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5. Résultats

5.2. Extraction de données

Lors d’un traitement de physiothérapie, l’impact des douleurs fantômes influence fortement la prise en charge des patients amputés. En stage, nous avons pu observer que lorsque de telles souffrances sont ressenties, le quotidien du patient est aussi affecté. Ce facteur important interagit lorsqu’il faut soigner le moignon, mettre en place une prothèse et rééduquer le patient aux activités fonctionnelles de la vie quotidienne par exemple. Le traitement de la douleur et de la rééducation aux activités de la vie quotidienne font partie du cahier des charges du physiothérapeute. C’est pourquoi nous avons décidé d’approfondire nos recherches dans cette direction. Nous aborderons les autres facteurs qui entrent en jeu lors de douleurs fantômes lors de la discussion de notre travail.

5.2.1. L’intensité de la douleur De Roos C. et al (2010)

L’objectifs des auteurs est de tester les effets de l’EMDR sur les douleurs du membre fantômes. Ils ont mené une série d’études de cas de 2003 à 2007 sur dix patients (six hommes et quatre femmes, agés de 32 à 67ans) présentant des douleurs fantômes depuis au moins douze mois. L’étude s’est déroulée en Hollande dans deux hôpitaux différents. Tous les patients ont subi une amputation d’une partie ou du membre inférieur complet. Trois patients suite à un accident, deux patients après un cancer, deux autres après une erreur médicale et le dernier pour un CRPS (Complex Regional Pain Syndrom).

L’intensité de la douleur a été évaluée par la NRS, 3x /jour pendant 2 semaines à l’aide un journal quotidien de la douleur avant de débuter les thérapies d’EMDR selon le protocole standard de Shapiro. Le même exercice était demandé durant les semaines de thérapie ambulatoire (en moyenne 5,9 séances par patient). Afin d’évaluer l’intensité de la douleur à court et long terme, les patients devaient à nouveau remplir un journal quotidien de la douleur (2 semaines 3x/jour) après 3 mois et après 2,9 ans en moyenne. Un appel téléphonique était établi afin de prendre connaissances des résultats.

Tableau 4 : de Roos résultats

Sur les dix participants à l’étude, deux patients n’ont pas ressenti d’amélioration après le traitement par l’EMDR. Pour les huit autres, les résultats sont différents. Quatre d’entre-eux raportent une diminution de la douleur cliniquement significative et quatre assurent ne plus ressentir aucune douleur sur le long terme. (p.68)

Pour intérprêter statistiquement leurs résultats, les auteurs ont utilisé le SPSS 11.0 Windows. L’indice de référence est de P</= 0,02 ce qui fait preuve d’un bon niveau de pertinence des résultats. La moyenne de l’intensité de la douleur est relevée ainsi : Pré traitement 5.0 +/- 1.7, Post-traitement (3 mois) 2.8 +/- 2.6, Follow up 2.5 +/- 2.9.

Le sujet de l’étude est explicitement révélé. Ils décrivent le raisonnement qui les a menés à faire cette recherche, mais n’abordent pas les autres solutions de traitements existantes. Pour une étude de séries de cas, les auteurs se sont appliqués à trouver un maximum de patients. Un panel d’hommes et de femmes ayant un âge différent permet d’obtenir une vision des effets de l’EMDR plus large. En revanche tous souffraient d’une amputation au niveau du membre inférieur ce qui limite l’étendue des résultats. Certains biais éventuels ne sont pas abordés, notamment le manque de précision sur les évaluateurs des différents hôpitaux et sur la répartition de patients. Les deux docteurs, également auteurs de l’étude (C. de Roos et AC. Veenstra) assurent ne pas avoir de conflit d’intérêt. Les étapes d’évaluation de l’intensité de la douleur sont bien expliquées. Mais ils ne précisent pas pourquoi la

NRS a été privilégiée. Le protocole de l’intervention est détaillé ce qui permet une bonne reproductibilité de traitement.

Russel MC. (2008)

Le but de l’études et d’observer les effets de l’EMDR sur les douleurs fantômes et sur le stress post traumatique. C’est une étude de cas de trois semaines menée par un psychiatre dans un hôpital militaire américain sur un homme de 22 ans amputé au niveau de la jambe après un accident de moto. Au total, cinq sessions d’EMDR ont été faites sous forme ambulatoire, en respectant le protocole de Shapiro. L’évaluation de la douleur était relevée lors des rendez-vous (état des lieux et post-séance) par le psychiatre à l’aide de la NRS. Le suivi à long terme s’est fait par téléphone car le patient n’était plus astreint au service militaire.

