• Aucun résultat trouvé

QUELS SONT LES FACTEURS DE CORRECTION DES DÉSÉQUILIBRES ?

Dans le document BULLETIN MENSUELJANVIER 2013 (Page 71-75)

LIENS COMMERCIAUX INTRA-ZONE EURO ET AJUSTEMENT EXTERNE

QUELS SONT LES FACTEURS DE CORRECTION DES DÉSÉQUILIBRES ?

Les modèles macroéconomiques standard suggèrent deux méthodes de correction des déséquilibres externes : la réorientation des dépenses et la modifi cation de leur niveau. La réorientation des dépenses a trait aux instruments favorisant l’attractivité des produits nationaux au détriment des produits étrangers, comme les modifi cations du taux de change nominal, la modération des prix et des salaires intérieurs ou les améliorations de la compétitivité hors prix. En revanche, la modifi cation du niveau des dépenses consiste à faire varier le niveau de la demande agrégée dans l’économie intérieure (plutôt que sa composition) par rapport à l’étranger. Naturellement, les deux mécanismes d’ajustement peuvent se renforcer mutuellement.

Graphique 14 Ventilation de la variation du solde

des échanges commerciaux entre 2008 et 2012 Graphique 15 Chronologie de l’ajustement du compte de transactions courantes

(en points de pourcentage du PIB) (variation en points de pourcentage du PIB)

- 5 0 5 10 15

- 5 0 5 10 15

ES PT IE GR EE

Exportations intra-zone euro Exportations extra-zone euro Importations intra-zone euro (inversées) Importations extra-zone euro (inversées)

- 5 0 5 10 15

- 5 0 5 10 15

PT ES GR IE

EE 2009-2010 2011-2012 1)

Sources : Eurostat, Commission européenne, FMI et calculs de la BCE Notes : Le graphique ne représente que les échanges de biens. Les données de 2012 reposent sur des sommes sur quatre trimestres jusqu’au dernier trimestre disponible.

Sources : Eurostat, Commission européenne et calculs de la BCE 1) Les données de 2012 reposent sur des sommes sur quatre trimestres jusqu’au dernier trimestre disponible.

BCE_01-2013.indb 71

BCE_01-2013.indb 71 16/01/2013 16:46:4116/01/2013 16:46:41

BCE Bulletin mensuel Janvier 2013

72

S’agissant de l’ajustement externe en cours dans la zone euro, la modifi cation du niveau des dépenses et leur réorientation ont été toutes deux à l’œuvre. Toutefois, c’est le premier facteur, la « compression de la demande », qui a joué jusqu’ici le rôle principal, notamment dans la correction des déséquilibres des transactions courantes de chacun des pays de la zone euro vis-à-vis du reste de la zone. Tous les pays fortement défi citaires avant la crise ont enregistré une contraction signifi cative de la demande intérieure, refl étant à la fois la sévérité du ralentissement mondial de 2008-2009 et la crise de la dette souveraine qui a suivi (cf. graphique 16). La baisse des niveaux de la demande sur la période 2008-2011 a été plus prononcée dans ces pays que chez leurs partenaires commerciaux hors zone euro.

Sur la même période, la mesure dans laquelle cette compression de la demande s’est accompagnée de gains de compétitivité-prix a varié fortement d’un pays à l’autre (cf. graphique 17). La plus forte baisse des coûts unitaires de main-d’œuvre s’est produite en Irlande, et s’est traduite par d’importants gains de compétitivité-prix vis-à-vis des partenaires commerciaux tant intra-zone euro que du reste du monde, selon les indicateurs de compétitivité harmonisés. Ces évolutions ont soutenu les exportations et exercé de nouvelles pressions à la baisse sur les importations. En comparaison, les gains de compétitivité-prix des autres pays dont les défi cits de transactions courantes étaient élevés avant la crise ont été plus limités et ont refl été principalement des gains enregistrés vis-à-vis des partenaires commerciaux du reste du monde en raison de la dépréciation de l’euro en termes nominaux au cours de cette période.

