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Fables généalogiques et falsifications

Dès le Moyen Age, les lettrés opposaient « l’histoire, qui s’efforce à la vérité, et la fable qui tresse des fictions », pour reprendre les mots d’un historien du XIIe siècle (Gautier Map)294. Pourtant, malgré ce principe, il est indéniable que pendant des siècles, la fiction

s’immisça dans les histoires généalogiques, de façon extrêmement variée et parfois subtile quand des preuves falsifiées étayaient le récit. Ce n’est qu’à la fin de l’Ancien régime, que les généalogistes prirent de plus en plus souvent du recul vis-à-vis des « origines fabuleuses » revendiquées par les familles nobles. Ils les mentionnaient sans guère y croire, mais non sans un certain respect pour les traditions anciennes.

Les temps mérovingiens et carolingiens, mais aussi la phase de formation de la société féodale, constituaient un terrain propice aux fables généalogiques. En effet, une multitude de chansons de gestes et de romans imprégnaient l’histoire de ces périodes anciennes, qui était mal établie. Certaines traditions épiques s’ancraient dans une transmission orale séculaire et pouvaient avoir une audience large. Le terme de légende n’est pas un abus de langage. A l’inverse, et cela n’est pas réservé à l’époque moderne, certains récits d’origine étaient des créations délibérées, conscientes. Nombreux étaient aussi les fables passe-partout, qui démarquaient des récits antérieurs et ne tenaient qu’en trois lignes dans un nobiliaire. Ainsi par leur nature, les fables généalogiques peuvent être classées dans un large spectre : de la tradition orale à l’invention livresque, du récit à la dimension mythique ou à la l’antiquaille d’érudits, folklore de généalogiste.

Pour appréhender cet imaginaire familial particulièrement foisonnant, nous commencerons par reprendre les grands types d’ancêtres fondateurs, déjà évoqués alors que les écrits généalogiques étaient encore très rares.

La fable des origines : rois, guerriers et saints

De façon saisissante, on constate que jusqu’à la fin de l’Ancien régime, rois, guerriers et saints constituaient toujours des figures d’ancêtres efficaces, des sources de prestige et de légitimité, au prix naturellement de certaines adaptations.

Le Roi et les princes

Certaines familles nobles avaient la réputation d’être de souche royale (stirps regia), de race royale (regalis prosapia). Pour Adalbéron, évêque de Laon de 977 à 1030, tel était le propre de la noblesse : « les lignées de nobles descendent du sang des rois » (Poème au roi

Robert). Guillaume de Poitiers en 1073-1074 évoque ainsi l’antique noblesse de Baudouin V,

comte de Flandres de 1035 à 1067 : « s’il tirait son origine des comtes des Morins, que les modernes dénomment Flamands, il la tirait également des rois de France et de Germanie, et il était en même temps apparenté à la noblesse de Constantinople ». Autre historien normand, Orderic Vital († vers 1141) rapporte, dans son Histoire ecclésiastique que Drogon, comte d’Amiens († 1035) « appartenait, à ce qu’on disait, à la descendance de Charlemagne, roi des Francs », ce qui est juste. De telles notations sur l’ascendance carolingienne d’un individu ne sont pas isolées dans le Nord du royaume et dans les régions flamandes, même si le « type ancestral carolingien » ne résume pas tout l’imaginaire nobiliaire de l’époque féodale295.

Les rattachements à un roi ou un prince étaient en premier lieu le fait des familles à la noblesse immémoriale. La fiction ne venait que souligner une ancienneté indéniable. Au début du XVe siècle, Coudrette, en marge de son Roman de Mélusine en vers, signalait que Brunissende de Périgord, l’épouse du commanditaire de son œuvre, appartenait à une famille très ancienne, qui avait reçu son fief à l’époque de Charlemagne, dont ils étaient les cousins germains296. A la fin du même siècle, Pierre Le Baud attribuait aux Montfort une (fictive)

ascendance capétienne. Selon lui, Robert le Pieux, après son mariage avec Constance d’Arles, avait épousé une autre dame dont il eut un fils, Amaury, auquel il donna Montfort qu’il avait fait construire. Ainsi s’expliquait la bravoure des descendants d’Amaury, tel Simon de Montfort, le chef de la croisade contre les Albigeois… Dans sa Chronique de Vitré, le même historien énonçait que « les seigneurs de Laval sont réputés descendre de Charlemagne, par sa propre sœur germaine ».

