5.4 Estimation de l’acceptance
5.4.3 Estimation de l’acceptance du détecteur
Étude de la discrimination électron/recul
Sommaire
5.1 Champ neutronique et prise de données auprès de l’installation AMANDE . . . 94
5.1.1 Production et caractérisation du champ neutronique . . . 94
5.1.2 Prise de données neutron . . . 95
5.2 Coupures minimales et observables discriminantes . . . 96
5.2.1 Coupures minimales . . . 97
5.2.2 Observables discriminantes . . . 98
5.2.3 Correlation . . . 103
5.3 Réjection du bruit de fond par Arbres de décision boostés . . . 103
5.3.1 Arbres de décision boostés (BDT) . . . 103
5.3.2 Résultats de l’analyse BDT . . . 104
5.3.3 Réjection des reculs d’électrons . . . 105
5.4 Estimation de l’acceptance . . . 107
5.4.1 Simulation de reculs nucléaires de19F . . . 108
5.4.2 Application de la classification BDT à la simulation . . . 110
5.4.3 Estimation de l’acceptance du détecteur . . . 111
5.5 Conclusions . . . 112
Dans la configuration de recherche de matière sombre, nous allons détecter deux types
d’évé-nements : des reculs d’électrons et des reculs nucléaires. En laboratoire souterrain, les reculs
d’électrons sont produits soit par la radioactivitéβ des matériaux, soit par l’interaction par effet
photoélectrique ou diffusion Compton de photons avec les matériaux. Les reculs nucléaires sont,
quant à eux, produits soit par la diffusion élastique de WIMPs ou de neutrons sur des noyaux
du gaz, soit par la descendance du radon (c.f. chapitre 6). Pour la recherche directionnelle de
matière sombre, nous voulons mesurer la distribution angulaire et en énergie de reculs nucléaires.
Ainsi, il nous faudra discriminer les reculs nucléaires des événements constituant notre bruit de
fond : les reculs d’électrons.
Dans une précédente étude, la discrimination électron/recul a été étudiée par simulation [210]
montrant une bonne réjection des reculs d’électrons à basse énergie. Dans ce chapitre, nous
[keV] n Neutron energy E 200 250 300 350 400 450 500 550 600 Probability 0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025
Figure 5.1 – Simulation du spectre de neutron interagissant dans le détecteur pour un angle
Θ = 0. Les neutrons sont simulés à partir de la cible avec le logiciel TARGET [212] et propagés
jusqu’au détecteur avec le logiciel MCNPX [213].
allons présenter une étude de la discrimination électron/recul du détecteur MIMAC se basant sur
l’analyse de données acquises avec un détecteur MIMAC mono-chambre installée dans un champ
de neutron monochromatique à l’IRSN de Cadarache. En utilisant les données expérimentales
acquises auprès de ce champ de neutron, nous avons pu mettre en place une analyse par arbres
de décision boostés de la discrimination électron/recul et ainsi estimer la réjection des reculs
d’électrons. Enfin, en construisant un modèle pour simuler des traces de reculs nucléaires de
fluor nous avons pu estimer l’acceptance du détecteur MIMAC.
5.1 Champ neutronique et prise de données auprès de
l’installa-tion AMANDE
5.1.1 Production et caractérisation du champ neutronique
L’installation AMANDE (Accelerator for Metrology And Neutron Applications for External
Dosimetry) [211] de l’IRSN de Cadarache permet de produire par réactions nucléaires des
neu-trons avec des énergies cinétiquesE
nallant de 2 keV à 20 MeV. Ces neutrons sont produits soit
de façon continue soit pulsée par l’accélération de protons ou de deutons par un Tandetron sur
différentes cibles telles que
7Li ou
45Sc. Par exemple, pour produire un champ neutronique de
565 keV tel que celui utilisé par la suite, nous utilisons une résonance dans la section efficace de
la réaction
7Li(p, n)
7Been bombardant une cible de
7Liavec un faisceau de protons de 2.3 MeV.
Pour des raisons de conservation de l’énergie et de l’impulsion, l’énergie cinétique des neutrons
issus de la cible dépendent de l’angle Θ entre leurs directions et l’axe du faisceau de protons,
l’énergie des neutrons est donc maximale enΘ = 0. En choisissant la position du détecteur dans
le champ neutronique, nous pouvons donc choisir l’énergie des neutrons.
