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Qui correspond à la subdivision G dans le plan que P. Mesnard propose dans l’introduction de son édition.

[1261] Bulephorus At responde mihi per Musas, quem mihi dabis Ciceronianum praeter unum Ciceronem?

[1262] A veteribus ordiamur. [1263] In oratorum catalogo quem perlongum in Bruto contexuit M- Tullius vix duo sunt, quos dignetur oratorum titulo, tantum abest ut Ciceroniani videri queant.

[1264] Iam C- Caesar Ciceronianus dici non potest, vel quia vixit iisdem temporibus, vel quia longe aliud dicendi genus sibi proposuerat, contentus eleganter proprieque dicere.

[218,1265] At haec quantula est Ciceronis portio ? [1266]

Neque enim tam praeclarum est oratorem Latine dicere quam turpe nescire Latine. [1267] Ad haec nihil exstat Caesaris praeter epistulas aliquot et commentarios rerum ab ipso gestarum, quamquam eruditi de horum auctore vehementer ambigunt. [1268] Nulla certe exstat oratio, cum hic demum excelluerit Cicero.

[1269] Idem mihi dicere licet de M- Caelio, Planco, Decio Bruto, quorum satis multas habemus epistulas Tironis studio servatas, [1269b] pauciores Cn- Pompeii, L- Cornelii Balbi, Lentuli, Cassii, Dolabellae, Trebonii, P- Vatinii, Seruii Sulpitii, Auli Caecinae Bithynii, M- Bruti, Asinii Pollionis, C- Caesaris et si qui forte sunt alii quos constat eadem aetate fuisse cum Cicerone, [1269c ] ut non magis conveniat M- Caelium dici Ciceronianum quam Ciceronem Caelianum.

[1270] Nec in his epistulis quicquam congruit praeter sermonis Romani dilucidam et inaffectatam elegantiam.

[1271] At in hoc non est totus Cicero quem tibi proponis aemulandum.

[1272] Quid enim nunc commemorem de Crispo Sallustio qui, cum ejusdem fuerit aetatis, dictione dissimillimus est Ciceroni.

[1273] Nosoponus Ne commemora mihi priscos illos horridos et impexos, cum nondum una cum moribus enituisset eloquentia, nec eos qui pariter cum Cicerone decurrerunt ; eos refer qui Ciceronem secuti sunt.

[220,1274] Bulephorus Age, num tibi Seneca videtur Ciceronianus?

[1275] Nosoponus Nihil minus, praesertim in oratione soluta. [1276] Nam tragoediae quae probantur a doctis vix videntur a Seneca scribi potuisse.

[1261] Buléphore Mais réponds moi, au nom des Muses ! Qui pourrais-tu me donner comme exemple de cicéronien, si ce n’est Cicéron lui-même ? [1262] Commençons par les anciens ! [1263] Dans le long catalogue des orateurs que Cicéron dresse dans le Brutus, il s’en trouve à peine deux qu’il juge dignes de ce nom, et il s’en faut de beaucoup que nous puissions les considérer comme cicéroniens !

[1264] Passons maintenant à C. César. On ne peut pas dire qu’il soit cicéronien, tout d’abord parce qu’il vivait à la même époque que Cicéron ; et ensuite parce qu’il s’était choisi un genre d’éloquence très différent du sien, se contentant d’une correction et d’une précision élégantes.

[1265] Or cela ne représente qu’une toute petite partie des qualités du style cicéronien, n’est-ce pas ? [1266] Car pour un orateur il n’est pas tant glorieux de parler un bon latin qu’il serait honteux de pas bien le savoir. Ajoutons à cela que de César il ne reste rien que quelques lettres et les Commentaires de ses propres exploits ; encore les érudits ont-ils de sérieux doutes sur leur auteur. [1268] Il ne reste, en tout cas, aucun discours de lui, alors que c’est précisément dans ce genre que Cicéron a excellé.

