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Communications par affiches

Chapitre 1 : Introduction générale

3.3 Le flet, Platichthys flesus

Le flet, P. flesus (Figure 1 - droite), de la famille des pleuronectidés est un poisson plat

euryhalin vivant préférentiellement sur les fonds sablo-vaseux et vaseux des zones estuariennes et côtières (Déniel, 1981). Il est largement réparti le long des côtes de

l’Atlantique Occidental, de la Mer Blanche jusqu’au Sud du Portugal et dans quelques zones

de la Méditerranée et de la Mer Noire (Figure 2 ; Borsa et al. (1997)).

Chapitre 1 : Introduction générale

Le flet est un poisson catadrome, vivant la majeure partie de l’année dans les zones estuariennes et les fleuves, il va rejoindre l’océan à l’âge adulte pour se reproduire (Figure 3 :

Cycle de vie du flet, P. flesus (Evrard, 2009)). Le long des côtes françaises la reproduction a

lieu au cours de l’hiver (janvier à mars). Les œufs pondus sont pélagiques; après 7 jours, les

larves éclosent et présentent une symétrie bilatérale. Elles vont alors dériver passivement

dans les masses d’eau dans un premier temps, puis se rapprocher ensuite plus activement vers les zones de dessalure. Les larves subissent ensuite une métamorphose en juvéniles ; ces derniers présentent les caractéristiques des poissons plats benthiques et vont alors se diriger très activement vers les estuaires qui sont pour eux des aires naturelles de nourricerie. Le

recrutement des juvéniles dans ces nourriceries a lieu au mois de mai alors qu’ils mesurent

entre 15 et 30mm. Les nourriceries, zones de grandes importances écologiques, sont des sites qui présentent de grandes abondances en juvéniles de poissons qui y trouvent des conditions favorables à leur croissance, une grande disponibilité de proies et un refuge vis à vis des

prédateurs (Beck et al., 2001; Martinho et al., 2007). Les flets vont rester de 2 à 3 ans dans

les estuaires jusqu’à atteindre une taille entre 110 et 250mm lors du second automne,

présentant ainsi une grande variabilité inter-individuelle dans leur taux de croissance

(Masson, 1987). Au cours de l’hiver, les flets devenus sexuellement matures iront rejoindre

les adultes pour se reproduire à l’embouchure des fleuves ou en mer, et donner ainsi

naissance à la génération suivante.

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Figure 3 : Cycle de vie du flet,

P. flesus

(Evrard, 2009)

3.4 Le poulamon, Microgadus tomcod

Le poulamon (Figure 1Figure 2 – gauche) est un gadidé (famille des morues). C’est un

poisson anadrome qui, à l’âge adulte, vit dans les eaux saumâtres ou plus salées des zones

estuariennes à de faibles profondeurs. Il va migrer en eau douce en hiver (entre le mois de décembre et février) pour se reproduire. Cette migration est bien connue au Québec essentiellement près de Sainte-Anne de la Pérade, où le "petit poisson de chenaux" (nom

local) fait l’objet d’une pêche sous la glace. Le poulamon est en réalité présent de la côte Sud du Labrador (Canada) jusqu’en Virginie (USA) (Figure 2 ; Dunbar (1970)), mais à ce jour,

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(Dew et Hecht, 1994) est bien documentée. Au Québec, les œufs éclosent au printemps et les

larves vont dériver vers la partie estuarienne de l’hydrosystème (Figure 4). Les juvéniles colonisent alors les côtes du Saint Laurent et notamment les herbiers à zostères de mai à juillet, ils mesurent alors entre 50 et 100mm. Ces herbiers sont pour le poulamon des zones de nourriceries (Lazzari et Stone, 2006). Les poissons vont y rester pendant deux ans, se

déplaçant peu. Lors du second automne qu’ils vont passer dans l’herbier la plupart des

poulamons vont devenir sexuellement matures, mesurant alors entre 200mm et 270mm. Devenus adultes, ils vont alors quitter le site pour rejoindre les sites de reproduction.

