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FONCTION PRINCIPALE DU TFR1 : INTERNALISATION DU FER Le TfR1 représente la principale voie d’entrée du fer dans les cellules

3.4. MAPK/ERK

4.4.5. FONCTION PRINCIPALE DU TFR1 : INTERNALISATION DU FER Le TfR1 représente la principale voie d’entrée du fer dans les cellules

Les deux sous-unités du dimère de TfR1 sont liées par deux ponts disulfures situés juste au-dessus de la membrane plasmique. Le TfR1 dimérique peut lier deux molécules de transferrine. Chaque molécule de transferrine peut lier deux molécules

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de fer ferrique Fe3+, avec une très forte affinité : en effet, la constante de dissociation ou Kd, qui est la concentration du ligand (ici, Fe3+) suffisante pour obtenir l’occupation de la moitié des récepteurs (ici, la transferrine) est très basse, environ 10-23 mol/L à un pH=7,4 (Aisen et al. 1978). L’holo-transferrine se lie ensuite au TfR1 avec une forte affinité (Kd à environ 10-9 mol/L) (Lebron et al. 1998, West et al. 2000). L’affinité du TfR1 pour la transferrine monoferrique (liée à une seule molécule de fer) ou l’apo-transferrine est nettement moins forte, 30 fois et 500 fois inférieure à son affinité pour l’holo-transferrine, respectivement (Young et al. 1984).

Une fois la transferrine liée au TfR1, ce complexe TfR1-transferrine va entrer dans la cellule par une endocytose clathrine dépendante. Le complexe est internalisé dans une vésicule recouverte de clathrine, ce manteau de clathrine disparaissant une fois la vésicule dans le cytoplasme. Cette vésicule d’endocytose fusionne avec un endosome, l’ensemble prenant alors le nom d’endosome. Pendant la maturation de cet endosome, le pH s’acidifie jusqu’à atteindre un pH à 5,5. A ce pH acide, les molécules de fer ferrique Fe3+ vont se détacher de la transferrine, qui reste, elle, associée au TfR1. En effet, le TfR1 se lie préférentiellement à l’holo-transferrine au pH sérique (7,4), mais se lie préférentiellement à l’apo-transferrine à pH acide (Wally et al. 2006). Le fer ferrique Fe3+ est ensuite réduit en fer ferreux Fe²+ par une métalloréductase telle que STEAP3 (Six-Transmembrane Epithelial Antigen of the Prostate 3), puis le Fe²+ est exporté dans le cytoplasme par DMT1 (Divalent Metal Transporter 1). Une fois dans le cytoplasme, le fer peut être stocké sous forme de ferritine, ou utilisé par la cellule par exemple pour la synthèse de l’hème. Cependant, dans les cellules érythroïdes, il semble que le fer puisse être directement transféré de l’endosome vers la mitochondrie (Sheftel et al. 2007), ce qui permet de garder un statut de « carence en fer » au niveau du cytoplasme.

Le TfR1 et la transferrine sont ensuite recyclés à la surface cellulaire, où l’apo-transferrine se détache du TfR1 (De Domenico et al. 2008) (Figure 9).

31 Figure 9. Endocytose et recyclage du TfR1.

Par son rôle dans l’internalisation du fer, le TfR1 est donc crucial pour l'érythropoïèse. Les souris déficientes en TfR1 meurent pendant l’embryogenèse avant le jour E12,5, par un défaut d’érythropoïèse mais également une altération du développement neurologique (Levy et al. 1999). Contrairement aux souris déficientes en transferrine qui n’ont de carence martiale qu’au niveau hématopoïétique, les souris déficientes en TfR1 présentent une carence martiale dans tous les tissus.

Le TfR1 serait également capable d’internaliser le fer lié à la ferritine : dans ce cas, la ferritine semble se dissocier du TfR1 dans les endosomes et être orientée vers les lysosomes pour être dégradée (Li et al. 2010). La ferritine est composée de 24 sous-unités H (heavy) et L (light), mais seules les sous-unités H peuvent interagir avec le TfR1 (Li et al. 2010). Il semble que seules les cellules exprimant fortement le TfR1, comme les érythroblastes, puissent incorporer la ferritine via le TfR1 (Sakamoto et al. 2015), ce qui suggère que plusieurs molécules de TfR1 pourraient être nécessaires pour l’endocytose de la ferritine.

Le rôle exact de la ferritine une fois internalisée via le TfR1 n’est pas encore parfaitement compris. Cependant, il a été montré que la ferritine H était capable d’inhiber l'hématopoïèse normale chez la souris (Broxmeyer et al. 1989) et de réprimer les réponses immunitaires en modulant les fonctions des cellules dendritiques in vitro (Gray et al. 2002).

32 4.5. TFR2

4.5.1. EXPRESSION DU TFR2

Le gène TfR2 codant pour une protéine du même nom, le récepteur à la transferrine de type 2 ou TfR2, est un homologue du gène du TfR1 (Kawabata et al. 1999).

Le gène TfR2 possède au moins 2 transcrits issus de promoteurs alternatifs, appelés TfR2-α et TfR2-β (Kawabata et al. 1999). Le TfR2-α est la forme complète, membranaire, fortement exprimée au niveau des hépatocytes et de la lignée érythroïde mais également au niveau de l’estomac ainsi que par certaines cellules tumorales (Calzolari et al. 2007). Le TfR2-β est une forme plus courte, exclusivement cytoplasmique, qui serait exprimée à de faibles niveaux par de nombreux types cellulaires (Deaglio et al. 2002). Le rôle de cette forme intracellulaire tronquée n’est pas bien caractérisé, même si certaines données murines suggèrent un rôle du TfR2-β dans le contrôle transcriptionnel de la ferroportine dans la rate (Roetto et al. 2010). Pour la suite de ce manuscrit, nous utiliserons le terme de TfR2 pour désigner la forme membranaire complète, TfR2-α.

En dehors de son expression bien établie au niveau des hépatocytes et de la lignée érythroïde, dont nous parlerons plus loin, quelques études se sont intéressées à l’expression du TfR2 sur d’autres types cellulaires : par exemple, Rishi et al. ont étudié le rôle du TfR2 dans les macrophages (Rishi et al. 2016). Dans un modèle de souris déficientes en TfR2 spécifiquement sur les macrophages, les auteurs ont pu montrer que le TfR2 des macrophages n’était pas nécessaire à l’homéostasie du fer, mais qu’il semblait impliqué dans la régulation de la ferroportine des macrophages (Rishi et al. 2016).

Le TfR2 est aussi exprimé dans le système osseux, sur les ostéoclastes, les ostéoblastes et les ostéocytes. Un KO du TfR2 spécifiquement sur les ostéoblastes entraîne une augmentation de la masse osseuse, via une inhibition de la voie BMP-MAPK et une activation de la voie Wnt dans ces cellules (Rauner et al. 2019).