• Aucun résultat trouvé

Généralement, il s’agit d’une méthode utilisée par les femmes âgées de plus de 35 ans, mères de famille, stables dans leurs couples, et pour lesquelles les autres méthodes contraceptives sont contre-indiquées.

1. Castration

Si les frontières entre contraception et stérilisation n’étaient pas toujours clairement établies, la stérilisation par castration semble cependant connue depuis longtemps. Les Lydiens et les Égyptiens effectuaient déjà des ovariectomies. Selon Athanaeus de Naucrates, Adramyttes, roi de Lydie, fut « le premier homme à avoir castré des femmes et à avoir utilisé des eunuques femelles à la place d’eunuque mâle » afin de pouvoir

110 éviter les conséquences de ses orgies(149). Les Égyptiens, quant à eux, pratiquaient l'ablation des ovaires pour que les femmes restent minces, semblables à des sylphides, plutôt que de devenir fortes à la suite de maternités. La réalité ou plutôt la fréquence de ces ovariectomies a cependant été discutée. Cette intervention relativement importante semble difficilement compatible avec les moyens médicaux de l'époque.

C’est en Australie que les anthropologistes ont découvert au XIXème siècle des

méthodes de castration féminine pratiquées chez des jeunes filles pour procurer aux hommes jeunes une espèce particulière de prostituées qui ne deviendraient jamais mères.

2. Interruption de la perméabilité tubaire

La stérilisation féminine consiste à occlure de manière définitive, irréversible et d’action immédiate les trompes de Fallope.

Il existe plusieurs voies possibles pour accéder aux trompes, deux par voie haute et une par voie basse :

- Par cœlioscopie : elle consiste à accéder à la cavité abdominale par de petites incisions, sans ouvrir l’abdomen. Elle se réalise aisément et laisse deux ou trois petites cicatrices.

- Par laparotomies : c’est-à-dire par voie abdominale suite à une autre intervention comme une césarienne. On profite de l’ouverture effectué lors de la césarienne pour accéder aux trompes.

- Par voie basse : ouverture du cul-de-sac de douglas par voie vaginale. Ensuite, plusieurs techniques sont utilisées(150) (figure 47) :

- La ligature ou section des trompes par la technique « de Pomeroy » est apparue dans les années 1930 et consiste à former une petite boucle sur la trompe pour en couper ensuite la partie supérieure.

- L’électrocoagulation, est une technique qui utilise un courant électrique pour coaguler ou cautériser une courte longueur de chaque trompe de Fallope. En coagulation unipolaire, un courant circule d'une pince appliquée sur les trompes vers une électrode située sous la cuisse de la patiente. Cette technique est rarement employée, car elle présente un risque élevé de lésion des organes. En coagulation bipolaire, le courant électrique pénètre dans le corps et en

111 ressort par les deux extrémités de la pince. La technique bipolaire est moins dangereuse, mais aussi légèrement moins efficace que la technique unipolaire. - Le pincement a pour but de bloquer l'alimentation sanguine d'une petite section des trompes. Les tissus cicatriciels ou fibreux empêchent ensuite la fécondation de se produire. Les deux types de clips les plus utilisés sont le clip Filshie en titane et le clip Wolf en plastique (aussi connu sous le nom de clip Hulka). On peut également utiliser des anneaux, le plus connu est l’anneau de Yoon qui est en silicone.

Figure 47 : Techniques de ligature

Ces techniques nécessitent une anesthésie générale et 1 à 2 jours d’hospitalisation. Une stérilisation définitive peut également être obtenue par salpingectomie bilatérale, correspondant à l’ablation totale des trompes utérines. Elle est réalisée en dernier recours lors d’une prédisposition génétique aux cancers gynécologiques (présence du gène BRCA1-2), d’infections incurables ou de tumeurs par exemple.

