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Facteurs favorisant directement la réactivation virale

Dans le document Les Kératites à Herpès Simplex Virus type 1 (Page 113-118)

Rappel physiologique

V.4. Facteurs favorisant :

V.4.2. Facteurs favorisant directement la réactivation virale

Les revues de littérature ont montré que les facteurs déclenchant de la réactivation virale peuvent-être d’ordre chimique ou mécanique.

V.4.2.1. Stimulants chimiques de la réactivation de HSV-1

L’implication de certaines molécules, dans la survenue des kératites à

HSV-1, a été démontrée [6, 64, 7HSV-1, 90]. Elles sont représentées par les corticoïdes, les

prostaglandines, les inhibiteurs de l’angiogénèse et même les alpha-adrénergiques qui sont tous des activateurs directs de la réplication virale [92, 93].

V.4.2.1.1. Analogues de la prostaglandine

Les analogues de prostaglandines (utilisés comme anti-glaucomateux) ont été associés dans plusieurs publications à un risque de réactivation herpétique [64, 94]. Si les premières données expérimentales étaient initialement contradictoires [82], les synthèses récemment publiées reconnaissent ce risque sans toutefois les contre-indiquer chez les patients sans risque identifié, notamment dans le cadre des uvéites hypertoniques non herpétiques [95-98] (Annexe 1).

V.4.2.1.2. Corticostéroïdes

Les corticostéroïdes sont de puissants anti-inflammatoires. Sur des modèles de culture cellulaires [99], les corticostéroïdes paraissent avoir un effet direct sur la réactivation de virus latents.

Plusieurs études ont montrées l’implication des corticostéroïdes (administrés en topique, intra-vitréen ou par voie systémique) dans la survenue d’épisodes sévères de kératites à HSV [90, 100-102].

V.4.2.1.3. Inhibiteurs de l'angiogenèse

La bevacizumab et la ranibizumab sont des immunoglobulines monoclonales utilisées dans le traitement des néovascularisations rétiniennes. Leur usage récent, dans le traitement des néovascularisations cornéennes [103-109], y compris celles liées aux kératites stromales à HSV [105-107], a soulevé le problème de survenue de kératites herpétiques à la suite des injections intra-vitréenne de ces inhibiteurs de l’angiogénèse. Le mécanisme de ces kératites reste toujours méconnu [90].

V.4.2.1.4. Alpha-adrénergiques

Les collyres alpha–adrénergiques sont également incriminés dans la survenue des kératites herpétiques [6] (Annexe 2).

V.4.2.2. Stimulants mécaniques de la réactivation de HSV-1

Toutes les agressions des nerfs cornéens ou scléraux peuvent s’accompagner d’un risque accru de développer des réactivations herpétiques.

La grande majorité des gestes oculaires (chirurgie ou laser [light

amplification by stimulated emission of radiation]) combinent ces facteurs à la

fois par l’incision cornéenne ou sclérale, l’inflammation qui en résulte (source de prostaglandines endogènes) et par l’utilisation fréquente des corticoïdes

V.4.2.2.1. Chirurgie assistée par laser

La pathogénie des kératites à HSV faisant suite au traitement local par laser reste controversée.

Plusieurs séries de cas ont été rapportées dans la littérature étudiant des kératites à HSV dans les suites du traitement au laser y compris le laser assisted

in situ keratomileusis (LASIK), Iridotomie périphérique au laser, Trabéculoplastie au laser et Photokératectomie réfractive(au laser Excimer) [90] (Annexe 3).

V.4.2.2.1.a. LASIK

Plusieurs cas de kératites à HSV, survenant après traitement au LASIK en post opératoire précoce, ont été rapportés dans la littérature [110-114]. Les kératites épithéliales à HSV surviennent le jour suivant le geste [111, 112], contrairement aux kératites stromales qui surviennent plusieurs semaines après [110, 114].

Il est actuellement admis [90], que l’administration des antiviraux à titre préventif, chez les patients ayant une histoire d’herpès oculaire, avant et après le geste est nécessaire [110, 115-117].

