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Avant d'examiner ces résultats il convient d'expliciter la notion de cohorte fictive et le mode de calcul de l'ISF

Dans le document planification stratégique (Page 27-31)

Les données de fécondité pour 1991 sont des données transversales, une sorte de photographie de la

situation qui prévalait, cette année-là, à divers âges. Sachant que chacune des valeurs du taux de

fécondité selon l'âge de 1991 constitue une valeur plausible, on peut imaginer un groupe quelconque

d'adolescentes (cohorte fictive) qui, au cours des 35 à 40 prochaines années, adopteraient le

comportement de fécondité de 1991 correspondant à leur âge. Si cette cohorte fictive, disons de 1 000

Ô femmes, suivait intégralement les comportements de fécondité par année d'âge de 1991, elle aurait donné naissance, au sortir de sa période féconde, à 1 631 enfants soit 1,63 enfants par femme, c'est-à-. dire l'indice synthétique de fécondité (ISF) de 1991.

Le mode de calcul de l'ISF suppose donc l'utilisation de données transversales comme s'il s'agissait de données longitudinales. C'est un instrument prospectif bien plus que rétrospectif puisqu'il consiste à mesurer les conséquences à long terme de la perpétuation de la situation du moment.

Maintenant, si nous revenons à notre hypothèse d'une conjoncture défavorable conduisant les fPmmes à réduire leur fécondité, on obtient par cet ajustement de calendrier, une diminution appréciable de

nsF

qui passe de 1,63 à 1,5 enfants par femme (Tableau 1, fane colonne).

Ô Ô

a

Tableau 1 : Impact d'un ajustement de calendrier sur la mesure de la fécondité Taux de fécondité 0/00 par groupe d'âge quinquennal, EF

Données

réagie

Dkalage ou

Relativement modeste, lorsque considéré par année d'âge, cet ajustement de calendrier produit aussi des variations de taux quinquennal qui peuvent être proportionnellement très considérables.

Ô Les écarts les plus importants se trouvant au début et à la fin de la période féconde, c'est-à-dire dans les groupes d'âge charnières.

111 Il va sans dire que des difficultés de ce genre se posent aussi dans d'autres domaines que la mesure de la fécondité.

111 La participation au marché du travail (activité) étant elle aussi caractérisée par une période d'entrée et une période de sortie s'étendant sur plusieurs années, il est pratiquement certain qu'une partie de l'amplitude des variations de taux s'explique par des ajustements de cakndrier.

Pour la fécondité, on peut compter, au moins à grande échelle, sur des données détaillées qui nous permettent de mieux apprécier la situation. Par contre, quand on ne dispose que de données par groupe

• d'âge, ce qui est généralement le cas, il est pratiquement impossible de distinguer, en toute assurance, les variations conjoncturelles des changements plus profonds, susceptibles d'affecter durablement le comportement ou la situation d'une génération.

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1.6.2 DEUXIÈME EXEMPLE : FÉCONDITÉ DES FRANCOPHONES ET ÉTALEMENT URBAIN

Un bon exemple de la problématique des bases territoriales, dans l'analyse des phénomènes démographiques, nous est donné par certains aspects d'une étude de Marc Termote de l'INRS-Urbanisation sur la situation et les perspectives démo-linguistique du Québecn, par grande région.

Cette étude (dont la publication avait soulevé une certaine controverse à l'époque) constatait notamment un glissement progressif du poids démographique des francophones dans la région de Montréal devant les conduire sous la barre des 50 °/13, à court terme pour le territoire de la CUM, et dans un horizon relativement proche (2021) pour la grande zone « Montréal-îles » (CUM et Laval).

Outre l'importance des apports de population allophone (immigration), cette érosion de la prédominance francophone découlerait principalement de l'étalement urbain et d'une nette sous-fécondité des francophones de la zone urbaine centrale. D'un côté une comminmité «dérno-linguistique> qui fait moins d'enfants et qui manifeste une nette propension à migrer vers les zones de banlieue, de l'autre, un groupe en expansion (allophones) du fait d'apports constants d'effectifs et d'une fécondité plus

élevée.

Entre les deux, la communauté anglophone verrait elle aussi son poids relatif diminuer et ce malgré une fécondité sensiblement plus élevée que celle de la majorité francophone dans la zone urbaine centrale.

