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3. Etat de l’art

3.4 Ailleurs

Prescriptions internationales

Dans le reste du monde, les pratiques en matière de partenariat varient énormément, mais il existe quand même une constante : une bibliothèque publique ne peut exister sans la légitimité des autorités ni sans collaborations. Une bibliothèque ne se suffit pas à elle-même, elle ne peut se contenter de présenter au public des ouvrages sur des rayons. Elle doit, pour être pertinente, assurer son utilité auprès des usagers en offrant des services et des ressources adaptés.

Comme chaque pays, voire région, possède ses propres dispositions légales et prescriptions en matière de bibliothèques, j’ai trouvé intéressant de me pencher sur les

recommandations de l’IFLA4 émises en collaboration avec l’UNESCO5 puisque ces associations agissent au niveau mondial comme porte-parole des professions des bibliothèques et de l’information (IFLA 2017).

Ces recommandations, disponibles en lien dans la bibliographie (IFLA et UNESCO 2001), définissent très clairement et expliquent les bonnes pratiques au sujet des points suivants :

• Le rôle et le but des bibliothèques publiques ; • Les cadres légaux et financiers ;

• Le développement des collections ; • Les ressources humaines ;

• La gestion et le marketing.

En matière de bibliothèques, l’IFLA et l’UNESCO sont les principaux prescripteurs à l’échelle internationale, et c’est sur la base de leurs recommandations que la plupart des institutions dans le monde entier ont basé leurs chartes et que les pays ont établi leurs lois6. Ainsi, les autorités finlandaises se sont par exemple fortement inspirées de ces recommandations pour créer leur loi sur les bibliothèques (Loi sur les bibliothèques 904/1998 promulguée à Helsinki le 4 décembre 1998).

Troisième lieu : exemples

En ce qui concerne les évolutions en matière de développement des bibliothèques dans le monde, il faut relever la tendance actuelle qui est de rendre conformes ces institutions à la notion de troisième lieu développé au point 2.2.3.2. « Ces nouvelles structures ont complètement revisité le modèle traditionnel de la bibliothèque et cherchent à s’inscrire dans la compétition avec l’industrie de loisirs et des produits culturels, à l’heure où les individus sont confrontés à une offre croissante » (Servet 2010).

De nombreux exemples existent, principalement dans les pays anglo-saxons et du nord de l’Europe, à l’image de l’Openbare Bibliotheek Amsterdam (OBA) qui a adopté les spécificités du troisième lieu. Ainsi, la bibliothèque publique municipale OBA est ouverte sept jours sur sept, de 10h à 22h, et propose en plus de l’accès aux collections (papier et numériques), toutes sortes d’activités allant de l’exposition à des représentations théâtrales en passant par un restaurant inscrit au Guide Michelin

4 International Federation of Library Associations and Institutions. En français : la Fédération Internationale des Associations et Institutions de Bibliothèques.

(Openbare Bibliotheek Amsterdam 201?). Toujours aux Pays-Bas, l’on peut également mentionner la DOK de Delft très active dans la création de liens entre les générations au moyen de ressources et activités éducatives, et ce dans de nombreuses langues (DOK Delft 201?). Cette bibliothèque de nouvelle génération se veut une sorte de laboratoire vivant d’expériences en matière de technologie et se dit être la bibliothèque la plus moderne au monde.

Un autre exemple, et une vraie réussite, à Londres cette fois : le concept d’Idea Stores. Il s’agit de proposer au public un lieu où se mêlent les services classiques de la bibliothèque et des offres de formations continues, des crèches, cafés et différentes activités de loisirs. Les bâtiments eux-mêmes ont été pensés à l’opposé des institutions académiques officielles, de manière à offrir au public de larges ouvertures faisant offices de vitrines et « une ambiance de magasin de détail » (Dogliani 2008). Pour élargir leur public cible, la plupart des règles poussiéreuses traditionnelles aux bibliothèques d’étude ont été abolies, ou du moins restreintes, notamment en ce qui concerne le bruit, la nourriture et les boissons. Ouverts sept jours par semaine, les Idea Stores se veulent au plus proche de la population, et l’application du concept troisième lieu leur a valu une fréquentation multipliée par trois, 35% de hausse du taux de prêt ainsi qu’une participation aux cours proposés doublée (Dogliani 2008).

Ces « nouvelles » bibliothèques ont pour mission d’amener l’usager à la culture par des voies différentes, attrayantes et novatrices, de façon à lui proposer une véritable expérience lourde de sens, et ce autant au niveau émotionnel qu’intellectuel (Servet 2010). Le recours à des méthodes de marketing, utilisées comme des outils précis et efficaces, et la multiplicité des rôles et missions nouvellement adoptés par ces institutions d’un genre nouveau, rôles et missions qui s’éloignent de la mission originelle des bibliothèques (la diffusion de l’écrit), sont peut-être les freins qui amènent les pays francophones à se montrer frileux en matière de troisième lieu. Souvent accusés de promouvoir un certain consumérisme culturel, ces bibliothèques modernes sont pourtant des succès si l’on se réfère à leur taux de prêt et fréquentation.

S’inspirer des expériences des autres

Lors de la rédaction du cahier des charges de la bibliothèque de Veyrier, il serait bienvenu de s’inspirer de nos amis anglo-saxons et du nord de l’Europe, car leurs bibliothèques présentent un vivier incroyable d’expériences variées, d’idées et de concepts originaux qui pourraient être appliqués chez nous. Michel Melot résume bien, dans son ouvrage La Sagesse du bibliothécaire, le besoin actuel d’adapter ces lieux de

lecteurs et bien d’autres usages que la simple lecture. La bibliothèque n’existe que par la communauté […] [le bibliothécaire] ne parle pas pour lui-même mais pour la communauté qu’il sert. Il doit en refléter les goûts et les opinions, mais aussi les ouvrir à d’autres. Son choix doit être celui de la pluralité […], cette « bigarrure » qui caractérise les sociétés libres » (Melot 2004).