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ESTIMATION DES EXPOSITIONS

Dans le document > Revue trimestrielle de l’INRS (Page 96-99)

Mat-géné (Santé publique France). La première, R. Lagarrigue. (Santé publique France), concerne l’utili-sation des matrices pour dénom-brer les populations de femmes exposées professionnellement à 15 solvants chlorés, oxygénés et pétroliers en 2013 en France. Cette conformément avec la littérature

internationale.

SUICIDES

J. Klingelschmidt (INSERM, Uni-versité d’Angers, Santé Publique France) a présenté une revue sys-tématique de la littérature ainsi qu’une méta-analyse menées par son équipe afin de quantifier le risque de suicide des travailleurs de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche et d’étudier les varia-tions de risque selon leurs caracté-ristiques professionnelles et socio-démographiques. Sur la période 1995-2016, 32 études ont répondu aux critères leur permettant d’être incluses dans la méta-analyse. L’es-timation poolée de la taille de l’ef-fet a permis aux auteurs de mettre en évidence un excès de risque de suicide statistiquement significa-tif au sein de la population d’inté-rêt. Les analyses par sous-groupes n’ont montré aucune différence de risque de suicide des travailleurs selon le genre, le secteur ou l’aire géographique.

GROSSESSE AU TRAVAIL

La relation entre l’exposition cumulée aux champs électroma-gnétiques d’extrêmement basses fréquences (EBFs) au cours de la grossesse et le risque de préma-turité modérée et d’hypotrophie a été recherchée par L. Migault.

(INSERM, Bordeaux) au sein de la cohorte de naissance Elfe. Cette cohorte, mise en place en 2011, rassemble 18 329 enfants nés en France métropolitaine à partir de 33 semaines d’aménorrhée qui seront suivis jusqu’à leurs 20 ans.

L’exposition cumulée aux EBFs des mères au cours de leur grossesse a été estimée sur la base de leur si-tuation professionnelle déclarée et l’utilisation d’une matrice emploi-exposition existante (INTEROCC).

Cette étude suggère que

l’exposi-tion au cours de la grossesse, aux EBFs à des niveaux proches de ceux rencontrés en population générale, n’est pas associée au risque de pré-maturité modérée ou d’hypotro-phie.

ESTIMATION DES EXPOSITIONS PROFESSIONNELLES

Une équipe pluridisciplinaire d’un service de santé au travail interen-treprises de la région Île-de-France (M. Chauvet et al., ACMS – Asso-ciation interprofessionnelle des centres médicaux et sociaux de santé au travail de la région Île-de-France –, Suresnes) a présenté les résultats d’une étude menée dans le secteur de la logistique.

L’objectif de ce travail était de réa-liser une évaluation métrologique des vibrations chez les conducteurs d’engins de manutention. Ces vi-brations sont transmises au corps entier par le siège et la plate-forme sur laquelle ils se tiennent debout.

Il s’agit d’une étude longitudinale menée entre 2012 et 2016, avec des mesures de vibrations, réalisées selon les normes en vigueur, sur 72 engins (chariots frontaux et transpalettes) répartis dans 15 en-trepôts. Pour analyser les mesures de vibrations, deux valeurs seuils d’exposition ont été retenues : le seuil de 0,5 m/s2 qui déclenche l’action de prévention et celui de 1,15 m/s2 qui correspond à la valeur limite d’exposition journalière au-dessus de laquelle les salariés ne devraient pas être exposés. Les résultats issus de ces travaux ont montré que seuls 4 conducteurs debout avaient une valeur d’expo-sition aux vibrations supérieure à la valeur limite ; la moitié de l’effec-tif ayant des valeurs d’exposition inférieures à 0,5 m/s2 et 32 conduc-teurs ayant des valeurs comprises entre 0,5 et 1,5m/s2. Pour réduire les effets des vibrations sur la santé,

SEPTEMBRE 2018 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 155 95 de plus de 200 salariés, il constate

que le travail posté et le travail de nuit sont nettement moins fré-quents dans les établissements de moins de 50 salariés (TPE/PME).

Cependant, les salariés de ces pe-tits établissements ont plus sou-vent une coupure importante (au moins 3 heures) dans la journée de travail et sont moins nombreux à disposer de 48 heures consécu-tives de repos. Les salariés des TPE/

PME ne sont pas plus exposés aux risques physiques que ceux des autres tailles d’établissements. Les risques physiques étudiés sont la manutention de charges pendant plus de 10 heures par semaine, les postures pénibles plus de 2 heures par semaine. En revanche, dans les TPE, les salariés sont plus exposés aux vibrations transmises par des machines et outils vibrants et à la conduite sur la voie publique plus de 2 heures par jour. De même, les salariés des TPE sont plus exposés aux agents chimiques cancéro-gènes. Dans ces établissements, la mise en place de protections collec-tives et individuelles est moins fré-quente. Les contraintes de rythme sont moins fréquentes dans les TPE que dans les autres établissements.

Les relations internes dans les TPE/

PME sont plus favorables avec un meilleur soutien social.

J.B. Pelletan (Santé publique France) a évalué l’évolution de l’ex-position professionnelle au bruit lésionnel de travailleurs d’entre-prises de la région Rhône-Alpes au cours de la période 1968-2000.

