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FILIÈRE 2E ANNÉE BOURSIER NON BOURSIER

Deuxième partie : Les boursiers, une population hétérogène

FILIÈRE 2E ANNÉE BOURSIER NON BOURSIER

CPGE TECHNO INDUSTRIELLE POUR TECH.SUP 43,10% 56,90%

CPGE2 BCPST (BIO.CHIM.PHYS.SC TERRE) 27,70% 72,30%

CPGE2 ECO.ET COMMERC. OPT TECHNO. 54,30% 45,70%

CPGE2 ECO.ET COMMERC.OPT ECONOMIQUE 36,50% 63,50% CPGE2 ECO.ET COMMERC.OPT SCIENTIFIQUE 12,00% 88,00%

CPGE2 ENS CACHAN SECTION_D1 27,80% 72,20%

CPGE2 LETTRES "ENS"" ULM 2E ANNEE" 32,00% 68,00%

CPGE2 LETTRES ENS LYON LSH 22,50% 77,60%

CPGE2 LETTRES ET SCIENCES SOCIALES 2E AN 37,00% 63,00% CPGE2 MP (MATHEMATIQUES ET PHYSIQUE) 27,20% 72,80% CPGE2 MP * (MATHEMATIQUE ET PHYSIQUE) 18,90% 81,10%

CPGE2 PC (PHYSIQUE ET CHIMIE) 35,00% 65,00%

CPGE2 PC * (PHYSIQUE ET CHIMIE) 23,50% 76,50%

CPGE2 PSI (PHYSIQUE ET SC. INGENIEUR) 23,00% 77,00% CPGE2 PSI * (PHYSIQUE ET SC. INGENIEUR) 21,20% 78,80% CPGE2 PT (PHYSIQUE ET TECHNOLOGIE) 21,50% 78,50% CPGE2 PT * (PHYSIQUE ET TECHNOLOGIE) 8,90% 91,10%

CPGE2 TSI (TECHNO ET SCI INDUSTRIELL.) 52,20% 47,80%

TOTAL 31,30% 68,70%

Champ : étudiants CPGE publiques de l'académie de Nantes à la rentrée 2009 (n = 2691) Sources : MEN-SEPP- Nantes

Khi2 = 163,19, ddl = 29, 1-p = >99,99%

La relation est très significative (seuil de risque de 5%).

Le bleu indique une sur-représentation, le rose indique une sous-représentation. Les chiffres engras signalent les voies technologiques.

Les classes étoilées préparent les meilleurs élèves de la filière scientifique (sélectionnés à l'issue de la 1ère année) aux meilleures écoles. C'est dans ces classes que les taux de boursiers sont en moyenne les plus faibles. À filière équivalente en deuxième année, l'étoile fait baisser le taux de boursiers. Au contraire les CPGE à option ou dominante technologique qui préparent à des écoles en général moins prestigieuses accueillent en moyenne près de 50% de boursiers.

Ces premiers éléments corroborent ceux de l'enquête nationale menée par l’Union des Professeurs de Spéciales en 200635. On peut donc sans trop de risque conclure à une sta- bilité de ces grandes tendances. Les résultats doivent toutefois être pris avec précaution puisqu'il s'agit du taux de boursiers global dont nous n'avons pas encore soulevé l'hété- rogénéité.

6.2.5 Le taux de boursiers par échelon

Sur la période étudiée, on constate une augmentation très significative du taux de bour- siers à l'échelon 0 (+12 pts) qui correspond à « l'appel d'air ». Effectivement, ainsi que le montre le tableau 17, dans la population de boursiers, la part d'enfants de cadres supé- rieurs, professions intellectuelles et professions intermédiaires a augmenté de 8 points (30% à 38%) tandis que celle des enfants d'ouvriers et d'employés a baissé de 5 points (de 38% à 33%). Pourtant, la répartition des PCS par échelon montre que ces éléments ne sont pas aussi significatifs qu'on aurait pu l'imaginer.