A l’époque moderne, le rattachement des familles nobles à un prince ou un roi devint encore plus courant. L’érudition venait à la rescousse : les lignées royales et princières étaient désormais mieux connues pour les périodes anciennes, cela facilitait beaucoup les

295 Eric Bournazel, « Mémoire et parenté », dans La France de l’an Mil, (dir.) Robert Delort, Paris, 1990, p. 114-

124.

rattachements, qui n’étaient pas forcément fabuleux mais argumentés historiquement. Ainsi, on offrit au cardinal de Richelieu (†1642) des preuves que :

« la très illustre maison du Plessis-Richelieu est issue par femmes de cinq roys de France, de 3 des enfants du roy Louys le Gros, 6 du nom, et des issues d’eux, de deux empereurs, de deux roiz d’Angleterre, d’un roy de Castille, d’un roy de Léon, d’un duc de Bretagne, d’un duc de Guyenne, d’un duc de Lorraine, et a sa descente commune avec le Roy très chrestien régant par cinq souches directes, et avec le duc de Mantoue régannt par deux souches aussy directes »297.

Plus sobre dans ses ambitions, un archiviste de la chambre des comptes du Dauphiné, vers 1770, écrivit un mémoire sur l’origine de la maison Guigues de Moreton pour montrer que cette famille était une branche cadette des Guigues, dauphins de la première dynastie. Il utilisait notamment des arguments héraldiques.

Dom Calmet, alors abbé de Senones, célèbre pour son histoire de la Lorraine, fut engagé par le marquis Florent-Claude du Châtelet († 1766), comte de Lomont, pour écrire une histoire de sa famille qui prétendait être une branche collatérale de la maison de Lorraine. Calmet y travailla de 1737 à 1740, se fondant, sans le signaler, sur les matériaux rassemblés par dom Malard. Le marquis de Châtelet s’occupa de faire luxueusement imprimer le résultat de son labeur, avec vingt-trois planches gravées, dix tableaux généalogiques et de nombreuses vignettes d’armoiries et de sceaux298. Les preuves montrant que Ferry du Châtelet était bien le

fils de Thierry d’Enfer, frère du duc de Lorraine Ferry II (†1213), n’étaient pas totalement péremptoires, mais le choix de l’auteur et de l’imprimeur (le même qui avait édité l’histoire de Lorraine) renforçait notablement la démonstration. Pour la faire connaître, une analyse détaillée en fut publiée dans le Journal des Sçavans de 1741 qui présentait l’ouvrage comme :

« une suite naturelle et une dépendance » de cette même histoire de Lorraine. « Ce n’est point, au reste, un simple dénombrement & une Table sèche & aride qui ne presente que des dates, des noms, des titres & des Armoiries : c’est une véritable Histoire remplie de recherches curieuses & importantes à plusieurs égards, sur-tout en ce qui regarde les partages des Seigneurs, leurs guerres particulières, & quelques autres usages du moyen âge qui ont encore besoin d’être éclaircis »299.

Dom Calmet fut chaleureusement remercié de son ouvrage. Dès avril 1738, Emilie le Tonnelier de Breteuil (1706-1749), marquise du Châtelet, célèbre femme de lettres et

297 Cf. Bibliothèque de l’Arsenal, manuscrit 4957, 15 feuillets.

298 Histoire généalogique de la maison Du Châtelet, branche puînée de la maison de Lorraine, justifiée par les

titres les plus authentiques, la plûpart tirés des Chartres du Thrésor de Lorraine, Tombeaux, Sceaux, Monnoyes & autres anciens Monumens publics, Nancy, veuve J.B. Cusson, 1741, in-folio.

maîtresse de Voltaire (qui peut-être participa à la rédaction de la préface), lui exprimait sa profonde reconnaissance :

« Je trouve la maison où j’ai eu l’honneur d’entrer bien heureuse d’avoir un nom comme le vôtre à la tête de son histoire, et une plume comme la vôtre pour l’écrire », « Je ne suis en peine que de savoir comment la maison fera pour vous en marquer sa reconnaissance. La mienne ne s’effacera jamais de mon cœur, et n’abandonnera jamais l’estime et la vénération que j’ai depuis toujours pour vous »300.

