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Etude clinique de la rehabilitation des tissus irradiés par autogreffe de tissu adipeux 108

TISSU ADIPEUX

“Rehabilitation of irradiated head and neck tissues by autologous fat transplantation.”

Phulpin, B., Gangloff, P., Tran, N., Bravetti, P., Merlin, J. L., Dolivet, G. Plast Reconstructive

Surgery, 2009. 123(4): p. 1187-97.

La prise en charge des tumeurs des VADS requiert souvent des traitements combinés

associant chirurgie d’exérèse-radiothérapie, plus ou moins chimiothérapie. D’un point de vu

carcinologique, les résultats obtenus sont satisfaisants. Néanmoins, la résection tumorale et la

toxicité des rayonnements ionisants peuvent générer des séquelles esthétiques et/ou

fonctionnelles plus ou moins importantes ayant un impact sur la qualité de vie des patients.

Après traitement par radiothérapie, la réalisation de chirurgie en territoire ischémié au réseau

vasculaire réduit, notamment la correction des défauts esthétiques, est délicate et nécessite des

techniques chirurgicales novatrices. Depuis plus d’un siècle, la greffe autologue de tissus

adipeux est utilisée pour corriger des défauts esthétiques, la graisse constituant un bon

matériau de comblement. Entre 2000 et 2008, 11 patients ayant été traités pour un cancer des

VADS, ont bénéficié de greffe de tissu adipeux en sous cutané et/ou en sous muqueux en

territoire irradié.

Après ponction de tissu graisseux abdominaux, l’injection des tissus adipeux en territoire

irradié a été réalisée d’une façon similaire à la technique de Lipostructure décrite par Coleman

[182]

. Le recul clinique s’étendait sur une période de 2 à 88 mois (moyenne : 39,9 mois). Une

évaluation fonctionnelle et esthétique a été réalisée pour chaque patient. Lors de reprise

chirurgicale des études histologiques complémentaires ont été effectuées sur les déchets

opératoires à savoir des tissus graisseux, cicatriciels irradiés et irradiés traités.

Aucune complication n’a été signalée. Dans tous les cas, un excepté, la réhabilitation a été

esthétique et fonctionnelle. En plus de corriger les volumes, l’autogreffe adipocytaire a

amélioré la fonctionnalité et la trophicité tissulaire en regard des zones greffées. Ces greffes

ont donc eu un impact positif sur la qualité de vie des patients. L’évaluation histologique

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réalisée semblait en faveur d’une diminution des marqueurs morphologiques des lésions

radio-induites caractérisée par une absence de territoire nécrotique et une augmentation de la

densité vasculaire.

Cette technique de chirurgie plastique a induit, dans ce cas particulier, une amélioration

clinique (tant esthétique que fonctionnelle) qui semblait corrélée aux résultats histologiques.

Le mécanisme cellulaire et/ou tissulaire responsable du bénéfice thérapeutique observé

demeure encore méconnu. L’hypothèse que ces améliorations pouvaient être induites par les

cellules souches mésenchymateuses CSMs contenues dans les tissus adipeux a été émise

[26]

.

Ces tissus adipeux constituent une source importante de CSMs

[183]

, cellules ayant une

capacité intrinsèque à promouvoir l’angiogenèse et une implication dans les processus

naturels de réparation tissulaire. Elles pourraient participer à la revascularisation du tissu

irradié ischémié.

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Ces constatations cliniques et les hypothèses formulées nous amènent à la définition des

cellules souches et plus particulièrement des CSMs.

La prolifération, la migration et la différenciation, sont les principaux processus cellulaires

qui permettent le maintien de l’homéostasie tissulaire au sein de l’organisme adulte. La

fonction d’une cellule souche, c’est de proliférer et de créer, chez l’embryon, ou de

pérenniser, chez l’adulte, la diversité des compartiments fonctionnels d’un tissu durant la vie

de l’individu, en empruntant de multiples voies de différenciation

[184]

.

Les cellules souches sont présentes dans de très nombreux organes et tissus adultes et elles

préservent l'intégrité et la fonctionnalité du tissu auquel elles appartiennent. Du fait de leur

rareté, de leur manque de distinction morphologique caractéristiques et de marqueurs

spécifiques, il est difficile d'identifier leur niche

[185, 186]

. Par ailleurs, faute de critères de

reconnaissance spécifique, les cellules souches ne peuvent être définies qu’en vertu de leurs

caractéristiques fonctionnelles

[187]

, à savoir : une autonomie substantielle de renouvellement

nommé auto-renouvellement, un fort potentiel de prolifération, et l'aptitude à se différencier

en au moins un type de lignage

[187-190]

.

Pour affirmer l’identité de ces cellules, des manipulations expérimentales doivent être

réalisées pour tester leurs fonctionnalités, aux risques de modifier leurs propriétés

[187]

. Ces

contraintes expérimentales, auxquelles il est particulièrement difficile de se conformer dans le

cas des cellules humaines, pour lesquelles les modèles in vivo sont rares et biaisés, expliquent

que souvent, des populations cellulaires sont qualifiées de souches alors qu’elles n’en ont pas

les caractéristiques requises

[191]

.

VI). DEFINITION DES CELLULES SOUCHES

MESENCHYMATEUSES

Historiquement, la présence de cellules souches non hématopoïétiques de la moelle osseuse a

d'abord été suggérée par les observations du pathologiste allemand Cohnheim il y a 130 ans.

D’après ses travaux, la moelle osseuse pouvait être la source de fibroblastes produisant des

fibres de collagène participant au processus physiologique de réparation des plaies

[192-194]

. En

1976, Friedenstein et al.

[195]

ont démontré que les cultures réalisées à partir de ponction

122

médullaire engendraient la formation de colonies cellulaires adhérentes au plastique, ayant

une morphologie fibroblastique. Il a été démontré que ces colonies étaient des clones

provenant d’une cellule quiescente en début de culture. Ces cellules sont alors dénommées

Colony-forming unit fibroblasts CFU-Fs. Par la suite, Owen et Friedenstein

[196]

ont

également constaté que les cellules médullaires pouvaient, in vitro, se différencier en colonies

ressemblant à de petits dépôts osseux ou cartilagineux. En 1999, Pittenger et al.

[20]

démontrèrent la multipotence de ces cellules, c’est à leur capacité à se différencier en de

multiples lignées mésenchymateuses. Récemment, une nomenclature standardisée a été

établie

[197]

et le terme retenu pour désigner cette population de cellules médullaires a été celui

proposé par Caplan en 1991

[198]

à savoir mesenchymal stem cells (MSCs).

Récemment, l’International Society for Cellular Therapy (ISCT) a énoncé les critères

minimum requis pour parler de CSMs, dont l’acronyme signifie également cellules stromales

mésenchymateuses

[194, 199]

.

Comme l’ont souligné Pittenger et Martin

[200]

, les caractéristiques des CSMs humaines à

savoir : leur facilité d’isolement, leur potentiel d’expansion élevé, leur stabilité génétique, la

reproductibilité des caractéristiques d’isolats cellulaires en isolats cellulaires, la

reproductibilité de leurs caractéristiques dans les différents laboratoires mondiaux, la

compatibilité avec les principes de l’ingénierie tissulaire et le potentiel de réparation de

nombreux tissus vitaux en font actuellement une source idéale pour les biothérapies.