Le test du Khi2 révèle même une sous-représentation des ouvriers et des employés au sein des boursiers de l'échelon 6 et une sur-représentation des ouvriers dans l'échelon 1. On peut faire l'hypothèse que le modèle familial (malthusien versus prolifique) participe pour beaucoup à la répartition des PCS dans chaque échelon. Ainsi, une famille « mal- thusienne » (un seul enfant), dans laquelle le père est ouvrier et la mère employée, dé- passe très largement les plafonds des derniers échelons, ce qui pourrait laisser penser que l'analyse de Prost (1992) concernant le nombre d'enfants est toujours d'actualité (nombre d'enfants / réussite scolaire)36. À l'inverse, une famille « prolifique » (5 en-

fants), dans laquelle le père et la mère sont cadres ou exercent une profession libérale, vont pouvoir par le biais des points de charge bénéficier d'une bourse. On retrouve donc au sein même des échelons une grande disparité sociale liée à la situation familiale. Il ne faut toutefois pas nier que les échelons, sans nous indiquer précisément l'ensemble des ressources familiales, restent un indicateur fiable des ressources économiques. Si l'on se réfère à la répartition par échelon, on constate que 96% de la population à l'échelon 6 déclare moins de 12 000 € par année et 99,9% de celle à l'échelon 0 en déclare plus de 22 000€.

Alors qu'elles étaient importantes dans la répartition des boursiers, les variables « dépar- tement » et « secteur » ont un effet beaucoup moins significatif dans la répartition des boursiers par échelon (tableau 17). Public et privé accueillent chacun environ 50% de boursiers à l'échelon 0 ou 1 et 20% à l'échelon 5 ou 6, les départements ont par ailleurs des résultats similaires en ce qui concerne les deux premiers échelons mais se dis- tinguent légèrement dans les deux derniers.

Tableau 17 : Taux de boursiers par PCS et par échelon (de 2007-2008 à 2009-2010)

Le tableau 18 semble d'un prime abord, révéler un effet établissement dans le taux de boursiers par échelon, mais il présente certains biais. Dans le secteur privé, les établisse- ments qui accueillent le plus de boursiers des échelons 5 et 6 sont des CPGE à petits ef- fectifs (15 à 20 élèves par classe). Le plus gros établissement de ce secteur compte un tiers de boursiers dans les échelons 5 et 6 mais sur un effectif 37 élèves, soit moins de 2% de sa population totale. Dans les deux cas, l'analyse se fait sur un effectif réduit, ce qui constitue un biais pour l'analyse par établissement. On retrouve ce même biais dans le secteur public. Cependant, pour les autres établissements, la filière semble beaucoup plus influente puisqu'on retrouve une sur-représentation de l'échelon 6 dans le seul éta- blissement proposant une CPGE Éco option technologique.

0 1 2 3 4 5 6 Total

Cadre sup., prof intel. 37% 27% 8% 8% 6% 6% 8% 100%

Prof. intermédiaire 37% 32% 11% 9% 7% 4% 2% 100% Ouvrier 22% 36% 10% 9% 7% 14% 3% 100% Sans réponse 21% 19% 11% 9% 7% 17% 16% 100% Employé 18% 29% 12% 11% 12% 13% 5% 100% Retraité 16% 17% 23% 15% 8% 13% 9% 100% 14% 19% 8% 14% 4% 21% 20% 100% Agriculteur 11% 20% 11% 12% 12% 19% 14% 100% Inactifs divers 3% 12% 6% 9% 14% 18% 39% 100% Total 24% 27% 11% 10% 9% 12% 9% 100%

Le bleu indique une sur-représentation, le rose indique une sous-représentation

Sources : système d'information AGLAE (extraction juin 2010)

Artisan, commerçant, chef d'entrep.

Khi2 = 575,47 ; ddl = 54 La relation est très significative (seuil de risque de 5%).