Tableau 5 : Russel résultats

Le tableau ci-dessus résume la perception de la douleur du soldat durant 4 semaines. On y distingue une nette diminution et même une disparition complète des douleurs. L’auteur ne relate pas de résultat à plus long terme. Le fil rouge de l’étude est expliqué de manière concise. Il justifie son travail par le fait que beaucoup d’études sont faites sur le stress post-traumatique des vétérans de guerre mais que souvent ces douleurs persistent malgré tout. Il soulève l’hypothèse que le traitement d’EMDR permettrait de diminuer de telles douleurs.

L’auteur ne précise pas pourquoi il ne s’est penché que sur un cas. Il ne fournit pas non plus d’informations quant aux raisons d’un « follow up » si court si ce n’est l’arrêt militiaire de son patient. Les rapports d’évaluations de chaque intervention sont détaillés dans son étude. Nous aurions apprécié que l’auteur aborde le problème d’un éventuel conflit d’intérêt, puisqu’il est à la fois l’auteur et le chercheur de cette étude.

Cette étude de série de cas s’est déroulée avec cinq patients (2 ambulatoires et 3 hospitalisés) souffrant de douleurs fantômes (chronicité de 3 à 16 ans) avec comme objectif de présenter quels effets l’EMDR a sur eux. Les patients sont âgés de 38 à 67 ans, ils ont subi une amputation d’un membre (trois segements jambiers et un avant-bras) pour différentes raisons (2 accidents de travail, 2 accidents de la route et 1 cancer). Ils ont participé aux traitements de cette thérapie selon le protocole de Shapiro (de trois à quinze sessions). Les psychiatres ont évalué la douleur des patients à l’aide de la « Face scale ».

Tableau 6 : Schneider résultats

Les auteurs résument (p. 77) les résultats obtenus. Trois patients resentent une réduction de la douleurs à long terme. Parmi ceux-ci, deux patients (n°3 et 4) n’ont pas pu achever l’étude. Les deux patients restant jouissent d’une absence complète de douleurs lors du suivi final.

La moyenne de l’intensité de la douleur : Pré traitement 9.5/10, Post traitement 2.8/10, Follow up 2.8/10.

Les chercheurs ne donnent pas de justification littéraire ou clinique à leur étude. Il ne précise à aucun moment le sexe des participants. L’intensité de la douleur a été évaluée avec la « Face Scale » mais sans avancer les raisons. Si un tableau résume les résultats obtenus, le manque d’informations concernant la prise en charge des patients (répartition, anamnèse, déroulement du traitement) est un peu dérangeant. Le lieu de l’étude ne figure pas dans l’article. Il faut relever un suivi de douleurs très claires sur court et moyen termes ainsi qu’un suivi sur long terme pertinent (2.8 ans en moyenne).

Wilensky M. (2006)

Cinq patients (de 25 à 66 ans) ont accepté de participer à cette étude pour illustrer les effets de l’EMDR sur les douleurs fantômes. Les amputations ont eu lieu une semaine à trois ans avant le début de la recherche (3 membres inférieurs et 2 membre supérieurs). Trois après un accident de la route, un

suite à un cancer et un pour cause de diabète. L’auteur a évalué la douleur de chaque participant à l’aide de l’EVA/NRS avant le début de la prise en charge et lorsque celle-ci s’est terminée. Le déroulement du traitement s’est fait selon le protocole d’EMDR de Shapiro.

Tableau 7 : Wilensky Résultats

L’auteur nous affirme que tous les participants ont profité d’une réduction ou d’une disparition de la douleur après les séances d’EMDR. Un patient s’est retiré de l’étude (n°5) lorsque ses douleurs ont diminué de moitié. Il a continué les thérapies avec un autre professionnel et a recontacté l’auteur par écrit afin de lui transmettre les résultats.

La moyenne de l’intensité de la douleurs : Pré traitement 7,8/10 Post-traitement 1.2/10 Follow up 0.5/10

L’auteur n’est pas limpide sur le choix de ses outils d’évaluation (EVA ou NRS). Il manque aussi de précision sur les raisons de l’absence d’un suivi à long terme des trois premiers patients.

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