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F ONCTIONNEMENT DU MARCHÉ COMPENSATOIRE À LONG TERME

PARTIE I : I NTRODUCTION

2- F ONCTIONNEMENT DU MARCHÉ COMPENSATOIRE À LONG TERME

Les pratiques courantes sur le marché actuel des copeaux s’articulent principalement autour d’ententes à long terme, c’est-à-dire d’ententes dont l’application s’étend sur une année ou plus.

Les contrats à long terme entre scieries et papetières répondent surtout à la nécessité pour les papetières de stabiliser leur approvisionnement. Un mécanisme de marché pour les copeaux de bois devra tenir compte de cette réalité.

Un contrat à long terme est une promesse faite par une scierie à une papetière de livrer une certaine quantité de copeaux à un certain prix et selon un échéancier donné. Comme nous l’avons mentionné plus haut, il est essentiel que les prix négociés figurent dans les contrats à long terme pour que ceux-ci puissent s’intégrer dans le processus d’optimisation des échanges du MPO.

Pour assurer un arrimage harmonieux entre le marché à long terme et le marché à moyen terme (MPO), certains ajustements aux pratiques commerciales actuelles seront nécessaires. Ces ajustements découlent de la poursuite des deux objectifs parfois concurrents que sont l’efficacité et la continuité. Si la continuité et la stabilité du marché commandent le maintien des ententes à long terme, l’efficacité du marché, elle, demande que certains assouplissements leur soient apportés.

Nous proposons que le marché à long terme soit régi par des contrats compensatoires. Sous un régime de contrats compensatoires, les ententes à long terme ne portent que sur des flux financiers, par opposition aux flux réels (les échanges réels, physiques, de copeaux). Un contrat compensatoire à long terme entre une scierie et une papetière aura la forme typique d’un prix garanti pour une quantité donnée de copeaux et devra donc spécifier un prix et une quantité garantis pour des périodes correspondant aux intervalles entre les séances du MPO. Par exemple, si le MPO s’ouvre à tous les mois, une quantité et un prix devront être négociés pour chaque mois.

Ce marché à long terme s’apparente aux marchés à terme existants. Sur un marché à terme comme celui de Chicago par exemple, on négocie des contrats à terme sur une quantité donnée d’un produit. Les agents qui échangent un produit sur le marché à terme n’ont généralement pas l’intention de procéder à la transaction « physique » que stipule leur contrat. Seuls les flux financiers les intéressent. Sur le marché des contrats compensatoires à long terme pour les copeaux dont il est question ici, comme sur tout autre marché à terme, les papetières et les scieries pourront se garantir contre une évolution du prix des copeaux qui leur serait défavorable, les échanges réels demeurant toutefois déterminés par le MPO.

Les contrats compensatoires pourront être négociés selon les pratiques commerciales usuelles ou, encore, la flexibilité du marché à long terme pourra être améliorée par l’instauration de négociations assistées par des outils électroniques semblables à ceux développés pour le MPO.

Un contrat compensatoire à long terme ne pourra porter que sur un seul type de copeaux (haute densité, basse densité ou pin gris). Il pourra être libellé soit en prix de vente à la scierie, soit en prix d’achat à la papetière, soit encore dans les deux prix à la fois.

Les flux réels, c’est-à-dire les échanges de copeaux, sont déterminés pour chaque mois (par hypothèse) à la clôture du MPO. Considérons, par exemple, le cas d’une scierie i et d’une papetière j, liées par un contrat compensatoire annuel, et supposons que, pour un CUT de 10 et un FAQ de 0, elles ont négocié au cours du premier mois de l’année 100 tma de copeaux à un prix de vente à la scierie (Pv) de 100 $/tma équivalant à un prix d’achat à la papetière (Pa) de 110 $/tma.

Les deux entreprises participent au MPO, qui détermine alors les flux réels. Lors d’une séance du MPO, les offres et les demandes de toutes les entreprises de l’industrie sont compilées et le marché est optimisé afin de déterminer les échanges bilatéraux qui auront lieu au cours du mois.

Au terme de la séance, la papetière obtient une certaine quantité de copeaux qu’elle devra payer un prix déterminé par le module d’optimisation et la scierie reçoit le mandat de livrer une certaine quantité de copeaux qui lui sera payée un montant donné.

Le mécanisme de compensation constitue donc une sorte de garantie, car quiconque obtient sur le MPO un prix désavantageux sera dédommagé par son partenaire. Exemple : si le prix de vente est de 95 $/tma, la scierie i obtiendra 500 $ de dédommagement, soit 5 $ pour chacune des 100 tma pré-négociée. À l’inverse, si le prix d’achat est de 115 $/tma, la papetière j obtiendra 5 $ de dédommagement pour chacune des 100 tma négociée. Ces dédommagements sont indépendants du fait que la scierie i livre ou non à la papetière j. Notons que le prix d’achat de la papetière j ne doit pas être de plus de 10 $ (le CUT entre i et j) supérieur au prix de vente obtenu par la scierie i, sans quoi la papetière j aurait alors intérêt à acheter ses copeaux de la scierie i et rétablirait l’écart à 10 $. Ainsi, la papetière n’aura à dédommager la scierie i que si elle obtient un prix d’achat inférieur aux 110 $/tma négociées. De même, la scierie i ne dédommagera la papetière j que si elle obtient un prix de vente supérieur aux 100 $/tma négociées.