Champ : étudiants inscrits en 1ere ou 2eme année d'une CPGE de l'académie de Nantes (hors CPGE intégrée), bénéficiant d'une BCS (n=2560)

Tableau 18 : Taux de boursiers par échelon (de 2007-2008 à 2009-2010) P ri 0% 50% 13% 0% 13% 0% 25% 8 43 29% 30% 13% 7% 4% 12% 7% 77 409 17% 35% 11% 11% 17% 7% 2% 46 203 0% 50% 50% 0% 0% 0% 0% 2 15 St Joseph 30% 23% 18% 5% 8% 7% 10% 61 185 12% 33% 13% 13% 9% 7% 13% 69 563 21% 37% 15% 5% 2% 10% 11% 62 409 17% 22% 11% 11% 8% 25% 6% 36 131 St Martin 29% 21% 14% 0% 0% 29% 7% 14 106 15% 28% 10% 12% 12% 13% 10% 115 544 22% 19% 8% 8% 5% 8% 30% 37 908 P u b lic 17% 38% 0% 3% 10% 7% 24% 29 165 26% 17% 7% 9% 6% 14% 22% 115 419 Clemenceau 25% 27% 11% 8% 10% 11% 8% 727 2629 25% 20% 8% 13% 8% 17% 8% 60 365 23% 27% 12% 13% 8% 12% 5% 157 566 Henri Bergson 23% 29% 10% 10% 12% 10% 7% 262 829 17% 29% 13% 14% 9% 10% 8% 77 206 28% 27% 8% 10% 6% 14% 7% 173 638 Montesquieu 23% 26% 5% 11% 9% 17% 10% 175 880 23% 23% 21% 12% 5% 7% 9% 43 82 Vial 24% 31% 10% 17% 5% 7% 6% 81 235 29% 18% 13% 13% 4% 15% 7% 138 293 Total 24% 27% 11% 10% 9% 12% 9% 2564 10823

Sources : système d'information AGLAE (extraction juin 2010)

Etablissement ech. 0 ech. 1 ech. 2 ech. 3 ech. 4 ech. 5 ech. 6 Effectif BCS Effectif* total

Blanche de Castille Externat Enfants La Perverie

Notre Dame Ste Croix

St Joseph la Joliverie St Joseph Du Loquidy St Julien de la Baron. St Stanislas Urbain Mongazon Carcouet Chevrollier Gabriel Touchard Guist'Hau Joachim du Bellay Livet P.Mendes France Aristide Briand

* Effectif total : Ensemble des élèves (boursiers et non-boursiers) sure la période 2007-2008 à 2009-1010

Khi2 = 202,78 ; ddl = 132 (La relation est très significative)

Le bleu indique une sur-représentation, le rose indique une sous-représentation.

Champ : étudiants inscrits en 1ere ou 2eme année d'une CPGE de l'académie de Nantes (hors CPGE intégrée)

6.2.6 Origine géographique des boursiers

La répartition par origine géographique montre que les établissements publics de la ré- gion ont, à l'exception d'un seul, un recrutement majoritairement régional, voire départe- mental pour certains, ce qui a une incidence importante sur le niveau de sélection. On peut penser que plus le taux d'élèves extérieurs à la région est important, plus le niveau de sélection est haut, eu égard à une concurrence étendue. A l'inverse, lorsque le taux d'élèves de la région, et plus encore du département, est important, le niveau de sélec- tion est plus faible.