Calmet reçut en outre du marquis du Châtelet un tableau représentant la Cène et une belle pendule… De façon incidente, cet exemple montre qu’il ne faut pas opposer systématiquement esprit des Lumières et savoir généalogique.

A côté des ces rattachements authentiques, sinon plausibles, à une maison princière ou royale, il en existait d’autres inventés de toute pièce, et qui nous semble bien farfelus. La

Chronique de Grancey (alias la Roue de Fortune), une fausse chronique médiévale écrite dans

la première moitié du XVIe siècle, donnait à cette famille une prestigieuse cohorte d’ancêtres301. Leur origine était située au temps du héros épique Gérard de Roussillon. Issus

d’un comte de Langres, ils auraient eu des alliances avec les familles royales d’Angleterre et de Bohème et les Dauphins de Viennois. Il fallait aussi que les origines suivent la prolifération des titres de ducs, de marquis et de comtes.

L’invention était plus subtile pour les Bailleul302. En 1639, Nicolas Bailleul, membre

à la fois de la haute robe parisienne, comme président à mortier au Parlement et du monde de la cour, comme chancelier de la reine Anne d’Autriche, reçu des mains de Pierre d’Hozier une

Généalogie de l’illustre maison de Bailleul, manuscrit qui fut publié en 1647, dans le recueil

de Blanchard sur les parlementaires parisiens. Ce texte présentait les Bailleul comme les descendants de Gilles de Bailleul qui avait accompagné Guillaume de Normandie dans sa conquête du royaume d’Angleterre en 1066. Or, de ce Gilles seraient descendus des rois d’Ecosse connus sous le nom de Bailleul (attestés au XIIIe siècle) dont descendait donc la

famille robine. Mieux encore, un texte intitulé « Postérité Chrestienne de Bailleul » établissait une parenté avec Louis XIII en personne ! C’est, dans ce cas, une fausse origine puisque les Bailleul, famille normande, avaient été anoblis au XVIe siècle et surtout, les rois d’Ecosse

portant le nom de Bailleul étaient en fait issus d’une famille picarde qui n’avait rien à voir

300 Cité par Auguste Digot, Notice biographique et littéraire sur dom Augustin Calmet, abbé de Senones, Nancy,

1860, p.87.

301 Léopold Delisle, « Giraud de Hautgué et Jean de Vesvres prétendus auteurs de la Roue de Fortune », Histoire

littéraire de la France, tome 32, Paris, p.1898, p.264-270.

302 Christian Maurel, « Construction généalogique et développement de l’État moderne. La généalogie des

avec les Bailleul de Normandie. Mais cette attitude révèle la volonté, sans doute, de proclamer symboliquement la proximité réelle et voulue avec le monarque en établissant un cousinage fictif. Ce genre de prétention était assez commune, semble-t-il, dans la haute robe parisienne puisqu’à peu près au même moment, les Harlay, un peu plus modestement mais tout aussi faussement, affirmaient descendre des premiers barons féodaux d’Arlay, en Franche-Comté mais aussi de nobles anglais liés à la dynastie princière d’Orange. C’était aussi une manière de se placer au niveau de la vieille noblesse avec laquelle les alliances, mais aussi la concurrence, se développait en ce début de XVIIe siècle.

Le Guerrier

Le deuxième grand type de héros ancestral valorisait non la continuité mais la rupture : il s’agissait de l’homme nouveau, du guerrier ou de l’aventurier qui avait mérité par sa propre valeur sa place au sein de la société seigneuriale. Dès la fin du Xe siècle, le moine Richer de

Reims relatait en détail les exploits d’Ingon, ancêtre (imaginaire) des comtes de Blois. Simple palefrenier du roi Eudes (888-898), il s’était illustré dans une bataille comme porte-étendard contre les Normands, avait commis un sacrilège en tuant leur chef prisonnier alors que celui- ci était sur le point d’être baptisé. Le roi lui accorda néanmoins son pardon et le récompensa en lui donnant le château de Blois et la possibilité de se marier avec la veuve de l’ancien châtelain. Des historiens du XIIe siècle, Lambert de Saint-Omer puis André de Marchiennes,

proposèrent une version différente : ils firent de Gerlon, le fils d’Ingon, un Normand et le fondateur de la maison de Blois. Dans le même esprit, Orderic Vital croyait que l’ancêtre des seigneurs de Bellême était un valeureux arbalétrier qui avait servi le roi Louis d’Outremer (936-954).

