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4. METHODOLOGIE D’ETUDE DE LA TORTUE MAURESQUE

4.4. Etude du régime alimentaire de la population de Testudo graeca

La période d‟échantillonnage a eu lieu au printemps 2007 ; période au cours de laquelle des relevés phytosociologiques ont été effectués dans le site d‟étude. Afin d'avoir une idée du recouvrement des espèces végétales dans ce milieu on a utilisé la méthode des line-transects. Tout au long de la zone d‟étude on a effectué des relevés floristiques de 10 mètres de long. Tout les 30 mètres (Holmes, 1984). Ainsi, 13 transects choisis au hasard ont été réalisés dans la zone d‟étude. Quatre (04) relevés floristiques ont été exécutés dans l‟Aulnaie en utilisant la méthode des quadras qui est plus appropriée dans ce type de milieux fermés.

Photo 09. Echantillonnage de la végétation par line-transect (© Rouag).

Pour l‟identification des espèces végétales, nous avons eu recours à la flore de Quezel et Santa (1962). Une fois l‟inventaire floristique réalisé, Le taux de recouvrement moyen de chaque espèce végétale a été noté dans les différents transects. Celui-ci sera estimé selon une échelle mixte de Braun-Blanquet(1952).

Tableau 04. L’échelle mixte de Braun-Blanquet (1952). Indice Surface recouverte par les espèces en %

5 100 - 75 4 75 - 50 3 50 - 25 2 25 - 5 1 < 5 + < 1

4.4.2. Analyse du régime alimentaire

4.4.2.1. Choix de la méthode coprologique

Il existe plusieurs méthodes d‟étude du régime alimentaire et qui sont regroupées dans des méthodes directes et des méthodes indirectes (Butet, 1987). Les méthodes directes se basent sur l‟observation directe de l‟herbivore en utilisant généralement une paire de jumelles, tout en étant à une bonne distance pour ne pas affecter le comportement alimentaire de la tortue. L‟identification et la quantification à distance des espèces végétales, ainsi que les différentes parties broutées n‟est pas toujours aussi aisée. Les méthodes indirectes comprennent :

• L’étude du contenu stomacal : c‟est la méthode la plus fiable, mais cette dernière nécessite le sacrifice de l‟animal.

• L’analyse micrographique des fèces « méthode de l’épiderme » : C‟est une méthode

qui n‟entraine pas des perturbations sur les populations étudiés, c‟est la méthode la plus appropriée pour analyser les variations spatio-temporelles des préférences alimentaires de l‟animal étudié, elle fournit des renseignements qualitatifs et une approche quantitative du régime.

En raison de ces diverses constatations, les méthodes coprologiques font actuellement 1'objet d'un regain d'intérêt croissant, et remplacent souvent 1'analyse des contenus stomacaux dans 1'étude des régimes alimentaires des espèces sauvages. Elles présentent en effet de nombreux avantages sur toutes les autres procédures, en effet :

 Elle ne perturbe pas le comportement de l‟animal.

 Elle ne perturbe pas la démographie permettant des études en parallèle sur la dynamique des populations étudiées.

 Le régime alimentaire des populations ou des individus est étudié dans les conditions naturelles de l‟animal.

 Elle permet un suivi de la population illimité dans le temps et dans l'espace.  Elle permet d‟avoir une approche quantitative de la nourriture ingérée.

Chamois (Delaunay, 1982), le mouton (Rodde, 1977) ainsi que la marmotte alpine (Massemin, 1992).

4.4.2.2. Description de la méthode coprologique 4.4.2.2.1. Principe de la méthode

L‟analyse « micrographique » ou « microhistologique » est souvent utilisée lors d‟études du régime alimentaire des herbivores. La technique est basée sur la reconnaissance au microscope des fragments épidermiques végétaux et des fragments tégumentaires animaux contenus dans les fèces, par comparaison à un atlas photographique de référence des structures épidermiques des différentes plantes présentes sur le domaine exploité. Il a été démontré qu‟un minimum de10 échantillons était nécessaire pour obtenir une bonne définition du spectre alimentaire de la population étudiée à une période considérée (Butet, 1985).

L‟épiderme, formée par la polymérisation de substances graisseuses insaturées, garde l'empreinte des cellules épidermiques de la plante dont elle dérive et résiste aux enzymes digestives. On émet l'hypothèse que l'on retrouve dans les fèces ces fragments cuticulaires caractéristiques des espèces végétales consommées. En fonction de la spécificité des structures épidermiques rencontrées, l‟identification des composants du régime alimentaire se fait au niveau des familles végétales, des espèces végétales ou des organes végétaux.

