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Introduction du chapitre I

L’idée, selon laquelle le bassin du Yangzi est une entité structurelle unifiée, tire son origine avant tout de sa composition hydrographique. Après un parcours de 6 300 km, sur 20 degré de longitude, le Yangzi draine un bassin versant de 1,8 million de kilomètres carrés et constitue une entité hydrographique ouest-est de la Chine. Dans ce chapitre introductif, nos analyses portent sur l’identification de cet espace à travers les caractéristiques physiographiques du bassin. Conséquence du relief accidenté et morcelé des trois paliers topographiques du pays, la composition hydrographique de la vallée du Yangzi est hétérogène. Le bassin est divisé en quatre grands ensembles qui se déroulent au fil du parcours du Yangzi : une région stérile de la source du Yangzi située dans les plateaux et les hautes terres montagneuses à l’ouest ; un haut Yangzi composé des régions marginales des hautes terres et du prospère bassin du Sichuan ; un moyen Yangzi de collines, bassins et plaines et enfin une région deltaïque ne dépassant jamais 50 m d’altitude. Les disparités géographiques sont très présentes dans le bassin du Yangzi.

49 Se situant aux alentours de 30° de latitude dans l’hémisphère Nord, long de 6 300 km89, le Yangzi est le plus grand fleuve d’Asie, troisième fleuve de notre planète par son abondance et sa longueur90. Il prend sa source sur le toit du monde Ŕ le haut plateau tibétain Ŕ, puis serpente à travers des paysages extrêmement variés, au milieu d’une grande diversité de peuples chinois ; il se jette enfin à l’est de l’île de Chongming dans la mer de Chine orientale.

Carte 5 : La figuration du bassin hydrographique du Yangzi dans le monde

Source : World Ressources Institute, 2003, http://multimedia.wri.org/watersheds_2003/.

89 La détermination de la longueur du Yangzi est une question controversée. Dans la plupart de cas, les ouvrages

retiennent traditionnellement la distance de 6 300 km. Mais la fourchette de l’ensemble des estimations proposées va de 6 211 km à 6 405 km. L’estimation la plus récente est datée de 2001. Suite à l’étude d’une quarantaine de photos satellites fournies par les géologues américains, l’Académie des sciences de Chine a annoncé officiellement la nouvelle estimation de la longueur du Yangzi : en prenant la rivière Dam comme source du Yangzi, la longueur du fleuve est fixée à 6 211,30 km. Afin d’avoir une cohérence d’ensemble, la longueur de tous les cours d’eau chinois que nous citons dans cette thèse, fait référence à l’Annuaire statistique du bassin du Yangzi 2010.

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Avec un débit moyen de 30 000 m3/s, le Yangzi se classe par son débit en tant que troisième grand fleuve mondial, derrière l’Amazone (185 000 m³/s) et le Congo (42 000 m³/s). Si l’on considère le critère de la longueur, il conserve ce classement, devancé par le Nil (entre 6 499 km et 6 718 km) et l’Amazone (entre 6 259 km et 6 800 km). Source : Brunet Roger, dir., Géographie universelle, Paris, Hachette-Reclus, 1992, vol. 3 « Amérique latine », p. 89 ; vol. 8 « Afrique du Nord Ŕ Moyen-Orient Ŕ Monde indien », p. 126.

51 Avec un débit moyen de 30 000 m3/s, parcourant la Chine d’ouest en est, le méandre du Yangzi draine un bassin hydrographique qui s’étire sur 1,8 million de kilomètres carrés91 en se positionnant entre les 35° 54´ et 24° 17´ de latitude nord, des monts Kunlun aux monts Nanling, et entre les 112° 25´ et 90° 33´ de longitude est, des monts Tanggula à l’île de Chongming, ce qui représente environ un cinquième (18,84 %) du territoire chinois et concentre plus de 400 millions d’habitants, soit 38 % de la population nationale et plus de cinquante ethnies chinoises92.