Pour ce faire, le niveau d’exposition sonore a été estimé sur la base de la perte auditive moyenne stan-dard. Ainsi, les auteurs ont mon-tré une diminution significative des niveaux de l’exposition sonore au cours du temps. Cette baisse se confirme dans tous les secteurs d’activités exceptés les secteurs

« cokéfaction et raffinage » (NAF 19) décrit les expositions à l’amiante

des travailleurs du bâtiment et des travaux publics (BTP) à partir des cas recueillis lors du Programme national de surveillance du mé-sothéliome (PNSM). Sur la base des 2 048 cas de mésothéliomes identifiés depuis 1998, l’équipe de S. Ducamp (Santé publique France) a estimé à 40,2 % le nombre de cas ayant exercé au moins un emploi dans le secteur du BTP. Compara-tivement aux cas n’ayant jamais travaillé dans le BTP, la quasi-to-talité des travailleurs ayant exer-cé au moins un emploi dans le BTP présentent une exposition à l’amiante (99,3 % vs 88,1 %), avec un âge de début d’exposition plus petit (19,2 ans vs 21,4 ans), pendant plus longtemps (29,7 ans vs 26,4 ans) et un âge au moment du dia-gnostic plus précoce (70,4 ans vs 72,2 ans). Parmi les cas en activité après l’interdiction de l’amiante (décembre 1996), la proportion de cas professionnellement exposés à l’amiante est beaucoup plus élevée dans le secteur du BTP que dans les autres secteurs (87,4 % vs 53 %). Elle concerne les peintres et les ouvriers qualifiés des finitions du bâtiment, les artisans de la peinture et des finitions du bâtiment, les plom-biers, les chauffagistes et les cou-vreurs, les électriciens du bâtiment, les maçons, les monteurs qualifiés en agencement et isolation, les ou-vriers non qualifiés des travaux pu-blics et du travail du béton, du gros œuvre du bâtiment, second œuvre du bâtiment, les charpentiers et les menuisiers.

M. Léonard (DGT-IMT – Direction générale du travail, inspection mé-dicale du travail) a décrit les expo-sitions aux risques professionnels existant dans les très petites entre-prises (TPE) et dans les petites et moyennes entreprises (PME) à par-tir de l’enquête SUMER 2010. Com-parativement aux établissements analyse est le fruit du croisement

des matrices emplois-expositions avec le recensement général de la population en 2013. Ainsi, la préva-lence d’exposition professionnelle aux solvants chlorés et pétroliers est faible (moins de 1 %) alors que celle aux solvants oxygénés est plus fré-quente, notamment à l’alcool (près de 2 millions de femmes exposées soit 15 % des femmes actives) suivi de l’éther éthylique et des cétones-esters (2 % chacun, environ 250 000 exposées). Les auteurs ont présenté les grandes lignes de la répartition des femmes exposées par secteurs d’activité, par catégories socio-pro-fessionnelles et par âge.

Dans la seconde, M Houot (Santé publique France) présente diffé-rentes méthodes pour estimer la prévalence d’exposition profes-sionnelle vie entière (VPE) à une nuisance à l’aide de matrices em-plois-expositions historisées. Ces méthodes ont été appliquées pour estimer la VPE à quatre nuisances (le benzène, les poussières de fa-rine, de ciment, de silice cristalline) dans un échantillon d’histoires professionnelles représentatif de la population française, croisé aux matrices emplois-expositions du programme Matgéné. Les compa-raisons des résultats obtenus par les différentes méthodes proposées et par celle développée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en 2007 montrent des écarts significatifs, variables selon les nuisances. Les estimations de prévalences peuvent servir à esti-mer d’autres indicateurs tels que la part attribuable au travail pour une pathologie. Les auteurs soulignent alors la nécessité de documenter la méthode utilisée pour estimer la VPE et encouragent à commu-niquer des estimations sous forme d’intervalles intégrants plusieurs modes de calculs de la VPE.

La communication suivante a

N° 155 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — SEPTEMBRE 2018 96

SUIVI POUR VOUS

Épidémiologie en santé et travail 18

e

colloque de l'ADEREST

et « industrie du papier et carton » (NAF 17) pour lesquels le niveau sonore reste stable. Une baisse des niveaux sonores est également ob-servée pour toutes les professions exceptées « employés administra-tifs d’entreprise » (PCS 54).

Les actes du colloque seront publiés dans les Archives des Maladies Pro-fessionnelles et de l’Environnement.

Le prochain colloque de l’ADEREST se tiendra en automne 2019 à Toulouse (www.aderest.org).

97 SEPTEMBRE 2018 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 155

SUIVI POUR VOUS

TD 256

MOTS CLÉS Alcoolisme / Addiction / Substance psychoactive / Risque routier / Toxicomanie

N. Prisse (Président de la MIL-DECA – Mission interministé-rielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) a introduit la journée en rappelant certaines dispositions de l’article R. 4228-20 du Code du travail (« Au-cune boisson alcoolisée autre que le vin, la bière, le cidre et le poiré n'est autorisée sur le lieu de travail… »).

De même, N. Prisse a rappelé que l’alcool est responsable de 50 000 décès par an en France, tandis que l’activité professionnelle a un effet protecteur vis-à-vis des conduites addictives. En entreprise, il est tou-tefois nécessaire de briser le tabou lié à la consommation d’alcool et d’explorer l’environnement de tra-vail : conditions et organisation du travail, management, culture d’entreprise… L’objectif est de ré-duire les déterminants profession-nels de conduites addictives, mais aussi de favoriser les accompagne-ments et les prises en charge. Enfin, N. Prisse a conclu sur la nécessité de passer d’une logique centrée sur le repérage, le dépistage, et parfois la sanction, à la coconstruction de projets collectifs de prévention.

ENTRE IDÉES REÇUES ET

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