Il existait jusqu’en 2017 une technique d’occlusion tubaire progressive par insertion d’un micro-implant (Essure®) dans chaque trompe qui obstruait totalement les trompes

au bout de 3 mois. Cette technique est pour le moment suspendue dans l’Union Européenne en raison du nombre d’effets indésirables provoqués et d’allergie au composant. Le laboratoire fabricant BAYER à décider à la suite de cette décision de ne plus commercialiser Essure®.

Les contre-indications à la stérilisation féminine sont une grossesse, un post-partum si risque d’infection, une cardiopathie en cours, des saignements vaginaux

112 inexpliqués, un cancer du col de l’utérus, de l’endomètre ou de l’ovaire, des maladies inflammatoires pelviennes, des infections génitales ou généralisées, des hépatites virales et des pathologies respiratoires.

L’indice de Pearl de la stérilisation est de 0,5, il y a donc encore un risque de tomber enceinte selon l’HAS(151). En cas de remords, une reperméabilisation chirurgicale est possible, mais le résultat est d’efficacité incertaine. Il reste cependant la fécondation in vitro qui est une alternative possible. Enfin, il faut savoir que la stérilisation n’a pas d’effet sur l’équilibre hormonal, le désir ou le plaisir sexuel.

VIII. Rôle du Pharmacien

L’officine est un lieu facilement accessible pour toute personne, de par leur nombre, leur répartition territoriale et leurs horaires d’ouverture. C’est un lieu adapté pour répondre aux questions en matière de santé des patients, sans que ceux-ci n’aient à prendre de rendez-vous. C’est également le lieu où se déroule la très grande majorité de dispensation des moyens de contraception. Le pharmacien a donc son rôle à jouer en matière de contraception : rôle de dispensateur de conseils adéquats lors de demandes de contraceptifs sans ordonnance comme les préservatifs, les spermicides ou les méthodes naturelles et un rôle d’explication pour les contraceptions sur ordonnance, en particulier pour une première délivrance. De plus, de par la possibilité de délivrance sans ordonnance de la contraception d’urgence, le pharmacien se trouve en première ligne dans un problème de santé publique qui touche en particulier une clientèle jeune. S’il s’avère nécessaire, il doit être capable de réorienter une personne vers le corps médical.

La loi HPST précise que, pour les contraceptifs oraux dont la prescription date de moins d’un an et dont la validité de l’ordonnance est expirée, « le pharmacien peut dispenser les médicaments nécessaires à la poursuite du traitement s’il figure sur une liste fixée par arrêté du ministre chargé de la santé, après avis de l’ANSM pour une durée supplémentaire non-renouvelable de six mois ». La liste des médicaments contraceptifs oraux est parue au journal officiel du 1er juin 2010. « Depuis la loi HPST précitée, les infirmiers sont autorisés, quant à eux, à renouveler les prescriptions, datant de moins d’un an, de médicaments contraceptifs oraux, pour une durée maximale de six mois, non-renouvelable fermée »(152).

113 Le pharmacien doit également connaître tous les moyens de contraception. Bien que beaucoup moins utilisées de nos jours que les autres méthodes de contraception, les méthodes naturelles doivent par exemple être connues du pharmacien, car 3 à 4 % de la population française pratiquent encore l’abstinence périodique en déterminant leur période de fertilité grâce à ces méthodes. Nous pouvons également, à titre indicatif, énoncer les taux d’échecs de chacune des méthodes qui peuvent être par exemple faibles pour les préservatifs (moins de 3 % d’échec) mais assez élevées pour certaines méthodes naturelles (plus de 25 % d’échecs). Cette notion d’échec permet d’avertir le patient et de donner tous les conseils adéquats pour tendre vers une utilisation parfaite de la méthode de contraception choisie et ainsi éviter une grossesse non- programmée.

En cas de difficulté pour amorcer un dialogue lié à une gêne ou la timidité d’une personne, la distribution de brochures par le pharmacien peut être un moyen adapté pour transmettre des informations.

Documents relatifs