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Explorer – Héritage et imaginaire de l’Empire

123 Voir chapitre 5, III, 1.

124 Titre d’un podcast militant LGBT+, en référence bien sûr au « curiouser and curiouser » d’Alice chez Lewis

Carroll. Le terme « queer », à l’origine un synonyme pour « étrange », « peu commun », « bizarre », est utilisé comme une insulte homophobe au cours du XIXe et du XXe siècle. Le terme est réapproprié par la communauté LGBT+ dans les années 1980 comme un badge d’honneur et regroupe les différentes orientations qui se détachent du modèle cisgenre et/ou hétéronormatif. Il peut s’employer en français et véhicule tout un bagage théorique de réécriture de la norme, comme le montre Georges Letissier dans son chapitre sur les familles queer : « As for ‘queering’, it is a fluid concept challenging classification, just as Waters’s neo-Victorian fictions defy attempts to categorise them […]. Ethno-methodogical and feminist scholarships have applied the notion of ‘queering’ to debunk the myth of the nuclear family […]. Thus the queer family reconfigures the traditional family by positing that domesticity is not a ‘given’, but instead produced through discourse or repetitive performance » (Letissier, Georges. « More Than Kith and Less Than Kin: Queering the Family in Sarah Waters’s Neo-Victorian Fictions ». Kohlke, Marie-Luise and Christian Gutleben (eds.). Neo-Victorian Families: Gender, Sexual and Cultural Politics. Amsterdam: Rodopi, 2011. p.365-366).

125 Gutleben, Nostalgic Postmodernism, op.cit., p.11-12 ; italiques originales. 126 Ibid., p.167-168.

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participatif lancées par le magazine Lightspeed dans les dernières années, qui a permis de mettre en avant des fictions et essais théoriques avec des personnages/auteurs racisés et/ou LGBTQ+, prouve aussi que ces approches sont loin d’être la norme. Au XXIe siècle, le protagoniste par

défaut d’un roman/film de SF ou de fantasy est encore un homme blanc, éduqué, cisgenre et hétérosexuel. En littérature de genre, donner la parole aux marges reste un acte subversif et inversement, étouffer les voix minoritaires relève d’un positionnement néo-conservateur. Nous reviendrons sur la place des personnages de couleur et des personnages issus des classes travailleuses dans des chapitres ultérieurs et a priori, aucun personnage handicapé n’apparaît dans le corpus. En revanche, les personnages homosexuels, quoique minoritaires, sont bel et bien présents, tout comme les images de la prostitution. Nous incluons les homosexuels et les filles de joie dans une même analyse dans la mesure où ils représentent des facettes de la sexualité marginal(isé)es à la fois absentes du canon littéraire et largement exploitées dans le roman néo-victorien. Qui plus est, la sexualité non-hétéronormée ou pratiquée en dehors des liens du mariage est justement à l’exact opposé des valeurs « victoriennes » revendiquées par Thatcher. Quelle place y a-t-il pour les sexualités des marges au sein de la fantasy néo- victorienne et quels rapports de pouvoir leurs représentations mettent-elles au jour ?

1) La lesbienne anachronique : écrire une histoire hors-normes

Beaucoup de phrases, pensées et actions apocryphes ont été attribuées à Victoria, comme par exemple l’idée qu’elle aurait refusé de signer la loi contre l’homosexualité de 1885 jusqu’à ce que les femmes en soient exclues, parce qu’elle ne croyait tout simplement pas à l’existence du lesbianisme.127 En réalité, l’anecdote a probablement été inventée dans les années 1970. En revanche, il est vrai que l’homosexualité, en particulier féminine, est souvent effacée de notre vision du XIXe siècle par le biais du canon littéraire et les romans militants de Sarah Waters, en

se concentrant sur le désir homosexuel féminin, visent à rectifier ce tort au sein de la sphère néo-victorienne mimétique.128 Plusieurs auteurs emblématiques instrumentalisent au contraire le lesbianisme en en faisant un passage obligé, un jeu et non une identité sexuelle légitime :

127 « One of my professors once told me that the last official act of the British monarchy was when Queen Victoria

refused to sign a law that made same-sex acts illegal. It would have made me think more highly of her, except the reason she objected was because she didn’t believe women would do anything like that. Parliament rewrote the law so it was specific to men, and she signed it. A tribute to enlightenment, Queen Victoria was not » (Briggs, Patricia. Moon Called. New York: Ace Books, 2006. loc.2070).