La traversée sur plus de 20 degrés de longitude du Yangzi offre une occasion de synthèse du dispositif géographique est-ouest de la Chine : dans le cours supérieur du fleuve, le courant rapide se faufile entre les montagnes les plus hautes du monde et traverse des paysages où se déploient des scènes parmi les plus abruptes et spectaculaires de notre planète. Il révèle cependant un monde encore isolé et non exploité. Il aura fallu la construction du plus gigantesque barrage du monde, le barrage des Trois Gorges, à Sandouping, pour retenir les courants du Yangzi et créer un centre de production hydroélectrique permettant d’alimenter des « régions économiques clés »93 du Yangzi, lesquelles sont implantées, le long du fleuve, dans le bassin du Sichuan, dans les plaines des lacs et dans le delta du Yangzi. Dans les cours moyen et inférieur, le fleuve constitue la plus belle artère navigable de l’Asie, nourrit et relie les villes les plus prospères du pays. Pour les Chinois, le Yangzi est un fleuve éternel, il est le

Changjiang, le « Long Fleuve », ou Wanli Changjiang, le « Fleuve des mille li »94.

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Suivant les statistiques chinoises Annuaire statistique du bassin du Yangzi 2010, le bassin du Yangzi mesure 180 850 000 km2, tandis que l’Institut des ressources mondiales (Water Resources eAtlas, 2003, http://multimedia.wri.org/watersheds_2003/) l’estime d’une superficie de 1 722 193 km2.

92 Ministère des Eaux, Changjiang nianjian [Annuaire statistique du bassin du Yangzi], Wuhan, Changjiang

nianjianshe, 2010, p. 12.

93 Le terme de « région économique clé » est inventé par le célèbre géographe chinois Ch’ao-ting Chi, lorsqu’il

étudie les régions économiques de la Chine impériale à travers les grands travaux hydrauliques publiques. Il identifie quatre « régions économiques clés » pour la Chine des Han : la vallée des cours moyen et inférieur du fleuve Jaune, le bassin du Sichuan, la vallée des cours moyen et inférieur du Yangzi et la vallée de la rivière des Perles. Aujourd’hui, la domination des « régions économiques clés » se poursuit. Dans la vallée du Yangzi, le bassin du Sichuan, les plaines des deux lacs ainsi que le delta du Yangzi demeurent les cœurs régions pour le développement économique du bassin. Source : CHI Ch’ao-Ting, Key economic areas in Chinese history as revealed in the development of public works for water-control, New York, Augustus M. Kelley, 1970, 168 pages.

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Changjiang, Wanli Changjiang et Yangzijiang sont les appellations en chinois du Yangzi. Les appellations françaises les plus courantes sont : Yangtsé, Yangtze ou Yang-tseu-Kiang. Autrefois, on parlait aussi du « Fleuve Bleu », terme français colonial inventé au XIXe siècle.

Le « li » est l’unité de base traditionnelle de longueur pour les pays d’Asie orientale. Elle date de l’époque des Zhou (1025-221 av. J.-C.) en Chine. Aujourd’hui, la longueur d’un li est d’environ 500 m.

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I.1. Le Yangzi – « fleuve des mille li »

Le Yangzi coule de bout en bout de la Chine et porte, depuis la dynastie des Qin, diverses appellations tout au long de son parcours vers la mer. Le fleuve était auparavant connu sous les dynasties des Qin-Han (de 221 av. J.-C. à 207 av. J.-C. et de 206 av. J.-C. à 220 ap. J.-C.) sous le nom de Jiang (fleuve) et de Da Jiang (grand fleuve). Son appellation moderne en chinois, le Changjiang, qui signifie littéralement « le long fleuve », est un héritage de la fin des dynasties du Sud et du Nord (420-581)95. C’est actuellement le nom le plus courant dans la langue chinoise. Pour les Chinois, le nom de Changjiang a une forte charge historique et poétique. Aujourd’hui, cette appellation demeure par attachement à la tradition, tandis que la nouvelle image du fleuve véhicule une valeur de « modernisation » qui est profondément ancrée dans les mentalités chinoises du XXIe siècle.

