meurent et l'hibernacle supporte en dormance la saison froide. La saison de croissance s'étend
de mai à octobre.
A B C
2.2.3. Le fonctionnement du piège
2.2.3.1. Description du piège et des glandes
C’est au début du 19
èmesiècle que la capacité de ces plantes à attraper des insectes a
attiré l’attention. Darwin conclue même que le mucilage sert seulement à protéger la plante
contre l’attaque d’insectes alors que le botaniste américain Bartram observe cette capture
d’insectes sans comprendre quel en est l’avantage pour la plante (Slack, 2000). Ce n’est qu’au
milieu du 19
èmesiècle que sa nature carnivore a été suspectée et démontrée par Darwin
(Darwin, 1877).
Les Drosera sont dotés d'un piège semi-actif. En effet, celui-ci possède une action
mécanique mais qui est de faible amplitude. Les Drosera utilisent probablement des
mécanismes d'attraction des insectes. Les études faites sur ces mécanismes n’ont jamais pu
montrer l’utilisation de phéromones par ces plantes. Il semblerait que les Drosera utilisent en
priorité le sens de la vue des animaux. On constate qu’au soleil, le liquide permet à la feuille
de briller comme si elles étaient recouvertes de rosée ou de nectar. Ses sécrétions sont de plus
en plus abondantes avec la durée du jeûne (Slack, 2000).
Chaque feuille comporte une face de poils adhésifs pluricellulaires et vascularisés,
appelés tentacules (Figure 12, A). Ils sécrètent à leur extrémité des gouttelettes de mucilage à
pH acide, contenant des enzymes hydrolytiques et des polysaccharides qui confèrent
l’attractivité au piège. Leur taille est variable : ils sont longs à la périphérie de la feuille, et
deviennent progressivement plus courts en se rapprochant du centre. Cette différence est
associée à leur capacité de mouvement : les longs tentacules ont un mouvement plus rapide,
augmentant la zone potentielle de capture. Ils sont composés d’une « tête » glandulaire
contenant une couche de cellules sécrétrices de mucilage interne et externe séparées des tissus
réservoirs, les trachéides, par une barrière de cellules endodermiques contenant de la cutine.
(Figure 12, C). La partie basale du poil est constituée d’un gros vaisseau de xylème reliant le
poil à la feuille (Juniper et al., 1989 ; Slack, 2000). En plus de ces tentacules, la surface des
feuilles et des pétioles est recouverte de très nombreuses glandes sessiles (Figure 12, B). Leur
origine est épidermique.
A
B C
Figure 12: Les glandes digestives du genre Drosera : A : glandes situés sur face supérieure, flèche montrant
face inférieure de la feuille de Drosera capensis qui se replie (Photo LAE/A.Guckert), B : photo de glandes sessiles à la surface de la feuille de Drosera capensis (Juniper et al., 1989), C : Schéma de la structure d’une glande digestive de Drosera capensis (X=Xylème, T= Trachéide, Ec= Cellules endodermiques, Cs= Cadre de Caspary, In= Cellule glandulaire interne, Oc= Cellule glandulaire externe (X 500)) (Juniper et al., 1989).
2.2.3.2. Mécanismes de capture des insectes : stimulation mécanique et
chimique
La stratégie de capture de la proie est de type « papier tue-mouche ». La proie venant
se poser sur une de ces feuilles, y est retenue par la glu des tentacules. Sa propre activité la
met de plus en plus en contact avec la glu des poils. Son agitation pour se dégager stimule
l’activité des cellules sécrétrices. Ensuite, les tentacules et le limbe de la feuille se mettent en
mouvement très lentement. La proie va exciter les poils qui vont se recourber pour la ramener
vers le centre de la feuille (Figure 13, A) et le limbe va se replier lentement pour empêcher
l’insecte de s’échapper (Figure 13, B). Plusieurs heures sont nécessaires au repliement
complet de la feuille. La proie, engluée, meurt d’asphyxie et est finalement digérée. Ce
mouvement sert d’une part à éviter une perte de liquide nutritif lors de la digestion et d’autre
part à accélérer le processus en favorisant le maintien de la proie et en augmentant la surface
pour l'action du liquide digestif. Cette dernière est dirigée vers le centre de la feuille où se
situent les glandes digestives. Dans le cas de la prise d'un insecte, il ne subsiste plus après un
ou deux jours, au milieu de la feuille, que le squelette chitineux de l'animal. La feuille mettra
une à deux semaines pour reprendre sa forme initiale.
A B
Figure 13 : Capture d’insecte par D. capensis : A : Repliement des poils autour de l’insecte, B : repliement
du limbe de la feuille autour de l’insecte (Photographe Tommi Järvinen, 2004).