Graphique 16 Variation de la demande relative entre 2008 et 2011

Graphique 17 Variation de la compétitivité-prix entre 2008 et 2011

(variation cumulée en pourcentage) (variation cumulée en pourcentage)

0

- 10

- 20

- 30

0

- 10

- 20

GR IE EE ES PT - 30

Demande intérieure

Demande relative (intra-zone euro) Demande relative (extra-zone euro)

- 20 - 10 0 5

- 20 - 10

- 15 - 15

0

- 5 - 5

5

GR PT ES EE IE

Coûts unitaires de main-d’œuvre ICH : intra-zone euro ICH : extra-zone euro

Sources : Commission européenne et calculs de la BCE Notes : La « demande intérieure » est la différence entre le PIB et les exportations nettes (à prix constants). La « demande relative » est la demande intérieure nationale rapportée à la demande intérieure du reste de la zone euro (intra-zone euro) ou des principaux partenaires commerciaux extérieurs (extra-zone euro), respectivement, s’appuyant sur des pondérations commerciales pour chaque pays cohérentes avec les indicateurs de compétitivité harmonisés.

Sources : Eurostat, BCE et calculs de la BCE

Notes : Une baisse correspond à un gain de compétitivité-prix, mesuré pour l’indice de compétitivité harmonisé (ICH) reposant sur les coûts unitaires de main-d’œuvre dans l’ensemble de l’économie. Les ICH sont les taux de change effectifs réels vis-à-vis du reste de la zone euro (ICH intra-zone euro) ou vis-à-vis d’un groupe constitué des 20 principaux partenaires commerciaux extérieurs à la zone (ICH extra-zone euro).

BCE_01-2013.indb 72

BCE_01-2013.indb 72 16/01/2013 16:46:4316/01/2013 16:46:43

BCE Bulletin mensuel

Janvier 2013

73

Liens commerciaux intra-zone euro et ajustement externe

Le partage en deux sous-périodes de l’ajustement global des comptes de transactions courantes observé depuis 2008 fait apparaître des différences signifi catives entre pays quant à la chronologie du rééquilibrage.

Pour leur part, l’Irlande et l’Estonie ont réalisé de nettes améliorations en termes de compétitivité-prix dès les deux premières années de la crise, accompagnées d’une forte contraction de la demande intérieure (cf. graphique 18) 12. En conséquence, les soldes de leurs comptes de transactions courantes sont assez rapidement devenus excédentaires. L’ajustement, « concentré sur le début de la crise », de ces deux économies a été facilité par la fl exibilité de leurs marchés du travail et des produits. Les autres pays ont enregistré une contraction de la demande intérieure au cours des deux sous-périodes, leurs coûts unitaires de main-d’œuvre n’ayant commencé à s’ajuster qu’avec un décalage sensible, pour partie en raison des fortes rigidités des marchés du travail et des produits. Dans ces pays, de nouvelles améliorations de la compétitivité-prix et hors prix sont essentielles pour au moins deux raisons. Premièrement, elles contribueront à parachever le processus de rééquilibrage et à garantir que la correction du compte de transactions courantes restera soutenable lorsque la croissance de la demande intérieure redémarrera. Deuxièmement, l’ajustement des prix et des salaires peut également contribuer au rétablissement d’un « équilibre intérieur » en stimulant les exportations nettes et en comblant l’écart de production 13. Pour réaliser ces gains de compétitivité et mener à terme le processus d’ajustement externe, des efforts considérables et des mesures déterminées restent nécessaires dans plusieurs pays de la zone euro, notamment par des réformes structurelles visant à plus de fl exibilité dans le processus de fi xation des salaires, à des hausses durables de la productivité du travail et à la réduction des marges bénéfi ciaires excessives 14.