4.4.2.2.2. Constitution du catalogue de références

Les organes utilisés sont les suivants : la tige, la feuille, la fleur (sépale, pétale et étamine) ou l'inflorescence et la graine. L'obtention des épidermesse fait par séparation mécanique en grattant les tissus à l'aide d‟une pince fine. Les épidermes sont plongés successivement dans différents bains pendant quelques minutes : eau de Javel, eau de rinçage, alcool et eau de rinçage. Ils sont ensuite placés entre lames et lamelles, dans de l'eau glycérinée.

Pour des raisons pratiques, il est plus facile de consulter un catalogue photographique qu'une série de montages sur lames. C'est pourquoi les différentes préparations sont photographiées au microscope optique et les tirages sur papier, réalisés dans des conditions standard aboutissent à un grossissement final de X100 (Chapuis, 1980 ; Butet, 1987). Les diverses

photos sont rassemblées en un atlas photographique (Photo 10). En ce qui concerne les invertébrés, on a utilisé la collection des invertébrés réalisée dans le cadre de l‟étude des deux espèces de lézards insectivores. Néanmoins, nous nous sommes limités à signalé uniquement la présence ou l‟absence de fragments d‟invertébrés et qui font partie généralement de l‟ordre des coléoptères.

Photos 10. Fragments épidermiques d'Anagallis arvensis (© Rouag).

4.4.2.2.3. Collecte et Analyse des fèces de Testudo graeca

Les échantillons de crottes sont obtenus durant la manipulation de l‟animal, elles sont récoltées, mises dans des flacons en plastique et conservées dans de l‟alcool à 50%. Après avoir noté son sexe, chaque tortue capturée est pesée, mesurée, puis relâchée à l‟emplacement exact de sa capture.

Les 44 fèces prélevées (20 mâles, 16 femelles et 08 juvéniles) ont été broyées, homogénéisées dans de l'eau de Javel procurant une bonne décoloration, puis tamisées sur une série de tamis de 0.8 mm puis de 0.4 mm. Les fragments observables au microscope (X100) sont récupérés ultérieurement, ceux qui sont supérieurs à 0,4 mm devront être de nouveau broyés, les fractions obtenues sont dispersées dans une solution glycérinée à 50% (Photos 11).

Les critères micro morphologiques de détermination sont la forme, la taille et l'aspect des cellules, les inclusions cellulaires, la densité et la répartition des stomates ainsi que la morphologie des poils épidermiques. Des critères plus subjectifs tels que l'épaisseur ou la couleur des fragments sont également utiles.

Photos 11. Les principales étapes de l’analyse coprologique (© Rouag). 4.4.2.2.4. L’analyse quantitative du régime alimentaire :

La technique de Rodde (1977), reprise par Chapuis (1980) et Butet (1985) a été utilisée. Elle consiste en un comptage continu des fragments au microscope optique par balayage longitudinal de la lame. A chaque déplacement du champ oculaire, tous les fragments sont identifiés et comptés.

Pour rencontrer tous les items caractéristiques de l'échantillon et obtenir une distribution d'abondance significative de ces items ; le nombre minimum de fragments à considérer est de 200 fragments par échantillon (Chapuis, 1980 ; Butet, 1985). Afin de garantir la validité des résultats, trois lames de chaque échantillons de crottes sont préparées et des fragments ont été comptés au microscope optique sous un grossissement (x 100; Microscope Carl Zeiss) sur trois lignes horizontales, séparées par 2 mm, de chaque lame (El Mouden et al., 2006).

Les fragments observables traversées sont identifiés en comparaison à l‟atlas de référence, les critères micro-morphologiques de détermination précédemment évoqués sont pris en considération. Ces fragments observables sont aussi comptés.

Les résultats sont exprimés en abondance relative en pourcentage (A%) de chaque catégorie alimentaire après dénombrement de leur épidermes caractéristiques.

4.4.2.3. Performances et limites d’application de la méthode coprologique

L'analyse des pelotes fécales a été largement utilisée sur les tortues terrestres (par exemple, Luiselli, 2003), car elle est non invasive et peu susceptible de nuire aux espèces aux faibles densités (Luiselli, 2006). Cette méthode peut poser des biais ; les matériaux les plus tendres peuvent être digérés de sorte qu'ils ne sont pas identifiables dans les fragments de la matière fécale. Au cours du transit intestinal, les diverses actions mécaniques et chimiques infligées aux végétaux risquent d‟éliminer certains épidermes fragiles. Ce problème a souvent été soulevé et les avis sont partagés. Les études les plus approfondies sur ce point montrent que le risque de disparition n‟est toutefois pas trop élevé. A coté de ce problème de digestibilité, il faut signaler qu‟au cours des analyses, l‟identification n‟est pas toujours facile sur la planche des références. Certains fragments restent parfois indéterminés. Ceci constitue une autre limite sur le plan qualitatif, mais que l‟on rencontre également dans l‟analyse des contenus stomacaux (Demuth et Buhlmann, 1997 ; Gunzburger, 1999 ; Pincheira-Donoso, 2008).

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