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7.   ETUDE DE CAS DE TROIS INSTITUTIONS GENEVOISES

7.3  Présentation des institutions

7.3.1  Archives d’Etat de Genève

7.3.1.8   Etat des fonds

Le mode de classement général des archives est de type hybride : il se base à la fois sur le principe de provenance et le principe de pertinence (AEG, 2004 : 23). Les Archives d’Etat héritent des travaux de regroupement et de reclassement effectués au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Ainsi, jusqu’en 1983, les archives publiques et privées ont été classées sous des cotes-matières, selon leur sujet. Mais dès l’année suivante, les AEG ont décidé de simplifier le système de cotation. Les fonds sont dès lors cotés selon leur ordre d’entrées aux Archives d’Etat : 1984 va 1, 2, 3…pour les archives administratives et Archives privées 1, 2, 3… pour les fonds privés.

Sous l’ancien classement, les archives privées sont réparties essentiellement dans quatre séries thématiques ou sections : Archives de familles, Commerce F, Industrie D et Sociétés.

La section Archives de familles est elle-même constituée de trois séries : la première série constitue un portefeuille assez conséquent contenant des fonds des anciennes familles genevoises d’une certaine ampleur ; la deuxième série est attribuée au fonds provenant de la collection Galiffe, qui regroupent principalement les travaux généalogiques et historiques de James Galiffe et ceux de son fils, John, ainsi que leur documentation. Enfin, la troisième série contient des fonds de plus petite taille, voire des fragments de fonds et des pièces isolées. Il existe encore une série dite Villages genevois répertoriant les archives de quelques familles de la campagne, groupées par villages.

Sous la cote Commerce F sont regroupés les livres de commerce de particuliers (marchands, apothicaires, horlogers ou banquiers). Industrie D rassemble les fonds d’entreprises privées. Enfin, Sociétés correspond à un ensemble de fonds d’archives de diverses sociétés et associations privées.

Nous avons relevé des archives privées également dans les sections Archives hospitalières et Eglises.

Pour quantifier les différents types d’archives, nous avons procédé à un échantillonnage. Pour chaque série d’archives (Commerce F, Industrie D, Société, Archives de familles, Archives privées, Archives hospitalières, Eglises), nous avons analysé 20% de leur fonds, excepté pour les quelques séries qui comptaient moins de 20 fonds et que nous avons analysées dans leur totalité (industrie D, Archives hospitalières, Eglises, Consistoire et compagnie des pasteurs)17.

Au cours de notre analyse, nous avons observé que ces différents fonds sont très inégaux de par leur volume. Certains sont constitués de quelques pièces, d’autres sont des fonds complets versés en une fois, d’autres encore en plusieurs fois par les générations successives.

Notre échantillon nous a permis d’examiner 227 fonds sur un total estimé à 989 fonds.

A partir des données que nous avons récoltées, nous avons généré un graphique mettant en exergue les grandes catégories d’archives privées (Annexe1, figure 1).

Il ressort que les archives de familles ne représentent pas moins de la moitié des fonds d’archives privées. Ce résultat n’est pas surprenant, car cette catégorie d’archives est la première à avoir suscité de l’intérêt et à avoir été collectée par les Archives d’Etat. Si nous nous référons à la liste des fonds d’archives privées les plus importants qui a été dressée par les AEG (AEG, site web), nous remarquons que les archives de familles figurent en tête de liste et qu’elles occupent également une place prédominante. Nous y trouvons notamment des noms de grandes familles genevoises, tels que Naville, Thellusson et Saladin. L’ensemble de ces fonds de familles et d’individus couvre essentiellement la période du XVIIIe et du XIXe siècle. Certains fonds remontent même jusqu’au XIVe siècle (archives privées 62). Parmi ces fonds, se trouvent notamment des pièces qui ont une valeur surtout esthétique comme les lettres de noblesse et des

17 Vous trouverez en annexe (Annexe 4) un tableau récapitulatif de l’ensemble des données récoltées, présentées sous la forme de pourcentage.

fonds très volumineux comme c’est le cas des archives de la famille Turrettini (Archives de famille 1ère série, Turrettini et familles alliées).