Notons que peu importe la quantité effectivement échangée par l’un ou l’autre des contractants, le montant de la somme versée en compensation est calculé en fonction de la quantité négociée (la quantité qui apparaît dans le contrat). Notons également que seuls les contrats à long terme négociés sous la forme de contrats compensatoires, tel qu’établi ci-dessus, seront visés par le mécanisme de compensation du MPO. Les ententes à très long terme qui ne spécifient aucun prix ne sont tout simplement pas prises en considération par le MPO.

De manière plus générale, nous proposons les règles suivantes où Pij* est le prix négocié à la papetière et Qij* la quantité négociée.

1) Si Paj ≤ Pij* ≤ (Pvi)rij + tij + sij, c’est-à-dire si le prix négocié par contrat compensatoire est compris entre le prix d’achat à la papetière et le prix de vente à la scierie établis par le MPO, alors aucune compensation n’est versée4. Ici, une compensation n’est pas nécessaire puisque que chacun obtient un prix au moins aussi bon que celui négocié dans le contrat à long terme. Notons qu’il est possible d’avoir Paj < (Pvi)rij + tij + sij, si le MPO détermine qu’il n’est pas mutuellement avantageux pour i de livrer à j.

4 La formule mathématique (Pvi)rij + tij + sijcorrespond à la somme du prix de vente à la scierie (pondéré par le FAQ multiplicatif si défini), du CUT et du FAQ additif (si défini), établis entre la scierie i et la papetière j. Sur le sujet, voir l’annexe 2 : module d’optimisation.

2) Si Pij* ≤ Paj ≤ (Pvi)rij + tij + sij, c’est-à-dire si le prix négocié par contrat compensatoire s’avère inférieur aux prix d’achat à la papetière et de vente à la scierie déterminés par le MPO, alors une compensation égale à (Paj - Pij*) Qij* est versée par le vendeur à l’acheteur. Ici, l’acheteur doit être dédommagé parce que le prix du MPO excède le prix négocié. Le vendeur peut verser cette compensation parce que de son côté, il obtient un prix avantageux.

3) Si Pij* ≥ (Pvi)rij + tij + sij ≥ Paj, c’est-à-dire si le prix négocié par contrat compensatoire s’avère supérieur aux prix d’achat à la papetière et de vente à la scierie déterminés par le MPO, alors une compensation égale à (Pij* - ((Pvi)rij + tij + sij)) Qij* est versée par l’acheteur au vendeur. Ici, c’est le vendeur qui doit être dédommagé parce que le MPO lui octroie un prix inférieur au prix qui lui est garanti par le contrat. Comme la papetière obtient sur le MPO un prix inférieur au prix négocié, elle a les moyens de verser la compensation.

Notons que les règles de compensation susmentionnées garantissent à chacun au moins l’équivalent de ce qui a été négocié dans les contrats à long terme

Considérons, par exemple, le cas où un vendeur a négocié avec un acheteur un contrat à long terme qui lui garantit un prix de 100 $/tma pour 2000 tma. Supposons que la véritable courbe d’offre du vendeur (celle qui correspond aux véritables coûts par unité supplémentaire) est donnée par l’offre O1.

Figure 1

Dans cet exemple, la scierie accepterait de vendre 2100 tma au prix de 100 $/tma (point E).

Si la scierie soumet au MPO l’offre O2, elle s’assure le maintien du statu quo. En effet, que la demande de son interlocuteur passe par le point A (demande D1) ou par le point B (demande D2),

la quantité d’équilibre reste 2000 tma. Dans un cas, le prix est de 65 $, dans l’autre de 135 $, mais cela importe peu puisque les règles de compensation garantissent que le prix net pour la scierie restera de 100 $, tel que négocié.

La scierie pourrait faire mieux que l’offre O2, en soumettant, par exemple, sa véritable courbe d’offre. Si la demande de son interlocuteur passe par le point C (1500, 75), la scierie vendra moins de copeaux. Le prix net de ses 1500 tma de copeaux sera de 100 $/tma et de plus, la scierie obtiendra 25 $ (100 $-75 $) en dédommagement des 500 tma supplémentaires négociées, mais non vendues. Pour elle, cette situation est avantageuse puisque normalement, la scierie devait livrer 500 tma supplémentaires pour chacune desquelles elle n’obtenait que 75 $ de plus, ce qui est sous les coûts de production. Si la demande de l’acheteur passe par le point F, la scierie est aussi gagnante. Elle vend 2000 tma à 100 $ chacune, mais aussi 200 tma supplémentaires à 125 $, soit à un prix supérieur au coût de production.

Ainsi la règle de compensation et le mécanisme de renégociation du MPO offrent une procédure garantissant :

• à chaque agent au moins l’équivalent de ce qui est négocié dans le contrat à long terme;

• à tous les agents la possibilité, le cas échéant, de découvrir et d’exploiter les gains à l’échange non exploités.

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