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PARTIE I : CADRE DE L’ETUDE

Chapitre 6 Evaluation

6.1. Principes théoriques

L’évaluation est une partie conséquente du travail d’inventaire. Les différents critères qui permettent d’élaborer les valeurs considérées sont conçus pour rendre l’évaluation la plus objective possible. Il est clair que les résultats comportent irrémédiablement une part de subjectivité, en relation avec le choix des critères (IGUL) et l’auteur de l’évaluation.

Nous avons choisi d’évaluer toutes les valeurs proposées, scientifiques et additionnelles.

Pour plus de clarté, nous allons traiter les différents choix et difficultés de l’évaluation avec les résultats (cf. chapitre 7 : Les résultats de l’évaluation). Nous exposons d’abord en détail les principes théoriques de l’évaluation selon la méthode de l’IGUL ainsi que l’explication des critères qui servent à élaborer les valeurs.

Tout ce chapitre est repris et légèrement adapté des travaux de E. Reynard (2006) et de E. Reynard et al. (2007).

6.2. Les scores

Tous les critères d’évaluation peuvent obtenir une note ou score, sur une échelle comprise entre 0 (nulle) et 1 (très élevé), par intervalles d’un quart de point : 0 = nul ; 0.25 = faible ; 0.5 = moyen ; 0.75

= élevé ; 1 = très élevé. Dans certains cas, la valeur globale est obtenue grâce à la moyenne des critères. Il est possible d’ajouter des pondérations aux critères en fonction des objectifs de l’étude, option que nous n’avons pas choisie puisque nous n’avons pas cherché à calculer de valeur globale chiffrée.

6.3. Les valeurs et les critères

6.3.1. La valeur scientifique

La valeur scientifique est considérée comme la plus importante, pour l’évaluation des géomorphosites.

En principe, les sites devraient être sélectionnés en raison d’un intérêt scientifique particulièrement important (en fonction de la zone d’étude). Dans un inventaire de géomorphosites, cet intérêt scientifique est géomorphologique avant tout autre (sciences de la Terre : géologique, paléontologique ou sciences en général : historique).

Pour élaborer la valeur scientifique globale, quatre critères sont utilisés.

L’intégrité rend compte de l’état de conservation du site. Elle peut-être compromise pas des facteurs anthropiques (par ex. constructions) ou naturels (par ex. érosion du fait d’un processus externe).

La représentativité : un site peut être plus ou moins exemplaire ou plus ou moins représentatif de la géomorphologie de la région d’étude.

La rareté : un site peut représenter une forme plus ou moins fréquente dans l’espace de référence ou une morphologie particulière d’un type de forme.

La valeur paléogéographique rend compte de l’importance du site pour la reconstitution de l’histoire de la Terre et du climat.

6.3.2. Les valeurs additionnelles

Les valeurs additionnelles sont au nombre de quatre. Elles sont secondaires par rapport à la valeur scientifique.

La valeur écologique doit déterminer l’importance du géomorphosite en termes écologiques, c’est-à-dire, par rapport à la faune et à la flore selon les principes de diversité, de rareté, de dynamique. Cette valeur est élaborée à partir de deux critères :

! L’influence écologique du géomorphosite sur le développement d’un écosystème particulier.

! La protection dont bénéficie déjà le site pour des raisons écologiques.

Les deux critères sont moyennés pour obtenir la valeur écologique.

La valeur esthétique doit déterminer la beauté du site. Cette valeur est particulièrement difficile à évaluer parce que la notion de beauté est très subjective. Sur la base des travaux de Grandgirard (1997) et de Pralong (2006), deux critères ont été choisis :

! Le point de vue détermine si l’objet est facilement observable selon un ou plusieurs angles.

! Le contraste, le développement vertical et la structuration de l’espace permettent d’évaluer le rôle du géomorphosite par rapport au paysage environnant. Ce sont trois éléments qui qualifient généralement des « beaux » sites.

Les deux critères sont moyennés pour obtenir la valeur esthétique.

La valeur culturelle du géomorphosite est envisagée selon quatre sous-critères :

! L’importance religieuse ou symbolique (par ex. lieu de culte).

! L’importance historique, au sens large, comprenant l’archéologie, le développement des techniques, etc.

! L’importance littéraire ou artistique. Le site a-il inspiré un artiste qui en aurait réalisé une œuvre (poème, peinture ou chanson, etc.) ?

! L’importance géohistorique, c’est-à-dire le rôle du géomorphosite par rapport aux sciences de la Terre, en relation avec une découverte scientifique ou une démonstration de processus.

On retient la valeur la plus élevée des quatre sous-critères comme valeur culturelle globale.

La valeur économique tient compte des produits économiques intrinsèques au géomorphosite. Il ne s’agit pas de sa valeur potentielle, mais effective, au moment de l’évaluation.

L’évaluation se fait de manière qualitative, et si possible quantitative.

6.4. La synthèse

Cette étape de l’évaluation est quelque peu différente parce qu’elle reprend en partie les évaluations précédentes dans l’établissement de la « valeur globale » et ajoute des informations sur la valeur éducative, les atteintes et les mesures de gestion en rapport avec chaque objet. Il n’y a pas d’évaluation chiffrée prévue pour les quatre rubriques de la synthèse.

La valeur globale constitue une synthèse de la valeur scientifique et des valeurs additionnelles.

La valeur éducative évalue l’importance de l’objet du point de vue de l’éducation et de la formation. Un site particulièrement lisible dans le paysage ou actif obtient une valeur éducative élevée.

Les atteintes sont envisagées selon quatre spécificités : elles peuvent être existantes et affecter le site à l’heure actuelle ou potentielles (menaces). Leur origine est également distinguée : atteintes et menaces peuvent être anthropiques ou naturelles.

Des mesures de gestion sont envisagées selon deux principes : la valorisation et la protection. L’auteur de l’évaluation recense les mesures de gestion existantes (inventaire, panneaux didactiques, etc.). Il peut également proposer des mesures de gestion techniques ou institutionnelles selon les cas.