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Chapitre II – Imagerie quantitative et fonctionnelle thoracique

4 Evaluation dynamique du volume pulmonaire .1 Evolution de méthodes

4.3 Etude de la mobilité pulmonaire

La visualisation de la dynamique du diaphragme et des lésions pulmonaires est tout à fait réalisable même sans l’utilisation de logiciel spécifique. La Figure II.4-2 montre la reconstruction TDM (a) et les coupes IRM coronales (b, c et d) de la partie postérieure des poumons d’un patient. Les images en inspiration complète sont visibles sur la reconstruction TDM (a) et sur la coupe correspondante de la séquence VIDE (c) et celles acquises en expiration complète sur la coupe de la 3D-USV (b) et sur la même coupe de la VIDE mais acquise 7 secondes plus tard (d).

Un profil d’intensité (ligne jaune) passant par le dôme du foie et par deux lésions de fibrose pulmonaire a été tracé sur les coupes VIDE et reporté sur les images TDM et 3D-USV. Les profils d’intensité en fin d’inspiration (bleu) et fin d’expiration (orange) sont visibles sur le graphique (e) notamment au niveau du foie (noir), de la lésion 1 (rouge) et de la lésion 2 (jaune foncé). On observe la dilatation et la compression des plages fibreuses en inspiration et expiration respectivement, avec la particularité pour la lésion 2 de se décomposer en deux parties distinctes visibles uniquement en fin d’inspiration.

Dans cet exemple précis, une respiration normale a été demandée au patient. Une respiration profonde pourrait être demandée pour obtenir un aperçu plus complet de la mobilité pulmonaire. Cette séquence pourrait servir de complément aux tests d’efforts qui ne donnent pas accès à la visualisation locale de la mobilité pulmonaire, afin éventuellement de démasquer des zones de poumon pathologique à un stade précoce, ou de fournir des informations pronostiques. Elle pourrait également grâce à son temps d’acquisition très court, faire office de localisateur précis prenant en compte la mobilité pulmonaire.

Evaluation dynamique du volume pulmonaire

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Figure II.4-2 Reconstruction TDM (a) et coupes IRM 3D-USV premier écho (0,05 ms), VIDE en fin d’inspiration (c) et VIDE en fin d’expiration (d) en vue coronale pour le même patient de 39 ans. Le profil d’intensité (ligne jaune) parcourant le poumon droit est tracé sur le graphique (e) pour la VIDE en fin d’inspiration et expiration en bleu et

orange respectivement, en partant du foie (noir), jusqu’à l’apex du poumon où se trouve la lésion 2 (jaune), en passant par la lésion 1 (rouge). Les flèches noires, rouge, et jaune désignent respectivement le foie, la lésion 1 et

la lésion 2 et sont reportées, avec le profil d’intensité, sur les images a, b, c et d.

L’utilisation du logiciel de segmentation 3D automatique (Figure II.4-1) permet de visualiser la dynamique pulmonaire mais également les mesures des volumes à chaque instant. A titre d’illustration, cette dynamique chez un patient porteur de sarcoïdose a été comparée à celle d’un volontaire sain de même gabarit acquise via la même séquence pendant 50 secondes (Figure II.4-3). On remarque sur les rendus surfaciques des irrégularités de forme du poumon chez le patient ainsi qu'une respiration plus erratique que celle du volontaire sain.

Chapitre II – Imagerie quantitative et fonctionnelle thoracique

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Figure II.4-3 Comparaison de volumes lissés d’un volontaire sain (gauche) et un patient (droite) de même gabarit (haut). L’évolution du volume pulmonaire en fonction du temps correspondant est représentée sur 50 secondes

pour le volontaire sain et 30 secondes pour le patient (bas).

4.4 Points essentiels

- L’IRM pulmonaire permet d’obtenir rapidement une estimation localisée de la mobilité pulmonaire. Ces données sont encore très préliminaires mais pourraient éventuellement permettre de dépister les lésions de fibrose à un stade précoce, ou encore avoir un intérêt pronostique dans les poumons fibreux rétractiles dont on sait que la mobilité est moindre. Une visualisation dynamique est disponible en matériels supplémentaires dans le fichier Poumon_Dynamiques.pptx disponible au lien suivant :

https://uniren1-my.sharepoint.com/:u:/g/personal/louis_marage_univ-rennes1_fr/EZBESgkprwdDjV8tXHFMsxoBbJsNDergu1i1UgbAlX9PUw?e=f889k6

5 Conclusion

Ces trois applications de l’IRM à l’organe poumon sont exploratoires et encore très éloignées d’une pratique de routine clinique. Elles donnent un aperçu des possibilités de l’IRM

Conclusion

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quantitative pulmonaire, mais aussi des défis techniques à relever, notamment des limites de l’utilisation d’un champ à 3T pour l’imagerie thoracique. Ce haut champ augmente en effet les effets de susceptibilité magnétique qui sont maximum au sein du parenchyme pulmonaire et dégradent la qualité des images même avec les séquences UTE [51]. Les images obtenues sur le médiastin souffrent également, bien qu’à un degré moindre, de ces artefacts de susceptibilité, rendant l’IRM quantitative des ganglions médiastinaux probablement insuffisamment reproductible. L’utilisation des méthodes d’acquisitions rapides comme le compressed sensing autorisant l’acquisition d’images à partir d’un remplissage très partiel du plan de Fourier, permettrait une réduction significative des temps d’acquisition [52,53]. Ce gain de temps pourrait être mis à profit pour accumuler plus de signal et améliorer la résolution des images en conservant un temps d’acquisition compatible avec une étude clinique.

Le compressed sensing combiné à une séquence UTE et une reconstruction rétrospective pourrait aussi améliorer l’IRM dynamique pulmonaire, ainsi que l’a montré l’étude de Feng et al. [54]. Une autre étude très récente a également montré l’intérêt de l’UTE pour la spirométrie par résonance magnétique [55]. Notre méthode pour l’évaluation du volume pulmonaire présente néanmoins l’avantage d’être très rapide et accessible sur toute les machines cliniques actuelles.

La séquence 3D-USV double écho pourrait ouvrir des perspectives concernant la détection des lésions fines ou à bas contraste en IRM et ainsi éviter le recours à une TDM irradiante. La quantification du 𝑇2 du parenchyme pulmonaire, théoriquement possible grâce aux deux échos, n’est pas réalisable compte-tenu de l’encodage spécifique de la séquence qui biaise le TE effectivement mesuré. Ce point sera détaillé au Chapitre IV.

Au total, l’IRM pulmonaire quantitative reste un défi technique notamment à 3T. Les chapitres suivants sont dédiés à l’imagerie quantitative à 1,5T de la moelle osseuse du rachis et du poignet, qui est préservée des difficultés liées au mouvements ainsi que des effets trop marqués de susceptibilité magnétique.