[1269] Je pourrais dire la même chose de M. Caelius, de Plancus, de Decius Brutus dont nous avons conservé un assez grand nombre de lettres, grâces aux bons soins de Tiron. Il reste un peu moins de lettres de Cn. Pompée, de L. Cornélius Balbus, de Lentulus, de Cassius, de Dolabella, de Trebonius, de P. Vatinius, de Servius Sulpicius, d’Aulus Caecina le

Bithynique, de M. Brutus, d’Asinius Pollion, de C. César. Il en va de même de quelques autres qui furent, on le sait,

contemporains de Cicéron, si bien qu’il ne conviendrait pas plus à M. Caelius d’être nommé Cicéronien qu’à Cicéron d’être traité de Caelinien.

[1270] Rien dans ces épîtres ne correspond au style cicéronien si ce n’est la clarté de la langue et une correction sans

affectation, qui sont toutes romaines. [1271] Mais le Cicéron que tu t’es proposé d’imiter dans sa totalité, ne se limite pas à cela.

[1272] Qu’irais-je encore mentionner Salluste, contemporain de Cicéron, certes, mais si totalement différent de lui, du point de vue du style ?

[1273] Nosopon Arrête de m’énumérer ces ancêtres au style échevelé et peu soigné ! Ni l’éloquence ni le mode de vie ne brillaient alors par leur éclat. Ne me parle pas non plus des contemporains de Cicéron : cite moi seulement ceux qui sont venus plus tard.

[1274] Buléphore Allons ! Considèrerais-tu Sénèque comme cicéronien ?

[1275] Nosopon Certainement pas ! Surtout pas sa prose ! [1276] Car, pour ce qui est des tragédies que les doctes trouvent belles, il me semble à peine croyable que ce soit Sénèque qui les ait écrites.

[1267] De Bello Gallico : le VIII° livre est attribué à Hirtius ( mort pendant son consulat en 43).

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[1277] Bulephorus Num Valerius Maximus ?

[1278] Nosoponus Tam similis est Ciceroni quam mulus homini, adeo ut vix credas vel Italum fuisse qui scripsit vel hoc aetatis quod prae se fert vixisse, tam diversum est totum dictionis genus ; Afrum quempiam esse dicas nec ullum carmen elaboratius.

[1279] Bulephorus Quid Suetonius?

[1280] Nosoponus Non paulo longius abest a Cicerone quam Seneca, nec verbis nec structura nec perspicuitate nec figura dictionis nec urbanitate referens M- Tullium.

[1281] Bulephorus T- Livium hoc honore dignaris ? [1282] Nosoponus Primum historicus est, deinde incompositus, nonnullis etiam Patavinitatem quandam resipere dictus est, hoc est minus Romane dicere.

[1283] Bulephorus Iam Cornelium Tacitum conferre non audeo.

[1284] Nosoponus Nec opus est.

[1285] Bulephorus Fortasse Quintilianum recipies in hoc album.

[1286] Nosoponus Is affectavit etiam Ciceroni dissimilis esse ; cujus utinam exstarent declamationes ! nam quas habemus, minimum habent Ciceronis.

[1287] Bulephorus Sed habeo quem non contemnas, Q- Curtium.

[222,1288] Nosoponus Historicus est.

[1289] Bulephorus Est, sed in historias exstant aliquot orationes.

[1290] Nosoponus Ceteris candidior est, sed nihil, aiunt, ad Parmenonis suem. [1291] Habet multas sermonis formulas a Ciceronianis diversas.

[1292] Bulephorus Si hunc reicis, non recipies, opinor, Aelium Spartianum, Iulium Capitolinum, Aelium

Lampridium, Vulcatium Gallicanum, Trebellium Pollionem, Flauium Vopiscum, Aurelium Victorem.

[1293] Nosoponus In his vix est quod probes praeter historiae fidem, tantum abest ut eos Ciceroniani cognominis honore digner. [1294] Nam aegre tuentur sermonis Latini castimoniam.

[1277] Buléphore Alors Valère Maxime ?

[1278] Nosopon Il ressemble à Cicéron autant qu’un mulet à un homme ! C’est à se demander si c’est vraiment un Italien qui écrit ou même s’il est bien de l’époque dont il se réclame ! Son style est différent sur tous les points : on dirait que c’est un Africain qui écrit ; et sa prose est plus travaillée que de n’importe quelle poésie.

[1279] Buléphore Que dirais-tu de Suétone ?

