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Femmes grecques idéales

Dans le monde grec, dans l’Antiquité, il y avait beaucoup de cités et les critères de la femme idéale varient de cité en cité. Par exemple, à Athènes, les femmes idéales ne s’occupent que des affaires de la maison, tandis qu’à Sparte, les femmes, idéalement doivent s’occuper d’activités militaires, parce que les Spartiates sont un peuple toujours sur la défensive, qu’ils sont tous de très bons guerriers, qui sont souvent préoccupés par les activités militaires. Mais, on trouve, des critères communs à l’idéal que les Grecs avaient. Dans les pages qui suivent, nous allons comparer les femmes eschyléennes avec l’idée que les Grecs et plus précisément les Athéniens se faisaient de la femme. Par cette comparaison, nous allons mieux comprendre les figures féminines eschyléennes.

1. Maternité

Dans la Grèce ancienne, comme dans le monde entier, les gens s’inquiètent beaucoup du renouvellement des générations, à cause des guerres et du taux haut des morts en bas âge. Il est normal que, les femmes grecques donnent naissance à des enfants pour assurer ce renouvellement des générations. Si la femme donne naissance à des enfants, elle contribue à la survie et l’existence de la cité. La seule préoccupation des femmes doit être de donner des enfants à son mari. Mais la maternité ne s’arrête pas là. Les femmes grecques doivent aussi élever leurs fils jusqu’à sept ans, âge pour les garçons de quitter la protection maternelle, tandis qu’elles peuvent garder leurs filles, à côté d’elles, dans le gynécée jusqu’à leur mariage et leur enseignent la vie qu’elles devront mener dans le futur. De plus, à cause des guerres, la cité demande beaucoup de guerriers vaillants, et la naissance de garçons compte davantage. L’éducation des filles grecques a pour but principal la préparation à la maternité future. Pour les femmes grecques, il est logique que donner naissance à des enfants, c’est un des critères de la féminité.

2. Sédentarité

Dans l’Antiquité, les femmes grecques doivent rester chez elles, ou plutôt au gynécée. Le gynécée est, pour les filles et les femmes grecques, dans une certaine mesure, une forme de prison. Depuis leur toute jeunesse, elles ne peuvent presque pas en sortir, sauf pour participer aux fêtes et aux activités religieuses, par exemple, les Panathénées et les

Thesmophories. Même après le mariage, les femmes grecques changent de gynécée—elles sortent du gynécée de leur père et entrent dans le gynécée de leur époux. Quelque fois, les femmes grecques sortent pour rendre visite à leurs parents, mais elles doivent être accompagnées par leurs esclaves féminines ou sinon par leur époux. Restant à l’intérieur de la maison, les femmes sont considérées comme un bien personnel de leurs époux et elles n’ont pas l’occasion de connaître les amis de leur époux. En revanche, les esclaves féminines peuvent sortir pour aller chercher de l’eau et faire des courses au marché. En conséquence, il est normal que les femmes grecques n’aient pas un rôle important dans la vie publique.

3. Ménagère

On a déjà vu que les femmes grecques sont obligées de rester à l’intérieur de la maison et on peut imaginer qu’elles peuvent avoir un rôle important dans la vie à l’intérieur de la maison, même si elles n’ont presque pas de place dans la vie publique, parce que la divinité du foyer domestique est la déesse Hestia. Quand les époux grecs sortent de la maison et se préoccupent des affaires de l’état, les femmes grecques s’occupent, elles, de toutes les affaires à l’intérieur de la maison. Et s’occuper des affaires intérieures à la maison devient un des critères à l’idéal de la femme grecque.

L’Economique 1 de Xénophon nous offre un très bon exemple avec l’épouse d’Ischomaque. Cette femme, à partir de son mariage, prend en charge toutes les activités à l’intérieur de la maison, par exemple, l’organisation et la conservation des provisions, la surveillance des ateliers de tissage et de confection, la surveillance et la formation des domestiques, la gestion des biens. Elle est considérée par son époux comme la reine des abeilles au centre de l’essaim. C’est une louange pour la femme grecque enfermée au gynécée. Il se peut que l’écrivain fausse la réalité et qu’il exagère un peu. Mais, ce qui est sûr c’est ce que les femmes grecques ont un rôle important au sein de la maison.

1Xénophone, Economique, texte établi et traduit par P. Chantraine, société d’Editions « LES BELLES LETTRES », Paris, 1971

4. Filer

Le filage et le tissage font partie des critères pour juger les femmes grecques. Dans l’Economique, Xénophon nous donne encore l’exemple de la femme d’Ischomaque : son époux lui conseille de prendre le métier à filer et à tisser, au lieu de rester assise tous les jours comme une esclave. On peut voir par là que le métier à filer et à tisser est vraiment très important dans l’Antiquité, en Grèce, parce que l’ouvrage du métier à filer et à tisser est indispensable pour fabriquer des vêtements de la maisonnée, et est une preuve de la civilisation. Maintenant on sait l’importance du métier à filer et à tisser et l’importance de la pratique féminine de ce métier.

5. Silence

Les femmes grecques idéales doivent garder le silence, parce que les femmes grecques ont un statut juridique de mineure et qu’elles ont toujours un tuteur. Ce tuteur peut être leur père, avant leur mariage ; et après son mariage, ce tuteur est automatiquement leur époux tandis que, quand leur époux est mort, la tutelle revient à leur fils aîné ou sinon à leur parent le plus proche. Dans les lieux publics, les femmes sont représentées par leur tuteur. Il leur faut ne pas faire parler d’elles.

Cet aspect est bien manifesté, dans les Sept contre Thèbes, par la colère du roi Etéocle :

Μέλει γὰρ ἀνδρί, μὴ γυνὴ βουλευέτω, τἄξωθεν· ἔνδον δ᾽ οὖσα μὴ βλάβην τίθει.1

Ce qui se fait hors de la maison est l’affaire des hommes—que la femme n’y donne point sa voix ! Reste chez toi et cesse de nous nuire.

Et plus tard, le roi Etéocle précise que les cris affolés des femmes thébaines sont l’élément qui livre la cité et les Thébains à l’esclavage. On peut voir par là l’importance pour les femmes de se taire publiquement. Elles essaient de se mêler dans les affaires de l’état.

Voilà les critères que la femme grecque idéale doit observer. Cette femme reste à l’intérieur de sa maison pour se charger de toutes les activités au sein de la maison ;

1Eschyle, Les Sept contre Thèbes, Eschyle Tome I, Texte établi et traduit par Paul Mazon, neuvième tirage, Société d’édition « LES BELLES LETTRES », Paris, 1966, v. 199-201

surtout, elle doit s’occuper du métier à filer et à tisser. Elle doit donner naissance à des enfants qui doivent hériter de la citoyenneté. Elle est dans ce cas-là une ménagère reproductrice. De plus, il lui faut se taire. A ces conditions, elle sera une femme idéale. Mais on ne voit pas une semblable image féminine dans les œuvres d’Eschyle. Maintenant, nous allons le constater.

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