Quant au « Yangzi », à l’origine, il ne représente pas l’intégralité du fleuve. La dénomination « Yangzi » est un dérivé de « Yangzijin », nom de l’ancien bac qui servait pour traverser le fleuve dans son cours inférieur à l’époque de la dynastie des Sui (581-618) et il est considéré à ses débuts comme le nom du cours d’eau qui s’étend entre Yangzhou et Zhenjiang (ces deux villes sont localisées face à face des deux côtés du fleuve dans la province du Jiangsu). Au fur et à mesure, les riverains prennent l’habitue d’appeler l’ensemble du cours inférieur « Yangzi ». Sous la dynastie des Ming, les missionnaires et les commerçants occidentaux s’approprient cette appellation, laquelle est appliquée en anglais pour l’ensemble du fleuve et se répand ensuite en Occident96.

I.2. La répartition du maillage hydrographique

Le bassin hydrographique du Yangzi est organisé essentiellement grâce au drainage des milliers de cours d’eau97 qui se jettent dans le cours principal. Le Yangzi reçoit, pendant son parcours, les eaux de 1 090 affluents : on compte 700 cours d’eau importants, dont 18 ont une longueur supérieure à 500 km, 6 dépassant les 1 000 km. On estime d’ailleurs que 437 affluents drainent un sous-bassin supérieur à 1 000 km2, parmi lesquels 49 irriguent un

95

YE Zhongshu, Changjiang wenmingshi [Histoire de la civilisation yangzienne], Shanghai, Shanghai jiaoyu chubanshe, 2001, pp. 6-10.

96 Ibid., p. 9. 97

Ces cours d’eau sont tous les chenaux naturels et tous les chenaux superficiels ou souterrains dans lesquels s’écoulent un flux d’eau continu ou temporaire.

54 bassin de plus de 10 000 km2 et 9 drainent un bassin dépassant 50 000 km2 98. Plus de 90 affluents possèdent un débit moyen (calculé sur plusieurs années) supérieur à 100 m3. Le débit des neuf plus grands affluents (par l’étendue de leur bassin) dépasse les 1 500 m3

. En outre, s’ajoutent à ce maillage 15 200 km2

de lacs naturels (tous ont une superficie supérieure à 1 km2) et, pour 13 d’entre eux, elle est supérieure à 100 km2 99.

Dans les faits, la répartition du réseau fluvial dépend essentiellement de la disposition géomorphologique du bassin, mais il faut tenir compte également de la distribution des précipitations et du ruissellement. Il se forme dans le bassin du Yangzi une répartition du cours d’eau s’abaissant en suivant un gradient longitudinal de l’est vers l’ouest. La densité du réseau fluvial est d’environ 0,5 km/km² dans les cours moyen et inférieur, notamment, et peut atteindre 0,7 km/km², lorsque les collines sont présentes. Quant au cours supérieur, dans la plupart des cas, la densité n’y dépasse pas 0,5 km/km²100.

Dans l’ensemble du bassin, les zones où la densité de voies d’eau est la plus élevée sont celles de la région du delta du Yangzi et des régions des plaines lacustres. Notamment, dans le delta du Yangzi, la densité fluviale atteint 6,4 à 6,7 km/km². Plus particulièrement, la plaine du lac Hangjia, qui se situe dans le sud du delta, présente une densité de voies d’eau de 12,70 km/km², devenant la région où les cours d’eau sont les plus abondants de la Chine101. Ce phénomène est dû à la concentration et l’accélération des activités humaines dans ces régions fertiles.

En fonction de la répartition des affluents yangziens, le bassin peut se subdiviser en onze bassins élémentaires correspondant à la surface d’alimentation des affluents se jetant dans le cours d’eau principal. La ligne de séparation du cours principal nord / sud donne la possibilité de distinguer plusieurs sous-systèmes de drainage suivant la localisation des grands affluents et lacs. Depuis la rive gauche du Yangzi, quatre systèmes de drainage importants sont identifiables : les bassins du Yalong, du Jialing, du Min-Tuo et du Han. Depuis la rive droite, se distinguent le bassin du Wu et les systèmes hydrographique des trois grands lacs de Dongting, de Poyang et de Tai.