On retrouve, au niveau des CPGE, le « phénomène du donjon » de Ballion (1991) décri- vant la position dominante sur le marché scolaire local de certains établissements recon- nus comme prestigieux. Bien que cette notion reste tout à fait opérante pour les CPGE, elle ne suffit pas à les distinguer assez finement pour appréhender leurs modes de recru- tement. Nous emprunterons donc aux chercheurs anglosaxons et à Verhoeven (2003), les notions d'établissement oversubscribed, et la transposerons à notre terrain d'enquête pour distinguer les établissements « en position de force sur le recrutement des élèves », qui peuvent se permettre de « réguler leur population en fonction de leurs intérêts » (p. 12) et celle d'établissements undersubscribed qui sont en position de faiblesse et doivent sélectionner à la baisse face au risque de voir leur CPGE fermer. Cette dimension est largement corrélée au dessein que promettent les établissements, réifié dans le taux d'in- tégration dans les grandes écoles, ce dont témoigne le classement des établissements pu- blié chaque année dans la presse. Bien que souvent décrié, ce palmarès des CPGE mé- rite qu'on s'y attarde. Car comme nous le verrons plus loin, ce classement est un élément largement considéré par ceux des préparationnaires qui ont d'une part les résultats sco- laires qui leur offrent la liberté de choisir parmi les meilleurs établissements, d'autre part une connaissance du « système prépa » qui leur permet de faire ce choix. Ce dernier point révèle d'ailleurs le niveau de planification de certains élèves qui ont construit un projet scolaire au sein duquel le choix de la CPGE renforce généralement le niveau d'ef- fectivité de l'aspiration.

Nous considérerons donc pour la suite comme oversubscribed, les établissements qui ne proposent pas uniquement des voies technologiques (limite les possibles), dont plus de la moitié des étudiants sont extérieurs au département d'implantation et plus d'un quart extérieurs à la région. Cela représente trois établissements sur les douze de l'académie. Les établissements undersubscribed sont ceux qui accueillent plus de 80% d'élèves de la région et plus de 50% du département, soit cinq établissements. Les quatre établisse- ments non classés sont des établissements au recrutement relativement équilibré et à tendance majoritairement départementale. Ils correspondent à ceux que Daverne et Du- tercq (2013) appellent les établissements « de second rang ». C'est-à-dire des établisse- ments qui bénéficient d'un recrutement plutôt favorisé mais dont les CPGE, minoritaires dans l'établissement, « ne disposent pas d'un haut prestige ».

établissement 44 49 53 72 85 TOTAL 14,2 69 8 0 2,7 6,2 100 Bergson (49) 9,1 15,7 53 7,7 3,8 10,8 100 27,5 55 3,8 2,5 5 6,3 100 27,7 14,2 39,4 8,4 5,2 5,2 100 28,7 42,1 13 1,6 3,2 11,5 100 50,7 30 5,4 2,7 3,6 7,6 100 5,7 4,3 61,4 8,6 20 0 100 Livet (44) 18,4 67,9 4,6 0 0,5 8,7 100 12 4 4 0 0 80 100 Montesquieu (72) 22,8 2,7 3,6 6,8 63 1,2 100 26,3 3,7 4,4 3,7 62 0 100 29,1 49,4 10,1 1,3 2,5 7,6 100 TOTAL 25,3 32,2 16,4 3,5 14,1 8,5 100

Champ : étudiants CPGE publiques de l'académie de Nantes à la rentrée 2009 (n = 2690) Sources : MEN-SEPP- Nantes

Les cases encadrées sont les taux du département d'implantation

hors région Aristide Briand (44) Carcouët (44) Chevrolier (49) Clémenceau (44) Guist'hau (44) Joachim Du Bellay (49) Mendes France (85) Touchard (72) Vial (44)

La dépendance est très significative. chi2 = 2214,07, ddl = 55, 1-p = >99,99%. Le bleu indique une sur-représentation, le rose indique une sous-représentation.

Établissement

Ce classement est fortement lié à l'offre de formation territoriale qui définit en partie le niveau de sélection. L'engouement pour une CPGE, inhérent à la fois à sa spécificité, sa rareté et son niveau dans le classement, fonde la position de force d'un établissement, le- quel augmente la concurrence et voit diminuer son taux de boursiers. Ainsi pour un éta- blissements même oversubscribed, proposer une filière technologique augmente le taux de boursier, tandis que de proposer une classe étoilée le diminue.

Les filières les moins courantes dans l'offre de formation (Lettres sciences sociales ou BCPST pour l'académie) sont celles qui recrutent le plus au-delà des frontières régionales et de ce fait accentuent la concurrence (tableau 20).

