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Alors que les filles sont davantage susceptibles que les garçons d’être victimes d’abus sexuels,

Dans le document des garçons adolescents. (Page 47-50)

un certain nombre d’études semblent indiquer que les garçons sont davantage susceptibles que les filles d’être victimes d’autres formes de violences sous le toit familial.

violences plus tard dans leur vie. Si les jeunes femmes rencontrent souvent des difficultés semblables à parler des sévices dont elles ont été victimes par le passé, les données recueillies en Australie et en Amérique du Nord indiquent que les garçons ont encore plus de difficultés à s’exprimer sur ces actes de violence et à trouver des personnes à qui se confier à ce sujet, ou même à trouver des adultes prêts à admettre qu’ils ont subi ces sévices (Keys Young, 1977).

Les abus sexuels ont d’autres conséquences encore pour la santé, parmi lesquelles figurent les blessures corporelles, les infections des voies génitales et les grossesses non désirées pour les filles. Selon certaines études, il existe également un rapport entre les abus sexuels et une activité sexuelle ultérieure à risque pour les garçons comme pour les filles. Les victimes d’abus sexuels ont généralement moins tendance dans leur comportement à tenir compte de leur propre protection et sont moins susceptibles d’avoir un sentiment de pouvoir dans les relations sexuelles.

Une étude comparative de la violence sexuelle à l’adolescence actuellement en cours en Afrique du Sud, au Brésil et aux États-Unis montre que la coercition sexuelle et la violence au cours des relations intimes des adolescents sont associées à un usage moins fréquent des préservatifs masculins (Correspondance personnelle, Maria Helena Ruzany).

Alors que les filles sont davantage susceptibles que les garçons d’être victimes d’abus sexuels, un certain nombre d’études semblent indiquer que les garçons sont davantage susceptibles que les filles d’être victimes d’autres formes de violences sous le toit familial. En Jordanie, selon une étude, les garçons sont davantage susceptibles d’être victimes de maltraitance au domicile familial et davantage susceptibles de subir des sévices entraînant des blessures, alors que les filles sont davantage susceptibles de subir des injures (UNICEF, 1997). Au Brésil, 61 pour cent des garçons âgés de 11 à 17 ans ont déclaré qu’ils avaient été victimes de mauvais traitements infligés par leurs parents contre 47 pour cent des filles (Goncalves des Assis, 1997).

Les garçons auteurs d’actes de coercition sexuelle

Aux États-Unis, lors d’une enquête nationale réalisée en 1992 sur les adolescents âgés de 15 à 18 ans, 4,8 pour cent des adolescents contre 1,3 pour cent des adolescentes ont déclaré avoir contraint une autre personne à accomplir un acte sexuel au moins une fois. Les adolescents agressifs sur le plan sexuel étaient davantage susceptibles d’avoir été victimes d’abus sexuels, d’avoir été les témoins de violences envers un autre membre de la famille et d’avoir utilisé des drogues ou de l’alcool (American Academy of Pediatrics, 1997).

Diverses études menées en Europe occidentale et en Amérique du nord montrent qu’il existe un lien étroit entre le fait pour un jeune homme d’avoir été victime de violences sous le toit familial, entre autres d’abus sexuels, et le fait d’être ultérieurement l’auteur de violences sexuelles ou de violences lors de sorties en couple. Les faits confirment la nécessité d’offrir aux jeunes gens victimes de maltraitance et d’abus sexuels des services qui non seulement leur proposent une forme de traitement, mais qui constituent également un élément important dans la prévention de la violence sexuelle potentielle envers d’autres personnes ou lors de sorties en couple.

Il est difficile de trouver des travaux sur les actes de violence sexuelle commis par les garçons et sur la violence lors de sorties en couple. Dans certaines régions, en raison de normes sociétales, la coercition sexuelle peut être perçue comme faisant partie d’un scénario sexuel «normal» pour les garçons. Au Kenya, par exemple, en 1991, un événement s’est produit dont on a beaucoup parlé : 71 jeunes femmes ont été violées et 19 d’entre elles ont trouvé la mort lors d’une attaque par un groupe de leurs camarades de classe de sexe masculin. Les responsables de l’établissement scolaire ont traité l’événement comme s’il s’agissait d’un comportement typique de garçons, illustré par le proverbial «on ne changera jamais les garçons»

(Senderowitz, 1995). Quelques études se sont penchées sur les contextes sociaux dans lesquels se produisent la violence familiale, la violence lors de sorties en couple et la coercition sexuelle, pour tenter de comprendre comment la violence lors de sorties en couple et la coercition sexuelle peuvent être renforcées par les pairs de sexe masculin (Katz, 1995 ; Barker et Loewenstein, 1997). Ces recherches encore limitées semblent indiquer qu’il existe un rapport étroit entre la socialisation des garçons et le comportement coercitif ou agressif de certains garçons envers les filles. Dans de nombreux contextes, certains garçons ont le sentiment qu’ils ont droit aux faveurs sexuelles de jeunes femmes, quelle que soit la manière dont on les définit, et se sentent ainsi autorisés à faire usage de pressions, de coercition et de violences directes ou

indirectes pour obtenir ces faveurs sexuelles. Dans de nombreux contextes ce comportement est toléré de la part des garçons, ainsi que cela est suggéré plus haut, alors que les filles qui osent protester contre la violence sexuelle sont souvent accusées d’avoir provoqué les garçons.

Implications

En résumé, dans la plupart des régions du monde la violence et les blessures dues aux accidents de la route sont parmi les premières causes de mortalité des adolescents de sexe masculin. Les recherches et les interventions dans le domaine de la violence sont souvent axées sur les garçons en tant qu’auteurs de violence. Toutefois, les jeunes gens sont également des victimes de la violence. Avoir été victime ou témoin de violences, sous le toit familial ou à l’extérieur, constitue un facteur associé à la perpétration de violences.

