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Exigence sur les photo-z dans le cadre de la mission Euclid Le travail effectué durant cette thèse s’inscrit dans le cadre de la mission spatiale

3 Un œil vers l’avenir

3.2 Exigence sur les photo-z dans le cadre de la mission Euclid Le travail effectué durant cette thèse s’inscrit dans le cadre de la mission spatiale

Figure 1.24 – Gauche : une image simulée du champ profond du télescope spatial Hubble (HST ).

Droite : la même image simulée mais en ajoutant une lentille gravitationnelle à z = 0.3. Près de la lentille on observe : un déplacement, un grossissement et une distorsion des sources lumineuses. Figure extraite deMellier(1999).

Afin de bien saisir le rôle crucial de la mesure des distances pour l’étude de cet effet il convient de rappeler le formalisme utilisé. Voir Dodelson (2003); Peter et Uzan

(2012) pour plus de détails.

On caractérise la distorsion d’une image par sa matrice de déformation,A, dont l’expression est :

Aab = δab

2ψ(~θ)

∂θa ∂θb . (1.21)

Cette matrice, symétrique, peut être décomposée en fonction de deux para-mètres : la convergence κ et le cisaillement ~γ = (γ1, γ2), selon :

A =1 − κ − γ1 γ2 γ2 1− κ + γ2



. (1.22)

La convergence κ induit une focalisation isotrope du faisceau lumineux et est reliée au potentiel gravitationnel projeté ψ ainsi qu’aux densités surfacique Σ et surfacique critique Σcrit de masse par :

2κ(~θ) =∇2ψ(~θ) = Σ Σcrit

. (1.23)

Afin de détecter l’effet de lentille faible, on mesure la corrélation entre la forme des galaxies dont l’ellipticité observée, obs, est reliée à leur ellipticité intrinsèque, s

et au cisaillement gravitationnel que l’on souhaite extraire, γ.

obs = s+ γ . (1.24)

La fonction de corrélation angulaire à deux points observée,hi

obs( ~θ1) jobs( ~θ2)i = ξ(θ)γiγj, avec, θ=|~θ1− ~θ2|, peut être reliée à hγi γji, via :

hiobs jobsi = his jsi + hsi γji + hγi jsi + hγi γji , (1.25) où on considère généralement que les trois premiers termes sont négligeables.

Le spectre de puissance du cisaillement pour un nombre d’onde angulaire l est la transformée de Fourier de ξ(θ)γiγj. Cette quantité est identique au spectre de puissance de la convergence et peut s’exprimer comme une projection du spectre de puissance de la densité de matière, Pδ. Pour des galaxies sources se trouvant dans les bins en redshift i et j, il s’écrit :

Cγiγj(`) = Z 0 dz Wi(z) Wj(z) χ2(z) H(z) Pδ  ` χ(z), z  , (1.26)

où les indices i et j couvrent tous les bins en redshifts. Cette équation montre de quelle façon le spectre de puissance du cisaillement observable est sensible, à la fois, aux facteurs géométriques contenus dans Wi(z) et Wj(z), ainsi qu’à la croissance des structures contenues dans le spectre de puissance, Pδ. Les deux sont sensibles à l’énergie sombre. Mesurer le spectre de puissance ainsi que son évolution possible à partir de la forme des galaxies permet donc d’en savoir plus sur les propriétés de l’énergie sombre.

Enfin, le terme géométrique W s’écrit : W(χ) = 3 2 0 m H02 a−1(χ) χ Z dχs nss) χs− χ χs , (1.27) avec :

– dχ = −dz/H(z), l’élement de distance comobile avec c = 1. – H(z), le paramètre de Hubble au redshift z.

– nss), la fonction de sélection - la distribution - en redshift des galaxies sources.

Si toutes les galaxies sources sont au même redshift zs, alors : ns(χ) = δD(χ− χs). Afin de pouvoir extraire l’information sur l’énergie sombre de la mesure du spectre de puissance angulaire du cisaillement, il est donc nécessaire de connaitre la distance des galaxies sources. Évidemment, la précision finale sur les paramètres de l’énergie sombre dépendra en partie de la précision sur la mesure du redshift - de la distribution en redshift - que l’on utilisera dans l’équation (1.26).

On peut alors faire une estimation de la précision nécessaire sur le redshift afin d’obtenir une précision finale donnée sur les paramètres de l’énergie sombre. Il a été montré (Huterer et collab., 2006;Kitching et collab., 2009;Ma et collab., 2006) que le biais et la diffusion - les quantités hzp − zsi et h(zp− zs)2i/2 - dans chaque bin δz = 0.1, doivent être controlés, au moins, à ∼ 0.003 de façon à entraîner une dé-gradation de moins de∼ 50% sur la précision des paramètres cosmologiques. Ce qui est énorme ! Cela illustre bien l’importance de la mesure du redshift dans l’explora-tion de l’énergie sombre puisque actuellement ces exigences ambitieuses ne sont pas totalement atteintes par les redshifts photométriques. Il est donc crucial d’améliorer les redshifts photométriques et/ou de développer de nouvelles méthodes de mesure capable d’atteindre ces objectifs seules ou lorsqu’elles sont utilisées conjointements aux redshifts photométriques.

Les redshifts spectroscopiques permettraient d’atteindre ces exigences en termes de précision mais il n’est tout simplement pas réaliste d’envisager d’obtenir le spectre complet de chacune des 2 milliards de galaxies que détectera un télescope spatial comme Euclid. Cela ne peut être fait pour de multiples raisons comme : le temps d’observation nécessaire même en utilisant des MOS, le coût que de telles observa-tions représenteraient ainsi que la difficulté d’obtenir les spectres des objets très peu brillants. L’approche photométrique du problème est elle aussi limitée d’une part par la limite de précision de la méthode. Pour des redshifts photométriques en cinq bandes, comme ceux provenant du CF HT LS la précision moyenne est de : ∼ 0.04. D’autre part, notre incompréhension des erreurs catastrophiques affectant ce type de mesure ne permet pas de corriger ces effets qui créent un biais important au sein de l’échantillon. Le challenge à relever par la communauté scientifique est donc de taille.

4 Synthèse

Dans ce chapitre, j’ai présenté différentes méthodes de mesure de la distance nous séparant des objets célestes. J’ai notamment introduit la notion de redshift qui est un indicateur privilégié de la distance à l’échelle cosmologique. Après avoir présenté les méthodes couramment utilisées pour l’estimation du redshift (spectroscopie, pho-tométrie) j’ai présenté la mission spatiale Euclid dont l’objectif scientifique principal est de percer les mystères de l’énergie sombre en déterminant ses propriétés et sa

na-ture. La précision et le contrôle des mesures de redshifts pour un très grand nombre d’objets peu brillants sont des enjeux majeurs pour le succès de cette mission.

Durant ces trois années, je me suis intéressé à cette problématique concernant la mesure de redshifts, en abordant le problème sous un tout nouvel angle. Là où les précédentes mesures de redshifts étaient toutes fondées sur l’information contenue dans la lumière émise par les objets - spectre, couleurs - l’approche développée dans ce manuscrit se base, elle, sur l’agrégation sur le ciel entre des galaxies de redshift inconnu et un échantillon de référence. Comme nous le verrons dans les prochains chapitres, cette rupture totale avec les méthodes précédentes permet de s’affranchir des systématiques propres à l’étude de la distribution spectrale d’énergie (SED) des sources.