Tableau 20 : Répartition des élèves de 1ère année de CPGE dans les filières selon l'origine géographique (2009)

Filière 1ère année 44 49 53 72 85 TOTAL

CPES 55,0% 10,0% 5,0% 5,0% 0,0% 25,0% 0,0% 100% F ili èr e é co no m

ie ECO. OPT ECO 25,3% 33,3% 5,3% 12,0% 5,3% 18,7% 0,0% 100% ECO. OPT SCIENTIF 24,1% 17,6% 5,6% 23,2% 3,7% 25,0% 0,9% 100% ECO. OPT TECHNO 29,4% 20,6% 0,0% 2,9% 17,7% 26,5% 2,9% 100% 52,3% 4,6% 4,6% 9,1% 6,8% 20,5% 2,3% 100% LETTRES 28,3% 13,2% 4,6% 16,9% 6,9% 29,7% 0,5% 100% LETTRES/SCIENCES SOC. 20,4% 6,1% 2,0% 4,1% 12,2% 53,1% 2,0% 100% F ili èr e sc ie nt ifi qu e BCPST 34,9% 11,6% 1,2% 4,7% 7,0% 39,5% 1,2% 100% MPSI 24,8% 21,9% 3,3% 12,4% 13,8% 23,3% 0,5% 100% PCSI 35,8% 10,0% 1,8% 16,5% 13,6% 15,1% 7,2% 100% PTSI 50,0% 12,7% 5,3% 10,7% 4,0% 16,7% 0,7% 100% TSI 46,4% 7,1% 0,0% 10,7% 10,7% 25,0% 0,0% 100% Hors région Pays étrang.

ENS CACHAN (D1. Eco-Droit)

La dépendance est très significative. chi2 = 753,21, ddl = 203, 1-p = >99,99%.

Le bleu indique une sur-représentation, le rose indique une sous-représentation. Champ : étudiants CPGE 1 publiques de l'académie de Nantes à la rentrée 2009 (n = 2691)

6.2.7 Origine scolaire des boursiers

L'origine scolaire (tableau 21) souligne le niveau d'ouverture des possibles, à l'exemple de la voie S du baccalauréat qui ouvre vers toutes les CPGE et donc potentiellement vers différentes écoles et carrières. Au contraire, les voies spécifiques à la série techno- logique du baccalauréat, orientent le parcours dès la fin de la classe de troisième, à l'exemple des CPGE Éco option technologique ou TSI de l'académie qui recrutent 100% de leurs effectifs dans les terminales technologiques (STG pour la première et TSI pour la seconde) et qui ouvrent à des concours limitant les possibles et les aspirations effec- tives. L'avenir ouvert s'oppose ici au « parcours fléché ». Pour les autres filières, il n'est qu'à observer le type de bac admis pour comprendre que le lien d'exclusivité est moins important en Lettres qu’il ne l’est en Sciences.

A la lecture du tableau, on constate que le taux de boursier suit le lien d'exclusivité des filières technologiques et corrobore l'idée d'une orientation ségrégative dès le lycée.

Tableau 21 : Répartition des élèves de 1ère année de CPGE selon l'origine scolaire (2009)

Ces constats permettent de conclure que c’est la filière plus que l’établissement qui influe sur le recrutement des élèves et en particulier sur le taux de boursiers. Ainsi, un établissement peut tout à fait avoir une CPGE avec 10% de boursiers et une autre avec 50% et donner l'impression d'une ouverture sociale.