98 Les neuf plus grands affluents du Yangzi sont (d’ouest en est) : le Yalong, le Min, le Dadu, le Jialing, le Wu,

le Yuan, le Xiang, le Han, et le Gan. Avec un bassin qui s’étend sur 160 000 km2, le troisième plus long affluent

du Yangzi, le Jialing draine le plus vaste sous-bassin du Yangzi en traversant le Shaanxi, le Sichuan et Chongqing.

99 Commission des ressources en eau du Yangzi, Changjiang liuyu dituji [Atlas du bassin du Yangzi], Pékin,

Zhongguo ditu chubanshe, pp. 229-231.

100

Ibid. p. 230.

57 En tant que principale pénétrante ouest-est de l’intérieur vers le littoral, le Yangzi relie onze circonscriptions de rang provincial : le Tibet, le Qinghai, le Sichuan, le Yunnan, Chongqing, le Hubei, le Hunan, le Jiangxi, l’Anhui, le Jiangsu et Shanghai. Il reçoit, lors de son parcours, les eaux de plus de 700 affluents importants et 15 200 km2 de surface de lacs naturels (dont la superficie est de plus d’un kilomètre carré)102

. Ces divers réseaux se jetant dans le Yangzi constituent le bassin hydrographique chinois le plus étendu recouvrant, au-delà des onze régions riveraines, une certaine partie des provinces du Gansu, du Shaanxi, du Henan, du Guizhou, de la région autonome du Guangxi, des provinces du Guangdong, du Fujian et du Zhejiang (cf. carte 10).

Graphique 2 : La répartition de la superficie provinciale dans le bassin du Yangzi

(La superficie totale du bassin du Yangzi : 1 800 000 km2)

Source : Ministère des Eaux, Changjiang nianjian [Annuaire statistique du bassin du Yangzi], Wuhan, Changjiang nianjianshe, 2010.

102

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Tableau 3 : La répartition du territoire et de la population provinciale dans le bassin du Yangzi

Circonscription de rang provincial Superficie du territoire inscrite dans le bassin (km²) Pourcentage de la superficie du bassin (%) Population (2009) Taux d’urbanisation (%) Totale Urbaine 1 Shanghai 6 341 0,35 % 1 921 000 1 702 000 88,60 % 2 Jiangsu 39 853 2,21 % 7 725 000 4 295 000 55,60 % 3 Zhejiang 12 225 0,68 % 5 180 000 2 999 000 57,90 % 4 Fujian 1 048 0,06 % 3 627 000 1 864 000 51,40 % 5 Anhui 65 634 3,65 % 6 131 000 2 581 000 42,10 % 6 Jiangxi 163 262 9.07 % 4 432 000 1 914 000 43,18 % 7 Henan 27 370 1.52 % 9 487 000 3 577 000 37,70 % 8 Hubei 183 851 10.21 % 5 720 000 2 631 000 46,00 % 9 Hunan 206 650 11.48 % 6 406 000 2 767 000 43,20 % 10 Guangdong 340 0.02 % 9 638 000 6 110 000 63,40 % 11 Guangxi 8 444 0.47 % 4 856 000 1 904 000 39,20 % 12 Chongqing 82 432 4.58 % 2 859 000 1 475 000 51,59 % 13 Sichuan 468 275 26.01 % 8 185 000 3 168 000 38,70 % 14 Guizhou 115 747 6.43 % 3 798 000 1 135 000 29,89 % 15 Yunnan 109 096 6.06 % 4 571 000 1 554 000 34,00 % 16 Shaanxi 72 770 4.04 % 3 772 000 1 641 000 43,50 % 17 Gansu 38 369 2.13 % 2 635 000 1 641 000 41,90 % 18 Tibet 29 205 1.62 % 2 900 000 690 000 23,80 % 19 Qinghai 169 308 9.40 % 5 570 000 2 330 000 41,90 % Ensemble du bassin du Yangzi 1 800 000 100 % 48 559 000 23 532 000 48,46 %