Le détecteur MIMAC mono-chambre 10×10×18 cm
3est placé dans un champ neutronique
de 565 keV à environ 30 cm de la cible de
7Li et dans l’axe du faisceau (i.e. Θ = 0). Dans
cette configuration, l’angle solide couvert par le détecteur est Ω = 0.111 sr, ce qui correspond à
[keV] ioni Ionization energy E 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 Count 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10 Electron only Electron + neutron
Figure 5.2 – Spectre en énergie brut mesuré dans un champ de neutron monochromatique dont
l’énergie moyenne est 565 keV. Le trait rouge représente le spectre mesuré avec la cible de
7Li:
reculs d’électrons et nucléaire (trait rouge) et le trait noir le spectre sans la cible de
7Li: reculs
d’électrons (trait noir).
couvrir 1.7 % de la demi-sphère des neutrons émis. Ainsi, la variation de l’énergie des neutrons
traversant le détecteur devrait être faible et nous pourrions considérer le faisceau de neutrons
comme mono-chromatique (i.e. mono-énergétique). En utilisant le logiciel TARGET [212], nous
pouvons simuler la distribution angulaire et en énergie des neutrons issus de la cible et de son
support. La cible de
7Li est déposée sur un support composé de AlF
3qui va avoir pour effet
de dégrader la résolution de l’énergie du faisceau. Ensuite, nous pouvons propager les neutrons
issus de la cible jusqu’au volume actif en utilisant le logiciel MCNPX [213] en considérant
la géométrie du détecteur et de son environnement. La figure 5.1 représente la simulation du
spectre en énergie des neutrons traversant le volume actif pour un angle Θ = 0. Comme nous
le constatons, la distribution en énergie des neutrons présente un pic centré sur E
n= 565 keV
avec une résolution∆E/E = 3%: nous pouvons donc bien parler de champ mono-chromatique.
De plus, nous notons également l’existence d’une queue dans la distribution à basse énergie qui
correspond à l’énergie des neutrons rétro-diffusés par les matériaux du détecteur.
5.1.2 Prise de données neutron
Lors de campagnes de mesures auprès d’AMANDE, nous avons travaillé avec un prototype
mono-chambre du détecteur MIMAC avec un mélange gazeux à la pression de 50 mbar et composé
de 70% CF
4+ 28 %CHF
3+ 2% C
4H
10. La différence de potentiel dans l’espace d’amplification
était de 470 V. L’étalonnage du détecteur a été réalisé avec une source de
109Cd émettant des
rayons-X dont l’énergie moyenne est 3.04 keV et une source de
55Feémettant des rayons-X dont
l’énergie moyenne est 5.96 keV. Lors de la prise de données, les sources peuvent être isolées du
détecteur par des vannes à tiroir. De plus, afin de préserver la qualité du gaz durant la campagne
de mesure nous avons installé un système de circulation du gaz identique à celui installé sur le
détecteur bi-chambre au LSM. L’étalonnage du détecteur nous permettant de contrôler la qualité
du gaz durant les différentes prises de données.
Y 60 80 100 Z 50 100 0 0.5 1 1.5 2 Time [ns] 0 1000 2000 3000 4000 A [ADC-Channels] 0 200 400 600 800 Time [ns] 0 1000 2000 3000 4000 [ADC-Channels/ns] dt dA 0 0.5 1 Y 140 145 150 155 160 Z 10 15 20 25 0 1 2 3 4 5 Time [ns] 0 500 1000 1500 A [ADC-Channels]100 200 300 400 Time [ns] 0 500 1000 1500 [ADC-Channels/ns] dt dA 0 1 2
Figure 5.3 – Projection dans le plan (Y, Z), signal de préamplificateur de charge et sa dérivée
pour un électron de 36.8 keV (droite) et un recul nucléaire de 20.5 keVee. L’axe Z est donné
en unité de time-slice (20 ns) et l’axe Y en numéro de piste. L’échelle de couleur représente le
nombre de coïncidence entre les axesX etY dans chaquetime-slice.