[1280] Nosopon Il s’éloigne à peine plus de Cicéron que Sénèque. Il ne le restitue ni par le vocabulaire, ni par la musique des phrases, ni par la clarté, ni par la tournure générale de son style, ni par le raffinement.

[1281] Buléphore Estimes-tu que Tite Live soit digne de cet honneur ?

[1282] Nosopon D’abord c’est un historien ; ensuite il n’a pas le sens du rythme, et quelques critiques ont dit de lui que son style sentait le Padouan : c’est dire qu’il n’est pas d’une assez bonne romanité !

[1283] Buléphore Alors je n’ose plus te proposer Tacite ! [1284] Nosopon Ce n’est même pas la peine ! [1285] Buléphore Peut-être accepteras-tu Quintilien sur ta liste ?

[1286] Nosopon Il a tout fait pour ne pas ressembler à Cicéron ! S’il restait au moins quelques unes de ses

déclamations ! Car, pour celles que nous avons, elles n’ont que très peu à voir avec celles de Cicéron.

[1287] Buléphore J’en ai un que tu ne vas pas mépriser : c’est Quinte Curce !

[1288] Nosopon C’est un historien !

[1289] Buléphore Oui, mais quelques discours se détachent dans ses histoires.

[1290] Nosopon Son style est plus pur que les autres, mais comme on dit, ce n’est rien auprès du cochon de Parménon ! Il emploie un certain nombre d’expressions fort peu

cicéroniennes.

[1292] Buléphore Si tu rejettes celui-là tu n’admettras pas non plus, je suppose, Aelius Spartianus ni Julius Capitolinus ni Aelius Lampridius ni Vulcatius Gallicanus ni Trebellius Pollion ni Flavius Vopiscus ni Aurelius Victor.

[1293] Nosopon Il n’y a rien à louer chez eux si ce n’est la vérité historique. Il s’en faut de beaucoup que je les trouve dignes du nom de Cicéroniens, parce qu’ils ont bien de la peine à respecter la pureté de la langue latine.

[1280] Structura ae f : maçonnerie ; métaphore de Cicéron pour compositio ; désigne l’arrangement des mots pour obtenir un rythme harmonieux dans les phrases. Certes cela pourrait aussi désigner la structure du discours.

[1281] Incompositus voir compositio. Cela pourrait aussi vouloir dire que l’ouvrage n’est pas bien composé.

—NB. Erasme consacre un adage au cochon de Parménon 10. I, I, 10. Nihil ad Parmenonis suem, dont l’histoire remonte à Plutarque.

Plutarque, Propos de table, Livre V, question I, §2, question liée à l’art et à l’imitation « On dit, en effet, que ce Parménon ayant une grande notoriété pour son imitation du pourceau, d'autres devinrent jaloux de lui et donnèrent de leur côté des représentations. Mais les spectateurs avaient l'esprit prévenu, et l'on disait : « Voilà qui est bien : pourtant ce n'est rien auprès du pourceau de Parménon.» Il y en eut un qui s'avisa de prendre un cochon de lait sous son aisselle et de se présenter devant le public. Et comme, en entendant le cri véritable, on se disait :

« Qu'est ce cri auprès celui de Parménon? » il lâcha le cochon de lait au milieu de tous, afin de les convaincre que leur jugement était dicté par la prévention et non par la vérité ». Une autre allusion se trouve dans Plutarque, « Comment lire les poètes ».

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[1295] Bulephorus En adest Probus Aemilius.

[1296] Nosoponus Candidus est laudator omnium quorum vitam describit, ut encomiasten dicas verius quam

historiographum.

[1297] Bulephorus At Ammianum Marcellinum fortasse recipies.

[1298] Nosoponus Difficilis est in eloquendo ac subinde compositio carmen moliri videtur, cum dicit, "ut captivos redderet nostros". [1299] Velleium Paterculum citius agnoverim, quanquam nec illum dignabor hoc honore.

[224,1300] Bulephorus Minus, opinor, agnosces epitomographos Florum, Eutropium et Solinum.

[1301] Nosoponus Agnoscam, si quisquam eruditus illos agnoscit, hoc sane nomine : referunt enim quos imitantur.

[1302] Bulephorus Verum retro mihi cursus flectendus est, duos Plinios praetermisimus.

[1303] Majorem, scio, non feres hic nominari, Juniorem fortassis admittes.

