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PARTIE : PLACE DES BIOTHÉRAPIES DANS LA RCH, ETUDE AU CHU TIMONE DE 2010 À

II- 3-EXPRESSION DE LA MALADIE

1) Aspects cliniques

Comme nous avons pu le définir précédemment, la RCH touche exclusivement le rectum et le côlon. Elle débute d’abord toujours par le rectum puis remonte progressivement le long du côlon, elle s’étend au côlon gauche puis au côlon transverse jusqu’à même atteindre le caecum.

C’est lors de l’examen endoscopique que l’on peut apprécier la gravité et la localisation des lésions. Le rectum est pratiquement toujours atteint, le côlon gauche dans 2/3 des cas et le côlon droit dans un tiers à la moitié des cas. Toutefois, l’étendue de ces lésions existe parfois d’emblée et elle évolue tout au long des poussées. Ainsi, on définit plusieurs atteintes :

§ La rectite touchant exclusivement le rectum

§ La recto-sigmoïdite touchant à la fois le rectum et le côlon sigmoïde § La recto-colite gauche touchant le rectum, le côlon sigmoïde et le côlon

gauche

§ La pancolite : sans intervalle de muqueuse saine, elle touche la totalité du côlon.

Figure 47 : Localisations et terminologies des atteintes digestives de la RCH.

(Source : hépatoweb.fr)

Figure 48 : Répartitions des patients selon le type de RCH et les portions du côlon atteintes

Dans notre étude, nous nous sommes intéressés à la répartition des localisations des atteintes digestives de nos 30 patients. On observe que 53 % des patients ont une atteinte pancolique c’est-à-dire que la totalité du côlon est touchée, ce qui est cohérent avec le fait que les patients admis au CHU sont des patients dont l’atteinte est grave nécessitant un traitement par anti- TNFa. 13% d’entre eux ont une atteinte recto-colite gauche et enfin 17% ont une atteinte localisée recto-sigmoïdienne.

Dans la population générale, dans près d'1/3 des cas la maladie débute avec des lésions limitées uniquement sur le rectum, 1/3 des malades vont avoir une atteinte d'emblée maximale sur tout le côlon (pancolite). Après 20 ans d'évolution, cette atteinte pancolique est retrouvée chez 50% des malades (135).

2) Localisations (manifestations digestives et extra-digestives)

D’une manière générale, les signes cardinaux de la RCH sont des diarrhées, des rectorragies, des émissions glaireuses et des douleurs abdominales. Dans notre étude, ces signes sont retrouvés chez la quasi-totalité de nos patients avec 100% des patients présentant des diarrhées, 82% d’émissions glairo-sanglantes, 61% de douleurs abdominales et 64% de rectorragies

67% de nos patients présentent des signes généraux, à savoir une asthénie, une fièvre et un amaigrissement associé en plus à une déshydratation (souvent expliquée par des diarrhées incessantes).

Par ailleurs, en ce qui concerne les manifestations extra-digestives, dans la population générale, 25 à 30 % des patients atteints de MICI souffrent de manifestations ostéo- articulaires. Elles touchent aussi bien les genoux, les chevilles, les poignets, les coudes que les articulations métacarpo-phalangiennes. L’atteinte peut également être sacro-iliaque, elle se traduit par des douleurs lombaires basses associées à une raideur matinale qui s’améliore au fil de la journée.

Dans notre étude, on constate, que 50 % des patients souffrent de douleurs articulaires, 13 % de troubles hépatobiliaires contre 5% dans la population générale où on retrouve en tête de liste la cholangite scélorante primitive, puis les lithiases biliaires. De plus, on constate que 3% des patients de notre étude souffrent de troubles cutanéomuqueux (prurit, aphtoses…) contre 15 % dans la population générale. Enfin, 7 % présentent une atteinte oculaire contre 4 à 10% dans la population générale, il s’agit souvent d’une uvéite ou d’une conjonctivite (136) (137).

Figure 49 : Répartition des patients selon les aspects cliniques de la RCH

3) Comorbidités associées et dys-immunité

Dans cette étude, nous nous sommes intéressés aux autres pathologies dont pouvaient être atteints les patients, afin d’établir si un éventuel terrain dys-immunitaire pouvait entrer en jeu dans la RCH. On sait qu’au cours des périodes de poussées, il survient une réponse immunitaire anormale vis-à-vis de la flore intestinale, déclenchée ou amplifiée par des facteurs environnementaux, un terrain dys-immunitaire entrerait donc en compte.

On constate, que 43 % des patients inclus dans l’étude présentent une RCH associée à une spondylarthrite ankylosante. Elle se manifeste par une atteinte articulaire périphérique ou une atteinte axiale. Leur fréquence est diversement appréciée. Celle de l’atteinte périphérique est chiffrée entre 11 et 20% alors que celle de l’atteinte axiale est autour des 6%. La pathogénie des manifestations articulaires est mal connue. « L’avantage » pour ces patients est que la biothérapie traite à la fois la RCH et la spondylarthrite (138) (139) (140).

23 % d’entre eux présentent un terrain atopique c’est à dire qu’ils ont une allergie quelle qu’elle soit, pour certains plusieurs allergies et dont les manifestations sont conséquentes et nécessitent une prise en charge médicamenteuse : asthme allergique, eczéma, nombreuses allergies alimentaires…

10 % d’entre eux présentent une maladie auto-immune à savoir un diabète de type 1, une thyroïdite auto-immune, une hépatite auto-immune ou encore une polyarthrite rhumatoïde.

En somme, on constate que les pathologies associées à la RCH sont en majorité des pathologies du système immunitaires (allergies, maladie auto-immune et spondylarthrite, en hachuré sur le graphique).

De plus, 20 % d’entre eux présentent une MC mais on peut se demander s'il ne s'agit pas d'une erreur de diagnostic au départ sachant qu’il n’est pas possible de présenter à la fois une MC et une RCH. Il serait donc probable que ces patients aient été d’abord diagnostiqués comme souffrant d’une MC et que cela ait ensuite été revu secondairement, sur l'évolution des symptômes, ou de nouvelles biopsies, chez le patient, permettant d’affirmer le diagnostic de RCH.

Enfin 10% d’entre eux souffrent de pathologies psychiatriques, se traduisant parfois par des crises d’angoisses exacerbées, jouant un rôle fondamental dans la survenue des poussées de RCH. Ces pathologies psychiatriques n’ont pas un caractère dys-immunitaires, elles sont juste très souvent associées aux MICI.

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