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EVOLUTION DE LA DENSITE DE POPULATION DES ESPACES ARTIFICIALISES DANS LES CANTONS DE BRETAGNE ENTRE 1999 ET 2006 ET

l’artificialisation du sol : une lecture par les découpages de l’INSEE

CARTE 37 EVOLUTION DE LA DENSITE DE POPULATION DES ESPACES ARTIFICIALISES DANS LES CANTONS DE BRETAGNE ENTRE 1999 ET 2006 ET

CONTRIBUTION RELATIVE DES DEUX VARIABLES

Evolution de la densité de population des espaces artificialisés

Contribution relative de l’artificialisation Contribution relative de la population

Exemple de lecture : Le canton de Louvigné-Du-Désert (localisé par une flèche sur les trois cartes) affiche une densité en baisse (carte du haut). Cette situation est surtout le fait de la population qui affiche une « contribution relative » forte à la baisse (carte du bas à droite) alors que la « contribution relative » de l’artificialisation est neutre (carte du bas à gauche).

Sources : CORINE Land Cover 2000 et 2006 / INSEE 1999 et 2006 Réalisation : DUPONT J., 2012

Au final, l’impact ou la contribution relative de la population sur la baisse de la densité des espaces artificialisés du canton de Vitré entre 1999 et 2006 est de + 5,2 % et celle des espaces artificialisés de - 12,4 %. Appliquée à l’ensemble de la Bretagne, cette méthode permet de distinguer les cantons en fonction de la contribution relative respective de la population et de l’artificialisation. La cartographie obtenue distingue une nouvelle fois les territoires du sud et de l’est de la région ainsi que la grande majorité des cantons littoraux pour leurs contributions relatives fortes à la fois de la population et de l’artificialisation (Carte 37). La contribution relative de la population à l’explication de l’évolution de la densité de population des espaces artificialisés en Bretagne entre 1999 et 2006 semble décisive, un constat qui se vérifie en particulier pour le bassin rennais et le Pays de Vannes. Le fait que la réalité des espaces artificialisés et de leur progression en Bretagne n’est rendu que partiellement par la base de données CORINE Land Cover, qui n’identifie pas les petits espaces artificialisés du territoire, joue probablement en faveur de la contribution relative de la population et biaise peut-être même la réalité de la densité de population des espaces artificialisés, souvent décrite comme largement en baisse (DRAAF Bretagne - AGRESTE, 2011 ; Dupont 2010a).

C’est pourquoi la cartographie des évolutions de la densité est uniquement à considérer en ordres de grandeur à défaut de base de données régionalisées plus détaillée. Il convient en effet de prendre avec précautions le détail des mesures obtenues d’autant plus qu’il ne s’agit là que d’une lecture sur un terme relativement court et qu’il n’est pas non plus possible de distinguer avec cette base, la diversité des usages et des formes urbaines qui s’inscrivent sur les espaces artificialisés étudiés. Le point suivant aborde un troisième et dernier élément d’explication à la non-corrélation statistique entre les évolutions de la population et de l’artificialisation : les données démographiques et sociétales et leurs évolutions.

2.2.3. Les évolutions démographiques et sociétales

En ne prenant en compte que la surface artificialisée occupée par l’habitat, le décalage entre l’évolution de la population et de l’artificialisation est une nouvelle fois vérifié : ainsi, en Bretagne de 1990 à 2010, la surface occupée par l’habitat augmente cinq fois plus vite que la population (CETE Ouest, 2011). Une situation que le CETE Ouest explique par la conjugaison de plusieurs facteurs démographiques et sociétaux :

« l’augmentation du nombre de ménages, l’agrandissement des logements et des espaces attenants, ainsi que l’essor de l’habitat individuel, en particulier dans les zones rurales » (Op. cit., p. 19). L’augmentation du nombre de ménages est en effet un phénomène clef. Entre 1975 et 2005, selon l’INSEE, le nombre de ménages en France augmente beaucoup plus vite (+ 44 %) que la population (+ 15 %). C’est la baisse du nombre de personnes par ménage, ou desserrement des ménages, qui est à l’origine de cette évolution de fond. Il s’explique par des changements démographiques, de structure familiale et de comportements. Citons en particulier l’allongement de la durée de la vie (vieillissement au domicile, en particulier des femmes qui vivent plus longtemps et seules puisqu’elles se remettent moins en couple que les hommes), les familles séparées et monoparentales, l’âge de plus en plus tardif du premier enfant, etc.