Terminale BOURSIER NON BOURSIER TOTAL

STG 55,9% ( 19) 44,1% ( 15) 100% ( 34) STI 64,3% ( 18) 35,7% ( 10) 100% ( 28) ES 36,7% ( 65) 63,3% ( 112) 100% ( 177) L 40,3% ( 50) 59,7% ( 74) 100% ( 124) S 33,2% ( 303) 66,9% ( 611) 100% ( 914) TOTAL 35,8% ( 466) 64,2% ( 836) 100% (1302)

Sources : MEN-SEPP- Nantes

La dépendance est très significative. chi2 = 20,55, ddl = 5, 1-p = 99,90%. Le bleu indique une sur-représentation, le rose indique une sous-représentation. Champ : étudiants CPGE 1 publiques de l'académie de Nantes à la rentrée 2009 (n = 1302)

6.3 Bourse, famille et vicissitudes

La composition de la famille est un élément considérable dans l'attribution des bourses dans l'univers familial nos renseigne sur des éléments différemment importants. Tout d'abord la fratrie permet d'estimer les éventuelles dynamiques malthusiennes (descen- dance réduite) ainsi que l'impact sur les BCS.

Le taux d'enfant unique est très faible chez les aspirants (5%). Près de trois quarts des fratries sont composées de deux ou trois enfants et un peu plus d'un quart de quatre en- fants et plus. On retrouve les familles nombreuses aux deux extrêmes des catégories so- ciales.

On compte, parmi les aspirants, 30% de boursiers du secondaire37, dont 14% ont obtenu une bourse au mérite à la suite de leur brevet des collèges38, contre seulement 16% des boursiers de CPGE de l'académie. Cette différence peut s'expliquer par les effets de migration interacadémique. Les meilleurs élèves, y compris les boursiers du secondaire, a fortiori ceux qui ont bénéficié d'une bourse au mérite, sont incités à tenter les meilleures CPGE situées très souvent dans la région parisienne et dotées d'internats, un phénomène peut-être plus prononcé en « période de quotas ».

Parmi les jeunes interviewés, on compte 11 boursiers déjà titulaires d'une bourse dans le secondaire et 7 titulaires d'une aide au mérite39. Nous avons montré plus haut que les

37 La bourse du secondaire considère la situation socioprofessionnelle et le revenu fiscal de référence. Le calcul s'effectue selon un nombre de points attribués dans certains cas (parent isolé, handicap.) 38 La bourse au mérite est allouée aux élèves boursiers qui s'engagent dans un cycle d'enseignement

conduisant au baccalauréat général, technologique ou professionnel et qui a obtenu une mention "bien" ou "très bien" au diplôme national du brevet. L'élève s'engage par écrit, à l'issue de la classe de 3ème, à poursuivre sa scolarité avec assiduité jusqu'au baccalauréat et obtenir de bons résultats scolaires. Cet engagement conditionne le paiement de la bourse. Cette bourse peut également être proposée pour certains élèves méritants par le conseil de classe de 3ème. La décision d'attribution appartient alors à l'inspecteur d'académie, après avis d'une commission.

39 Les aides au mérite remplacent les bourses sur critères universitaires et les bourses de mérite depuis la rentrée 2008. Elles se présentent sous la forme d’un complément de bourse sur critères sociaux. La mensualité s'élève à 200 € pendant neuf mois. Ces aides sont réservées aux étudiants entrants dans l'enseignement supérieur qui a la mention « très bien » à la dernière session du baccalauréat, quelle que soit la filière d'enseignement supérieur choisie dès lors qu'elle relève du ministère de l'enseignement et de la recherche et qu'elle est habilitée à recevoir des boursiers. L'aide au mérite est alors attribuée pour trois ans. Elles sont également réservées aux étudiants entrants en master 1 faisant partie des meilleurs licenciés de l'année précédente. Ceux-ci sont retenus par les établissements d’enseignement supérieur. L'aide au mérite est attribuée pour la durée du master. Cette aide est

boursiers n'étaient pas une population homogène tant socialement que scolairement (origine et orientation). Et bien qu'à grande échelle, les échelons puissent être un indicateur pertinent pour souligner les disparités au sein de cette population, l'analyse qualitative révèle des variations importantes entre la catégorie sociale et l'échelon. En effet, les BCS sont très affectées par les vicissitudes de la vie comme en témoignent les exemples ci-dessous. Nous présenterons chaque boursier en précisant juste son échelon (éch.) et la ville dans laquelle il étudie. Dans ce chapitre la spécificité de la CPGE (voie, filière) n'a pas d'effet remarquable.