Les hommes d’armes plus ou moins aventuriers furent toujours à la mode au prix de quelques adaptations. À l’âge seigneurial, le Normand Siffroy était l’ancêtre des comtes de Guines. En 1554, le poète Pierre de Ronsard écrivait dans Le Bocage que son ancêtre tirait « sa race / d’où le sacré Danube est voisin de la Thrace » (l’actuelle Bulgarie). « Et soudard vint servir Philippe de Valois / qui pour lors avait guerre encontre les Anglois. / Il s’employa si bien au service de France / Que le roi lui donna des biens à suffisance / Situés près du Loir […] ». Dans les faits, son plus lointain ancêtre attesté était un écuyer de la région de Vendôme mentionné en 1311.

De la même façon, Pithon-Curt rapporte dans son nobiliaire du Comtat Venaissin que la famille Andrée, de Mazan, prétendait qu’un de ses ancêtres s’était établi, au XIVe siècle,

dans le royaume de Naples où il avait suivi les comtes de Provence et s’était marié avec des familles nobles réputées. Un tel récit permettait d’expliquer l’absence de documents et le peu d’illustration de la famille jusqu’aux guerres de religions.

Au sujet des Baronnat, seigneurs de Poliénas, un inventaire de leurs archives écrit entre 1769-1774 relatait que deux frères Désiré et de Geoffroy de Baronnat, issus de la ville de Metz, participèrent à la première croisade aux cotés de Godefroy de Bouillon. Seul Geoffroy serait revenu et se serait fixé à Annonay. Dans les faits, les Baronnat étaient au XVe siècle de riches bourgeois lyonnais.

L’Etranger

La figure du noble étranger comme fondateur de la lignée était très utilisée car elle présentait le grand avantage de rendre difficile, sinon impossible, les vérifications. Depuis le début du XVIIe, les Forbin, qui descendaient en vérité d’un fourreur originaire de Langres et installé à Marseille dans les années 1390, se présentèrent comme issus d’un chevalier anglais. Des fausses pièces présentées lors des réformations de 1669 donnèrent une existence officielle à cet ancêtre imaginaire qui occultait ainsi la spectaculaire ascension sociale de cette famille au cours du XVe siècle303.

Au XVIIIe siècle, la famille Sallonnier du Nivernais se donnait comme ancêtre fondateur un natif de Salon en Provence qui était allé servir le comte de Nevers au début du XVe siècle. Celui-ci l’avait nommé capitaine de Moulins-Engilbert. Cette tradition cherchait à faire oublier qu’à l’origine de la fortune familiale se trouvait en fait Guillaume Sallonnier, qui faisait commerce du bois de flottage sous le règne de François Ier.

Le nom de la famille Damas (une corruption de Dalmas en fait) des Dombes fut à l’origine d’une « origine fabuleuse » que mentionne Samuel Guichenon, sans y croire. Un Soudan de Damas aurait été fait prisonnier par un comte de Bourgogne en 1186. Il aurait été conduit en France, baptisé et marié avec Jeanne de Bourgogne, dame de Marcilly.