[1304] Nosoponus Immo qui sunt hujus causae censores, cum primis vetant contingi ab adulescentibus hujus epistulas, ne pro Ciceronianis evadant Pliniani.

[1305] Bulephorus At felicius scripsit orationem qua Trajanum laudat.

[1306] Nosoponus Felicissime, sed Ciceronem non exprimit.

[1307] Bulephorus Poetas sciens praetereo facile divinans quid sis responsurus, etiamsi clarissimos ac felicissimos omnium proposuero Virgilium Horatium Ovidium Lucanum et Martialem.

[1308] Nosoponus In Horatio nullum Ciceronis vestigium, in Virgilio nonnullum, licet obscurum, Ovidius inter poetas Cicero videri posset, [1308b] Lucanus dictus est oratori quam poetae similior, sed alienissimus ab imagine Ciceronis, [1308c] Martialis ad Nasonis facilitatem plurimum accedit et aliquid Ciceronianae laudis illi poterat tribui, ni in libros aliquot epistulis praefatus esset, Deum immortalem, quam non Ciceronianis.

[1309] Bulephorus Quid si proferam Lucretium ? [1310] Nosopon Eadem opera profer et Ennium et Lucilium.

[1295] Buléphore Tiens ! que dis-tu de Probus Aemilius?

[1296] Nosopon Il ne sait pas faire autrement que louer purement et simplement tous ceux dont il décrit la vie, si bien qu’on le qualifierait plus justement de panégyriste que d’historiographe.

[1297] Buléphore Mais Ammien Marcellin ? Peut-être que lui tu l’accepteras ?

[1298] Nosopon Son style est assez lourd et puis tout à coup il se met à rechercher un rythme poétique comme quand il écrit « à cette condition (sub hac lege ut) qu’ils nous rendent nos captifs ». [1299] Je reconnaîtrais plus facilement Velleius Paterculus comme cicéronien, quoique, lui non plus, je ne le trouve pas vraiment digne de cet honneur.

[1300] Buléphore Tu reconnaîtras encore moins, je suppose, les compilateurs / abréviateurs Florus Eutrope, et Solin.

[1301] Nosopon Je les reconnaîtrai pour cicéroniens, si les érudits les reconnaissent, pour cette bonne raison qu’ils reflètent bien ceux qu’ils imitent.

[1302] Buléphore Mais il nous faut faire machine arrière ! Nous avons omis les deux Pline ! Pour Pline l’Ancien, je sais que tu ne supporteras pas qu’on le nomme ici ! Pour ce qui est de Pline le Jeune peut-être l’admettras-tu ?

[1304] Nosopon Surtout pas ! Ce que défendent (interdisent) en tout premier lieu les tenants de cette cause (le

cicéronianisme) c’est précisément qu’on laisse les adolescents s’approcher de ses lettres, sous peine de se retrouver Pliniens plutôt que Cicéroniens !

[1305] Buléphore Mais pourtant son discours en l’honneur de Trajan est une réussite.

[1306] Nosopon Il est très réussi ! Mais il ne reflète pas Cicéron.

[1307] Buléphore Je laisserai volontairement les poètes de côté : je devine bien ce que tu vas me répondre, quand bien même je te proposerais les plus brillants et les meilleurs de tous : Virgile, Horace, Ovide, Lucain et Martial.

[1308] Nosopon Chez Horace il n’y a pas trace des

caractéristiques cicéroniennes ; Virgile en offre quelques unes, quoique elles soient peu mises en valeur. D’Ovide, on pourrait dire que c’est le Cicéron des poètes. Quant à Lucain on a dit qu’il est plus proche de l’orateur que du poète. Mais il est très loin du modèle cicéronien. Martial a tout de la facilité qui caractérise Ovide et l’on pourrait lui attribuer le mérite d’avoir un style cicéronien s’il n’avait pas mis pour préfaces de ses livres certaines lettres aussi peu cicéroniennes que possible.

[1309] Buléphore Et si je disais … Lucrèce ?

[1310] Nosopon Et pourquoi pas Ennius et Lucilius pendant que tu y es ?

[1295] Probus Aemilius : auteur incertain auquel la Renaissance attribuait les œuvres de Cornélius Népos ( P.M.).