Les neutrons produits par AMANDE vont interagir par diffusion élastique dans le détecteur et
produire des reculs nucléaires avec des énergies cinétiques allant de 0 jusqu’à l’énergie transférée
maximale appelée end-point. Par exemple, un faisceau de neutrons de 565 keV produit des
reculs de
19Favec une énergie cinétique maximale de 107 keV. Afin d’obtenir l’énergie maximale
d’ionisation déposée dans le détecteur, il faut tenir compte du facteur de quenching en ionisation
tel que décrit au chapitre 4. Cette méthode de production de neutron produit un important
fond de photons γ à partir de la réaction (p, γ) sur le
7Li et sur le
19F du support de la cible.
Ces photons vont alors produire dans le détecteur un nombre important de reculs d’électrons
principalement par diffusion Compton sur les matériaux et le gaz du détecteur.
Dans l’idée d’étudier la réjection des électrons, nous avons réalisé deux prises de données
différentes : une sans et une avec le dépôt de
7Li sur le support. Ainsi, dans le premier cas,
nous avons uniquement une production de reculs d’électrons et dans le second cas, nous avons
une production de reculs nucléaires et de reculs d’électrons. La figure5.2montre les spectres en
énergie mesurés dans les deux cas (trait noir : sans
7Liet trait rouge avec
7Li). Nous remarquons
que les deux spectres ont la même forme en dessous de 30 keVee montrant une contribution
importante provenant des reculs d’électrons dans le spectre avec la cible de
7Li. Nous pouvons
également remarquer que nous n’avons aucun recul d’électron dont l’énergie excède 60 keVee.
Cela vient du fait qu’à 50 mbar un électron de haute énergie ne dépose qu’une partie de son
énergie dans le détecteur à cause de son faible pouvoir d’arrêt et de la géométrie du détecteur.
Le spectre mesuré avec la cible de
7Li(trait rouge), montre ainsi des reculs nucléaires avec des
énergie allant jusqu’à 180 keV.
5.2 Coupures minimales et observables discriminantes
La figure 5.3présente la mesure de deux événements typiques : un recul d’électron (gauche)
et un recul nucléaire (droite). Les différences entre ces deux événements (topologie de la trace
et forme du signal de Flash-ADC) sont importantes. La trace du recul nucléaire est formée d’un
seul bloc de pixels et ne présente aucun "trou". Ce qui n’est pas le cas pour la trace du recul
d’électron qui présente plusieurs blocs de pixels très espacés. De plus, nous pouvons noter que le
signal du Flash-ADC pour un recul nucléaire se caractérise par une montée rapide suivie d’une
décroissance lente, tandis que le signal du Flash-ADC pour un recul d’électron se caractérise
par plusieurs pics dans la dérivée première du signal du Flash-ADC. Ces différences illustrées
précédemment proviennent de la différence entre les pouvoirs d’arrêt des reculs nucléaires et
d’électrons. À la même énergie cinétique, un électron a un pouvoir d’arrêt beaucoup plus faible
que celui d’un recul nucléaire pour ces énergies cinétiques (E.100 keV). La densité de charge
résultant de l’ionisation primaire sera donc plus faible pour un recul d’électron que pour un recul
nucléaire.
Dans une première sous-section, nous décrirons les observables permettant d’appliquer les
coupures minimales. Ces coupures permettent notamment d’éliminer les événements sans trace
et de fiducialiser le détecteur dans le plan(X, Y). Dans une seconde sous-section, nous décrirons
toutes les observables discriminantes utilisées pour étudier la réjection électron/recul.
5.2.1 Coupures minimales
Nombre de coïncidences Il s’agit de la somme du nombre de coïncidences entre les axes
X et Y pour chaque time-slice. Nous demandons pour chaque événement d’avoir au moins une
coïncidence par time-slice.
Événement entrant/sortant du détecteur Avec notre read-out, nous pouvons seulement
fiducialiser le détecteur dans le plan (X, Y). Pour éliminer les événements entrant ou sortant
du détecteur, nous retirons tous les événements ayant déclenché l’une des quatre premières ou
dernières pistes selon les axesX ouY.