Pascal (ech. 5, Nantes) scolarisé dans la région est issu d'une famille d'agriculteurs de quatre enfants : « Je suis à l'échelon cinq, mes parents... Bon, avec le statut d'agriculteur, c'est différent parce qu'on a un revenu très, très irrégulier. Parce qu'avec le prix du lait qui augmente, qui descend, donc ça se répartit sur l'année, donc forcément un salaire annuel qui n'est pas très conséquent. Mais bon ! ». Effectivement, Pierrick (éch. 1, Nantes) est dans la même situation, fils d'agriculteur, d'une fratrie quatre enfants, scolarisé dans la région, mais il n'est qu'à l'échelon 1.

Lucas (éch. 4, Nantes) bénéficie d'une bourse calculée à partir d'une situation tout à fait ponctuelle: « Euh, là cette année, je suis au dernier, je suis échelon 4. C'est un peu en fonction des circonstances, parce que ma mère, elle a arrêté de travailler. Elle devait reprendre des études et ça s'est pas fait pour des raisons diverses et du coup elle n'avait pas travaillé cette année là, donc y'avait très peu de revenus à déclarer, donc échelon 4. »

Nadia (éch. 4, Nantes) est issue d'une famille recomposée, ce qui joue en sa faveur : « Moi je suis boursière [elle fait la moue] Y' a un peu... c’est juste parce que mes parents, enfin mon beau-père et ma mère ne sont pas mariés donc du coup y'a juste ma mère qui rentre en compte dans la bourse. Et ça faisait comme si elle avait trois enfants à charge, ce qui est faux puisqu’il y a mon beau père qui gagne un très bon salaire […] du coup si mon beau père rentrerait en compte, je ne le serais pas, clairement. »

Romain (éch.0, Nantes) a joué sur la distance40, puisqu'il a choisi son établissement en fonction de l'éloignement. La situation familiale a tout de même son importance : « Je suis boursier, je suis boursier en fait parce que je pars à plus de 250 kilomètres. Je suis à la limite en fait, je serais allé à Rennes j'aurais pas eu de bourses. [...] Je suis boursier en partie parce que mes parents sont divorcés et on compte que le revenu de ma mère. »

En plus d'être très factuelles, les BCS sont aussi très instables. La situation familiale, l’éloignement ou la scolarité de la fratrie peuvent modifier les échelons d'une année sur l'autre.

Peter (éch. 1, Nantes), scolarisé dans la région, bénéficie comme Nadia de la situation des familles reconstituées, mais il n'est pas certain que la bourse soit reconduite : « Je suis à l'échelon 1, parce que ma mère et mon beau-père n'étaient pas mariés. Donc y'avait que le salaire de ma mère qui était pris en compte, plus avec la pension de mon père comprise dedans, donc j'étais échelon 1. Et j'ai appris ça y a dix jours, je ne suis plus boursier échelon 1 l'année prochaine. Je suis boursier échelon zéro l'année prochaine, parce que ma mère et mon beau-père se sont mariés donc le salaire de mon beau-père rentre en compte et euh, et c'est mort ».

Pour Justine (ech. 4, Nantes), ce sont les fortes variations des revenus de son père (informaticien libéral) qui font fluctuer sa bourse : « Et puis comme ce sont des cycles, soit on a pas mal d'argent ou alors on n'a rien ! Donc cette année, j'étais à l'échelon 6 et l'année prochaine, je redescends à l'échelon 4 ».

La petite sœur d'Yvann (éch. 3, St Nazaire) intègre l'enseignement supérieur, ce qui lui attribue quatre points de charge supplémentaires : « J’avais à peu près 160 par mois, mais je pense que ça va doubler parce qu’il y a ma sœur qui passe en fac ».

Dans le cadre de notre étude, l'échelon est finalement tout aussi peu heuristique que la

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