[1298] Ammien Marcelin, Res Gestae a fine Corneli Taciti, Livre XVII, X, 4.

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[226,1311] Bulephorus A- Gellii candidissimam phrasim mirantur eruditi.

[1313] Nosoponus Nec argumentum convenit nec phrasis primum affectata et verborum copia paene superfluens, rerum supellectile frugalis.

[1314] Bulephorus En tibi Macrobius.

[1315] Nosoponu Aesopicam corniculam mihi nominas ; ex aliorum pannis suos contexuit centones ; itaque sua lingua non loquitur et, si quando loquitur, Graeculum Latine balbutire credas.

[1316] Quod genus est illud ex commentario in somnium Scipionis secundo : "Et hoc esse volunt quod Homerus divinarum omnium inventionum fons et origo sub poetici nube figmenti verum sapientibus intelligi dedit".

[1317] Bulephorus At Symmachum in epistulis argutum admirantur quidam.

[1318] Nosoponus Admirentur, quibus studio est moleste potius quam bene dicere.

[1319] Bulephorus Sed heus, Apuleius nobis praeteritus est.

[1320] Nosoponus Hunc Ciceroni conferam, cum libebit graculum comparare lusciniae.

[1321] Bulephorus Sit sane in Asino et Floridis, at in Apologiis accedit.

[1322] Nosoponus Minus quidem abest, sed immenso sequitur intervallo.

[1323] Ceterum et Martianum Capellam oblitus es, si tales libet proferre.

[228,1324] Bulephorus Quid si veniamus ad semichristianos? [1325] Quis tibi videtur Boethius ? [1326] Nosoponus Egregius philosophus, poeta non pessimus, a Ciceronis dictione longe semotus.

[1311] Buléphore Les savants admirent le style très pur d’Aulu Gelle.

[1312] Nosopon Ses sujets ne conviennent pas, ni son style, qui est trop recherché d’une part et, d’un autre côté, presque redondant, du fait de l’abondance du vocabulaire alors qu’il est pauvre en idées.

[1314] Buléphore Tiens je te propose Macrobe.

[1315] Nosopon C’est la corneille d’Esope que tu me donnes-là ! Il confectionne ses centons avec les haillons arrachés aux autres. C’est pourquoi on peut dire qu’il ne parle pas sa langue et quand par hasard il la parle on croirait un Grec bégayant en latin !

[1316] Tiens voici une phrase de cet acabit, tirée de son commentaire du songe de Scipion « Et voilà ce qu’ils (les physiciens anciens) veulent qu’Homère, source et origine de toutes inventions divines, sous couvert de fiction poétique, a donné à comprendre aux sages comme choses comme vraies».

(sic !)

[1317] Buléphore Certains admirent la finesse dont Symmaque fait preuve dans ses lettres.

[1318] Nosopon Qu’ils l’admirent, s’ils préfèrent leur style ennuyeux plutôt que le beau discours !

[1319] Buléphore Mais bon sang ! voilà que nous avons oublié Apulée !

[1320] Nosopon Celui-là je le comparerai à Cicéron le jour où on trouvera bon de comparer les geais avec les rossignols ! [1321] Buléphore Soit ! pour L’âne et les Florides, je comprends, mais dans l’Apologie il s’en approche.

[1320] Nosopon Disons qu’il s’en éloigne moins, mais il ne le suit quand même qu’à une très grande distance !

[1323] D’ailleurs tu as oublié Martianus Capella, si tu t’engages dans cette catégorie.

[1324] Buléphore Bon et si on en venait aux « semi-chrétiens ». [1325] Que penses-tu de Boece ?

[1326] Nosopon Remarquable philosophe ; pas trop mauvais comme poète ; très loin du style cicéronien.

