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A) Protocole d’évaluation

4. Evaluation écologique des fonctions exécutives : la BADS-C

La BADS-C (Behavioural Assessment of the Dysexecutive Syndrome for Children) est une batterie comportementale d’évaluation du syndrome dysexécutif de l’enfant. Elle a été mise au point par Emslie et ses collaborateurs en 2003. L’étalonnage de

cette batterie a été réalisé sur une cohorte de 170 britanniques âgés de 7 ans à 15 ans 11 mois. Il s’agit donc de l’adaptation pour enfants et adolescents de la BADS, version destinée aux adultes élaborée en 1996. Cette batterie est encore actuellement en cours de traduction en langue française. Pour notre étude, nous utiliserons la version traduite en français par Hacques (2009).

Les principaux fondements théoriques qui sont à l’origine de cette batterie sont :

 Le modèle de la mémoire de travail, Baddeley et Hitch (1974)

 Le Système Attentionnel de Supervision, Norman et Shallice (1980, 1986)

Elle prend également pour modèles deux tests conçus par Shallice et Burgess (1991), à savoir : le "Test des Six Eléments" (SET) et le "Test des Commissions Multiples" (MET).

Cette batterie est principalement dédiée à l’investigation précoce des déficits des fonctions exécutives chez les enfants atteints de pathologies neuro- développementales, dont le TDA/H. Elle est constituée de 6 épreuves visant à évaluer en situation écologique les différentes composantes exécutives présentées dans le tableau suivant.

Nom du test Principales composantes exécutives évaluées

Test des cartes Inhibition, flexibilité cognitive, mémoire de travail

Test de l’eau Résolution d’un problème nouveau : élaboration d’un plan d’action, planification, séquençage de l’action en étapes successives, flexibilité et utilisation d’un feedback

Test de recherche des Clés

Planification et mise en place d’une stratégie de recherche systématisée et efficace

Test du zoo 1 Planification spontanée, traitement séquentiel, utilisation d’un feedback, réalisation des objectifs et respect des règles

Test du zoo 2 Contrôle d’un plan d’action imposé, utilisation d’un feedback, flexibilité, réalisation des objectifs et respect des règles

Test des 6 parties Planification, capacité d’organisation, gestion d’une contrainte temporelle, respect des règles, contrôle de la performance

De plus un questionnaire dysexécutif comprenant 20 questions est destiné aux parents et permet de rendre compte des difficultés liées au syndrome dysexécutif que rencontre l’enfant dans les situations de la vie quotidienne. Il permet d’explorer les fonctions exécutives intervenant dans quatre domaines principaux : émotionnel, motivationnel, comportemental et cognitif.

La BADS-C est un outil très novateur car il s’inscrit avant tout dans une perspective d’évaluation écologique des fonctions exécutives. Le matériel se prête à la manipulation et est d’apparence ludique. Les épreuves sont courtes, variées et suscitent pleinement l’intérêt de l’enfant.

Dans un souci de clarté, nous distinguerons six processus exécutifs qui sont évalués grâce aux épreuves citées dans le tableau précédent.

 L’inhibition motrice et cognitive

Il s’agit de la capacité du sujet à contrôler son impulsivité motrice et cognitive. Dans la BADS-C, elle est notamment mise en jeu chaque fois que l’enfant parvient à contrecarrer une réponse automatique verbale ou motrice ou lorsqu’il décale une réponse dans le temps. Il est possible de la mettre en évidence dans le « test des cartes » avec la règle 2. Dans un premier temps, l’enfant a lu et appliqué la règle 1 qui est très simple et ne requiert aucun coût cognitif. Puis il doit ensuite changer de règle. La règle 2 sollicite la mémoire de travail et l’enfant doit constamment actualiser le contenu du calepin visuo-spatial pour répondre de façon adaptée. Dans cette tâche, l’enfant doit également inhiber la réponse automatique à la règle 1. Une impulsivité peut être mise en évidence lorsque l’enfant privilégie la rapidité à l’exactitude de ses réponses. Certains enfants peuvent toutefois s’auto-corriger a posteriori. Une impulsivité (et donc un défaut d’inhibition) est fréquemment retrouvée dans le « test de l’eau », « zoo 1 » et « zoo 2 » lorsque l’enfant se précipite dans la tâche et ne s’accorde spontanément aucun temps de planification. Notons qu’il est intéressant de comparer les résultats de la BADS-C à ceux de l’épreuve « go-no go » de la batterie d’évaluation informatisée de l’attention KITAP.

