont proposé des solutions au profit de la crédibilité. Il s’agit des travaux de Barro et Gordon42

, de Rogoff43 et de Walsh44.

1.4.1- Modèle de Kydland et Prescott

Dans le but de lutter contre le problème de l’incohérence temporelle, Kydland et Prescott45 ont développé un modèle, dans lequel ils concluent que, pour maximiser le bien être social, les autorités doivent menée une politique fondée sur une règle stricte et invariante.

Les auteurs tirent cette conclusion suite à l’application de la théorie du contrôle optimal, basée sur des mesures discrétionnaires, en économie.

S’appuyant ainsi sur la critique de Lucas46

pour la courbe de Phillips, la planification économique n'est pas un jeu contre nature, mais plutôt un jeu contre les anticipations rationnelles des agents économiques.

Ainsi, Ils ont montré que la théorie du contrôle optimal ne représente pas l’outil approprié pour la planification économique dynamique en présence d’anticipations rationnelles des agents économiques.

42

- Barro, R. & Gordon, D., op. cit., pp. 101-120.

43

- Rogoff, K. (1985). The optimal degree of commitment to an intermediate mon etary target. Quarterly Journal of Economics 100 (4), pp. 1169-1189.

44- Walsh, C. E. (1995b). Optimal contracts for central bankers . The American Economic Review, 85 (1), pp. 150-167.

45- Kydland, F. & Prescott, E., op. cit., pp. 473-490.

46

- Lucas, R. E. (1976). Econo metric policy evaluation: a critique. Carnegie-Rochester Conference Series on Public Policy, 1(1), pp.19-46.

44

1.4.2- Modèle de Barro et Gordon

Les résultats de Barro et Gordon47 soutiennent les conclusions de Kydland et Prescott. En s’appuyant sur un modèle à base de la courbe de Philips à la Lucas, ils expliquent que la poursuite d’une règle dans la conduite de la politique monétaire est la meilleure solution pour résoudre le problème de l'incohérence temporelle provoqué par le biais inflationniste.

Ils considèrent qu’une combinaison entre une politique fondée sur une règle et la réputation permet de mieux conduire une politique monétaire en éliminant le biais inflationniste.

Ainsi, la banque centrale doit construire, impérativement, une réputation vis-à-vis des agents économiques privés. Pour ce faire, elle doit abandonner toutes tentations de tricherie et de tenir ses engagements initiaux à l’infini, suivant, la théorie du jeu répété.

1.4.3- Gouverneur conservateur

En 1985, Rogoff48 a aussi proposé une solution au problème de l’incohérence temporelle. Il a développé un modèle où il explique l'impact de la délégation de la politique monétaire à un gouverneur conservateur (réputé par son aversion pour l'inflation) sur la crédibilité de la banque centrale. Cependant, le poids accordé à la lutte contre l'inflation ne doit pas être infini49.

Dans son modèle, Rogoff met l’accent sur le problème de « crédibilité versus flexibilité ». Il démontre qu’une règle de pré-engagement introduit une rigidité des réactions de l’autorité monétaire en cas de choc d’offre dans l’économie.

47

- Barro, R. & D. Gordon (1983b), op. cit., pp. 101-120.

48

- Rogoff, K. (1985), op. cit., pp. 1169-1189.

49

- Mourougane, A (1998). Indépendance de la banque centrale et politique monétaire: application à la Banque centrale européenne. Revue Française d'Economie, 13 (1), pp .135-197.

45

1.4.4- Gouverneur soumis à un contrat

Le modèle de Rogoff a été critiqué par d’autres travaux tels que l'approche du contrat de Persson et Tabellini50 et Walsh51. Pour résoudre le problème de combinaison de la

crédibilité avec la flexibilité de la politique monétaire, Walsh suggère d’inciter le gouverneur à mener ses missions dans un cadre principal-agent.

Le principe est de limiter l'indépendance du gouverneur de la banque centrale à une indépendance d'instruments. Ainsi, le problème de l'incohérence temporelle sera résolu, en gardant, la capacité de répondre aux chocs d’offre.

L’approche du contrat donne la possibilité au gouvernement d’intervenir dans la conduite de la politique monétaire. Ainsi la banque centrale doit moduler sa stratégie dans le but de réaliser l’objectif prédéfinit par le gouvernement. Ainsi le contrat ne permet pas de mener une politique monétaire parfaitement crédible.

1.4.5- Autres facteurs de crédibilité

Par ailleurs, il existe d’autres facteurs qui puissent renforcer la crédibilité des autorités monétaires. Parmi ces facteurs, la transparence dans les décisions des autorités monétaires.

Svensson52 suggère qu’il est également préférable de combiner un contrat à la Walsh avec le ciblage de l’inflation. Cette combinaison permet de réduire le biais inflationniste.

50- Persson, T. & Tabellini, G. (1993). Designing institutions for monetary stability . Carnegie-Rochester Conference Series on Public Policy, 39 (1), pp. 53-84.

51

- Walsh, C. E. (1995b). Optimal contracts for central bankers . The American Economic Review, 85 (1), pp. 150-167.

52

- Svensson L. E. O. (1997). Optimal inflation targets, conservative central banks, and linear inflation contracts. The American Economic Review, 87 (1), pp. 98-114.

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2- Règle versus discrétion

Le débat sur la conduite de la politique monétaire date du dix-huitième siècle entre la

« Currency School » et la « Banking School ». Les partisans de la « Currency

School » favorisaient l’application d’une règle stricte liant la livre sterling en circulation au stock d’or détenu par la banque centrale, tandis que les partisans de la « Banking School » pensaient que la monnaie devrait plutôt être régulée en fonction des besoins de l’économie.

Partant de la même conception, des débats intenses sur l’orientation de la politique monétaire ont marqué les années 1980. Depuis, la littérature, dans ce domaine, s’est largement développée, notamment au sujet des règles monétaires.

La conduite de la politique monétaire tourne au tour de diverses controverses théoriques, d’une part, keynésienne et d’autre part, monétariste.