Chapitre 1 : Introduction générale

Le flet et le poulamon présentent donc les caractéristiques nécessaires pour être des espèces sentinelles. Ce sont des poissons qui sont, au stade juvénile, peu mobiles, liés à leur

zone de nourricerie, ils reflètent donc l’état de cet écosystème. De plus, ce sont des espèces

benthique (flet) ou démersale (poulamon) en contact ou à proximité immédiate avec des sédiments potentiellement contaminés. Ces deux espèces sont placées suffisamment haut dans les réseaux trophiques pour bioaccumuler potentiellement les contaminants. Le flet, tout

comme le poulamon, a fait l’objet de nombreuses études centrées sur les réponses du poisson

au stress chimique. Le poulamon, présent dans le fleuve Hudson, a été très étudié pour mieux

comprendre l’impact potentiel de fortes teneurs en PCBs et HAPs présents dans ce fleuve sur le fonctionnement et l’état de santé d'un poisson estuarien. Des études ont ainsi montré que les populations de l’Hudson présentaient des modifications dans l’expression du gène du

cytochrome P4501A, ainsi que des lésions hépatiques sévères (Courtenay et al. 1999; Wirgin

and Waldman 1998; Yuan et al. 2001). Des modifications dans l’expression du gène du

cytochrome P4501A ont aussi été démontrées chez le flet face à une exposition au HAPs et PCBs (Besselink et al. 1998; Beyer et al. 1996). Par ailleurs, de nombreux travaux menés sur le flet ont mis en évidence un effet de la contamination chimique sur les réponses moléculaires et génétiques de ce poisson, ainsi que des altérations de ses traits d'histoire de vie (Evrard et al. 2010; Laroche et al. 2002; Marchand et al. 2010; Marchand et al. 2006; Marchand et al. 2003).

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4 LES BIOMARQUEURS

Nous avons analysé dans ce travail la réponse du poisson au stress chimique, en considérant différents niveaux d'organisation biologique : moléculaire, biochimique, cellulaire et individuelle (Figure 5).

4.1 Biomarqueurs, définition

Un biomarqueur peut être défini comme « un changement biochimique, cellulaire, physiologique ou comportemental qui peut être mesuré dans des tissus ou des fluides

corporels ou au niveau de l’organisme entier, et qui met en évidence l’exposition à (/ou les

effets d’) un ou plusieurs polluants chimiques » (Amiard et Amiard-Triquet, 2008). La

distinction est généralement faite entre les biomarqueurs d’exposition, d’effet et de

susceptibilité. Certains biomarqueurs sont dits "spécifiques" car ils répondent a priori préférentiellement à certains types de contaminants.

Figure 5 : Représentation schématique des réponses biologiques séquentielles à un stress. Les marqueurs utilisés dans ce projet sont indiqués entre parenthèse.

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4.2 Dommages à l’ADN

En collaboration avec Alain Devaux et Sylvie Bony (INRA, Vaulx en Velin - UMR LEHNA, Université Claude Bernard Lyon I), le test des comètes a été réalisé sur les hématies

de flets avec d’évaluer la génotoxicité des polluants. Le test des comètes permet d’évaluer les

cassures simples et doubles brins de l’ADN. Les contaminants agissant sur l’intégrité de

l’ADN peuvent être regroupés en 4 classes (Lee et Steinert, 2003) : - Les contaminants agissant directement sur l’ADN

- Les contaminants donc les métabolites engendrent des dommages à l’ADN

- Les contaminants donc la présence peut entraîner la production d’espèce réactive de

l’oxygène (ROS), ces derniers pouvant causer des dommages à l’ADN

- Les contaminants qui inhibent la synthèse et la réparation de l’ADN.

Le test des comètes peut donc être utilisé comme un indicateur de l’action génotoxique

des contaminants. Plusieurs études ont démontré que les HAPs et que certains PCBs

pouvaient produire un effet génotoxique (e.g. Costa et al., 2008; Curtis et al., 2011; Wessel et

al., 2010).