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Focus sur les boissons au soja

Dans le document Le lait, controverse en santé (Page 108-111)

Les jus obtenus à partir de la graine de soja sont traditionnellement consommés en Asie. En Occident, le soja s’est développé car il est intéressant au niveau protéique et peut se substituer aux produits animaux, pour les végétariens notamment.

Il est moins riche que le lait de vache tout en apportant autant de protéines, et ne contient pas de lactose. Mais ce n’est pas parce qu’il n’en contient pas qu’il ne peut pas déclencher d’allergie. En effet, il est à noter qu’il existe une possibilité d’allergie croisée entre lait et soja.

1) Soja et calcium

Comme nous avons pu le voir dans la partie dédiée au calcium, les végétaux peuvent être riches en calcium mais celui-ci n’est pas forcément bien absorbé. Qu’en est-il des « laits » végétaux ? Peuvent-ils remplacer le lait animal ?

Le soja en tant que tel contient du calcium (environ 225 mg pour 100 g de graines), cependant les boissons au soja ne sont pas forcément aussi bien fournies du fait de la grande dilution. Pour compenser cela, les fabricants ont la possibilité d’enrichir la boisson avec du calcium sous différentes formes (carbonate, phosphate, citrate…) ; les formes organiques (l’algue lithothamne ou autre) et le citrate de calcium étant les mieux absorbées.

Le soja contient de l’acide oxalique et des phytates mais c’est un des rares végétaux pour lequel cela ne modifie pas l’absorption. En effet, l’absorption du calcium des boissons au soja enrichies au carbonate de calcium est de 31 %, soit quasiment la même que celle du lait et de ses dérivés (qui est de 32,1 %) (25).

Les boissons au soja sont donc intéressantes pour l’apport calcique quotidien, cependant il faut qu’elles soient enrichies en calcium sinon la part de calcium absorbable est trop faible à cause de la dilution. Ces boissons enrichies doivent être agitées largement avant consommation pour homogénéiser le calcium et assurer un apport reproductible.

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2) Soja et cancer du sein

Le soja a beaucoup été étudié par rapport aux femmes en pré-ménopause ou ménopause. En effet, il est connu depuis une cinquantaine d’années que le soja peut aider à atténuer les symptômes dus à la carence en œstrogènes tels que bouffées de chaleur et autres désagréments. Cela est dû à son principal composant, les isoflavones (groupe contenant 12 molécules différentes, dont la génisteine qui est la plus étudiée car dans une proportion supérieure aux autres). Ce groupe de molécules est rattaché structurellement au groupe des flavonoïdes, qui ont plusieurs effets bénéfiques sur la santé humaine, notamment veinotonique et antioxydant. Par ailleurs les isoflavones sont dites œstrogène-like, à cause de leur structure chimique très proche de cette hormone, et se fixent donc sur les récepteurs aux œstrogènes. On les appelle ainsi des phytoestrogènes. Toutefois, ces propriétés œstrogéniques sont bien plus faibles que celles des œstrogènes endogènes (1 000 à 10 000 fois moins efficaces). Ils ont aussi une fonction de modulateur sélectif des récepteurs aux œstrogènes (SERM).

Pour ces raisons, le soja a fait l’objet de nombreuses études pour déterminer le lien avec les cancers hormono-dépendants, et notamment le cancer du sein. Une étude sur des souris en 2008 avait, entre autres, conduit les oncologues à déconseiller le soja à leurs patientes cancéreuses car le constat était une stimulation de la croissance des tumeurs mammaires chez ces souris ovariectomisées et athymiques (242).

Cependant, l’extrapolation de l’animal à l’Homme n’est pas si aisée, et des études plus récentes ont permis de nuancer ces résultats en trouvant un effet protecteur de la génistéine sur les récidives de cancers du sein dépendant des œstrogènes.

Par exemple, une analyse groupée portant sur 9 514 patientes ayant survécu à un cancer du sein a montré qu’un apport élevé en isoflavones était associé à une réduction de 25 % de récidive du cancer du sein durant la période moyenne de suivi de 7,4 années (243). D’autres auteurs ont comparé l’apport alimentaire de soja avec l’usage d’anticancéreux tels que le tamoxifène ou l’anastrozole. Il en ressort que les isoflavones diminueraient le risque de rechute chez des patientes traitées, qu’il n’y a pas d’interaction avec le traitement pour le tamoxifène et même une augmentation de l’effet de l’anastrozole (244).

Il semblerait au final que le soja ait un effet protecteur sur le cancer du sein, qui serait optimal avec une consommation précoce (enfance, adolescence…). Et s’il ne parait pas contre-indiqué en cas de cancer déjà déclaré, il faut toutefois que ces patientes ait un suivi médical rapproché (245).

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3) Soja et système cardio-vasculaire

Le soja pourrait réduire les taux de lipides sanguins et les risques de maladies cardio-vasculaires associés (valable surtout pour les protéines de soja en remplacement des protéines animales et d’une alimentation trop saturée en lipides). Depuis les années 1960, de nombreuses études ont analysé les effets d’un régime riche en soja sur la santé cardio-vasculaire. Une méta-analyse rassemblant ces données, publiée en 1995, concluait que les protéines de soja diminuaient le taux de cholestérol de 13 % environ et de triglycérides d’une moyenne de 10 % lorsqu’elles étaient utilisées en substitution de protéines animales (246).

Depuis, les études semblaient indiquer que la consommation d’au moins 25 g de protéines de soja par jour pouvait diminuer le taux de lipides sanguins et donc le risque de maladies cardio- vasculaires. Les mécanismes ne sont pas très bien définis mais l’hypothèse est qu’ils passeraient par une réduction des LDL (« mauvais cholestérol ») et des triglycérides, comme l’avait montré l’étude de 1995 citée précédemment.

Cependant, l’incidence des protéines de soja sur le cholestérol total n’est pas définitivement établie et les autorités de santé européennes restent prudentes sur ce sujet. En effet, l’ANSES en 2005 a tranché en affirmant que, par manque de données, l’allégation comme quoi les protéines de soja diminueraient le cholestérol sanguin n’est pas fondée.

Plus tard, en 2011, l’EFSA (European Food Safety Authority) a estimé que d’après les études et méta-analyses à leur disposition, les isoflavones de soja ne pouvaient pas prétendre : - avoir des effets vasculaires incluant la protection contre le stress oxydatif et un effet antioxydant

- maintenir une concentration sanguine normale en LDL-cholestérol.

Les compléments alimentaires ou aliments à base de soja ne peuvent donc pas utiliser ces allégations, par manque de lien cause-effet d’après la base de données scientifiques (247).

Par ailleurs, les effets potentiels des protéines de soja augmentent avec la dose. Or quand on parle de boisson au soja, la dose de protéines ingérée est faible du fait de la dilution. Ces boissons peuvent donc participer à un régime alimentaire équilibré mais ne doivent pas en être une source exclusive.

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4) Soja et thyroïde

D’après Messina et al., la fonction thyroïdienne pourrait être légèrement modifiée par les produits du soja, et surtout chez les personnes ayant une carence en iode. Il semblerait que cela augmente le besoin d’hormones thyroïdiennes chez des patients présentant une hypothyroïdie traitée. Cependant ces résultats sont peu significatifs et la variation étant légère avec du soja pur, on ne peut donc pas considérer que les boissons au soja puissent faire vraiment varier la thyroïde (248).

Dans le document Le lait, controverse en santé (Page 108-111)