Clusters Nous définissons les clusters par rapport à la projection des pistes touchées le long
d’un des axes. Ainsi, nous considérons uncluster le long de l’axeX(Y ouZ) comme un ensemble
continu de pistes. Nous comptons donc le nombre de clusters, leurs tailles et leurs positions le
long des trois axes. Nous autorisons un maximum de deux clusters le long des axes X et Y
avec un espacement maximum de 2 pistes entre deux clusters. Ceci nous permet de prendre en
compte le cas où la trace d’un recul nucléaire serait coupée en deux par une piste morte. Dans
le cas de reculs nucléaires, la densité d’électron d’ionisation est telle qu’il est peu probable dans
25 cm de dérive d’avoir une trace avec un ou plusieurstime-slices manquantes. Ainsi, le long de
l’axeZ, nous autorisons seulement un seulcluster.
Coupures Électron uniquement Électrons et reculs nucléaires
Aucune 893779 795596
Trace 78910 154603
Fiducialisation(X, Y) 77629 143855
Cluster 43605 105978
Combinaison 42979 99334
Table 5.1 – Tableau récapitulatif de l’impact des coupures minimales sur le nombre d’événement
des deux échantillons de données après l’application de coupures.
Le tableau 5.1 montre l’impact des coupures minimales sur les échantillons utilisés lors de
l’analyse. Nous pouvons ainsi remarquer que la coupure la plus restrictive est la coupure
concer-nant la présence ou non d’une trace. Cette coupure a un impact d’autant plus fort sur
l’échan-tillon électron uniquement (réduction de 91%) que sur l’échantillon électron et recul nucléaire
(réduction de 80%) . Cela vient du fait que la probabilité pour un électrons de créer une trace
[keV]
ioniE
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180Count
1 10 2 10 3 10 -rays γ n + -rays γFigure 5.4 – Distribution en énergie obtenue après l’application des coupures minimales. Le trait
noir représente l’acquisition réalisée sans la cible de
7Li(photonsγ uniquement) et le trait rouge
avec la cible de
7Li(neutron et photonsγ).
à partir de sa densité d’ionisation est beaucoup plus faible que pour un reculs nucléaire. La
condition nécessaire pour l’appliquation les deux coupures suivantes est l’existence d’une trace.
Ainsi, en proportion, les deux autre coupures sont beaucoup moins restrictives que la coupure
sur l’existence d’une trace. L’application de la fiducialisation permet de réduire nos deux
échan-tillons de 1% et de 7% respectivement. La raison de cette différences proviens de la dilution de la
densité d’ionisation des électrons de haute énergie, en effet, pour de tel électron, il est probable
que nous ne puissions pas identifier s’ils touchent un bord ou non, ce qui n’est pas le cas pour des
reculs nucléaires. L’application de la coupure sur les culsters permet de réduire nos échantillons
de 45% et de 31% respectivement. Cette différence à la même origine que précédemment, les
traces d’électron seront toujours plus diluées que les trace de reculs nucléaire. Le 31% de
réduc-tion appliqué sur l’échantillon électrons et reculs nucléaires vient de la présence d’un nombre
important d’électrons de haute énergie dans cet échantillon.
La figure 5.4 représente les spectres en énergie mesurée par le détecteur auprès de
l’instal-lation AMANDE avec (trait rouge) et sans (trait noir) la cible de
7Li. Les deux spectres ont
été obtenus après l’application des coupures minimales décrites précédemment. Dans le spectre
des événements mesurés avec la cible de
7Li, nous pouvons identifier lesend-points du
19Fet du
12Cà 57 et 110 keVee. La position de cesend-points correspond à l’énergie maximale transférée
au noyau corrigé du facteur de quenching en ionisation. L’end-point des recul de
1H se trouve
au-delà de la dynamique de notre ADC même corrigée du facteur de quenching en ionisation,
donnant les événements qui dépassent leend-point du
12C.
5.2.2 Observables discriminantes
Dans ce qui suit, nous allons définir toutes les observables discriminantes utilisées pour la
discrimination électron/recul construite à partir duread-out de MIMAC. Nous distinguons deux
catégories d’observables discriminantes : les observables construites à partir du Flash-ADC et
les observables construites à partir de la trace.
Time [ns] 0 1000 2000 A [ADC-Channels] 1000 2000