Globalement, les faits et les tendances exposés par le professeur Termote sont pratiquement incontestables. Quels que soient les termes et les indicateurs utilisés (langue d'usage, langue maternelle, origine ethnique, etc.) il est clair que le caractère cosmopolite de Montréal tend à s'accentuer et qu'il constitue déjà le trait dominant dans de larges zones de l'agglomération.

Ce qui nous inspire certaines réserves, cependant, c'est le traitement de la question de la fécondité notamment sous l'angle du découpage territorial employé. En l'occturence, le professeur Termote traite de la fécondité des francophones et de l'étalement urbain comme de deux questions distinctes alors qu'il s'agit, quant à nous, de deux facettes d'une même dynamique.

Pour poser le problème de façon très schématique, on peut dire, d'abord, qu'il existe une nette tendance, tant chez les anglophones que les francophones, à aller faire et/ou élever leurs enfants en banlieue : l'évolution de la situation familiale jouant un rôle déterminant dans les trajectoires résidentielles des ménages. Or, dans la grande région de Montréal, les

zones

de destination des ménages sont assez clairement différenciées selon la langue ou l'origine ethnique. Les francophones «privilégiant»

les localités de banlieue de la deuxième couronne alors que les anglophones se déplacent plutôt vers le

«West-Island» ou vers des quartiers plus résidentiels au sein de la grande aire urbaine centrale'. Bref, si

18 TERMOTE, Marc, «L'ami:- dénolinglistiee du Quelzr et ck ses «gime, Rapport présenté au Conseil de la langue française, Québec, ministère des Communications, 1994, 266p.

19 Dans une des études que nous avons produites pour les fins du plan de transport de Montréal, «Plan de transpcet de Montetg Anale du miliem Pte socicrelémegraphiee de kt len trétroixiitaine et des grands secteurs d'anale, Service statistique et économie en transport, décembre 1993», nous avons été à même d'observer une certaine évolution sur le plan démo-linguistique de la dynamique métropolitaine. Si le caractère de zone de banlieue des localiés du West-Island reste très affumé notamment au regard du profil de leurs gains et pertes de population, on y constate une érosion relative de la prépondérance des anglophones en raison d'importuns apports de population allophone. Par contre, dans le secteur «Rive-Sud-Extrême-Ouest. (Hudson, Ile-Perrot, Vaudreuil, etc.) on pouvait observer, en termes relatifs et absolus, une nette augmentation de la population anglophone

a

elle n'est ni absolue ni permanente, il existe néanmoins une certaine ségrégation économique et démo- li linguistique de l'espace métropolitain au regard des trajectoires résidentielles de ménages.

S'agissant de comparer la fécondité des différents groupes, le découpage géographique employé n'est donc pas anodin. Apprécier la fécondité des francophones de la CUM au regard de celle des anglophones et des allophones c'est ainsi, dans une large mesure, comparer celle de la fraction la moins féconde de la population francophone à la fécondité globale des deux autres groupes.

lie

Au regard des perspectives d'érosion de la prépondérance francophone sur le territoire de la CUM, cette «nuance» pourrait sembler superflue. Cependant, au regard des perspectives d'action ou d'intervention, elle peut faire une grande différence. Il est assez plausible notamment que, toutes choses étant égales par ailleurs, des mesures natalistes vigoureuses pourraient amplifier le déclin de la prépondérance francophone dans certaines zones au lieu de le freiner...

111 Dans la mesure où l'arrivée d'un enfant joue comme un dédencheur de mobilité résidentielle vers la banlieue, des mesures natalistes efficaces risqueraient fort d'accentuer les migrations vers les banlieues puisque les nouvelles naissances ainsi encouragées dans les familles des zones urbaines centrales constitueraient autant d'occasion d'une remise en question du lieu de résidence.

Quant à une réduction radicale des niveaux d'immigration il est aussi plausible que ses conséquences les plus manifestes seraient d'accélérer le dédin démographique des quartiers centraux à moins de considérer- que les immigrants poussent plutôt qu'ils ne remplacent la population francophone «traditionnellement» majoritaire clans ces zones.

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2. COMPOSANTES

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