V.4.2.2.1.b. Iridotomie périphérique au laser YAG (yttrium

aluminium garnet)

L’iridotomie au laser est indiquée dans la prévention et le traitement du glaucome par fermeture de l’angle.

Deux cas de kératites à HSV récurrentes ont été rapportés après iridotomie au laser [118, 119]. Par ailleurs les patients utilisent généralement des corticostéroïdes en topique après le geste. On ne sait pas toujours si ces récurrences sont liées au laser ou aux corticostéroïdes [90].

V.4.2.2.1.c. Trabéculoplastie au laser Argon

La Trabéculoplastie au laser Argon est utilisée parfois dans le traitement du glaucome à angle ouvert. Un cas de kératite à HSV récurrente a été rapporté dans les suites de ce traitement [120].

V.4.2.2.1.d. Photokératectomie réfractive

Le laser Excimer est utilisé dans le traitement de plusieurs pathologies cornéennes, y compris les ulcères superficiels et les irrégularités de surface liées aux kératites à HSV [64, 90].

Le laser Excimer représente aussi une source potentielle de réactivation herpétique [121-128], car il émet un rayonnement ultraviolet, redoutable stimulus de réactivation du virus HSV-1. Mais les délais publiés entre le geste et la récidive herpétique sont variables et parfois même très longs [129-132].

La fréquence est finalement faible, de l’ordre de une pour 1000 procédures [133].

V.4.2.2.2. Chirurgie

Toutes les chirurgies du segment antérieur de l'œil, doivent être considérées comme une situation à risque [6].

V.4.2.2.2.a. Greffe de cornée

La chirurgie la plus à risque de déclencher une réactivation herpétique est la greffe de cornée. C’est bien entendu le cas lorsque l’indication de la greffe de cornée est l’herpès lui-même, soit environ 10% des indications de kératoplasties [134-136], mais c’est aussi le cas lorsque le geste est réalisé chez un patient sans antécédents herpétiques [137-139].

En effet, la fréquence d’une atteinte herpétique dans les suites d’une kératoplastie transfixiante, quelle que soit son indication, est quatre à six fois plus importante que dans la population normale [140].

Dans la grande majorité des cas, cette réactivation virale est endogène, c’est-à-dire à partir des sites de latence virale du patient receveur [82]. Même si quelques cas de transmission par le greffon ont été clairement documentés [141-144], la transmission du virus à un hôte initialement sain par le biais de la chirurgie semble rester un évènement rare [145], même en cas de présence avérée de génome de HSV-1 dans le greffon [146].

Un certain nombre d’études ont démontré que le risque postopératoire de kératite herpétique épithéliale et de récurrence de kératite stromale après greffe [147-153], peut être réduit chez les patients bénéficiant d’un traitement général par l’aciclovir [154].

V.4.2.2.2.b. Chirurgie de cataracte

Alors que la chirurgie de la cataracte partage de nombreux points communs avec les kératoplasties (incision cornéenne, inflammation et corticothérapie post-opératoire), il est étonnant de constater que peu d’études ont quantifié le risque de kératite herpétique dans les suites d’une intervention de la cataracte.

Dans une série de 3cas [155], Barequet rapporte un délai de 1 à 5 semaines entre la chirurgie et le début de la kératite [155, 156]. Dans les quelques cas décrits, le pronostic était généralement très bon, traduisant le bon état immunitaire local de ces yeux soumis à une agression modérée et à une corticothérapie de courte durée [82].

V.4.2.2.3. Port de lentilles de contact

Dans l’étude de l’HEDS (Herpetic Eye Disease Study), le port de lentilles de contact n’était pas lié à une plus grande fréquence d’herpès oculaire [157], résultat compatible avec l’étude de Brandt de 1994 [158]. Cependant, ces deux études n’avaient pas identifié non plus les traumatismes oculaires, même chirurgicaux, la corticothérapie ou encore l’atopie comme des facteurs de risque de récidive herpétique oculaire, alors que leur rôle aggravant est maintenant établi.

L’impact du port des lentilles sur la maladie herpétique reste donc une question en suspens [82].

V.5. Aspects épidémiologiques, répartition géographique

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