 La flexibilité cognitive

Il s’agit de la capacité du sujet à s’adapter aux changements de règles. Dans la BADS-C, c’est essentiellement le « test des cartes » qui permet d’évaluer la flexibilité

cognitive de l’enfant. Le changement de règle de la règle 1 à la règle 2 complexifie la tâche et incite l’enfant à faire appel à sa mémoire de travail pour donner la réponse. Le déficit de flexibilité paraît évident lorsque l’enfant réalise de nombreuses conduites persévératives et peine à appliquer la nouvelle règle durant l’intégralité de l’épreuve ou à rafraîchir constamment le contenu du calepin visuo-spatial de la mémoire de travail, après l’apparition de chaque nouvelle carte. L’aptitude de flexibilité est également mise en jeu dans le « test de l’eau ». En effet, ce test permet d’examiner la capacité de l’enfant à tenir compte des feedback de l’environnement ou autrement dit sa faculté à adapter et modifier sa stratégie lorsqu’il constate qu’elle est inefficace plutôt que de persévérer.

 La planification

La planification est le plus souvent nécessaire dans la résolution d’une tâche complexe, nouvelle ou bien une tâche qui requiert un traitement séquentiel. Le sujet observe un temps de réflexion initial afin d’élaborer son plan d’action et d’en définir les étapes successives à suivre pour parvenir à un but. La planification permet au sujet d’anticiper et d’éviter de commettre certaines erreurs. Elle pourrait correspondre à l’expression « réfléchir avant d’agir ». Dans la BADS-C, la planification spontanée est évaluée à travers le « test de l’eau », le « test des clés », « zoo 1» et le « test des 6 parties ». Le test « zoo 2 » concerne davantage la planification à partir d’un plan d’action imposé. Ces épreuves peuvent mettre en évidence une absence de planification préalable (impulsivité) ou bien un déficit de la planification lorsque l’enfant observe un temps de réflexion qui se révèle inefficace. Notons que les tests « zoo 1 » et « 6 parties » contiennent plus de contraintes.

 La résolution de problème

La résolution d’un problème désigne à la fois les processus de réflexion et les stratégies mises en œuvre en vue de résoudre un problème. L’action est donc orientée vers un but dans une situation pour laquelle aucune routine sur-apprise n’est efficace ou du moins suffisante. La compréhension et l’analyse du problème ainsi que l’identification d’étapes de résolution reposent sur la planification et le raisonnement. Dans la BADS-C, ce processus cognitif de haut niveau peut être

évalué grâce au « test de l’eau », au « test des clés » et à « zoo 1 » qui supposent une planification de l’action et la mise en place une stratégie efficace.

 L’utilisation des feedback

Les actions du sujet dans les épreuves ont un impact sur l’environnement qui est alors modifié. Dans la BADS-C, l’examinateur observe si l’enfant est capable de tenir compte de ces feedback afin d’adapter et de réguler son comportement. Cette habileté est donc étroitement liée à la flexibilité et aux capacités d’adaptation de l’enfant. Tous les tests permettent d’estimer si l’enfant utilise à bon escient les feedback. Par ailleurs, les feedback peuvent être verbaux et provenir de l’examinateur. Le protocole de passation comprend des questions qui visent à inciter l’enfant à poursuivre sa stratégie. Par exemple dans le « test des clés », si l’enfant n’a pas exploré la totalité du champ, l’examinateur peut lui demander s’il est certain d’avoir cherché dans tout le champ et s’il pense avoir retrouvé ses clés.

 Le contrôle cognitif

Il s’agit de la capacité du sujet à contrôler ses performances en termes d’efficacité et de réussite. L’enfant porte alors un regard sur ses actions et sur leur effet par rapport au but initial escompté. Dans la BADS-C, l’examinateur observe les contrôles qu’effectue l’enfant pendant et après la réalisation de la tâche. C’est pourquoi, il est indispensable de prendre note des auto-corrections ainsi que de la reconnaissance des erreurs par l’enfant. Cette activité mentale est particulièrement mise en jeu dans le « test des cartes », « zoo 1 » et « zoo 2 » ainsi que dans le « test des 6 parties ».

Cotation de la batterie BADS-C :

Pour chaque épreuve, une note brute est obtenue et permet de calculer le score total brut. Pour comparer les capacités de l’enfant à la norme, il est nécessaire de tenir compte de son âge mais également d’une évaluation ou d’une estimation de son QI total. Les QI sont répartis en trois groupes : 70-89 ; 90-110 (QI moyen) ; >111. Les scores bruts sont alors convertis en notes standard (N.S.) et en percentiles (P) pour chaque épreuve. Enfin, la somme des six notes standard permet d’obtenir un score total standard qui correspond au niveau de classification de l’ensemble des fonctions exécutives : réduit / limite / moyenne basse / moyenne / moyenne haute / supérieur.

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