L’« ampleur imprévue » (Erner, Diep et Lavenant, 2007) de ces changements démographiques et sociétaux impacte d’autant plus fortement le marché du logement qu’en 2006 en France métropolitaine : « une personne seule dispose en moyenne de 30 m² de plus qu’un cohabitant » et qu’« une personne de plus de 60 ans dispose en moyenne de 20 m² de plus que celle qui a entre 20 et 40 ans » (Castéran et Ricroch, 2008). La région Bretagne enregistre des évolutions similaires. En effet, l’augmentation du nombre de ménages entre 1999 et 2005 est deux fois plus rapide que celle de la population (+ 10 % contre + 5 %) et sur cette même période, ce sont en particulier les ménages d’une seule personne et les ménages de couples sans enfant au domicile qui progressent le plus rapidement : respectivement + 17 % et + 20 % (Ramonet, 2009). C’est pourquoi, du fait principalement du desserrement des ménages la Bretagne, qui compte près de 3 000 000 de ménages en 2005, en accueillera 370 000 supplémentaires d’ici à 2030 (Luong et Rul, 2008). Outre le desserrement des ménages, la recherche d’un plus grand confort concourt également à la non-corrélation statistique mesurée entre les évolutions de la population et de l’artificialisation.

Les logements sont de plus en plus grands : la surface moyenne d’un logement en France métropolitaine est de 91 m² en 2006, contre 77 m² en 1978, soit une hausse de près de + 20 % en un peu moins de 30 ans, une évolution « surtout imputable à l’augmentation de la surface des maisons individuelles puisque celle des appartements reste quasiment stable » (INSEE, 2012). Une situation qui n’est pas en passe de changer puisque les Français plébiscitent à 86 % la maison individuelle neuve, de préférence loin des grandes villes (Francqueville, 2010) et que parmi le quart des ménages français en passe de

déménager, plus de la moitié désirent occuper un logement plus grand (INSEE, 2012). En Bretagne, en 2006, l’INSEE annonce une taille moyenne des logements de 95 m² (Levy, 2008). L’enquête Logement de l’INSEE confirme que les surfaces moyennes par habitant en Bretagne sont plus grandes que pour le reste de la France et ce quel que soit le statut d’occupation (locataire ou propriétaire), le type de ménage (personne seule, famille, etc.) ou le type de logement (individuel ou collectif). Ainsi, un habitant de la région Bretagne dispose en moyenne d’une surface de 43 m² contre 40 m² en moyenne nationale. L’écart est encore plus marqué pour certaines catégories de l’enquête comme par exemple les

ménages locataires en secteur libre79 qui disposent d’une surface moyenne par habitant

de 41 m² en Bretagne contre 37 m² en France métropolitaine. Si en France les ménages plébiscitent la maison individuelle (cf. supra), en Bretagne, elle est une réalité et représente en 2006 selon l’enquête Logement de l’INSEE plus de 70 % des logements (contre 56 % en France). Avec « 73 % des ménages bretons en situation de sous- peuplement80 » contre 68 % en France métropolitaine, un nombre de personne par

logement plus faible que la moyenne nationale en particulier pour les logements collectifs (1,7 en Bretagne contre 2 en moyenne nationale) (Baudequin, Eudier, Levy et Portier, 2008) et « une culture de la maison individuelle ancrée depuis plusieurs décennies » (ADEF, 2009), les évolutions démographiques et sociétales touchent particulièrement la Bretagne et pèsent très directement sur les enjeux fonciers auxquels la région est confrontée.

La non-corrélation statistique mesurée entre les évolutions de l’artificialisation et de la population s’explique tant par la nature des données utilisées, que par la difficulté de saisir la réalité des formes urbaines, mais aussi et peut-être surtout, par les évolutions démographiques et sociétales (desserrement des ménages, recherche d’un plus grand confort, désir de maison individuelle). Voyons dans le point suivant quels sont les enjeux fonciers que cette situation met à jour.

79 Ménages locataires en secteur libre : par opposition aux propriétaires et aux locataires en secteur

social, les deux autres statuts d’occupation utilisés par l’INSEE dans son enquête Logement.

80 Ménage en situation de sous-peuplement : ménage disposant d'au moins une pièce de plus que la

3.Conclusion : les enjeux fonciers posés par