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Le facilitateur iconographique dans le manuel de troisième année

Le métalangage et le discours didactique dans les facilitateurs

Séquence 1 – Ecrire un texte pour informer

4. Le métalangage et le discours didactique dans les images, dessins

4.3. Le facilitateur iconographique dans le manuel de troisième année

Nous remarquons vite que les pages du manuel de troisième AM sont elles aussi truffées d’images de photos, mais surtout de minuscules dessins miniatures, le plus petit ne dépassant pas un centimètre carré et demi (1,5cm2) le livre ouvert miniaturisé déjà présent dans la page de couverture revient à douze reprises.

Ainsi le dessin du petit train, avec ses quatre wagons et la locomotive, nommée « le bon train de lecture » présente cinquante-six occurrences chapeautant les textes de lecture. Véritable message iconographique parlant du message. Ce rôle leur est officiellement attribué en page 4 par les concepteurs, qui explicitent à l’apprenant les titres des différentes rubriques du manuel lorsqu’ils écrivent pour celle-ci:

-La rubrique « le bon petit train » te propose un texte long à lire à ton rythme, pendant la durée d’une séquence. Les différentes parties de ce texte long sont reconnaissables à leur fond jaune. Pour orienter ta lecture, prends d’abord connaissance du questionnaire donné à la fin du texte. Le professeur se consacrera à la vérification de vos comptes-rendus de lecture à la fin de la séquence.

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Ce « texte consigne » est lui-même intéressant à bien des égards; aussi avons-nous choisi de avons-nous y attarder :

Tout d’abord, notons qu’il s’adresse à deux destinataires: il commence par interpeller la deuxième personne du singulier, l’apprenant avec la présence du pronom complément d’attribution « te», repris à travers les adjectifs possessifs de la même personne ton, ta.

A ceci s’ajoute l’impératif à la deuxième personne du singulier. En revanche, avec la dernière phrase du texte qui passe au pluriel par la présence de l’adjectif possessif « vos », associé à « comptes rendus au pluriel, on nous informe que la séquence aura lieu dans la classe alors, qu’au début du texte explicatif, on a plutôt l’impression que le travail de lecture du texte long se fait en dehors de la classe.

De même, est-il vraiment nécessaire de lui proposer un questionnaire, au lieu de le laisser « vagabonder librement dans ces passages » ?

A mon avis, installer encore une fois un cadre de lecture rigide et non pas lecture découverte, lecture libre ne peut que brimer l’imaginaire de l’apprenant qui va une fois de plus se plier à un travail à promouvoir au lieu de circuler dans le texte pour construire et produire du sens avec ses propres stratégies !

La rosace au milieu de laquelle est inscrit « notre projet » est associée à un réveil et un panneau portant la mention ludique « station réalisation ». Ces objets symboles sont distribués dix fois. Enfin la coccinelle laissant des traces sur son passage, autre image minuscule, est reprise dans vingt-huit pages, associée à la rubrique portant l’intitulé : Je vais vers l’écrit.

C’est une véritable métaphore structurelle du cheminement accompli dans le projet. Les apprenants font ils le parallèle ? Que non : ils pensent plutôt au travail de fourmi que cela suscite ; du moins certains d’entre eux, au dire des collègues qui ont fait la remarque à partir de mes questions.

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Ils n’ont pas tort. En fait, ces dessins miniatures ouvrant toujours les mêmes activités jouent le rôle de clefs et n’ont pas une fonction décorative comme le penserait un profane. Ce sont des métaphores structurelles qui symbolisent l’organisation et les visées de chaque rubrique.

Elles parlent de lecture (livre), du chemin à parcourir (train), de l’objet à réaliser (rosace). Elles parlent du langage, du procédé dans son ensemble, du projet. Pour notre part, nous les considérons comme métalinguistiques, même si le côté ludique leur donne un aspect touchant car « enfantin » et nous replonge dans nos premières années d’école. Elles forment en elles-mêmes, une métalangue, objets stylisés, renvoyant à des situations par analogie, presque à l’image des hiéroglyphes égyptiens!

Nous avons enfin recensé quatre-vingt quatre images et vignettes de grandeurs appréciables dont seize photos sur lesquelles portent des questions : les dessins étant plus nombreux, mais nous pensons qu’ils sont trop petits pour ce manuel (21 sur 29) alors que celui de l’année précédente, les a habitués à des images et de photos

beaucoup plus grandes.

Ces supports concernent aussi bien les textes que la partie réservée à l’oral en

image/en questions. Si les photos sont nettes et agréables à l’œil, même parfois

minuscules pour être bien appréciées, les dessins et croquis sont forts complexes par le nombre d’éléments qui les surchargent.

Nous avons choisi de nous arrêter sur la planche occupant la page 26 dans la rubrique « oral en images/en questions ». On peut d’abord observer qu’elle est

constituée de sept dessins dont un central, à l’aspect d’une tornade. Ces dessins schématisés sont minuscules pour rendre compte de leur importance, et

pour permettre aux apprenants d’en débattre. On relève par exemple, que les différentes destinations aériennes d’Air Algérie ne sont pas mises en évidence malgré leur place centrale.

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De même les représentations des monuments historiques sont mal assurées pour qu’il y ait un rapport direct avec le lieu cité, car alignées en bas du cadre au lieu de respecter l’emplacement des cartographies qui les placent à côté des villes où elles se situent.

L’analyse fait apparaître une défaillance sur le plan du format, de la qualité technique, du choix et de l’approche du sujet pour reprendre Jacques Chaumier qui ajoute d’autres paramètres l’image telle que la lumière et l’optique (panoramique, grand ongle…)47

Donc au lieu de gagner de la place au risque de proposer des images et dessins illisibles, il vaut mieux sacrifier une page et permettre à l’apprenant d’apprécier ce qu’il voit pour mieux répondre aux questions posées et pour pourvoir en parler avec ses camarades avec plus de certitude.

Un des objectifs de la pédagogie du projet étant de motiver l’apprenant, en répondant à ses aspirations semblent ne pas être pris en compte dans ce facilitateur.

Quant aux questions, elles ont totalement occulté les sites historiques et leur pouvoir attractif sur les futurs « touristes » qui deviennent tout à coup inutiles car gratuits. Il ne faut perdre de vue qu’il s’agit en premier lieu de faciliter la compréhension et l’expression par l’image et qu’il est indispensable d’opérer avec un très grand soin tant sur le plan des couleurs, de la place des images sur l’espace page, de leur relation projet (et au contenu thématique).48

Pour ne pas trop nous attarder sur ce manuel, il nous faut procéder à l’analyse du même facilitateur, dans celui de quatrième année qui comme nous le réitérons à plusieurs reprises, est quasiment organisé sur le même modèle.

47

. J. Chaumier, op. Cit. Ps. 80-81. 48

. Nous pensons qu’il est impératif d’associer des psychologues, des psycholinguistes et même des sociologues, à la confection des programmes aussi bien que qu’à la production des manuels scolaires.

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