Par ailleurs, les recherches présentées dans le présent chapitre étayent fortement la thèse selon laquelle si certaines formes de comportement violent sont plus courantes chez les garçons, cela s’explique par les manières dont ceux-ci sont socialisés et les conditions dans lesquelles cette socialisation a lieu.

Examiner comment la violence masculine s’ancre dans la socialisation sexuée et réfléchir à la question constitue un important point de départ pour l’élaboration de stratégies plus efficaces de prévention de la violence.

Les recherches présentées ici semblent également indiquer la nécessité de garder à l’esprit que la violence n’est pas simplement associée aux garçons adolescents économiquement faibles, bien que de nombreuses recherches sur la violence soit axées sur les jeunes gens économiquement faibles.

La pauvreté constitue en elle-même une forme de violence sociale, mais la pauvreté ne devrait pas être considérée comme une cause de violence. Les garçons adolescents des classes moyennes sont également concernés par la violence et, en raison de la manière dont ils ont été socialisés, font eux aussi usage de violence pour exprimer leurs émotions et résoudre des conflits, de même que de nombreux garçons de régions économiquement faibles ne commettent aucune violence. Il est impératif lorsqu’on étudie la violence ou lorsqu’on répond au problème de ne pas stigmatiser ou étiqueter les garçons économiquement faibles ou les garçons de façon générale en les déclarant violents par nature et de reconnaître que la plupart des garçons ne commettent aucune violence.

Les autres implications qui figurent ci-dessous sont formulées à partir des recherches disponibles sur la violences et les garçons adolescents.

Implications pour les programmes

❋❋

❋ Il est nécessaire que les programmes conçus à l’intention des jeunes offrent aux jeunes gens d’autres manières de résoudre les conflits, d’affirmer leur identité et d’exprimer leurs émotions. Un nombre encore limité d’actions dans ce sens ont confirmé que les jeunes gens réagissent positivement lorsqu’on leur offre la possibilité de discuter des violences dont ils ont été victimes et de leur crainte de la violence, et de réfléchir à la manière dont la violence fait souvent partie intégrante de la socialisation masculine.

❋❋

❋ Il est nécessaire que les programmes accordent plus d’attention au problème de la violence relationnelle ou de la violence lors de sorties en couple. Quelques programmes cités ici ont mis en place des actions expérimentales cherchant inciter les garçons à discuter de ces questions, mais il faut mettre en point davantage de programmes dans ce domaine.

❋❋

❋ Il est nécessaire d’accorder davantage d’attention programmatique aux garçons victimes et témoins de la violence en leur offrant, dans un cadre institutionnel ou de manière spontanéee, des occasions de discuter de la violence dont ils sont les témoins et de réduire le stress associé aux violences dont ils ont été les victimes.

❋ Il est nécessaire de mettre en place des programmes dans les environnements où les garçons ont couramment un comportement violent et délinquant. Ces programmes devraient être conçus à l’intention de garçons encore jeunes. Les actions menées avec les garçons pour la prévention de la violence ne devraient pas présupposer que les garçons sont potentiellement violents ou étiqueter ceux-ci comme délinquants, mais devraient plutôt les inciter à s’investir de manière positive dans leur communauté, leur f amille, leur pairs prosociaux et leurs modèles masculins non-violents.

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❋ Il est nécessaire que les programmes sensibilisent et éduquent les parents, les enseignants, les personnels de santé et les autres professionnels intervenant après des jeunes, aux facteurs qui pourraient être à l’origine du comportement violent de certains garçons, et que ces programmes aident les intervenants à ne pas réagir essentiellement par des sanctions et à faire en sorte que les garçons s’impliquent

efficacement dans des actions.

❋ Il est nécessaire de lancer de nouvelles et larges campagnes de sensibilisation aux accidents de la route et aux risques et accidents du travail parmi les garçons adolescents.

Implications pour la recherche

❋ Il est nécessaire de poursuivre les travaux de recherche sur la socialisation des garçons pour examiner comment celle-ci est liée à la coercition sexuelle et à d’autres formes de violence contre les femmes.

❋ Il est nécessaire d’examiner plus explicitement le rôle de la socialisation sexuée dans le renforcement de la violence masculine. En raison de la manière dont ils ont été socialisés, les jeunes gens voient souvent la colère et l’agression comme les seules émotions

«masculines « convenables. Dans d’autres cas, du fait de leur socialisation, les jeunes gens voient la violence comme une manière de définir leur identité. L’interdiction sociale faite aux garçons d’exprimer leurs émotions constitue une forme de violence envers les jeunes gens.

Jusqu’ici, les recherches n’ont pas abordé ces questions de façon satisfaisante.

❋❋

❋ Il est nécessaire de poursuivre les recherches sur le manière dont les médias influencent le comportement violent des garçons. Ces travaux pourraient nous aider à mieux comprendre comment travailler avec les jeunes pour leur faire acquérir une attitude critique envers les médias.

❋❋

❋ Il faut poursuivre les recherches sur d’autres modes d’action possibles de prévention de la violence dans un esprit autre que celui de la sanction, notamment les méthodes efficaces de formation à la résolution de conflits. Les travaux présentés ici argumentent fortement en faveur d’une démarche consistant à aborder la question de la prévention de la violence sous l’angle de l’écologie humaine et du développement humain, en étudiant les sources d’appui social et familial, les expériences subjectives des jeunes et le rôle que joue la socialisation sexuée dans la violence.

Dans le document des garçons adolescents. (Page 47-50)

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