Alors que l’injection de fautes classique se concentre sur l’obtention de la r´eponse
du syst`eme processeur + programme en pr´esence d’un upset, la m´ethode d´evelopp´ee
dans ce manuscrit est plus g´en´erale : elle essaie de reproduire l’environnement auquel
est soumis le syst`eme lors du test sous radiation. L’obtention de la r´eponse du
syst`eme n’est qu’un produit de cet environnement.
Les deux m´ethodes utilisent le code CEU pour injecter la faute simulant un
upset. Alors que la m´ethode classique injecte une faute par ex´ecution du programme,
distribu´ee de mani`ere al´eatoire au cours de l’ex´ecution, notre mod`ele module la
probabilit´e d’apparition d’un upset par une distribution de Poisson : lors de certaines
ex´ecutions, aucune faute ne sera inject´ee, alors que pour d’autres 2 ou 3 fautes seront
inject´ees (`a la mani`ere de ce qui se passe sous radiations, ou aucun contrˆole n’est
possible sur l’instant d’apparition d’un upset).
Afin de clarifier notre explication, nous avons analys´e les traces temporelles
d’in-jection de fautes selon les deux m´ethodes. Le lecteur pourra se reporter `a la figure 5.4
o`u sont compar´ees les quantit´es de fautes inject´ees par ex´ecution selon les deux
mo-d`eles.
La quantit´e de fautes inject´ees par ex´ecution du programme est clairement
dif-f´erente dans les deux cas, ce qui explique pourquoi la m´ethode traditionnelle n’est
pas en mesure de reproduire les r´esultats obtenus sous radiations.
Nous pouvons constater que pour le programme de tri, lorsque le flux baisse les
valeurs obtenues sous radiations se rapprochent de celles obtenues par la m´ethode
classique. La figure 5.5 repr´esente le nombre de fautes inject´ees par ex´ecution lorsque
le flux est bas (10
3particules par seconde).
L’explication est simple : lorsque le flux baisse, la quantit´e d’upsets apparaissant
par ex´ecution d´ecroˆıt aussi, de sorte que la situation «1 upset par ex´ecution »
devient pr´epond´erante. On se rapproche alors des conditions d’injection de fautes
de la m´ethode traditionnelle.
Pour le programme de multiplication de matrices, le flux ne semble pas influencer
les r´esultats. La raison est ´evidente : son temps d’ex´ecution est tr`es court (5.32ms,
`a comparer avec les 171.33 msdu programme de tri), et donc la quantit´e de fautes
inject´ees reste majoritairement dans le domaine [0 : 1] fautes par injection quel que
soit le flux.
5.4. Explications 111
0 20 40 60 80 100 120 140 0 2 4 6 8 10 CompteFautes injectées par exécutions
0 100 200 300 400 500 600 700 0 2 4 6 8 10 Compte
Fautes injectées par exécutions (Méthode classique)
Fig.5.4 – Programme de tri. Histogrammes repr´esentant le nombre d’injections par
ex´ecution selon les deux m´ethodes d’injection de faute. Pour le mod`ele pr´esent´e dans
ce manuscrit, un flux de 10
4particules par seconde est appliqu´e.
0 500 1000 1500 2000 0 1 2 3 4 Compte
Fautes injectées par exécutions
Fig. 5.5 – Programme de tri. Histogramme repr´esentant le nombre d’injections par
ex´ecution selon le mod`ele pr´esent´e dans ce manuscrit, pour un flux de 10
3particules
par seconde.