Si nous reprenons notre graphique (Annexe 1, figure 1), nous notons que les archives d’entreprises et les archives de personnes viennent en seconde position (15%), puis les archives d’associations (11%) et enfin les archives ecclésiastiques (8%).

Dans le segment des 15 % des archives de personnes, se distinguent en première position les archives des membres de grandes familles genevoises et celles des citoyens ordinaires. Elles sont suivies de près par les archives de personnes exerçant une activité politique et de celles qui occupent une fonction d’enseignant, d’écrivain ou de journaliste. Nous retrouvons l’importance que prennent les archives liées aux grandes familles genevoise.

Pour donner en exemple quelques noms d’individus importants dont les AEG possèdent les archives, nous pouvons relever la correspondance politique de Charles Pictet-de Rochemont et sa correspondance avec sa fille Amélie (archives de familles 1ère série et 3ème série, Pictet-de Rochemont). D’une période plus récente, nous notons les archives de l’historien et diplomate Frédéric Barbey et les papiers d’Edgard Milhaud (1873-1964), professeur d’économie politique à l’Université de Genève et secrétaire de Jean Jaurès. Nous relevons également la présence de quelques architectes notoires qui ont joué un rôle dans le paysage urbain genevois : Jean-Daniel Blavignac (1817-1876), Marc Tzala Edmond Fatio et d’Antoine Leclerc.

Tableau 1 : Répartition des archives de personnes par catégorie (AEG)

Membre de grandes familles genevoises 2,6 %

Citoyen ordinaire 2,6 %

Politique 2,2 %

Enseignant, écrivain, journaliste 2,2 %

Artiste 1,3 %

Militaire 0,9 %

Commerçant, financier 0,9 %

Statut inconnu 0,9 %

Architecte 0,4 %

Archiviste, bibliothécaire, érudit 0,4 %

Les grands secteurs d’entreprises qui sont les plus documentés sont les secteurs secondaire et tertiaire (Annexe 1, figure 2). Dans le secteur secondaire, les branches dominantes sont l’horlogerie et l’imprimerie. Ces deux tendances s’expliquent par l’histoire économique de Genève (Dufour, 1997 : 74-75 ; 88-90). En effet, l’horlogerie ainsi que les métiers annexes (orfévrerie, bijouterie, peinture sur émail) connaissent un grand essor dès la deuxième moitié du XVIIe siècle jusqu’au XVIIIe siècle. L’imprimerie, quant à elle, s’impose pendant la plus grande partie du XVIe siècle puis perd de son rayonnement dès la fin de ce même siècle. Dans le secteur tertiaire, la santé, le commerce et la finance se distinguent en tête de liste. Si nous nous référons à nouveau à l’histoire économique, nous notons que la Genève du XVIIe et du XVIIIe siècle connaît une conjoncture prospère dans le domaine du négoce international, puis avec le développement des banques privées, elle devient « une des places bancaires privilégiées de la finance internationale » (Dufour, 1997 : 89).

Concernant la répartition des archives d’associations en fonction de leurs activités (Annexe 1, figure 3), les associations culturelles et artistiques sortent en tête, viennent ensuite les archives caritatives et sociales, puis les associations à connotation politique et enfin dans une moindre mesure les associations professionnelles, sportives et de loisirs, citoyennes et cultuelles. Dans notre échantillon, nous n’avons relevé aucune archives d’associations liées à l’activité militaire, philanthropique ou éducative.

Les données relatives aux modes d’acquisition des archives privées sélectionnées dans notre échantillon révèlent que 34% des fonds sont acquis par le biais de la donation, 3% sous la forme de dépôts, 2 % par achat et enfin 0,4% par le legs (Annexe 1, figure 4). Cependant, pour une grande partie des fonds (61%), les inventaires papiers ne spécifient pas les modalités d’acquisition18. Cette absence de données biaise nos résultats et ne nous permet pas de tirer des conclusions valables. Nous pouvons toutefois émettre l’hypothèse que les dons sont le mode d’acquisition majoritaire, étant donné qu’il est privilégié dans la politique d’acquisition des Archives d’Etat.

18 Il est possible cependant d’obtenir des informations sur les modalités d’entrée dans les bordereaux de versement.

7.3.2 Archives de la Ville de Genève