Le Saint

Pour d’autres familles, l’ancêtre de référence était un saint. Selon Adémar de Chabannes († 1034), le comte de la marche d’Espagne, Aureolus, qu’il mentionne au début du IXe siècle, descendait du père de saint Cybard († 581), Felix Aureolus. Odon de Cluny

303 Christian Maurel, « Structures familiales et solidarités lignagères à Marseille au XVe siècle : autour de

(† 942), dans sa Vie de saint Géraud d’Aurillac († 909), rapporte que celui-ci était apparenté à saint Césaire d’Arles († 542) et saint Yrieix (Aredius) († 591). Une parenté si lointaine n’est pourtant pas à écarter. Plus tard, des familles furent fières de se rattacher à saint Géraud. Geoffroy de Breuil, prieur de Vigeois en 1177, signale que Guy, seigneur de Lastours en Limousin, au début du XIe siècle, avait épousé une certaine Engalcie, fille du seigneur de

Malemort et arrière-petite-fille d’une nièce de Géraud…

Vers 1270, la généalogie des ducs de Brabant était suivie d’une liste impressionnante de saints familiaux. Pierre le Baud rapportait en 1486 que les Rohan « scelon la renommée et aussi aucunes cronicques et légendes » descendaient « de Conan Meriadech, premier roy de Bretaigne ». Selon une variante qui circulait oralement et qui est attestée par une enquête de 1479, les Rohan descendaient du troisième fils du roi Conan, dont le fils aîné était saint Mériadec. Le culte de ce saint était particulièrement vivace dans les terres des Rohan. Dans le chœur de l’église paroissiale de Stival (Morbihan) se trouve une fresque murale datant des années 1480-1500 qui représente justement la vie de saint Mériadec. On y voit le saint prier son parent le vicomte de Rohan de débarrasser le pays des voleurs qui l’infestaient304.

Raoul, duc de Lorraine (mort en 1346 à la bataille de Crécy), considérait que sa famille descendait de saint Gengoult305 ; c’est ce qu’il affirmait quand il accorda sa

sauvegarde à la collégiale Saint-Gengoult de Toul. Cette tradition n’eut pas de postérité et à l’époque moderne c’est un saint Lothier, ermite, qui avait été récupéré par les panégyristes de la Maison de Lorraine. Son tombeau se trouvait dans une chapelle près d’Argentan (Saint- Lohier-des-Champs). Les gens du Moyen Age ne savaient rien sur ce saint. Au cours du XVIe et du XVIIe siècle, on combla facilement ce vide : on en fit un ancien duc de Mosellane, contemporain de Charlemagne, père de treize enfants, qui s’était retiré ensuite dans un ermitage. La Maison de Lorraine en descendait.

La Chronique de Grancey alla jusqu’à imaginer que saint François d’Assise était issu de la maison des comtes de Bourlemont. Un jour, alors qu’il demandait à Dieu de lui faire connaître la vie de ses ancêtres, une colombe lui apporta un livret qui contenait toute la généalogie des Bourlemont, lui révélant son origine !

Au XVIe siècle, ce sont les Montmorency qui construisirent un lien avec Denis, le

saint de la royauté, peut-être à partir d’une légende transmise oralement. Les Montmorency seraient issus de Lisbius, premier notable gaulois converti par saint Denis avant d’être

304 Michel Nassiet, Parenté, noblesse et Etats dynastiques, XVe – XVIe siècles, Paris, 2000, p.80-82.

305 Mathias Auclair, « Le preux et le saint. Garin le Lorrain et saint Gengoult, ancêtre des ducs de Lorraine »,

martyrisé. « Ainsi, Denis, converti par saint Paul aurait converti à son tour le premier des Montmorency »306. En 1525, Guillaume de Montmorency célèbre cette légende en se faisant

construire un tombeau qui présente les figures des douze apôtres et de cinq saints, dont saint Denis. Une manière de souligner sa proximité avec le roi pour cette dynastie au nom prestigieux mais, somme toute, à l’ascension récente. Au temps d’Anne de Montmorency, la légende semble en sommeil, mais elle ressurgit après sa mort, au moment des guerres de religion. François de Montmorency, le fils du connétable, est alors dans une position délicate, accusé notamment de tiédeur religieuse tandis qu’une partie de son lignage passe à la Réforme. Ce serait pour faire face à des calomnies mettant en doute sa foi catholique que François aurait à nouveau utilisé cette légende dans les années 1570, notamment par le biais d’une généalogie qui rappelait ce lien avec le saint et suggérait la qualité religieuse du sang des Montmorency qui ne pouvait faillir à son origine et demeurait à jamais fidèle à la vraie

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