• Aucun résultat trouvé

Chapitre : VI Della Cadenza

Lecture

Définition : La musique est nécessaire à la danse et les pas ne pourront pas être agréables s’ils ne pas sont réglés par l’harmonie.

Qualité de la musique : « largo », grave, soutenue, fuguée, syncopée, « pausata », « allegro » « allegrissimo », « furioso ».

Description : Les temps en musique sont nécessairement divisés en binaires et ternaires.

Les temps musicaux

nom qualité exemple

Le temps binaire plus allegro du

ternaire On l’utilise dans les danses exécutées avec rapidité telles que Gigue, Gavotte, Allemande. Le temps ternaire plus largo On l’utilise dans les danses que l’on exécute lentement telles que Chaconne, Folie, Amabile.

Typologies des temps :

Temps ternaires

Nom qualité Exemple et commentaires

« huit-douze » Temps plus larghi et

posés Entrée grave, Lure, Passacaille. Parfois ces temps se réduisent à des temps binaires mais ils conservent leur gravité. « Triple majeur »

- « un-trois » Sa mesure est composée de trois rondes

« Triple mineur »

- « deux-trois » Sa mesure est composée de trois blanches

Le « deux-trois » est deux fois plus rapide que le Triple majeur. « huit-trois » appelé temps de « taice » Sa mesure est composée de trois croches

Il est huit fois plus rapide que le Triple majeur.

« quatre-trois » Allegrissimo. Sa mesure est composée de trois noires

On y danse les Furies. Il est quatre fois plus rapide que le Triple majeur et deux fois plus rapide que le Triple mineur.

« quatre-deux

Temps binaires

nom qualité commentaire

« quatre-deux » Temps « moyen », andante, sa mesure est composée de deux blanches

Ex. air du « Tambourin ». [La mesure vaut un soupir] « huit-six » Sa mesure est composée de

six croches

[La croche vaut un demi soupir]

Il est trois fois moins rapide que le quatre-deux.

« Cappella » Huit croches C’est un soupir moins rapide

que le huit-six.

« huit-douze » Douze croches Chaque mesure dure le

double de « huit-trois » et il est trois fois moins rapide que le Triple majeur.

Commentaires de Magri : Il ne suffit pas de connaître la musique, il faut que le danseur sache diviser et distinguer les mesures avec les différents pas et cabrioles.

Anciens/modernes : Magri explique la différence entre la danse des anciens et celle des modernes en relation à la musique. Pour les anciens, chaque pas occupait une mesure, au contraire, les modernes ne mesurent pas la cadence avec les pas, mais ils mettent plus de pas dans une mesure ou au contraire exécutent un pas dans plus mesures. Exemple : dans la mesure d’un temps ternaire, les anciens ne faisaient qu’un emboité, les modernes en redoublent deux ou trois. Dans deux mesures ternaires en temps de chaconne, on faisait un jeté, trois battements et un assemblé « sotto al corpo », les modernes, dans les mêmes mesures et avec le même enchainement de pas, redoublent les battement jusqu’à huit ou dix.

Relation accent musical/pas : Magri affirme que tout pas de danse commence sur la chute de la mesure et que tout saut tombe sur la chute de n’importe quel temps. Il ajoute toutefois qu’il est permis aux excellents maîtres de danser dans le temps de « l’intercadence » (Cf. fiche 7).

Correspondance danse/musique : Magri soutient qu’il faut adapter la qualité de la danse à la qualité de la musique et que chaque caractère doit trouver le temps de la musique adapté à sa danse. Il déplore ainsi les danseurs qui ne respectent pas cette correspondance entre les temps musicaux et les pas, il porte en exemple les danseurs grotesques qui, sur un temps « fugato », dansent « staccato ». Autre exemple : ceux qui sur un air de tambourin, ou sur un temps « huit-trois », appelé temps de « taice », dansent des « sauts piqués » tels qu’un contretemps, une cabriole battue ou « volata », un brisé, un saut « sotto al corpo », choses qui sont « impropres et inconvenantes ». Il faut adapter les pas à l’harmonie de la musique. Magri précise la correspondance entre l’action, la musique et la danse avec l’exemple de Flore et Zéphire.

Exemple : Flore et Zéphire

Action Musique Danse

Flore s’échappe suivie de

Borée « furioso » Le danseur remplit la musique avec une variété et une multitude de pas et des actions qui expriment son caractère et qui soient en parfaite harmonie avec la qualité de la musique. Flora, épuisée, tombe, les

Fleurs flânent, les Petits Zéphires s’affaissent au passage de Borée

Différents tableaux.

Borée rejoint Flora La musique doit être « syncopée »

Borée reste immobile, en attitude. Il ne faut pas remplir la cadence avec une multitude de pas : on doit préférer les attitudes. On reprend la fuite On répète le « furioso » On reprend les pas.

Étude

Remarques : On peut déduire des explications de Magri, qu’il existe deux qualités selon lesquelles on enchaîne les pas : ils peuvent être variés en « staccati » ou « fugati ». Les attitudes correspondent en revanche à une suspension : elles s’opposent au mouvement des pas.

Termes techniques : saut, cadence, intercadence.

Éléments de lecture comparée : on rappelle la définition de « Cadence » dans l’ouvrage de Feuillet (Chorégraphie, 1701) « Cadence est la connaissance des différentes mesures, et des endroits qui marquent le plus dans les Airs ». Pauli (Éléments de la danse, 1756) « C’est un rapport exact des pas à la mesure, de sorte que le premier mouvement du pas fait la même chute avec l’harmonie ». Dans l’ouvrage de Malpied, Traité sur l'art de la danse, 1770, p. 2) « La cadence est la connaissance des différentes mesures des airs sur lesquels on danse ». On remarquera que Rousseau distingue la définition de cadence pour la musique et pour la danse : « Cadence signifie encore la conformité des pas du Danseur avec la Mesure marquée par l’Instrument. Il sort de Cadence; il est bien en Cadence. Mais il faut observer que la Cadence ne se marque pas toujours comme se bat la Mesure. Ainsi, le Maître de Musique marque le mouvement du Menuet en frappant au commencement de chaque Mesure; au lieu que le Maître à danser ne bat que de deux en deux Mesures, parce qu’il en faut autant pour former les quatre pas du Menuet. »