128 « Simon Joyce asserts something similar, describing Waters’ writing as “insisting on a continuum of same-sex

desire” through history » (Joyce, Simon, cité dans Kohlke, Marie-Luise and Gutleben, Christian. « Introducing Neo-Victorian Family Matters ». Kohlke and Gutleben (eds.), Neo-Victorian Families, op.cit., p.16).

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Just as readers of The French Lieutenant’s Woman are chastised for inappropriate and anachronistic suspicions about Sarah only to be reminded of them later on, so too Byatt allows but refuses to dwell on the possibility that Christabel and Blanche’s relationship is sexual. Jenkyn’s judgement “that is as it should be” is true to Possession’sprevailing temper and tone. As Judith Buxton points out, “Possessionis hardly a subversive text; indeed its ideology is a heterosexual, humanist one” […] [L]esbianism is not simply left out of this text, but is raised as a possibility to be explicitly rejected.129

L’ironie postmoderne de Fowles rend plus difficile de juger les allusions à la sexualité de Sarah mais la conclusion hétéronormée de Possession, où les trois féministes qui ont eu des aventures lesbiennes sont en couple avec des hommes, est une bonne illustration de néo-conservatisme.130 Dans notre corpus, deux auteures semblent cataloguer l’homosexualité au XIXe siècle comme

un anachronisme par son élision pure et simple : Cassandra Clare et Mercedes Lackey. Après avoir montré une variation non-hétéronormée sur le triangle amoureux dans la série située au

XXIe siècle, Clare retombe dans les clichés dans sa trilogie prequel.131 Le pays éponyme de la

saga Valdemar est fondé sur la tolérance de toutes les religions et tous les modes de vies, dont la sexualité, et la présence de couples homosexuels parmi les personnages primaires et secondaires est suffisamment inhabituelle en fantasy pour que Lackey soit justement connue comme une auteure « gay-friendly ».132 En revanche, dans Elemental Mages, tous les personnages sont rigoureusement cisgenres et hétérosexuels. Là où l’absence de personnages homosexuels chez Wrede et Stevermer ou Kowal est simplement une absence, chez Lackey, cela ressemble à un effacement, comme si le patron du conte, qui renvoie à un passé indéterminé, servait de prétexte pour rester dans l’hétéronormativité. C’est donc l’exact opposé de la « transposition rétrospective » des débats actuels sur le mariage et la filiation que permet le dispositif de réécriture néo-victorienne :

129 Fletcher, Lisa. « Historical Romance, Gender et Heterosexuality: John Fowles’s The French Lieutenant’s

Woman and A.S. Byatt’s Possession » in Journal of Interdisciplinary Gender Studies 7:1 & 2 (November 2003).

p.37-38. < https://core.ac.uk/download/files/455/12176501.pdf>. Consulté le 02/07/2016.

130 « With Roland’s last line, “I’ll take care of you, Maud” […] he assumes the typical male role of protector within

their conventional coupledom, while Maud gives us up her homosexual flirtations, apparently finding her destined fulfilment in a traditional heterosexual relationship. Still more surprisingly, Leonora Stern, the confirmed lesbian, and James Blackadder, the confirmed bachelor, relinquish their nonconformity and likewise join the ranks of heteronormative couples. The failure of non-orthodox sexual experiences and the narrative resolution through heterosexual romance betray the novel’s conservative structure and its apparent advocacy of the traditional family unit » (Kohlke and Gutleben, « Introducing Neo-Victorian Family Matters », op.cit., p.9).

