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Chapitre 3. Délinquance et traumatisme crânien

3.3 Etudes sur le lien entre délinquance et TC

3.3.1 Facteurs de risque de délinquance après un TC

Sexe

Le sexe masculin est un facteur de risque à la fois de TC et de comportements susceptibles de mener à une incarcération (Timonen et al. 2002, Farrer & Hedges

2011, Luukkainen et al. 2012, Elbogen et al. 2015).

Age de survenue du TC

Les individus qui ont eu un TC pendant l’enfance sont plus à risque de développer une criminalité ultérieure (Timonnen et al. 2002, McKinlay et al. 2014b, Vaughn et

119 était un bon prédicteur de la survenue de comportements délinquants ultérieurs. En outre l’étude du devenir d’une population de TC suivant l’âge de survenue du TC a permis aux auteurs de mettre en évidence que chez ceux ayant eu un TCC entre la naissance et l’âge de 5 ans, le risque de développer une criminalité était médié par une dépendance à l’alcool ou des drogues. Ce cofacteur n’était pas retrouvé si le TC était survenu entre 6 et 21 ans (McKinlay et al. 2014b).

Environnement

Les comportements délictueux sont aussi répandus dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. Certains auteurs rapportent que la violence serait intimement liée à l'évolution de la société (León-Carrión et al. 2003) : renforcement des inégalités, accroissement du racisme, absence de débouchés économiques, mauvaise conception des aménagements urbains inadaptés... L'environnement proche dans lequel l'individu évolue semble être primordial. Un risque accru de violence est retrouvé en cas de mauvais fonctionnement familial, de négligence dans l'enfance, de violences subies pendant l'enfance, ou encore chez les individus membres de gangs (León-Carrión et al. 2003, Davies et al. 2012,

Luukkainen et al. 2012).

Par ailleurs, chez les vétérans des guerres en Irak ou en Afghanistan, ceux ayant un antécédent de TC ou de stress post traumatique étaient plus à risque d’être arrêtés surtout s’ils avaient développés une agressivité ou un trouble de l’inhibition après leur traumatisme (Elbogen et al. 2012).

Niveau socio-économique

Un statut socio-économique faible semble être un facteur de risque d'apparition de criminalité (León-Carrión et al. 2003, Davies et al. 2012, Elbogen et al. 2015). On retrouve également des disparités entre le type de violence en fonction du niveau socio-économique : les délinquants issus des classes sociales inférieures ont plus de risque de commettre des infractions avec violence alors que les délinquants issus des

120 classes sociales élevées ont, quant à eux, plus de risque d'être violents au sein de leur famille ou de commettre des infractions non violentes (León-Carrión et al. 2003).

Niveau d'enseignement

De même que le niveau socio-économique, le niveau d'enseignement semble jouer un rôle important dans le type de comportements délictueux : les comportements délictueux avec violence sont plus fréquents chez les individus ayant un niveau d'éducation faible (León-Carrión et al. 2003, Farrer & Hedges 2011).

Troubles psycho-comportementaux

Les troubles du comportement, les troubles de l'adaptation, l'agressivité ou encore la labilité émotionnelle sont des facteurs associés à un risque de comportements délictueux (Davies et al. 2012).

Abus de substances psycho-actives

Le rôle de l'alcool et des substances psycho-actives est particulièrement important. La prévalence de la dépendance aux substances psycho-actives chez les prisonniers lors de leur arrivée en prison, est significativement supérieure à celle retrouvée dans la population générale. La consommation abusive d'alcool est un facteur de risque de comportements délinquants violents (Davies et al. 2012, Corrigan et al. 2012). Les cofacteurs connus (alcool, dépendance à d’autres substances) associés à un antécédent de traumatisme crânien sont rapportés comme étant à l’origine de troubles neuropsychologiques notamment chez les responsables de violences domestiques (Romero-Martínez & Moya-Albiol 2013).

Absence de prise en charge en milieu spécialisé

Le risque de développer un comportement criminel violent est rapporté comme étant plus important si aucune prise en charge adéquate n’a eu lieu. En raison des circonstances de survenue du traumatisme ou pour des raisons financières, une proportion non négligeable de blessés ne consultent pas après un traumatisme et ne bénéficient ni de soins ni de rééducation. Bien souvent, quand ils bénéficient de

121 soins, ceux-ci ne se font qu'en phase aiguë ; les patients retournent ensuite dans leur milieu de vie sans suivi ni recours médical (León-Carrión et al. 2003, Williams et al.

2010a, Hughes et al. 2015).

Âge de la première incarcération et de la survenue du traumatisme crânien

De même que l'apparition de comportements criminels serait plus précoce chez les individus victimes de TC, l'âge auquel survient la première incarcération serait plus précoce chez les adultes ayant un antécédent de TC que chez les adultes sans antécédent (Williams et al. 2010a-b, Davies et al. 2012).

En 2002, une étude scandinave rapportait que l'âge de début d'une « carrière criminelle » est significativement plus jeune chez les individus ayant été victimes d'un TC avant l'âge de 12 ans (Timonen et al. 2002). Dans une étude réalisée en Finlande, les auteurs rapportaient déjà une incidence significativement plus élevée de délinquance chez les jeunes ayant été victimes d'un TC avant l'âge de 14 ans (Rantakallio et al. 1992). En outre, les détenus ayant été victimes d'un TC ont des durées d’emprisonnement significativement plus longues. Ils sont aussi plus enclins à la récidive criminelle (Williams et al. 2010b). Le risque de récidive criminelle augmente même significativement en cas de TC survenu durant l'enfance ou au début de l'adolescence (Timonen et al. 2002). Le nombre de condamnations est également plus important chez les individus ayant un antécédent de TC (Williams et

al 2010b, Davies et al. 2012).

Nombre de traumatismes crâniens

La gravité des symptômes secondaires au TC augmente en fonction de la sévérité, mais également du nombre de TC (Davies et al. 2012). Avoir des antécédents multiples de TC reste relativement fréquent. Or, un antécédent de TC multiples est significativement associé à un plus grand nombre de condamnations (Williams et al.

2010b). Par ailleurs, les patients ayant été victimes de plusieurs TC ont

significativement plus de problèmes de santé dans leur vie que ceux sans antécédent ou avec un antécédent unique de TC (Walker et al. 2003).

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