5.4. Explications 113
par particules) :
σ
dyn= N
execF ×
∞X
i=0τ
inj,i× P
exec(N
SEU=i) (5.2)
o`uτ
inj,iest le taux d’erreur par ex´ecution en pr´esence dei injections par ex´ecution,
P
exec(N
SEU=i) est la probabilit´e qu’il y ait i SEU au cours d’une ex´ecution, N
execest le nombre d’ex´ecutions etF la fluence.P
execd´epend de la section efficace statique
σ, du flux utilis´e Φ et de la dur´ee d’une ex´ecution t
exec, et selon notre mod`ele est
donn´ee par :
P
exec(N
SEU=i) = e
σ×Φ×texec
×(σ×Φ×t
exec)
ii! (5.3)
Nous pouvons v´erifier que cette nouvelle formule d´epend `a la fois de la fluence et
du flux de l’exp´erience, de la section efficace du composant et de la dur´ee de
l’ex´ecu-tion du programme. Ces param`etres permettent de comparer de mani`ere pr´ecise les
r´esultats d’injection de faute `a un environnement quelconque de test sous radiation.
Dans la pratique, il n’est pas n´ecessaire de calculer la somme jusqu’`a l’infini. Les
probabilit´e P
execd´ecroissent relativement vite de sorte que l’on peut se limiter `a
quelques termes. Le rang i `a partir duquel on n´eglige les termes suivant reste `a la
discr´etion de l’exp´erimentateur.
Au terme de cette explication, nous nous posons la question de la
repr´esentati-vit´e du test sous radiations pour obtenir une estimation de la r´eponse du syst`eme
en pr´esence de SEU. En effet, si l’on se r´ef`ere au tableau 5.1, dans le pire cas, nous
pouvons nous attendre `a 2 upsets par jour. La probabilit´e pour que plusieurs upsets
viennent perturber le d´eroulement d’une ex´ecution est pratiquement nulle. D`es lors,
il nous semble inutile de quantifier la r´eponse du syst`eme en pr´esence de plusieurs
upsets par ex´ecution. Sous radiations, cela implique de r´eduire le flux jusqu’`a ce
que la probabilit´e P
exec(N
SEU> 1) soit n´egligeable. Dans ces conditions, pour le
programme de tri avec une flux de 10
3particules par seconde, nous notons que pour
1858 ex´ecutions du programme, environ 80 % des ex´ecutions ont ´et´e effectu´ees sans
qu’aucun upset n’apparaisse. Seulement 16 % des ex´ecutions ont ´et´e perturb´ees par
un upset, et les 4 % restant par 2 ou plus upsets. Pour l’injection de fautes, ces 16 %
repr´esentent 310 injections avec 1 injection par ex´ecution. Sachant que le nombre de
bits perturbables par les radiations est proche de 70000, et que l’ex´ecution d’un tri
dure plus de 3.4 10
6cycles d’horloge, ces 310 upsets ne repr´esentent que 1.26 10
−7%
de l’espace des fautes injectables. Autrement dit, la couverture de fautes lorsque
le flux est ajust´e de mani`ere `a respecter l’environnement final de l’application sera
forc´ement faible (ou le temps «faisceau»tr`es ´elev´e).
Si la sensibilit´e du composant et l’environnement final de l’application sont tels
que la probabilit´e d’avoir plus d’un upset par ex´ecution est n´egligeable, l’injection
de fautes `a une faute par ex´ecution est bien plus «rentable». Elle permet une
cou-verture des fautes possibles bien plus grande.
Cependant, le test sous radiations reste«l’´etalon». Il faut donc ˆetre en mesure
de comparer les r´esultats d’injection de fautes `a cette r´ef´erence. A cette fin, nous
pouvons utiliser la formule 5.2. Les P
exec´etant donn´es par les param`etres du test
sous radiation, reste `a d´eterminer les τ
inj,i. Faut il conduire des injections de fautes
avec 1, 2 ou plus injections de faute par ex´ecutions ? Nous proposons dans la suite
une m´ethode approximative pour d´eterminer les τ
inj,i, connaissant τ
inj,1.
Dans le document
INJECTION DE FAUTES SIMULANT LES EFFETS DE BASCULEMENT DE BITS INDUITS PAR RADIATION
(Page 135-139)