131 Dans The Mortal Instruments, la série originale mettant en scène des Chasseurs de Démons, Alec Lightwood

est secrètement amoureux de son parabatai (frère d’armes) Jace Morgenstern – sentiments non réciproques et rigoureusement interdits par les règles. La présence d’un personnage homosexuel secondaire est suffisamment inhabituelle en littérature fantasy pour adolescents pour être remarqué. Dans The Infernal Devices, les parabatai Jem et Will ont un lien très fort mais entièrement platonique, puisqu’ils se disputent l’amour de Tessa.

132 Carolyn. « Top Ten Fantay Novels That Have Gay People in Them ». Autostraddle. 16 September 2011.

<http://www.autostraddle.com/top-ten-fantasy-novels-that-happen-to-have-gay-people-in-them-authors- 110616/>. Consulté le 02/07/2016.

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[T]he Victorian setting seems intended to grant such elective families historical precedent, and hence implicit sanction, even before their full legal and socio-cultural acceptance. Fictional representations in this case assert the ‘naturalness’ and ‘rightness’ of such alternative family configurations across and through time, thereby supporting the non-normative equal rights agenda and underlining the neo-Victorian’s ethical as well as political import. To become possible something must first be imagined to be possible, and literature provides one of the avenues for such an imagining-into-existence and re-alignment in the social consensus.133

Dans notre corpus, la fantasy, qui semble répondre parfaitement à ce principe (« imagining-into-existence »), elle qui fait exister dragons et royaumes par l’imagination, apparaît pourtant largement limitée dans son imaginaire du genre et de la sexualité. En tant que l’un des trois focalisateurs de The Lockwell Sisters, Eldyn Garritt est un personnage complexe et nuancé : la découverte de sa sexualité et de son amour pour Dercy sont explorées autant en profondeur que ses ambitions spirituelles et professionnelles. Avec Miéville, Beckett est d’ailleurs le seul auteur du corpus à avoir un protagoniste homosexuel et Cutter n’apparaît que dans le troisième tome. L’homosexualité est traitée comme une profession et une contre- culture : bien que tous les homosexuels ne soient pas des illusionnistes, tous les illusionnistes sont homosexuels. Le monde du théâtre, où tous les rôles sont joués par des hommes, comme à la période élisabéthaine, amène à redéfinir la masculinité. Dans le troisième tome, Ivy et Eldyn découvrent que tous les illusionnistes sont des fils de sorcières et que la maladie qui découle d’un usage trop poussé de leur magie peut être soignée par la proximité avec le Wyrdwood. D’après les règles de ce monde, l’homosexualité est donc naturelle et non contre-nature comme l’affirme leur Église, et ce n’est pas un choix mais une nécessité biologique : pour empêcher les magiciens de se réincarner indéfiniment dans leur descendance, le corps des sorcières a évolué pour avorter tout fœtus qui pourrait être ou engendrer un magicien. Seuls les filles et les homosexuels peuvent être portés à terme. On retrouve ici un essentialisme typique de la fantasy qui, quoiqu’ostensiblement positif dans ce cas précis, est problématique. Il n’y a a priori pas de marge de manœuvre pour la bisexualité et l’homosexualité féminine est tout simplement éludée – à nouveau, c’est parce que l’auteur a su représenter une sexualité non-hétéronormée par ailleurs que cette absence du lesbianisme ressemble à un effacement. La représentation de l’identité (sexuelle) dans toutes ses nuances est importante, même en fantasy, surtout en fantasy, et l’incapacité de Beckett à penser en dehors des catégories binaires dessert son propos qui, s’il n’est pas volontairement homophobe, est problématique. En revanche, l’absence d’homosexualité masculine n’est pas un problème chez Libba Bray parce que la narration est construite autour d’un groupe de filles ; lorsque Felicity révèle enfin ses sentiments pour Pippa,

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la réaction de Gemma134 s’inscrit dans une solidarité féminine avec « le continuum historique

de désir homosexuel », comme le dit Joyce : l’image des deux filles se tenant la main est militante, surtout en YA.