Graphique 18 Croissance moyenne des coûts unitaires de main-d’œuvre et de la demande intérieure

(variation annuelle moyenne en pourcentage)

GR PT ES EE IE

Moyenne 2009-2010 Moyenne 2011-2012

- 6 - 2

- 4 2

0 4

- 6 - 2

- 4 2

0 4 a) Coûts unitaires de main-d’œuvre

IE EE ES PT GR

- 15 - 5

- 10 5

0 10

- 15 - 5

- 10 5

0 10 b) Demande intérieure

Sources : Commission européenne et calculs de la BCE

12 Le graphique représente les coûts unitaires de main-d’œuvre nationaux et la demande intérieure (et ignore les variations de ces paramètres à l’étranger) afi n de rendre compte uniquement des composantes directement contrôlées par les pays considérés de la zone euro.

13 Ce raisonnement est résumé sous forme graphique par le diagramme de Swan, couramment utilisé, qui a été introduit par T. Swan dans Longer run problems of the balance of payments, dans H. Arndt et W. Corden (eds.), The Australian Economy, Cheshire, Melbourne, 1963.

14 Cf. également l’encadré intitulé Le rééquilibrage de la compétitivité au sein de la zone euro et ses conséquences pour l’infl ation du Bulletin mensuel de juin 2012

BCE_01-2013.indb 73

BCE_01-2013.indb 73 16/01/2013 16:46:4616/01/2013 16:46:46

BCE Bulletin mensuel Janvier 2013

74

5 CONCLUSION

Les échanges de biens et services entre pays de la zone euro sont l’une des pierres angulaires de la prospérité européenne. Ils apportent aux consommateurs une plus grande variété de produits à meilleur prix, tandis que les entreprises bénéfi cient, sans encourir de risque de change, d’un accès à un large éventail de biens intermédiaires de haute qualité et à un marché de quelque 332 millions de personnes.

Depuis l’introduction de l’euro, les échanges commerciaux au sein de la zone de monnaie unique ont considérablement augmenté et ce, également au regard du PIB de la zone euro. Tandis que les échanges commerciaux de la zone avec le reste du monde ont été encore plus dynamiques au cours de cette période, la moitié environ de l’ensemble des échanges commerciaux de la zone s’opère entre ses pays membres.

En outre, il existe de solides éléments empiriques témoignant de l’incidence positive de l’euro sur les échanges commerciaux de la zone euro dès lors que l’on tient compte des facteurs de confusion possible, comme le poids croissant des économies émergentes.

Les déséquilibres importants et durables des comptes de transactions courantes enregistrés par certains pays de la zone euro au cours des années qui ont précédé la crise fi nancière mondiale refl ètent généralement des défi cits affi chés tant vis-à-vis de leurs partenaires intra-zone euro que du reste du monde et résultent de divergences en termes de compétitivité-prix et d’évolutions de la demande. Des progrès signifi catifs ont été réalisés dans la correction des défi cits des transactions courantes antérieurs à la crise au cours de ces dernières années, qui se refl ètent par une réduction des défi cits vis-à-vis des partenaires commerciaux intra et extra-zone euro. Toutefois, des efforts accrus et des mesures déterminées sont encore nécessaires dans plusieurs pays de la zone euro pour mener à terme le processus de rééquilibrage et garantir sa pérennité, en particulier grâce à de nouveaux progrès en matière de compétitivité-prix et hors prix. En outre, des réformes structurelles destinées à accroître la fl exibilité des marchés du travail et des produits sont essentielles dans de nombreux pays de la zone euro pour favoriser le rééquilibrage externe au sein de la zone, aujourd’hui et dans l’avenir.

BCE_01-2013.indb 74

BCE_01-2013.indb 74 16/01/2013 16:46:4816/01/2013 16:46:48

BCE Bulletin mensuel

Janvier 2013

S 1

Dans le document BULLETIN MENSUELJANVIER 2013 (Page 71-75)