Source : Ministère des Eaux, Changjiang nianjian [Annuaire statistique du bassin du Yangzi], Wuhan, Changjiang nianjianshe, 2010 ; Zhongguo tongji nianjian [Annuaire statistique de la Chine], Pékin, Bureau national des statistiques, 2010 Région yangzienne incluse dans le cadre de notre recherche

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I.2.1. La source du fleuve

Le Yangzi prend sa source au flanc sud-ouest du Geladandong (avec une altitude de 6 621 m ou de 21 722 pieds au-dessus du niveau de la mer), point culminant des monts Tanggula aux confins du Tibet et du Qinghai103. Ce sont les plus grands glaciers du Jianggudiru au sud-ouest du Geladandong, qui s’égouttent pour former les sources du fleuve (photos 1 et 2). Le filet d’eau est grossi par un réseau de chenaux et de marais qui forment la rivière Naqin au lit caillouteux. Celle-ci s’écoule d’abord vers le nord, puis à sa jonction avec le Qiesumei et le Tuotuo (la rivière qui murmure), que les explorateurs ont désigné comme la source du Yangzi104, émerge. Le Yangzi entame son voyage vers l’est depuis ce point.

Tout au long de son parcours sur le haut plateau tibétain, le Yangzi change plusieurs fois de nom. Dans les glaciers, au-dessous de 5 000 m d’altitude, il est la rivière Tuotuo et s’écoule tranquillement sur une longueur de 358 km. Rejoint par son affluent, le Dam, il devient la rivière Tongtian (la rivière qui traverse les cieux). Puis traversant une succession de chutes et de rapides, le Tongtian s’écoule en torrents sur 813 km jusqu’à Zhimenda dans la province du Qinghai.

La région de la source du Yangzi est connue pour son paysage glacé et désolé, les activités humaines sont très peu présentes, en dehors de quelques Tibétains gardant les troupeaux de yacks. Il faut aller jusqu’à Yushu (Qinghai) pour voir apparaître les premières activités d’agriculture et de sylviculture du Yangzi.

103

Ibid., p. 256.

104 Dans les années 1970, les autorités chinoises décident d’organiser une exploration avec pour mission de

déterminer quelle est la vraie source du Yangzi. En 1976, après des années d’études sur le terrain, les scientifiques et les explorateurs de l’Institut chinois de recherches géographiques ont annoncé que le glacier du Jianggudiru et la rivière Tuotuo formaient la source première du Yangzi. Une autre expédition, financée par la National Geographic Society en 1985, a contesté ce résultat. Ces experts ont déclaré que la rivière Dam (Danqu), un peu plus longue que la rivière Tuotuo, serait la vraie source. Confirmées par l’Institut de télédétection de l’Académie des sciences de Chine en 2007, les recherches en SIG et RS ont révélé que le Dam qui prend sa source dans le haut marais du district Duo du Qinghai est environ 2 km plus long que le fleuve Tuotuo. Mais la plupart des scientifiques ont généralement admis que le Jianggudiru est bien la source première.

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Photos 1 et 2 : Les glaciers du Jianggudiru au sud-ouest du Geladandong

Photo 3 : Point de confluence où le Danqu rejoint le Tuotuo

Photo 4 : Le fleuve Tongtian au Qingha

Source : photographié par Sui Xiaojie, journaliste du Journal du soir de Shiyan (Hubei), mai, 2007.

I.2.2. Le cours supérieur du Yangzi

Le tronçon suivant, plus long encore, 2 284 km, qui franchi le passage escarpé entre Zhimenda et Yibin (Sichuan), porte un autre nom : Jinsha (sables dorés). Tout d’abord, le cours d’eau coule à vive allure longitudinalement vers le sud et traverse les hautes montagnes de la chaîne des Hengduan (chaîne qui fend l’horizon) en formant une frontière naturelle entre le Tibet et la province du Sichuan, puis il plonge vers le nord-est en pénétrant les provinces du Yunnan et du Sichuan. C’est à quelques pas de la ville de Shigu (Yunnan) que le Yangzi accomplit son premier virage le plus spectaculaire en se retournant pratiquement sur lui-même (un angle de plus de 270 degré), pour poursuivre son chemin en se dirigeant complètement au nord. Sans ce brusque changement de trajectoire, les eaux du Yangzi quitteraient la Chine pour se déverser en Indochine comme les fleuves du Mékong et celui de la Salouen. À partir de là, les eaux du Yangzi commencent une inflexion vers l’est.