2) Les lois anti-sodomie et le placard surnaturel

Si plusieurs œuvres passent simplement l’homosexualité sous silence, quelques auteurs la « normalisent » en aparté par l’intermédiaire d’un couple stable de personnages mineurs : Joffy Next et Miles (Fforde), Tsukiko et Hinata (Morgenstern) et même Miss Pickings et sa compagne anonyme (Pratchett).135 À chaque fois, le cadre spatio-temporel est suffisamment

détaché du XIXe siècle pour présupposer une norme sociale différente, où l’homosexualité ne

fait pas de vagues ; un parti pris qui est déjà progressiste dans les littératures de l’imaginaire. Chez Locke, les fiançailles d’Avery Vardan avec Emma Stanfield sont saluées avec joie par les deux familles : le mariage homosexuel est apparemment un des éléments de la modernité auxquels la reine Victoria a dû céder, malgré son attachement aux traditions. Cette Angleterre uchronique n’est cependant pas aussi progressiste en matière de genre : la drag queen flamboyante Penny Dreadful, née Takeshi, qui est une amie proche de Xandra, a été déshéritée par son père à cause de son mode de vie.136

Penny, qui se définit comme gender fluid,137 est le seul personnage non-cisgenre du corpus,138 mais Miéville utilise le concept de l’inversion sexuelle,139 élaboré par des sexologues au XIXe siècle, pour désigner l’homosexualité. Cutter est un « invers », crime passible de

Recréation sous le régime totalitaire de la Nouvelle-Crobuzon, et doit se méfier de la milice quand il cherche de la compagnie :

134 « “I can see it in your eyes, Gemma. Go on—say it. I’m a degenerate, then. My affections are unnatural. […]

[N]ow you know, and you despise me.”/ Do I? No. What I feel is confused. I have questions I do not yet know how to ask: Has she always been this way? Does she feel this same affection for me? I have undressed before her. She has seen me. And I have seen her, have noted her beauty. Do I harbor these secret feelings for Felicity? Am I just as she is? How would I know if I were? […] I lie down beside her. She takes my fingers in her moist palm. She holds and I do no break away, and that is something after all. We lie there, tethered to each other by the fragile promise of our fingers while the night grows bolder » (Bray, The Sweet Far Thing, op.cit., p.667-668).

135 Pratchett, Snuff, op.cit. p.154.

136 « [E]ven in those enlightened day, there were those who didn’t take well to girls trapped in boys’ bodies, or

vice versa » (Locke, Kate. The Queen is Dead. London: Hachette Digital, 2013. p.51).

137 « I like me as I am. I can be a girl or a boy – the best of both worlds » (Ibid., p.82).

138 Francis, protagoniste de « La Reine d’Enfer » de Kathe Koja dans Queen Victoria’s Books of Spells, s’épanouit

dans son rôle féminin sur les planches mais ne désire à aucun moment devenir une fille et finit par rejeter complètement le surnom que lui a attribué son proxénète, « Pearlie ». À cause de la Recréation, la trilogie de Miéville comprend plusieurs personnages physiquement transgenres, mais jamais par choix.

139 Un homosexuel était considéré comme une femme dans un corps d’homme, la sexualité n’étant alors pas

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Those he chose could never be too handsome: who knew if there were militiamen on honey- trap duty offering a stint for Gross Depravity to any who approached them, or if their squad outside might indulge in an ad hoc punishment of beating and rape.140

Au détour d’une phrase et avec un peu de didactisme honteux (« who knew if… »), Miéville fait transparaître une période sombre dans l’histoire de l’homosexualité : « Gross Depravity » fait directement référence à la section 11 de la loi de 1885, dite « Labouchere Amendment », qui condamne les contacts sexuels sans pénétration entre hommes, désignés comme « gross indecency ».141 Dans le scénario hypothétique construit par Cutter, tout bel homme est un appât potentiel, « honey-trap duty », terme parfois employé pour désigner un scénario de séduction visant à faire chanter la victime avec des preuves. La réalité sordide du chantage et l’extrême violence imaginée par Miéville, qui va jusqu’au viol punitif, construisent un humour noir très grinçant, renforcé par l’insertion incongrue de la locution latine légale « ad hoc » au sein de l’antithèse entre le verbe « to indulge » et le complément « a punishment of beating and rape ». L’horreur n’est que renforcée par la conscience que la scène décrite peut encore se passer de nos jours en Occident ou ailleurs, et souvent avec l’appui de la loi. Ce climat dangereux se traduit, chez Cutter, en homophobie internalisée.142 Étrangement, alors que la menace de la