[Ph.1315] Cornicula ae f : corneille ( Esope Fable 185, la corneille se pare des plumes des autres oiseaux ) Contexo ere texui textum : composer en tissant Cento onis m : centon ( pièce de vers en pot-pourri)

de Volunt a pour sujet dans le texte de Macrobe, II, 10 « les anciens physiciens ». Macrobe II, 10 Selon les plus anciens physiciens, le feu éthéré se nourrit de vapeurs; ils nous assurent que si la nature a placé, comme nous l'avons dit ci-dessus, l'Océan au-dessous de la zone torride que traverse le zodiaque, c'est afin que le soleil, la lune, et les cinq corps errants qui parcourent cette zone en tous sens, puissent tirer leur aliment des particules qui s'élèvent du sein des eaux. Voilà, disent-ils, ce qu'Homère donne à entendre aux sages, quand ce génie créateur, qui nous rend témoins des actions des dieux sur toute la nature, feint que Jupiter, invité à un banquet par les Éthiopiens, se rend dans l'Océan avec les autres dieux, c'est-à-dire avec les autres planètes; ce qui ne veut dire autre chose, sinon que les astres se nourrissent de molécules aqueuses.

[Ph.1316] « Le commentaire au songe de Scipion » de Macrobe (IV° -V° s.) a conservé ainsi une partie du Livre VI de la République de Cicéron, qu’on n’a redécouverte qu’au XIX° sous forme de palimpseste.

[1325] Boèce (470-525) Anicius Mantius Severinus. Homme d'État, philosophe, mathématicien ; chrétien et helléniste. En 485 il épouse la fille du consul Symmaque. 500, sénateur et patrice. 510, nommé consul. Ministre de Théodoric, roi des Ostrogoths à Rome. 522, maître des offices. Ses deux fils, encore adolescents sont nommés consuls. 523, exil. (Jean 1er Pape. Le traité de l'incarnation lui est dédié). 525 Boèce est torturé et exécuté sur l'ordre de Théodoric. Relai important entre la philosophie antique et le M-âge qui ne connut lgtps Aristote que par ses commentaires.

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[1327] Bulephorus Quis Ausonius?

[1328] Nosoponus Ingenium ac doctrinam tribuo, stilus aulae delicias licentiamque resipit quemadmodum et vita ; Ciceronianus adeo non est, ut studio habuisse videatur aliter dicere quam dixit Cicero. [1329] Proinde qui Ciceroniani nomen illi velit ascribere, pro honore contumeliam irrogarit homini, non aliter quam si quis Germanum appellaret qui studeret haberi Gallus, etiamsi Germanus esset.

[1330] Bulephorus Ne te longis ambagibus circumagam, veniamus, si videtur, ad Christianos, si quem forte reperiamus qui Ciceronianus dici mereatur. [1331] Inter hos, opinor, probabis Lactantium, qui Ciceronianae eloquentiae lacteo flumine manare dictus est.

[1332] Nosoponus Dictus, sed ab eo qui Ciceronianus non erat.

[1333] Bulephorus Verum illud infitiari non potes Lactantium Ciceronis eloquentiam affectasse.

[1334] Id declarat in tertium Institutionum librum praefatio, in qua defensurus Christianae philosophiae veritatem optat eloquentiam si non Tullianam, certe Tullianae proximam.

[1335] Nosoponus Nec porsus infeliciter affectavit, quanquam assecutus non est.

[230,1336] Bulephorus Qui sic?

[1337] Nosoponus Quoniam in prima statim operis praefatione sic locutus est : "Alioqui nihil inter Deum hominemque distaret, si consilia et dispositiones illius majestatis aeternae cogitatio assequeretur humana".

[1338] Ubi Cicero dixit "dispositiones" pro "decretis" ? [1339] Immo dum Ciceronianus esse studet, factus est Ciceroni dissimilis. [1340] Est enim hoc Ciceronis rem eandem duabus vocibus idem aut propemodum idem significantibus inculcare. [1341] Hinc est illud "consilia et dispositiones". [1342] Qui scis, an et vocalium hiatum captarit, ut Ciceronianus esset, in "consilia et", rursus in

"cogitatio assequeretur".

[1343] Fortassis et compositionem affectavit scazontis clausulā comma finiens velut in " bālnĕātōrĕ " et "

ārchĭpīrātă ".

[1327] Buléphore Et Ausone ?

[1328] Nosopon Je lui reconnais du talent et de la

connaissance. Son style se ressent des plaisirs de la cour et de la licence qui y règne, comme sa vie d’ailleurs. Il est si peu

connaissance. Son style se ressent des plaisirs de la cour et de la licence qui y règne, comme sa vie d’ailleurs. Il est si peu

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