Une grande partie du cours d’eau du Jinsha est remarquable en ce qu’elle parcourt la chaîne Hengduan où les montagnes sont élevées (jusqu’à plus de 5 400 m) et escarpées, et traverse de

63 profondes et étroites vallées. Les falaises peuvent dominer les eaux tumultueuses d’une hauteur de 3 000 m. À la faveur de la topographie, grâce à la dénivellation de 3 300 m du Jinsha, le Yangzi cumule dans ce tronçon environ cent milles mégawatts d’énergie hydraulique, soit plus de 40 % du total du Yangzi105.

L’amont du fleuve Jinsha fait partie d’une des régions les moins développées de Chine. Sa faible densité de population crée un contraste par rapport à ses abondantes ressources minérales, forestières et hydroénergétiques. En aval, entre Shigu (Yunnan) et Yibin (Sichuan), émergent quelques grandes concentrations urbaines et industrielles comme Kunming, métropole régionale du sud-ouest de la Chine, et Panzhihua, grande ville industrielle106 implantée sur la rive droite du Jinsha. D’ailleurs, l’abondante réserve d’énergie hydraulique permet l’édification de quelques grandes bases hydroélectriques dans le bas Jinsha. Ici, le volume d’eau annuel moyen est de 14,55 millions de mètres cubes, environs 1/3 de celui des Trois Gorges. L’hydroénergie générée est d’environ 42 310 MW (mégawatts), soit 46 % de la production du Yangzi. Là où l’affluent Yalong107 rejoint le Jinsha, se trouve le deuxième plus grand barrage chinois, celui d’Ertan.

105

Changjiang liuyu dituji [Atlas du bassin du Yangzi], op. cit., p. 208.

106 La ville de Panzhihua est réputée pour ses ressources minières abondantes (capitale du vanadium et du titane).

Elle est également l’une des plus grandes bases sidérurgiques de Chine. Développée pour les besoins de la stratégie politique de « la troisième ligne de défense » dans les années 1960, Panzhihua, à l’origine un district modeste, est devenue en l’espace de quarante ans une ville industrielle importante sur la rive droite du Jinsha en concentrant plus d’un million d’habitants. En 2008, son PNB par habitant dépasse celui de la capitale provinciale Chengdu et se classe au premier rang pour la province du Sichuan.

107 La rivière Yalong est le deuxième plus long affluent du Yangzi (1 323 km). Prenant sa source dans les monts

Bayan Har du Qinghai, elle s’écoule ensuite dans la province du Sichuan. Après avoir drainé un bassin de 128 000 km2, elle se jette dans le Jinsha à l’est de Panzhihua aux confins du Sichuan et du Yunnan.

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Photo 5 : Le Jinsha traversant les gorges de Tongjia

Photo 6 : Les vagues déferlantes du Jinsha traversant les gorges du saut du Tigre

Source : photographié par Cui Jianzhong, journaliste de CCTV, juin, 2002.

Au terme du trajet du fleuve Jinsha, à la confluence de la rivière Min108 et du Yangzi, naît un grand centre urbain et industriel : Yibin, lieu de convergence de diverses voies terrestres, ferrées, aériennes et fluviales. C’est à partir d’ici que le Yangzi devient navigable, la ville de Yibin est donc généralement considérée comme l’endroit où commence véritablement le parcours du Yangzi.

Après son entrée dans le territoire du Sichuan, le lit du Yangzi s’élargit progressivement, mais mesure encore moins de 30 m de large. Sur un parcours de 1 040 km, en drainant un

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