milice chez Miéville et les meurtres d’illusionistes commis en secret par l’Église chez Beckett mettent en fiction une réalité historique sociétale et légale, l’éxécution sommaire des clients de maisons closes par empalement dans Anno Dracula est attribuée uniquement aux « préjugés étranges » homophobes du Comte.143 Victoria, qui est autant la victime de Dracula que le reste de ses sujets, se voit ainsi curieusement absoute de responsabilité pour les lois anti-sodomie de son règne, ici mises sur le compte d’une phallocratie agressive et extrême.

À l’inverse, Gail Carriger place dans une position de pouvoir Lord Akeldama, figure solaire qui évoque Wilde dans sa tendance à traiter la mode comme une affaire d’État et toutes les affaires d’État comme son terrain de jeu. Le vampire, allié de trois générations d’héroïnes à forte tête, cache un esprit acéré sous sa personnalité flamboyante. Entouré d’une nuée de jeunes

140 Miéville, China. The Iron Council. London: Pan Books, 2011. p.139-140.

141 À cette époque, la sodomie est un crime à part, qui n’est plus passible de mort depuis l’abolition, en 1861, du

Buggery Act de 1533, mais qui condamne à l’emprisonnement à perpétuité.

142« Cutter despised the dollyboys in their petticoats and painted faces, the aesthete inverts draped in flowers in

the Salacus Fields nights. He would scowl and walk the canal-sides of Sangwine past the she-men whores to whom he did not speak » (Ibid., p.139).

143 « Vardalek shrugged, endeavouring to retain his dignity. Kostaki had known the vampire since the 1600s […].

Vardalek’s preference for boys did not strike him as anything to fuss about, but Prince Dracula had strange prejudices » (Newman, Kim. Anno Dracula. London: Titan Books, 2015. p.126).

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et beaux drones qui ne s’intéressent pas aux femmes, il mène sa propre ruche.144 Au sein du

corpus, Gail Carriger a de loin le plus grand nombre de personnages queer et même si elle flirte avec les stéréotypes et confond souvent genre et sexualité,145 la variété d’orientations sexuelles

(homosexuels, bisexuels, pansexuels) et le traitement nuancé des relations amoureuses146 est considérable pour de la fantasy. Sa société victorienne semble ouverte d’esprit en matière de sexualité non-hétéronormée mais comme cette version uchronique du XIXe ne s’éloigne pas de son modèle au point de parler ouvertement de sexualité, cette tolérance n’est ni explicite, ni explicitée. Tous les personnages queer étant surnaturels et/ou étrangers,147 ils évoluent même au-delà des marges de la société. Les vampires et loups-garous sont des espèces à part, organisées dans leurs propres microcosmes, qui se reproduisent par métamorphose : leur sexualité est réellement une affaire privée, qui ne regarde ni la loi, ni la couronne.

Dans l’Histoire réécrite par Carriger, les êtres surnaturels ont révélé leur existence aux humains à la Renaissance, une époque qu’eux-mêmes appellent « the Age of Enlightnement ». Sous Victoria, les loups-garous sont tenus pour responsables de la puissance militaire et coloniale de la Grande-Bretagne, les vampires, de son avancée scientifique et son étiquette raffinée. En échange, le monde diurne des mortels fait de son mieux pour accommoder les idiosyncrasies de leurs protecteurs immortels. Les Européens et les Américains, qui voient encore les loups-garous et les vampires comme des monstres, sont considérés comme ignorants et étroits d’esprit. Dans The Parasol Protectorate, le politiquement correct est presque une religion et il n’y a pas de plus grand crime que le manque de tact : « “Undead” was not a word one used openly in polite society. The werewolves, vampires, and even newly minted ghosts found it understandably distateful to be referred to as such. [...] It was, simply put, vulgar ».148

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